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Accueil du site > Tribune Libre > A la recherche de l’intellectuel perdu

A la recherche de l’intellectuel perdu

(Réponse à « Marianne », II)

Longtemps j’ai cru qu’ un intellectuel était un penseur, philosophe ou écrivain qu’il fût, dont l’action politique - ce que Sartre appelait « l’engagement » - puisait sa légitimité, sorte d’autorité morale suprême, dans l’importance incontestée, tant aux yeux de l’opinion publique que des sphères universitaires, de son œuvre théorique. Quant à ses combats, il les menait, à ses risques et périls, au seul nom, plus encore qu’ en défense de telle cause ou de telle personne, de principes universels : la vérité, la liberté, la justice, l’ égalité, la tolérance, la fraternité, la démocratie, la raison. Bref : toutes ces valeurs sur lesquelles se fonde ce qui deviendra la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme.

Ce fut déjà le cas, entre autres illustres et courageux exemples, de Voltaire au temps de l’affaire Calas, de Bernard Lazare et de Zola au temps de l’affaire Dreyfus, de Malraux et d’Hemingway au temps de la guerre d’ Espagne, de Georges Canguilhem, de Desnos et d’ Adorno au temps d’ Auschwitz, de Soljenitsyne et d’ Andrei Sakharov au temps du Goulag, de Bertrand Russell au temps de la guerre du Vietnam. C’est toujours le cas, aujourd’ hui, de Salman Rushdie, Taslima Nasreen et autre Shirin Ebadi, pour ne citer là encore que les plus connus, en cet obscurantiste temps du fondamentalisme islamique.
 
C’est là, du reste, ce que Bernard-Henri Lévy, que l’hebdomadaire « Marianne » vient de consacrer numéro un au hit parade des intellectuels français, en dit lui-même, se basant sur la célèbre Trahison des clercs de Julien Benda, en un bref mais significatif texte ayant pour emblématique titre « La fin des intellectuels ? » : « Relire, de ce point de vue, Julien Benda. Relire le bel essai de définition que constitue sa « Trahison des clercs ». Pas d’intelligentsia, dit-il à peu près, sans pari sur l’ universel. Pas d’intellectuel digne de ce nom qui ne croie dans un certain nombre de valeurs - le Vrai, le Juste, le Bien… - indépendantes des lieux, des temps, des circonstances. Et pas d’intellectuels, surtout, qui n’ ait la prétention, folle ou fondée peu importe, de s’ autoproclamer intercesseur privilégié entre ces valeurs et la cité. L’analyse n’ est pas seulement belle. Elle est décisive. », y établit-il opportunément en cet article inséré en ses « Questions de principe trois - La suite dans les idées ».
 
Soit : la position de Bernard-Henri Lévy est, sur ce point, indiscutablement juste ; son argumentation s’avère même, objectivement, aussi forte qu’imparable. Salut, l’artiste-philosophe ! Mais s’il a ici raison - ce que, honnêtement, je crois -, alors c’est tout le sens de ce grotesque hit parade de « Marianne », celui-là même à la tête duquel se trouve Lévy précisément, qui, du coup, s’écroule, par le plus grand mais cruel des paradoxes, en un indescriptible fatras. Car j’ ai beau le regarder de près, le sonder en profondeur et le retourner dans toutes les directions, je n’y vois pour ma part, hormis quelques notables et estimables exceptions (Elisabeth Badinter, Régis Debray, Alain Badiou, Jacques Rancière), que l’exact contraire - des trublions médiatiques sans œuvre réelle ni véritable pensée - de ce qu’ entendait Benda dans sa définition de l’ intellectuel.

