27 mars 2007, Gare du Nord, le déroulement du saccage (3)
Dans cette histoire de gare, il n'y a pas que la couverture du Figaro. Il y a d'autres photos, ou plus exactement d'autres images, extraites de vidéos prises par les portables des gamins présents accusés par le pouvoir d'avoir été les casseurs alors qu'ils n'en étaient pas, au vu des éléments en notre possession. Car la question qui demeure est bien celle-ci : les méfaits dénoncés ont-ils été le seul fait de jeunes désoeuvrés de banlieue ? Et bien la réponse est claire : indubitablement, c'est non. On assisté à un saccage rondement efectué, en moins d'une demi heure, devant de nombreux policiers présents, dont l'intégralité des CdS déployés, soit 120 personnes minimum (sans compter les CRS présents appelés en renfort et le groupe imposant de policiers en civil) qui ont visiblement laissé le champ libre aux déprédations, sans même effectuer d'arrestations ou fort peu. L'attitude laxiste flagrante de la police, perçue par Rachid M'Barki, le reporter de BFM, est à blâmer dans l'opération, puisque les déprédations seront faites par deux ou trois petits groupes organisés en duos, et qui ont déambulé sur deux étages de la gare sans jamais être inquiétés. Des groupes venus uniquement pour inciter les jeunes hésitants à casser, en leur distribuant les fameuses barres de fer bleues positionnées par un seul individu, et déposées selon un plan pré-établi de cibles sélectionnées selon un plan élaboré en détail, avec minutage précis de chaque objectif à détruire. Cette émeute n'a rien eu de spontané, et son déroulement, que je vous propose d'étudier en détail, le prouve amplement. Ce saccage en règle a bien été une manipulation provocatrice.
En fait, tout commence au sous-sol, côté métro. Là, les jeunes munis de leurs portables pour prendre des mini-vidéos primordiales vont assister à un très étrange ballet. Tout d'abord, alors que des gens sortent, inquiets de l'agitation aux étages supérieurs, on va voir rentrer à contre sens dans le passage un grand noir nonchalant, se dirigeant vers la gare et le fond du couloir du métro. L'homme entre tranquillement, à contre sens, à part qu'il est muni à la main droite d'une... matraque, genre assez épaisse, exactement comme celle qu'utilisera le blond déjà décrit : les "armes" du sac de la gare sont entrées par ce chemin, en dehors des barres bleues déjà décrites. Le porteur bien bâti, ne fait pas "jeune" : on lui donne facilement 25 ans minimum. Des policiers de la CdS (Compagnie de Sécurisation, appellées plutôt CS) sont positionnés au fond du couloir où il se dirige, avec face à eux des jeunes qiui commencent à s'agglutiner. Pas d'échauffourées pour l'instant, de cris et des jets de bouteilles plastiques ou de coca...comme aux étages supérieurs. Une tension qui monte, plus les passagers du RER ininterrompu débarquent. Mais un très étrange ballet débute alors en sous-sol : un homme, en casquette et blouson d'allure plutôt tranquille
s'avance vers les CdS... suivi de sa petite troupe vociférante. Et soudain, il tourne ostensiblement le dos aux policiers... et reste ainsi quelque temps, puis repart dans l'autre sens dans lequel il était venu, lentement. Manifestement, on assiste à une manœuvre : il a surtout montré aux policiers le dos de son blouson, orné d'un énorme dessin reconnaissable à distance. Il s'est montré ; il s'est auto-désigné. C'est une façon de se signaler aux policiers, qui ne broncheront donc pas, après qu'il se mette en mouvement dans l'autre sens. Étrange ballet. La séquence est visible ici au début de la vidéo.
