Le 21 janvier 1793 à 10h22, Louis XVI est guillotiné place de la Concorde (1), ayant été déclaré coupable de trahison pour ne pas avoir respecté son rôle constitutionnel, pour avoir manœuvré secrètement contre la Révolution et pour avoir tenté de fuir la France en juin 1791.
Faut-il, 222 ans après cette exécution, revenir sur cet épisode de l'histoire de France, alors que tout particulièrement ces jours-ci, on nous a beaucoup parlé de "la République et de ses vertus" (2) ?
Se souvenir de la mort de Louis XVI, c'est d'abord avoir un regard lucide sur la Révolution Française.
Il y a eu des idées libérales dans la Révolution Française (3), incontestablement, et on peut être fier de cet héritage : la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen, la nuit du 4 Août et l'abolition des privilèges ou encore la loi le Chapelier (4) sont des avancées.
Mais la Révolution a rapidement été prise en otage par des terroristes (5), d'inspiration socialo-communiste pourrait-on dire aujourd'hui. L'empressement qu'a récemment eu Jean-Luc Mélenchon à défendre le peu recommandable Robespierre (6), personnage admiré par les dictateurs communistes de tout poil (7), montre qu'il n'y a pas eu un seul bloc idéologique pour inspirer et conduire la Révolution Française. Cette dernière n'a pas représenté que des avancées, donc. La Révolution, c'est aussi le déni de la propriété privée, la germanophobie et des épisodes génocidaires dont on ne parle toujours pas aujourd'hui. Jusqu'en 2014, la France a toujours eu du mal à admettre qu'à de nombreuses reprises de son histoire, elle a perpétré des massacres de masse passés sous silence (les noyades de Vendée (8) ou ou le passage au napalm d'une partie du Cameroun (9) notamment)
Se souvenir de la mort de Louis XVI, c'est aussi cela : voir la France comme elle est, avec ses zones d'ombres et de lumière.
C'est ensuite
se rappeler le danger des crises financières et du problème que représentent les déficits publics. On ne rappellera jamais assez que la plus grosse erreur de Louis XVI, outre le fait qu'il ait été victime de la conjoncture économique, c'est de ne pas avoir écouté son ministre des finances, Turgot (10). Anne Robert Jacques Turgot, baron de l'Aulne, avait pourtant bien briefé Louis XVI : "
il faut laisser faire, laisser passer" (une maxime lancée par son ami Vincent de Gournay) et la France a besoin de finances saines" fondées sur un budget équilibré et des impôts moins injustes (11). Une des fautes majeures de Louis XVI, c'est de ne pas avoir lu et appliqué la célèbre lettre de Turgot à son roi (12). Le libéralisme que Turgot proposait à Louis XVI, qui l'a refusé, fait écho à la situation actuelle, dans laquelle le président Hollande est à la fois poussé par la réalité économique (2000 milliards d'euros de dette et 32% de déficit public (13)) et par les institutions telles que les traités européens.
Du coup, on peut se demander ce que ferait un roi, actuellement, à la tête de la France.
Commençons par une évidence : si la France de 2015 devenait une monarchie, cela n'aurait rien d'un anachronisme. Nombre de nos partenaires (Belgique, Luxembourg, Pays Bas, Suède, Royaume-Uni) sont des monarchies, sans pour autant qu'elles vivent dans le moyen-age.
Un roi à la tête de la France, que ce soit Louis de Bourbon, duc d'Anjou ("
Louis XX") ou Jean d’Orléans, duc de Vendôme ("
Jean de France"), amènerait un premier avantage pour la France : la
fin de l'exception présidentielle et la possibilité d'un retour à un régime parlementaire. Un certain nombre de politiciens, dont le centriste Hervé Morin (14), l'ont parfaitement diagnostiqué : la France souffre du présidentialisme et de tout ce que cela implique pour la vie politique française. De Gaulle, à la faveur d'une situation exceptionnelle, avait pu se tailler des institutions sur mesure, mais n'est pas de Gaulle qui veut. Les deux dernières présidences, Sarkozy et Hollande, soulignent le fait que la présidentielle donnent à des personnes ni décisives sur le plan des idées, ni exceptionnelles sur le plan des capacités, un pouvoir disproportionné et un droit sur nos vies sans lien avec la liberté à laquelle nous aspirons tous.
Un roi à la tête de la France amènerait un second avantage théorique : la baisse du coût de fonctionnement de l'Elysée. En effet, on sait que la France souffre de l'excès de courbette de l'ensemble du système politico-administratif devant le pouvoir du Président de la République, le chef transitoire de la caste des 500. Comment se fait-il que l'Elysée coûte plus aux français que ce que le Buckingham Palace coûte aux britanniques (15) ?
Est-ce qu'on peut admettre le fait qu'Anne Hidalgo, une jeune retraitée cumularde quinquagénaire, ait besoin d'un fonctionnaire porte parapluie quand elle reçoit la Reine Elisabeth II qui, elle, porte elle même son parapluie (16) ?
Peut-on si facilement accepter le fait qu'après avoir vertement critiqué l'usage par Sarkozy du pavillon de la Lanterne à Versailles ou l'aménagement d'Air Sarko One, les socialistes se taisent maintenant que Hollande utilise lui aussi le pavillon de la Lanterne à Versailles ou Air Sarko One ?
Est-ce que, dans une république démocratique où, théoriquement, seuls les fonctionnaires, c'est à des des gens recrutés de manière officielle pour effectuer une mission précise (quelque soit la légitimité de cette mission, c'est un autre débat), le Président de la République attribue, de son propre chef, des centaines de milliers d'euros à sa concubine du moment pour financer un cabinet avec attaché de presse et autres collaborateurs ?
La restauration royale n'est pas pour tout de suite. Déjà, la critique du Parti Socialiste était qualifiée, par la majorité actuelle, d'attaque contre la République et donc contre la France, dans une contestable assimilation de la France en tant qu'état à la nature de son régime politique, sans parler de la nation (comme si la France n'existait pas avant 1789, cf le discours de Louis XX (17)). En revanche, les questions que l'on peut se poser demeurent. Nul doute que les personnes qui se réuniront ce mercredi 21 janvier 2015 notamment place de la Concorde à 10h ou à Saint Germain l'Auxerrois à midi les auront en tête. De la à afficher, comme le Salon Beige (18), nous sommes tous Louis XVI ...
LPL - Le Parisien Libéral