Entendons-nous : je ne dis pas, soucieux de la nuance conceptuelle, qu’un Bernard-Henri Lévy, un André Glucksmann, un Jacques Attali, un Alain Minc, un Jean d’Ormesson, un Alain Finkielkraut ou un Pascal Bruckner, puisque ces faiseurs de « best seller » (car ils ne sont fondamentalement rien d’autre aux yeux des vrais philosophes) figurent parmi les 22 élus de cet échantillon arbitrairement décrété représentatif de l’ intelligentsia française, ne soient pas intelligents ni brillants. Et animé par cette vertu qu’ est l’ humilité, qui suis-je, de toute façon, pour même prétendre à une autre et nouvelle liste, non moins ridicule ou subjective, de noms ? Mais, enfin, la question, elle, se pose, néanmoins, très objectivement : que valent réellement leurs livres et que pèsent véritablement leurs réflexions, malgré leur indéniable notoriété auprès du grand public, face à ces pierres angulaires de la pensée française contemporaine que sont, pour me limiter aux vivants, un Edgar Morin, un René Girard, un Jean Daniel, un Jacques Bouveresse, un Alain Touraine, une Elisabeth Roudinesco, un Emmanuel Le Roy Ladurie, un Jacques Le Goff, une Michelle Perrot, un Jean-Luc Nancy, un Marcel Gauchet, un Jean-François Mattéi, un Paul Virilio, un Georges Didi-Huberman, un Yves Michaud, un Marc Fumaroli, une Sylviane Agacinski, un Michel Wieviorka, un François Jullien, une Monique Canto- Sperber, une Jacqueline de Romilly ou un Michel Serres ? Rien, ou si peu ! Car ces derniers, pourtant grands absents de ce sondage, à la fois pathétique et risible, de « Marianne », ont, eux, qu’on les apprécie ou qu’on ne les apprécie pas sur le plan théorique, une œuvre considérable, substantielle et sérieuse, et qui, pour certains d’entre eux, passera certainement, qu’on le veuille ou non, à la postérité.

C’est dire si ce très conformiste hebdomadaire - c’est là le reproche majeur que je lui adresse en ce fameux et fumeux hit parade - confond, en la circonstance, « célébrité » (et, encore, à l’intérieur des seules frontières de l’Hexagone) et « influence » (ce qui, à l’une ou l’autre exception près, n’est guère le cas).
 
Aussi ne suis-je pas loin de partager ce qu’Yves Charles Zarka, autre phare de l’intelligentsia française, écrit, concernant cette regrettable situation, en sa récente « Destitution des intellectuels » (PUF) : « Aujourd’ hui l’intellectuel est devenu un histrion sans œuvre ni autorité, mais doté d’ une place dans les réseaux de pouvoirs pour se maintenir dans la visibilité médiatique. Agis de telle sorte que tu continues à être visible ! Tel est son impératif catégorique, la loi qui commande ses faits et gestes », y observe-t-il judicieusement. Et d’ajouter, non moins lucidement : « C’est là l’aspect dramatique de l’affaire : quelques prédateurs médiatiques ont entraîné le monde intellectuel dans le discrédit, parce qu’ils ont discrédité la prise de parole, l’intervention dans l’espace public. La traduction directe de cela est que la parole intellectuelle est désormais réduite à un bavardage continu dans les émissions de radio ou sur les plateaux de télévision. (…). L’ intellectuel de divertissement, telle est la figure dérisoire de l’intellectuel déchu. ».

Conclusion ? Savait-il, Bernard-Henri Lévy, combien le titre de son article que j’ai cité plus haut - « La fin des intellectuels ? » - se révélait, en réalité, tragiquement prophétique ? Mais combien surtout, paradoxalement, il en est, de cette mort annoncée, l’un des principaux responsables, n’en déplaise à « Marianne » et à son intellectuel perdu ? Tel est le véritable crime contre l’esprit !

Rien d’étonnant, en d’aussi funestes conditions, à ce que, de ce cadavre qu’est aujourd’hui l’intellectuel français, BHL en soit, par ses postures tout autant que ses impostures, le plus visible et bruyant fossoyeur.

DANIEL SALVATORE SCHIFFER*

* Philosophe, auteur des essais « Les Intellos ou la dérive d’ une caste - de Dreyfus à Sarajevo » (Ed. L’ Âge d’ Homme), « Grandeur et misère des intellectuels - Histoire critique de l’ intelligentsia du XXe siècle » (Editions du Rocher) et « Critique de la déraison pure - La faillite intellectuelle des ‘nouveaux philosophes’ et de leurs épigones » (Bourin Editeur).