On le retrouvera plus loin de dos, arborant de plus près son fameux blouson. Après s'être fait reconnaître par en face, donc, à savoir les policiers, il est donc reparti, impassible, certain que les policiers ne chargeront pas derrière son dos, entraînant avec lui...
des plus jeunes, mais aussi des casseurs, dont deux se distinguent assez vite : un grand tout vêtu de noir, qui dissimule son visage sous un foulard, et sous une capuche : il se met a s'acharner aivec véhémence sur une caméra de surveillance, puis sur une autre, à l'aide d'une longue barre bleue. A côté de lui, un homme portant un sac, que l'on croisera à l'étage téléphone en main, et pas loin un autre "casseur" impressionnant par la taille, vêtu de noir avec un col de pull à capuche orange. On le retrouvera lui ... chez BFM en train d'invectiver les jeunes ! Nous verrons demain comment ceux-là sont arrivés dans la gare (par un étonnant chemin !!!).
Systématiquement, consciencieusement, le plus grand ne va s'en prendre qu'aux caméras. Son rôle est manifestement bien précis. Chacun dans l'équipe apparente a une fonction définie. Le second larron est un très grand noir baraqué en bonnet et étrange k-way très léger, genre non tissé, fait de carreaux bleus et blancs, visiblement passé au dessus d'une autre tenue moins voyante. Lui "travaille" avec un étrange "suiveur" muni d'un grand sac qu'il tient en bandoulière. Ils ne vont pas se quitter pendant un bout de temps, en gros la petite demi-heure de leur traversée destructrice de la gare.
Le second lui sert de pointeur à objectifs, indiquant au grand baraqué de fracasser qui, une porte en verre, qui les flancs d'un escalier roulant,, ou une vitrine à publicité qu'un jeune moins doué n'a pas arrivé à casser. Dans un séquence ahurissante, c'est l'homme en casquette et blouson reconnaissable qui écartera en effet un jeune casseur peu doué... pour laisser faire "le professionnel" en blouson faire le travail à grands coups de barre de fer, arrivé à toute vitesse sur le panneau à défoncer ! Car le plus surprenant du manège est celui du personnage plus âgé en blouson : lui ne fait pas que désigner les objectifs : il semble minuter les interventions, car à plusieurs reprises on le verra stopper une casse en cours pour mener à une autre, timing précis à respecter oblige. Ces gens-là ont un horaire à respecter, c'est sûr !
Manifestement, c'est lui l'organisateur de toute l'opération, avec le casseur blond, une opération qui n'a donc strictement rien de spontanée. Mais sa plus étrange fonction, c'est celle qui consiste à ramasser les barres bleues empruntées aux files d'attente des guichets SNCF... et à les disposer devant les cibles à détruire, avant que le casseur n'arrive. C'est dans ce rôle que l'on distingue le mieux le degré d'organisation du (petit) groupe. Il indique les cibles à fracasser enndisposant ces barres par terre, quand il ne commence pas le travail. Le casseur qui le suit n'a plus alors qu'à se baisser, et commencer sa frappe de vitrine. Les casseurs ne se promènent donc pas "armés" et ne peuvent être arrêtés par pupitre d'object de destruction. Au signal donné par l'homme au blouson trop voyant, le casseur arrête, et s'en va ailleurs, en jetant au sol la barre (on entend à plusieurs reprises le jet au sol au bruit métallique de ses barres)... que reprend le précédent pour aller la disposer plus loin !
Le manège est tellement rodé qu'on verra sur une séquence, à l'étage du dessous un bout de pied pousser vers les jeunes une des barres bleues qui venait juste d'utiliser à défoncer un distributeur de boisson à porte de verre... une incitation patente à la casse. Une provocation typique ! Tout à été fait pour inciter des jeunes pas destinés du tout à casser, et pas trop décidés à le faire, parmi la foule impressionnante présente. Le mot provocateurs convient donc parfaitement à ces individus qui ne sont pas des jeunes. La manipulation par incitation à casser est flagrante.
Dans une autre séquence ahurissante toujours filmé par des jeunes qui auront la présence d'esprit de tout mettre sur le net (séquences qui seront après supprimées une à une et redisposés ailleurs) on peut voir notre fameux homme au blouson à logo prendre en charge la casse d'un des attaquants, qui ressemble assez à notre grand noir entré avec sa matraque, à part que là c'est désormais une barre de fer qu'il a en main, et qu'il se retrouve suivi depuis le début par celui au grand sac blanc et noir, qui venait auparavant de lui indiquer une porte de verre à briser, sous le regard d'un banlieusard qui filmait avec son portable, sans intervenir davantage. Nous le retrouverons plus loin, ce second perpétuel celui semble faire partie d'une certaine logistique, mais on ignore alors encore ce qu'il peut bien dissimuler dans un sac aussi volumineux.
