« 12 Years a Slave », le film sur l’esclavage qu’on ne peut oublier
L’histoire :
Solomon Northup est un jeune noir libre de l’Etat de New York. Il gagne sa vie en tant que charpentier et joueur de violon. Il vit avec sa femme et ses deux enfants lorsqu’il est approché par deux artistes qui utilisent ses services puis le saoulent. Il se retrouve enlevé et vendu comme esclave. Sa vie d’homme libre n’est alors plus qu’un lointain souvenir remplacé par les coups de fouets, les humiliations, et le travail dans les plantations de cannes et de coton pendant 12 longues années en Louisiane.
Il faut le dire, "12 Years A Slave" n’est pas un film facile à regarder, il s’agit d’une fureur qui contamine chaque plan sans jamais s’extérioriser totalement, avec des séquences de torture presque en temps réel.
Ce film est un véritable choc, un véritable uppercut qu’on vous file dans la tronche. Il vous prend à la gorge dès les premières minutes et ne vous lâche plus. Ici l’esclavage nous est montré à l’état brut. Très rapidement on souffre pour Solomon Northup, on souffre avec Solomon Northup, on devient Solomon Northup.
Les coups pleuvent, les plaies saignent, les humiliations s’enchaînent, et les larmes coulent. Toutes les souffrances qu’endurent Solomon sont plus insupportables les unes que les autres, et deviennent celles de chaque être humain.
Lorsqu’on est devant le grand écran, on se dit que Solomon Northup n’est plus seulement cet esclave victime de la barbarie, de la lâcheté, et de la folie de riches propriétaires du Sud des Etats-Unis, mais qu’il devient le symbole de toutes les atrocités présentes et passées faites par l’homme sur l’homme au nom d’une idéologie, d’une religion ou d’un pouvoir.
Oui, il y a dans "12 Years a slave", des scènes d’une violence insoutenables, et ceci dès le début du film.
Mais la scène la plus forte du film est à mes yeux celle où après s’être opposé à un contremaître blanc qui voulait le tuer, Solomon Northup est laissé pendu à une corde, avec juste un écart suffisant avec le sol pour que, sur la pointe des pieds, dans la boue, il ne meurt pas tout de suite. Au début, Northup occupe seul le centre de l’écran, où il se débat au prix de sautillements insoutenables, puis en arrière plan, on voit apparaître petit à petit les autres esclaves qui vaquent à leurs occupations comme si de rien n’était, en prenant bien soin de ne pas jeter un regard vers celui qui est devenu l’esclave Platt. A un moment on voit même des enfants jouer et rire, comme pour mieux nous souligner que de telles scènes étaient d’une grande banalité à l’époque de l’esclavagisme. Seule une jeune esclave viendra à un moment lui apporter un peu d’eau.
Tous les enjeux du film sont contenus dans cette scène-clé, qu’il s’agisse de la cruauté des blancs considérant les noirs comme des biens périssables, ou de la passivité d’une population soumise à la pire exploitation de l’homme par l’homme.
Steeve Mac Queen nous fait réfléchir également sur les différents "propriétaires" de Platt.
Ainsi le premier maître de Solomon, William Ford, se révèle être un humanisme. Mais on le voit à plusieurs reprises manquer de courage lorsqu’il faut s’opposer aux pires cruautés des excès de salauds blancs qui l’entourent. Le second est l’horrible Epps, ce malade hyper-violent attirée par sa « meilleure ouvrière », Patsey ?
Outre les violences physiques, Solomon doit subir les pires humiliations de la part de ce malade d’Epps. Quel pire supplice en effet pour Solomon que de se retrouver obligé de fouetter la pauvre Patsey, tout cela encouragé par la jalousie excessive de l’épouse d’Epps.
On retiendra, bien sûr, la performance de Chiwetel Ejiofor dans le rôle de Solomon Northup. Avec force et justesse, il réussit une performance étonnante et captivante. Autant dans la maîtrise de silences, la profondeur de son regard que par l’impartialité de son jeu. Et que dire de Michael Fassbender tant la perfection de son jeu dans ce rôle d’esclavagiste fou et sadique est impressionnante.
A signaler également la performance de la jeune Lupita Nyong’o, qui est bouleversante de détresse dans le rôle de Patsey.
On n’oubliera pas les quelques mémorables scènes de gospel et les magnifiques décors naturels de la Louisiane.
Quant à Steve McQueen, il signe ici un film sur l’esclavage comme on n’en a rarement vu. De plus, il nous oblige à regarder en face les atrocités dont l’homme est capable.
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