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36 réactions à cet article    


  • Vilain petit canard Vilain petit canard 27 octobre 2010 11:10

    Tout ça c’est du spectacle, ce n’est pas Benda qu’il faut relire, c’est Debord. BHL est un objet médiatique « en forme d’intellectuel », comme PPDA est « en forme de journaliste », ou Sarkozy « en forme de Président ». Mais ça n’a rien à voir avec ce qui’ls sont vraiment : des histrions qui sont là pour nous occuper le temps de cerveau disponible.

    Pendant que... quoi ? La voilà, la vraie question.


    • thaumaetopea 28 octobre 2010 00:42

      On voit plus sa dame à ce monsieur Bernard Levy ? Elle est bien belle pourtant... ils font un beau couple... Une belle paire d’intellectuel qu’elle dit madame Angèle Sartaya , ma collègue du 14... Elle est un peu vache dès fois mais elle sait sait de quoi elle parle madame Angèle... chez elle , il y a la collection complète des livres d’Alexandre Vialatte alors qu’elle est même pas Limousine !

      Hermione Michu, concierge au n°12.


    • LeGus LeGus 27 octobre 2010 11:32

      @l’auteur,
      Je vous cite :"C’est toujours le cas, aujourd’hui, de Salman Rushdie, Taslima Nasreen et autre Shirin Ebadi, pour ne citer là encore que les plus connus, en cet obscurantiste temps du fondamentalisme islamique."
      C’est vrai que c’est pénible, depuis que notre président Sarkozy s’est convertit à l’islam wahhabite, de vivre sous la dure férule de la charia.
      Vous avez fumez la moquette, l’islam politique fondamentaliste n’est pas une menace, c’est un dérivatif inventé pour détourner notre colère face aux méfaits de la mondialisation financière ultra-libérale. On nous dit qu’il faut choisir entre Djihad et McWorld, comme si il n’y avait pas d’autre choix, vous nous prenez pour des imbéciles
      -L’islam politique a été sponsorisé par les occidentaux en Arabie Saoudite pour disloquer l’empire Ottoman.
      -Pour contrer le nationalisme pan-arabe.
      -Pour contre les soviétiques en Afghanistan relisez Brzezinski.
      -Pour disloquer la Yougoslavie en Bosnie
      -Pour tenter de briser la fédération de Russie en Tchétchénie.
      -Pour affaiblir la chine au Xinjiang.
      -Pour affaiblir le Fatah en créant le Hamas.
      ...et en plein d’autres occasions

      Vous n’êtes qu’un faux penseur aussi bouffi d’importance et creux que celui dont vous voudriez bien ravir la place.


      • LeGus LeGus 27 octobre 2010 11:37

        Lisez plutôt Emmanuel Todd, son point de vue de démographe sur l’Iran devrait vous instruire.
        Lisez Paul Ariès, lui propose des solutions autres que le stupide Djihad vs McWorld.


      • romaeterna romaeterna 27 octobre 2010 16:21

        @Legugusse, l’islamophile de service !
        Votre pote Bin Ladin (qui n’existe pas et n’est qu’un, fantasme des occidentaux) vient de non-déclarer qu’en France « les musulmans sont en droit de riposter par la violence à l’interdiction du voile intégral ».

        Au moins vos idoles à vous ne sont pas des faux penseurs bouffi d’importance !


      • LeGus LeGus 27 octobre 2010 16:46

        Aaaaaah mais comme je l’attendais la référence automatique à Ben Laden et ce n’est pas pour rien que j’ai cité Brzezinski.

        http://www.flickr.com/photos/wilsnod/68772733/

        Et paf dans le panneau.

        Maintenant si vous êtes capable de croire que croire que ces déclaration sur la France ont la moindre chance d’être crédibles, je ne peux rien pour vous, je ne vends pas de cerveau.


      • AniKoreh AniKoreh 27 octobre 2010 17:38


        Lequel au juste, « vient de déclarer » ?