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On retrouve un peu après à nouveau notre fameux bonhomme en blouson marron. Très actif, le bonhomme, décidément. Après s'être attaqué à une vitrine, sous la protection de ses collègues, dûments armés de pistolets à cinq mètres à peine de lui, on le retrouve un peu plus loin en train de "se faire" un distributeur de Coca-Cola. Quelques minutes plus tard et il tente de briser à coups de pieds une rembarde en verre, en s'échinant dessus pour rien. Ça lui vaudra cependant les honneurs de FR3, pour le Soir3 dans une fort intriguante prise de vues, le cameraman prenant dans le bord du champ de la scène... un uniforme, indéterminé, resté impassible ! Ce casseur, c'est la vraie vedette du saccage : il est omniprésent dans les vidéos des jeunes banlieusards, sidérés par sa faculté à entraîner tout le monde. L'un d'entre eux, intrigué par son comportement ahurissant, aura la présence d'esprit de le suivre longuement. Il aura aussi les honneurs du direct de BFM, qui ce jour-là, va déjà montrer une étonnante réactivité en la personne de Rachid M'Barki dépêché illico sur place. Il nous montrera notre blond en plein travail de tentative d'entraîner des jeunes à donner des coups de pieds dans des armoires techniques de la RATP, sans recevoir à vrai dire un franc succès... Mais en vérifiant bien qu'on le suit, quitte à sauter une deuxième fois sur les armoires. C'est bien un imitateur à la casse !
Arrivé là, la question est simple : s'il n'y avait qu'un seul casseur de vitres, voire deux, pourquoi donc les policiers demeurent-ils tous aussi indifférents à ses saccages ? C'est si difficile que ça d'en empêcher un seul casseur (ou deux) dans une pareille foule ? Notre police est telle si démunie face à cet unique délinquant omniprésent sur tous les clichés de casse ? Le même sévit encore quelques encâblures plus loin, et prend même la pose devant un individu portant une caméra, en train de s'attaquer à une vitre de magasin plus ou moins blindée. Que PLUSIEURS casseurs s'en prennent à des vitres, on se dit OK, se doit être difficile à appréhender : c'est jeune et ça court vite. Là, on a le MEME individu, qui faut facilement ses 30 ans et qui ne semble pas un foudre de vitesse : la preuve, lors de l'attaque du distributeur il se paye un superbe gadin (attention la vidéo est très courte). Ce sera l'objet d'une séquence diffusée le lendemain sur France 2, à partir d'un des portables des jeunes ayant tout filmé... Il sera gentiment relevé par un personnage vêtu de blanc, qui le filmera quelques instants plus tard en train de briser une vitre ; son célèbre duettiste, qui le suit dans toute l'expédition avec son étrange sac plutôt encombrant, mais qui semble très léger. On ne sait toujours pas, à ce moment, ce qu'il contient.... Un individu blond également, trentenaire, lui aussi, muni d'un sac et qui suit notre déprédateur comme son ombre : un vrai binôme de la casse que ce couple là ! Régulièrement, il applaudit son collègue casseur. C'est son chaperon. La séquence sera incluse dans 66 minutes diffusé sur la 5 quelques jours après.... Dans un reportage, prévu de longue date, dont nous reparlerons demain.