        Bin Ladin, Ben Laden ? L’émacié ? Le replet ? Laurel ou Hardy ?

        Ha oui, il s’agirait d’un « message vocal »... Très fiable, tout ça.


      • LeGus LeGus 27 octobre 2010 18:01

        Arf on me dit dans l’oreillette que son différent avec la France serait du à un certain « Bogos »

        http://www.youtube.com/watch?v=vR4ZNse7th0&eurl=http://www.fabienthomas.com/2008/11/merci-oussama/

        Noooon pas Picatchu, méchant slamiste.


      • romaeterna romaeterna 27 octobre 2010 23:53

        Bin ladin c’est pour le côté festif  !
        Picachu : enfin une bonne référence qui donne pas mal à la têtête  !
        alala carambar !!


      • ZenZoe ZenZoe 27 octobre 2010 12:03

        Le titre de votre article est intéressant. L’intellectuel perdu« , dites-vous ?

        Moi je pense au contraire que, loin d’être perdus, les intellectuels sont de plus en plus présents dans notre société. Ils sont en chacun de nous ou presque smiley. La différence est qu’ils ont bien moins de poids effectivement. 

        Avec les moyens énormes de diffusion modernes, la culture et les idées se répandent à une vitesse vertigineuse : lire l’oeuvre d’un penseur égyptien, aller voir un film coréen, une exposition de sculptures japonaises, écouter de la musique des ghettos sud-africains, regarder la BBC ou CNN, tout est à la portée de tous ou presque. En outre, avec internet et ses forums, avec des ouvrages de »vulgarisation« philosophique ou autres devenus courants, on peut également découvrir, partager et affiner des idées. Les gens sont de plus en plus cultivés et à même de se forger leurs propres opinions sur à peu près tout. D’où une autorité morale déclinante des intellectuels en titre ou auto-proclamés.

        Par ailleurs, on assiste à un déclin des »idées« depuis la fin des années 70. Mondialisation de la culture et de l’économie, argent-roi et pragmatisme, déclin des religions et des idéologies, les causes sont multiples. Toujours est-il que les intellectuels »reconnus" peinent peut-être à proposer une lecture du monde en phase avec tous ces bouleversements, et aussi qui réponde aux préoccupations d’aujourd’hui. D’où leur manque d’influence dans la société.

        Ceci dit, cela n’enlève rien bien évidemment à la qualité de la pensée des intellectuels que vous citez dans votre article (que je ne connais pas tous), exception faite de deux ou trois.


        • Guit'z Guit’z 27 octobre 2010 12:27

          L’Histoire est un cimetière d’apocalypse (Gauchet).

          C’est devenu le dancing des pleureuses. L’époque est un zoo de bouffons et l’actu, une décharge à ordures.


          • romaeterna romaeterna 27 octobre 2010 16:10

            @ l’auteur
            ayant lu l’article de Marianne, je n’ai pas lu le même que vous !
            Comment pouvez-vous écrire ce ceci :"C’est là, du reste, ce que Bernard-Henri Lévy, que l’hebdomadaire « Marianne » vient de consacrer numéro un au hit parade des intellectuels français « 

            Il est écrit dans Marianne que BHL est »l’intellectuel« le plus connu des francais. Ce qui est loin d’être la même chose !!!
            .
            Au contraire Marianne s’étonne que certain comme Régis Debray ne soit pas plus connu !
            Et ensuite quelques papiers intéressant sur des libraires de quartier qui aiment leur métier et qui ne vendent pas forcément »les grandes vedettes intelligentsienne", bien au contraire !

            Enfin ! Je ne pense pas qu’il vous était nécessaire de dénigrer l’article de Marianne pour écrire le votre !!!


            • non666 non666 27 octobre 2010 16:53

              « Longtemps j’ai cru qu’ un intellectuel était un penseur, philosophe ou écrivain..... Bref : toutes ces valeurs sur lesquelles se fonde ce qui deviendra la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. »

              Nous avons donc un intellectuel auto-proclamé de la génération N qui tire sur l’ambulance de la génération des philosophes auto-proclamés de la génération N-1.

              1) Un homme de foi CROIT, un intellectuel s’interroge , demontre ou defend une thèse.

              2) les droits de l’homme, les principes perçus comme positifs, à une époque donnée ne sont pas les seuls domaine d’application de la pensée.
              Un intellectuel peut defendre le mal absolu....
              En tout cas, il peut defendre ce qui, a une epoque de tabou absolu est presenté comme tel par la masse des croyants et les elites de precheurs.

              3) BHL, Finkielkraut , Brukner, Gluxmann , Attali ou Minc ne sont pas des philosophes ou des intellectuels.
              Ce sont des commerciaux de la cause d’Israel, de celle de la mondialisation liberale, voire des deux. Ils ont effectivement sali le concept en s’en designant.

              La perversion des concepts est une des techniques les plus subtiles et les plus impliquante de manipulation de foule.
              Si on redefini un concept , il y a toujours un gain et une perte.
              La perte est le sens ancien vidé de son contenu et sali.
              le gain est chez ceux qui defendent le sens nouveau qui ont desormais 2 façon de designer leurs interets.

              Exemple :
              1) l’Europe au sens « ancien est le continent que nous connaissons tous.
              Au sens »nouveau« c ’est un club ou tout le monde peut adherer....
              2) L’Amerique est à la fois la partie (les etats unis) et le tout (le continent)
              l’amerique aux americains c’est donc une exclusion pour les europeens et une appropriation (sans consulter les autres etats dAmerique) par les etats unis)
              3) Le »socialisme« au sens ancien , c’est un marxisme qui arrive par la reforme.
              le socialisme au sens nouveau, c’est du liberalisme qui avance masqué....
              4) Le ^pholosophe » au sens ancien est un sage qui doute.
              Le philosophe au sens nouveau est un agent d’israel qui diabolise efficacement tous ceux qui critique les interets qu’il sert....

              Fin de la leçon.






              • Gonzague Gonzague 27 octobre 2010 18:18

                Un sacré bordel ce commentaire. Où voulez-vous en venir ? Et pourquoi Israel prend-il tant de place dans celui-ci ? Il me semble bien que l’auteur de l’article que vous commentez n’en parle pas. 


              • Albar Albar 28 octobre 2010 20:39

                BHL, Finkielkraut, Klarsfeld et des j’en passe....... des intellectuels ? Des soldats acharnés du tsahal serait plus exact !


              • Gonzague Gonzague 27 octobre 2010 17:20

                Mouais...

                Je ne sais trop quoi dire ni vraiment trop comment réagir, si tant est que ma réaction vous intéresse.

                Concernant la forme et la structure de votre contribution au débat citoyen, tentez de placer, dans la mesure du possible, les personnages que vous décidez de coupler à quelque événement historique, de manière correcte. Si je vois le lien direct que vous nous intimez de suivre entre Soljenitsyne et le Goulag, entre Lazare/Zola et Dreyfus, je ne saisis pas en parallèle ce que vous entendez par Sakharov et le Goulag ou Desnos/Adorno et Auschwitz. Il s’agit certes de la même époque, mais les expériences ne peuvent être identiques attendu que certains ont vu et su et que d’autres ont analysé et même, concernant Adorno, raconté des bêtises (« écrire un poème après Auschwitz est barbare ». Une phrase tellement bête, on pourrait penser lire du BHL. Et pourtant, j’aime bien Adorno). 

                Concernant à présent le fond, je ne parviens pas véritablement à voir où vous voulez en venir. Nous vivrions dans une société où l’intellectuel, le vrai, n’aurait plus sa place ? Une société dans laquelle des imposteurs joueraient le rôle d’intellectuel pour offrir aux quidams télévisuels, radiophoniques ou férus de journaux panem et circenses ? 
                Je pense sincèrement que vous vous fourvoyez, car vous réfléchissez à l’envers. 
                Vous songez à Sartre et Aron en écrivant cela, des révolutionnaires éphémères concernant la pensée. Ils ne furent qu’un interlude, qu’une saillie dans l’ordre des siècles, cet ordre peut-être inique, voire dangereux, mais qui veut que la matière grise reste en « retrait médiatique » des événements de son temps. Votre logique tendrait à faire croire que l’épisode des intellectuels engagés ne fut pas un épisode mais la règle, ce qui, malheureusement, n’est pas le cas. D’où d’ailleurs l’attribut « engagé » qui historiquement est abouché au nom Sartre. 
                Je n’ai aujourd’hui pas le temps d’aller plus en avant. Pour terminer , je vous invite à lire ce texte rédigé il y a fort longtemps. Il est en deux parties, trois à l’origine, je le terminerai peut-être un jour