Après avoir tranquillement tenté de casser une vitrine de téléphones portables, notre homme remet à notre "pointeur" de service, sa barre de fer ramassée juste devant la vitrine, s'éclipse et s'en va donner quelques mètres plus loin quelques consignes à quatre encapuchonnés de bleu et de noir, plutôt jeunes ceux-là, ainsi qu'au cinquantenaire bien tassé en casquette bleue à qui il a remis précédemment la barre empruntée. Moment absolument surréaliste que cette véritable "conférence des capuches" tranquillement donnée au milieu du saccage ! Quel aplomb pour un casseur : ou plutôt quel insouciance accordée par une réelle... immunité ! Depuis quand les émeutiers tiennent conférence au beau milieu d'une émeute ? Il récidivera plus loin avec deux autres, dont, un, à droite sur la seconde photo avait été croisé en train de surveiller le casse de l'appareil à Coca de l'étage du dessous : encore un trentenaire, la barbe naissante et portant une casquette portée à l'envers pour faire "djeune". Devant notre dégarni matraqueur, un noir, plus jeune celui-là, mais portant blouson de camouflage ! Prendre le temps de faire le point des saccages au milieu de l'action démonte avec éclat deux choses : l'étage auquel ils se sont attaqués est laissé totalement libre de présence policière, ce qui leur donne du temps pour fracasser une vitrine devant un parterre de badauds sidérés, une image hallucinante. L'autre chose étant un conciliabule tranquille prouvant une organisation préalable dont les détails sont rectifiés pendant l'opération elle-même !
En voilà deux, ou plusieurs, en tout cas, qui ont prévu les événements : débouler dans une émeute avec d'une matraque relève du prévisionnel et non de l'improvisation. Et ne pas savoir arrêter un casseur isolé et à terre, lors de son mémorable gadin, ça reste une prouesse policière rare, dans ce cas. Et on n'arrive toujours pas à expliquer, en une du Figaro, pourquoi un individu, toujours ce MEME individu, arrive à s'attaquer seul à une vitrine alors qu'à quelques mètres de là il y a un policier muni d'un holster et d'un pistolet qu'on peut estimer hautement dissuasif pour l'en empêcher, comme l'a montré le Figaro. Dans un reportage de BFM TV, on le retrouve fugitivement dans un couloir en train de s'en prendre à une cloison à grand coups de pieds. Toujours le même casseur, toujours le même incitateur à casser : toujours là pour montrer l'exemple, le mauvais, à des jeunes plus timorés qu'autre chose, et qui ne se décident.. qu'une fois qu'il a lancé le mouvement ! Mission d'incitation réussie ! Et tout cela, toujours accompagné à quelques encâblures du mystérieux porteur de sac, dont on ne comprend toujours pas bien le rôle (on ne le découvrira qu'à la fin de l'opération !). Un "assistant" des casseurs, qui les suit et parfois aussi sert à redisposer les barres bleues devant les objectifs à casser. On a tout prévu dans cette opération, y compris l'intendance !
Lors du saccage du magasin FootLocker, bingo, c'est encore lui, omniprésent, et son binôme, les deux premiers à entrer et à jeter à l'extérieur une chaussure ou un vêtement : le butin ne semble pas du tout les intéresser : grande âme, ils DISTRIBUENT, en véritables Robin des Bois de la casse. Depuis quand un casseur présenté comme voleur par le pouvour en place ne vole-t-il pas ? Attirer les autres, voilà ce à quoi ils servent, en fait : ils ne cassent pas pour eux, bien au contraire ! Leur grandeur d'âme nous étonne. Ces grands incitateurs à la délinquance sont LES deux phénomènes notables de ces événements ! La systématique casse-incitation du premier est tout simplement étonnante. Elle est omniprésente dans les diverses vidéos, en train de casser ou d'inciter d'autres à faire pareil, quand ce n'est pas tenir une étonnante conférence de presse au beau milieu de l'émeute pour mieux dicter ses consignes aux autres. Non, sincèrement, ce monsieur au blouson marron et pantalon blanc suivi par quelques privilégiés seulement, ou applaudi par son collègue, n'est raisonnablement pas un gamin de banlieue. Et sa façon d'agîr (armé d'une matraque !) à quelques mètres d'une présence policière dûment armée fait plus que poser question (se remmémorer la une du Figaro). Son long périple de casse à l'intérieur de la gare pose également question, ainsi que sa façon de récupérer quand besoin est l'arme dont il a alors besoin. On imagine mal un banlieusard aussi organisé... et aussi systématique dans l'art de fracasser, ou de casse des grilles de magasin sans voler pour lui-même .. Notre blond à poil ras étant devenu une vedette médiatique malgré lui, le voilà qui passera à Télé-Matin sur France 2 ; le lendemain de l'émeute. La peur, ça se fabrique dès le petit déjeûner !