                • paul 27 octobre 2010 17:58

                  Le mot « intellectuel » dans le titre et la photo de bh. Lévi : un oxymore ou une provocation ?


                  • thaumaetopea 27 octobre 2010 23:47

                    Bernard Levy a racheté « Marianne » ?


                  • thaumaetopea 27 octobre 2010 23:48

                    B.Levy intellectuel ... oxymore ou oxyure ?


                  • Bobby Bobby 27 octobre 2010 18:52

                    Bonjour,

                    Pour moi, un intellectuel est une personne qui se pose des questions.

                    Cela en fait-il nécessairement un anarchiste ? Probablement dans une certaine mesure oui, si j’en crois ma propre conception de la chose et les déclarations d’un certain Noam Chomsky, resté bien longtemps fort décrié en France. et probablement celui a qui je respecte le plus cette qualité qui le caractérise : l’honèteté !

                    Les exemples d’intellectuels s’étant rangés au côté du pouvoir existent. Mais gardent-ils encore leur intégrité intelllectuelle ? voilà qui me semble bien peu compatible !

                    Alors, si la France ne possède plus d’intellectuels, allez savoir pourquoi ? Peut être que la-bas, on ne les comprends pas... les (anar) euh, les intellectuels ! ils sont peut être bien en partie, descendus dans la rue, et se rencontrent (parfois) bien enfouis au fin fonds de nous même... ou de la fourure du lapin (jostein Gaarder in « le monde de sophie »).

                    Bien à vous


                    • Aldebaran Aldebaran 27 octobre 2010 19:02

                      BHL est à la philosophie ce que ma petite personne est à la Reine d’Angleterre.

                      L’anarchisme n’est malheureusement presque jamais une façon d’exprimer la grandeur mais la petitesse tribale, identitaire, prête à renier toutes ses valeurs, au nom de sa relative liberté de pensée - compte-tenu des trop nombreux paramètres impossibles à assimiler - à l’instar d’un Chomsky. C’est triste à dire mais Heidegger ou Wagner ont plus de valeur ! ^^

                      • Gonzague Gonzague 27 octobre 2010 19:40

                        Heidegger ou Wagner (je vois où vous voulez en venir...) se réfèrent à l’expérience et partent de ce qu’ils sentent (et non de la réalité) pour exprimer une vérité qui vient non pas de ce qui serait sans lesdites expériences, mais qui en sont les fruits. Ils tournent de fait en rond, l’expérience sensorielle n’étant pour celui qui cherche l’absolu que l’expression E à un moment M d’une variable V. D’ailleurs ca s’entend concernant Wagner 

                        Chomsky en revanche, à l’instar de bien des anarchistes, tente de s’affranchir de ces préceptes nonobstant logiques en interférant sur la nature, d’une manière anti-darwiniste en soi qui n’est pas sans rappeler les monothéismes- mais concernant simplement le refus de l’expérience comme base « morale » ou de la supériorité de celle-ci sur d’autres

                        En des termes plus clairs, il ne s’agit pas tant d’ériger la vérité tangible, qui est un oxymore, en dogme, mais au contraire d’établir comme « système » tacite la réfutation de celle-ci. Il n’y a subséquement de vérité que la réalité. L’anarchisme est un humanisme.

                      • Bobby Bobby 27 octobre 2010 19:44

                        Heidegger a eu la triste « liberté » de diriger toute la philosophie nazie. Gardez donc vos commentaires pour vos amis ! Ils ne doivent pas aimer cette notion qu’est la démocratie !


                      • Bobby Bobby 27 octobre 2010 19:45

                        @ alderaban... bien sûr !


                      • thaumaetopea 27 octobre 2010 23:44

                        L’anarchie est la formulation politique du désespoir, ...lui même étant une forme supérieure de la critique...
                        Eugène Michu, livreur pizza rue St. Sernin


                      • Aldebaran Aldebaran 27 octobre 2010 19:45

                        L’anarchisme semble en effet hériter des Lumières et supplanter la loi de la bourgeoisie. Se donnera-t’il les moyens d’y parvenir et d’apparaître enfin crédible, et non plus une bulle idéelle pour jeune fille de 16 ans et plus, en mal d’amour ?

                        Chomsky semble s’abstenir de la sphère raisonnable en plaçant en exergue la liberté de pouvoir tout repenser, c’est surement une grosse erreur.

                        • Gonzague Gonzague 27 octobre 2010 20:32

                          (Pensez à l’avenir à répondre en dessous des commentaires et non dans une nouvelle fenêtre). 


                          Ce qui n’est pas faux, je vous l’accorde. Il serait toutefois malhonnête de ne voir en Chomsky qu’un simple libertaire qui, historiquement, ne se serait intéressé qu’à la liberté d’expression. Et lorsqu’il parle et défend le « révisionnisme », il tente d’éviter, en tant qu’américain, que les exactions commises par le pays qui l’a vu naître ne sombrent dans l’oubli de par le biais d’une loi inique. 

                          Concernant l’anarchisme, les moyens dont vous mentionnez l’existence potentielle n’existent pas- malheureusement. Car la nature dont je me faisais pas plus tard que plus tôt l’émérite pourfendeur a pour mérite justement non d’exister, mais d’être présente à l’esprit. Gramsci et Marx en parlent très bien. 

                          Je repasserai peut-être plus tard ce soir. dans le cas contraire, bonne soirée

                        • Aldebaran Aldebaran 27 octobre 2010 19:47

                          Ah bah si vous repensez Heidegger sous l’angle nazi, vous êtes surement hs (comme lui). Relisez Anna Harendt pour un peu de distanciation.


                          • Mathilda 27 octobre 2010 21:36

                            BHL...numéro un au hit parade des intellectuels français

                            Ca en dit long sur le niveau des intellectuels français.

                            principes universels : la vérité, la liberté, la justice, l’ égalité, la tolérance, la fraternité, la démocratie, la raison.

                            Proclamer ces principes au nom de BHL, c’est comme décerner un prix des Droits des l’Hommme aux publicités Benetton.

                            Ce que Bernard-Henri Lévy ...en dit lui-même...« pas d’intellectuel digne de ce nom qui ne croie dans un certain nombre de valeurs - le Vrai, le Juste, le Bien..

                            BHL en sait quelque chose, il s’est enrichi à l’extrême avec son entreprise africaine exclavagiste la Becob, qui, non contente de détruire l’environnement des forêts de bois précieux du Cameroun et de Côte d’Ivoire depuis 70 ans (héritage de son père), a exploité une main d’oeuvre africaine locale à bas prix, en les payant irrégulièrement de façon très aléatoire et arbitraire, et en les dénuant d’accès à l’eau potable - je vous invite aux recherches sur les maladies que ce genre de carence vitale a engendré -, pendant que la petite poigne de dirigeants français blancs de cette exploitation avaient la main mise sur l’eau et sur une nourriture abondante qui leur étaient spécifiquement réservés.

                            Entendons-nous, je ne dis pas...qu’un Bernard-Henri Lévy, un André Glucksmann, un Jacques Attali, un Alain Minc, un Jean d’Ormesson, un Alain Finkielkraut ou un Pascal Bruckner, puisque ces faiseurs de « best seller » (car ils ne sont fondamentalement rien d’autre aux yeux des vrais philosophes) figurent parmi les 22 élus de cet échantillon arbitrairement décrété représentatif de l’ intelligentsia française, ne soient pas intelligents ni brillants

                            Ah bon ? Eh bien vous feriez bien de le dire.
                             »Intelligents« , là les vrais penseurs du monde entier se tordent de rire, et de pleurs.
                             »Brillants"... Là, entièrement d’accord. Ils brillent de tous leurs feux sur la rampe...française. Personne nulle part ailleurs dans le monde ne les écoute, si ce n’est pour se foutre de leur gueule (BHL aux Etats-Unis).