Au final, en effet, c'est aussi beaucoup de dégâts pour un seul homme, qui semble de surcroît avoir bénéficié d'une immunité certaine parmi les policiers. C'est aussi la preuve que les dégâts les plus importants, y compris "l'ouverture" du magasin FootLocker, ou celle du magasin de téléphones portables, n'ont pas été le fait des jeunes si décriés, mais bel et bien le fait d'un homme d'âge mûr qui traverse toute la gare en brisant tout sans jamais se voir inquiéter. Après, on l'entend bien, c'est du pillage pur et simple, et là tout le monde s'y met, je suis bien d'accord. Mais ce pillage a un initiateur, et c'est notre homme et pas un autre. Juridiquement l'incitation est toujours jugée très grave. De la provocation en bonne et due forme, voilà à quoi on a eu droit tout le long de la demi-heure que dure cette expédition.
C'est aussi celui qui figurera partout dans plusieurs médias à visage découvert... mais qui bénéficiera aussi pour ça du floutage de visage... demandé pour ce cas précis par qui, ou par simple souci de déontologie journalistique (sur FR3 notamment, mais aussi dans la presse où ses yeux seront masqués). Dans la version "officielle" des faits, reprise largement sur les différents sites de l'UMP, les casseurs auraient détruit les vitrines avec les barres (bleues) mobiles servant à faire les files d'attente sur les quais et dans les halls de la gare.. sur les vidéos prises par les jeunes, d'autres visages, souvent le crâne rasé, étaient parfois visibles entre deux séquences, comme celui-ci, ayant participé à la "conférence des capuches" au beau milieu du saccage.
Le prêt de matraque inopiné, les palabres en deux casses, le travail en binôme, la "conférence des capuches" au beau milieu de l'opération, les bris de vitrine en majorité faits par des personnes d'un certain âge, munis de matraques ou de barres de fer, à la place des jeunes casseurs qui n'arrivent pas manifestement à briser les vitres, révèlent qu'il s'agit bien d'une opération dûment organisée, et non pas d'un mouvement spontané qui aurait dégénéré. Ce jour là, des personnes étaient venues avec un plan préétabli, des objectifs déterminés, un timing d'opération serré, et avaient atteint ces objectifs sous le regard... de la police. Les vidéos le montrent. Le choix même des pillages est symptomatique : deux magasins, un de chaussures de sport et un de téléphones portables, proches l'un de l'autre ont été saccagés. Ceux d'à côté pas. Un sac réalisé en présence d'une foule spectatrice et de cameramen ayant eu le temps de tout prendre : où était donc la police à ce moment là (en dessous, en train de courir dans les espaces vides !).
Or on avait remarqué là encore une chose étrange, pour des soi-disants casseurs de banlieue à qui s'adressent en priorité ces marchandises : ce ne sont pas EUX qui les "ouvraient", ces magasins. Mais nos fameux porteurs de matraque, nettement plus âgés. De même pour celui qui pénètre en premier dans le FootLocker : il en ressort aussitôt pour JETER à l'extérieur une marchandise (indéterminée, une paire de chaussures, sans doute). Un émeutier pilleur qui ne sert pas lui-même, ça devient franchement incompréhensible. Non, là, nous avons bien une provocation dans toute sa splendeur : des objectifs précis ont été attaqués, pas n'importe lesquels, ceux susceptibles le plus d'attirer une certaine clientèle... jeune. Or ceux qui l'attirent, justement, dans ce piège, ne le sont manifestement PAS.