                            Bernard-Henri Lévy, André Glucksmann, Jacques Attali, Alain Finkielkraut , Pascal Bruckner

                            Ceux-là même qui ont crussifié publiquement Noam Chomsky il y a 30 ans, pour qu’il ne fasse pas d’ombre à leur privilèges de salon, en démocratisant qui plus est une conscience éthique auprès de la population.

                            To laugh or not to laugh, that is the question.


                            • thaumaetopea 28 octobre 2010 00:18

                              C’est pas parce qu’il dit « sodomiser le diptère » au lieu « d’enculer les mouches » que Levy est un intellectuel... tout au plus un entomo qui fait des mots ...
                              en revanche si un intellectuel est quelqu’un qui analyse avant de ressentir, levy , qui a autant de ressenti qu’une peinture qui sèche, est un intellectuel !
                              Je dis ça comme ça...


                            • thaumaetopea 28 octobre 2010 02:40

                              Madame Mathilda, (votre nom, il me fait penser à un calypso)

                              Je savais pas que Monsieur Bernard Levy était aussi marchand de bois... Dans la rue, au n°17, juste à côté du garage de monsieur Gambarotta, avant y’avait un café bougnat qui faisait du bois et du charbon, des p’tits noirs et des beaux faux cols, ... maintenant il fait plus le bois et le charbon, y’a toujours le percolateur et la pompe à bière, mais en plus, y ’a une pompe à fuel domestique  dans la cave...

                              Monsieur Levy il devrait peut être se diversifier un peu aussi... par exemple écrire des livres qu’on peut lire, faire du cinéma comique ou des sketches à la télévision avec sa femme chez monsieur Ardisson... enfin faire des choses qui plaisent aux gens... quoi !

                              Madame Hermione Michu, concierge au n°12.


                            • Agoravix 27 octobre 2010 22:12

                              Quant pense Botul de tout cela ? Je vais me coucher.


                              • Hijack Hijack 27 octobre 2010 23:53

                                BHL est aussi intellectuel que le 11/09 soit un acte terroriste islamiste !


                                • thaumaetopea 28 octobre 2010 00:03

                                  Cher monsieur Salvatore, le titre de votre écriture ressemble un peu à un livre de ce monsieur Prout que j’avais lu en extrait quand j’étais à l’école... j’avais trouvé ça bien dans l’ennui et la mélancolie... ma collègue madame Angèle Sartaya dis toujours que la mélancolie c’est un désespoir qui a pas l’sous... et que monsieur Prout c’est beaucoup de bruit pour pas grand chose... Quant à ce monsieur Levy je trouve qu’il est très propre sur lui mais qu’il sait pas faire les noeuds de cravate !
                                  Madame Hermione Michu, concierge au n°12.


                                  • Peachy Carnehan Peachy Carnehan 28 octobre 2010 00:19

                                    BHL... le philosophe engagé aux affaires étrangères. On l’attend encore sur les retraites celui-là.


                                    • Sylvain Reboul Sylvain Reboul 28 octobre 2010 09:48

                                      Il conviendrait en philosophe de critiquer les oeuvres et/ou les idées de ceux que vous ne jugez pas dignes de répondre à la définition de l’intellectuel selon Benda . Or vous vous contentez d’adresser une contre liste positive , selon vous, de penseurs authentiques, sans plus de justification. 


                                      Votre article participe donc de ce que vous dénoncez : nommer sans examen sur le fond ceux que vous rejetez par des attaques personnelles ou externes et non par des arguments internes.

                                      Un article purement médiatique de plus, certainement pas meilleur que les écrits de ceux des écrivains que vous excluez de la liste des intellectuels.

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