Je vous l'ai déjà dit, ce sont les jeunes et leurs téléphones portables si décriés qui auront sauvé la démocratie. Quand celle-ci en effet est manipulée comme elle l'a été, l'usage de la prise de vues selon cette méthode, qui venait d'être... interdite au début du mois qui avait précédé les émeutes, par décret, aura été le seul moyen de rendre compte que dans le casse de la Gare du Nord, nous avons affaire à tout, sauf à des jeunes. L'un d'entre eux avait mis en ligne le meilleur reportage sur l'équipée sauvage de nos casseurs recrutés : il avait eu la présence d'esprit de suivre l'homme au blouson marron, car il avait bien perçu chez lui quelque chose qui n'allait pas avec l'étiquette de simple casseur ! C'était lui le vigilant, c'est grâce à lui que j'ai pu tout découvrir. Comme les jeunes ne sont pas si idiots qu'on voudrait le laisser croire, son film s'intitulait "Keuf banlieusar" signifiant clairement pour lui à qui il avait eu à faire. Sa vidéo est restée quelques semaines en ligne avant d'être retirée (puis retrouvée et déplacée ailleurs *). A l'instinct, il avait suivi la "bonne équipe" !!! Celle qui montrait roujours le même "responsable" encadrant ses casseurs !!! A défaut d'avoir de l'orthographe, ces jeunes ont toujour eu du nez, et ont toujours su discerner un vrai casseur d'un faux. Notre gamin suspicieux, que je salue ici cinq ans après, avait suivi de bout en bout le trajet de deux casseurs, et la vidéo qui en ressortait, à défaut d'être de qualité, démontrait avec brio qu'il s'agissait bien d'une expédition élaborée et non d'une improvisation totale ! Ce film était pour sûr un document exceptionnel : il montrait dans le détail une équipée, ou plutôt la longue traversée de la gare par une équipe somme toute restreinte, (qui se résume à 4 individus seulement !) et en tout cas extrêmement organisée, et même fondamentalement... hiérarchisée. De quoi relativiser ce qu'on avait pu entendre sur les chaines, comme sur BFM, qui évoquait quand même l'incompréhension de la non fermeture du RER.
Et c'est cela qui les a trahi d'ailleurs, ces manifestations visibles de l'organisation préalable. On imagine mal en effet un gamin de banlieue s'en référer à un supérieur pour savoir quelle vitre briser ! La hiérarchie, chez eux, ne fait pas florès ! Ici, nous en avons eu la preuve : à un moment, un des briseurs de carreaux hésitait sur l'objectif : c'est un autre homme qui lui servait de chaperon qui lui avait dicté l'endroit à viser. Cette organisation de l'attaque et le choix de ses objectifs nécessite l'assignation de rôles particuliers entre les différents participants. Or ces rôles sont évidents dans cette vidéo : il y avait les casseurs véritables, qui se résumaient à... deux ou trois personnes seulement, et leur intendance ; les autres jeunes (comme ici sur la photo) ne faisant qu'imiter... avec moins de dégâts (le tube en main est en plastique !). A savoir le désignateur d'objectif, muni en bandoulière d'un supplément de matériel, au cas où, et un ramasseur-fournisseur d'armes, en l'occurrence soit une matraque, soit de longs bâtons empruntés aux files d'attente des guichets.
Ces deux logisticiens, en effet, ont fourni et ont repris ces barres que jettaient régulièrement nos deux casseurs, qui n'ont eu pour rôle que de manier les matraques et les longues barres de fer. Au détour d'une des vues de notre génial gamin, on pouvait apercevoir le visage du "minuteur", celui qui dirigeait toutes les intervenrions : hilare, au sortir du casse de l'allée du FootLocker ! Un visage pas si vieux qu'imaginé au départ. À lui de fournir quand il jugeait que le moment est venu de casser, ou la bonne cible était atteinte. Accessoirement, le chargé d'intendance pouvait aussi entrer dans un magasin "ouvert" par son collègue casseur, et jeter à la populace les éléments qu'il y trouve. Là encore, le fait de ne pas se servir lui-même est douteux : à quoi bon casser une vitrine si ce n'est pour rien prendre soi-même ? L'opération gare du Nord venait de révéler un nouveau personnage étonnant : le casseur philanthrope. Le robin des bois des FootLockers !
Un commando, donc, ayant agi très vite (moins d'une demi-heure !) pour un résultat réel qui étonne même les visiteurs du lendemain. Leur téléviseur leur a expliqué que la gare avait été "dévastée"... voici ce qu'ils découvrent : "Après quelques minutes d’errance à se demander où se sont déroulés les événements nocturnes, nous tombons enfin sur une forte présence policière d’une vingtaine de personne. Derrière le rideau bleu : le magasin Foot Locker pillé, le terme est juste, pendant la nuit. En face un magasin de maroquinerie a sa vitrine défoncée, mais n’a pas été pillé. Après avoir fait le tour de la galerie du côté "Foot Locker" là où se sont déroulés les incidents, nous découvrons que le seul magasin à avoir subit ce traitement est le vendeur de chaussures. Le maroquinier en face ne s’est rien fait dérober, le vendeur de saucisson à quelques mètres non plus. Juste Foot Locker. Les autres dégâts consistent en des dégradations des panneaux d’affichage et des espaces publicitaires, bref tout ce qui casse facilement. Les questions qui demeurent sont bien donc celle-ci dans quelle mesure le soi-disant contrôle n’a-t’il pas été un prétexte pour piller un magasin reluqué certainement depuis longtemps"...
Epilogue : une fois la mission de saccage faite, il ne restait plus aux casseurs qu'à sortir discrètement. Chez France 2, notre homme à anorak léger à carreaux avait été aperçu subrepticement en fin de journal en train de s'éclipser (de son couloir, pas de la gare).... La seule chose qui manquait encore, à ce moment de l'histoire, c'est comment notre principal héros, j'ai nommé le blouson marron-pantalon blanc, et ses accolytes, s'étaient débrouillés pour ressortir incognito . Rentrer, facile, on ne les avait pas vu à l'œuvre encore, et, à part le crâne rasé ou le poil ras de l'un, rien ne les distinguait de l'utilisateur moyen d'un hall de gare. Arrivant sans matraque (apportée par un autre), il ne pouvait que passer inaperçu. Sur ce point, la remarquable vidéo du jeune de banlieue était muette. Il l'avait bien suivi, mais pas jusqu'au dehors. Difficile de trouver dans les archives laissées sur le net : autant on avait filmé en long et en large la casse, autant le départ du casseur, significatif lui aussi d'une préparation prealable, fut délicat à rechercher. Pour ce qui est de l'arrivée, on rappelle qu'on détient une vidéo où ses collègues encapuchonnés débarquent au pas, au beau milieu d'une escouade de CdS et qu'on en a vu entrer à rebrousse-poil dans les tourniquets, la matraque à la main. Mais sur son extraction, rien, je. Ne trouvais rien. Et puis, après des dizaines d'heures de recherche, le lendemain de l'affaire, et l'aide d'amis belges alertés eux aussi, dont un plus perspicace que les autres, j'ai fini par retrouver notre homme. C'est de façon fort surprenante une télévision... flamande qui nous l'avait en effet offert, en montrant notre héros médiatique en train de filer à l'anglaise une fois ses forfaits accomplis. Aucune chaîne française ne l'avait montré : pourquoi, je ne le sais pas : en fait la chaîne belge l'avait fait par hasard, via on suppose un accord avec une agence française de fourniture d'images en direct. Arrivés tardivement sur le sujet, leur commentateur avait du faire un direct avec derrière lui ce qu'il avait sous la main : la sortie des passagers de la gare. Or par hasard et par chance, notre blond ravageur y figurait, ainsi que trois autres échappés ! Mon correspondant belge pouvait m'envoyer un mail me disant "je l'ai" !
Il ne partait pas tel quel : car maintenant, on sait (enfin) pourquoi son binôme l'accompagnait constamment avec un grand sac. Dedans, une tenue de rechange, afin de passer un peu plus inaperçu à la sortie ! Tout était prêt !!! Tout était organisé à l'avance ! Sur la vidéo, on le voit en effet sortir ainsi rapidement à un tourniquet qu'empruntent d'autres passants, tous aussi pressés de quitter la gare où les échaufourés reprennent, cette fois-ci avec de "vrais" jeunes, excités par les charges répétées des CRS. La séquence vaut son pesant d'or ! Car elle démontre la préparation minutieuse du saccage ! Ce qu'on appelle en jurisprudence une préméditation, tout simplement ! Une préméditation qui RUINE le qualificatif d'émeute "improvisée" tant défendue par le pouvoir en place !!! On a dû entretemps lui faire remarquer que son pantalon était tâché après sa chute lamentable, ce qui le rendait plus repérable. Pour lui, pas de problème, tout avait été prévu : visiblement, sous le bras, en sortant du tourniquet, il avait toute une tenue de rechange, ou plutôt un grand imper blanc, voire une chemise de rechange fournie par l'homme au sac ! Ne restait plus qu'à trouver un coin discret pour enfiler le tout. Histoire de ne pas, à nouveau, se faire suivre et photographier encore par notre jeune cameraman obstiné suivant les "keufs" !
En prime, il n'était pas seul : derrière lui, un très grand black au blouson noir et blanc immaculé, paraissant neuf, tout propre, tenant un sac plastique bleu à la main : son collègue au parka bleu et blanc de tout à l'heure ! Le parka et le bonnet sagement rangés dans le sac en plastique bleu ! Le blouson semblait tellement léger et flottant ! Ils s'étaient promenés à deux, pour tout casser, ils étaient sortis deux par deux : les casseurs par une sortie, les ramasseurs de barres de fer et le porteur de sac par une autre, très certainement. Et en même temps que le grand black à veste bien frippée, un dégarni à pantalon militaire portant ostensiblement des... gants, et un troisième, un jeune homme lui aussi bien pressé semble-t-il.
Dans un plan préalable bien élaboré, c'est bien connu, on prévoit et on assure aussi l'extraction séparée des personnes compromises... on fait comme ça, chez les militaires ou dans les services... discrets, disons, pour ne pas dire secrets. Non, on ne me fera donc jamais croire que cette émeute, et particulièrement ce type de casseurs, étaient un mouvement... spontané. Tout démontrait le contraire dans les vidéos des jeunes mises sur le net !
Nous avons pas mal avancé, il me semble, et il ne nous reste plus maintenant qu'à étudier l'étonnant comportement des policiers, dans cette lamentable affaire, avec là encore des vidéos sidérantes prises par les jeunes banlieusards, effarés par ce qu'ils avaient vus, en particulier une collusion évidente entre de faux casseurs et leurs propres troupes (là encore les vidéos seront plus que compromettantes !). La seconde vedette de la journée, Rachel Costard, aujourd'hui recyclée à la sécurité à la RATP, posant elle aussi d'autres questions... tout aussi préoccupantes. Que faisait-elle là avec ces 120 hommes, c'est aussi une question à laquelle il faudra bien répondre. Et là encore, celle-ci est assez sidérante !
(*) http://www.dailymotion.com/video/x1k8xz_emeute-a-gare-du-nordkeuf-banlieuza
http://www.dailymotion.com/video/x1k92o_emeute-a-gare-du-nord-keuf-banlieuz_fun
les vidéos citées ici dans le texte :
la "randonnée" des casseurs, suivie par un seul téléphone-photo
http://www.youtube.com/watch?v=IyqH3f55Yws
le grand en noir avec pull orange
www.youtube.com/watch ?v=SKaQmMnjsgo
les coups sur les armoires de la RATP
http://www.youtube.com/watch?v=6l_9mOQ0Egw
la casse des vitres et des deux magasins
http://www.youtube.com/watch?v=2SWRumptKko
la casse des rembardes de verre et des panneaux publicitaires
http://www.youtube.com/watch?v=SZaXDTsKBsU
la destruction de la vitre du magasin de téléphonie
http://www.youtube.com/watch?v=6NpYGIAewgQ
le pillage du FootLocker
http://www.youtube.com/watch?v=zlhBs7VAjsk
le gadin du blouson marron
http://www.youtube.com/watch?v=zQr0vTq1HcE
la conférence des capuches
http://www.youtube.com/watch?v=pey0eyMh-e0
le journal de 20H de BFM avec M'Barki en direct :
http://www.youtube.com/watch?v=cX_a_BKRzSc
la sortie du casseur
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