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À nous les petites cannes anglaises pour faire des entrechats ?

Un peu bizarre, cette couverture ! Qu’est-ce qui a conduit les Gazettes de Nîmes et de Montpellier à la choisir pour attirer l’attention sur leur magazine culturel commun d’octobre 2009 qui présente « tous les spectacles de l’Hérault et du Gard » de la saison 2009-2010 ?

Il semble que deux leurres se disputent la priorité. En fait, ils fonctionnent en tandem. Pour certains lecteurs, ce sera le leurre de l’insolite qui les alertera ; pour d’autres, ce sera le classique leurre d’appel sexuel. Ils sont, à vrai dire, intimement imbriqués l’un dans l’autre au point qu’on peut parler d’un leurre d’appel sexuel insolite.
 
Un leurre d’appel sexuel 
 
Du leurre d’appel sexuel, on reconnaît une exhibition de nature sexuelle propre à stimuler le réflexe du voyeurisme. Elle use à la fois de la méthode ostentatoire et de l’insinuation.
 
Prise en plan d’ensemble sur un fond blanc qui assure une mise hors-contexte pour focaliser le regard uniquement sur elle, une danseuse se présente de face, tête et buste plongeant vers le sol, en train de faire des pointes, les cuisses non seulement grandes ouvertes mais tout près du grand écart. Faut-il y voir la métonymie d’une fille qui, faute d’avoir les bras libres, simule un accueil du tout venant à cuisses ouvertes ?
 
Le double jeu de l’exhibition et de la dissimulation est assuré par son maillot noir d’une pièce qui sans doute cache les zones franches sexualisées mais n’en souligne pas moins par le contraste noir sur blanc l’entonnoir de l’entrejambe, comme une métaphore du sexe féminin pourtant dissimulé. Selon le rituel du leurre d’appel sexuel, la danseuse s’offre et se refuse à la fois pour susciter un réflexe de frustration. L’inconfort provoqué peut amener le client à échanger mentalement « l’objet du désir » inaccessible (la fille) pour « le désir de l’objet » accessible (l’hebdomadaire), qu’il lui suffit d’acheter dans l’espoir d’en voir ou savoir plus à l’intérieur.
 
Le leurre de l’insolite : deux paradoxes
 
Dans le même temps, le leurre de l’insolite tient à la posture inédite de la danseuse. Par intericonicité, on hésite entre celles du crabe et de l’araignée. Les prothèses qui la permettent, ouvrent sur deux violents paradoxes.
 
L’un est l’association contradictoire d’une danseuse et d’un appareillage de cannes anglaises pour invalide. C’est l’union de l’eau et du feu. Une danseuse de ballet est à elle seule l’allégorie du corps sain et souple dont la grâce dans ses figures audacieuses paraît s’affranchir de la loi de la pesanteur et des contraintes même de l’équilibre. Les béquilles, au contraire, sont les métonymies d’un corps malade et infirme, prisonnier de sa rigidité : elles lui sont nécessaires pour se défendre contre la loi de la pesanteur, et tenter seulement de se tenir debout ou de marcher précautionneusement. 
 
L’autre paradoxe vient de l’usage inhabituel d’une troisième canne, surtout pour soutenir une tête tombant vers le sol : on n’a jamais vu pareille remède pour pallier une infirmité du cou.
 
Un malaise dont on ne peut se défendre
 
Quelles solutions cachées permettent de résoudre ces alliances contradictoires, contre nature même ? La mise hors-contexte laisse démuni. Elle a été voulue par ses auteurs. On hésite, mais on ne peut se défendre de ressentir un certain malaise à voir une fille singer un infirme, alors qu’elle est dans la pleine possession de son corps musclé et gracieux qu’elle soumet à sa guise sans effort apparent aux contorsions les plus tourmentées. Si elle emprunte ses pauvres prothèses, c’est pour imposer à son corps un écartèlement encore plus inouï : les trois cannes soutenant les bras et le front forment un trépied pour permettre au corps de ne reposer que sur la pointe extrême des orteils et défier avec encore plus de témérité les lois de l’équilibre. Cet usage à contre-emploi par un corps plein de santé des prothèses de l’infirmité ne s’apparente-t-elle pas à une transgression de la règle sociale qui impose à ses membres le respect envers les faibles ? 
 
S’agirait-il toutefois de donner des cannes anglaises une image plus attrayante, drolatique, et donc moins dramatique ? Voyez comme elles peuvent être utiles aussi à des corps sains et souples. Hélas ! Le symbole de l’invalidité qu’elles représentent, leur est trop consubstantiel pour qu’on se laisse prendre au jeu. Il y a de l’indécence à user ainsi de cannes anglaises sans lesquelles un corps infirme s’effondrerait, pour en faire les agrès d’un corps en pleine jouissance de lui-même dans l’exploration de postures fantaisistes nouvelles, voire sexuelles, qui le magnifient encore plus ?
 
L’alignement de la canne centrale dans l’entonnoir de l’entrejambe flirte lourdement, en effet, avec un symbole transparent de pratique sexuelle. Que cette canne serve, d’autre part, à soutenir la tête est, par une autre métonymie, l’effet dont la cause peut-être l’infirmité qui affecte cette tête, elle-même métonymie du cerveau et de l’esprit, puisqu’elle abandonne la station debout humaine pour retourner face contre sol à la posture animale.
 
On n’en saura pas davantage en feuilletant le magazine dont le contenu est bien éloigné du leurre d’appel sexuel employé pour capter l’attention. On apprend seulement que cette posture est à l’affiche d’un spectacle intitulé «  Body remix les variations Goldberg » de Marie Chouinard, programmé au théâtre de Nîmes en avril 2010. Rien ne vaut sans doute le jargon anglo-américain pour nommer une posture qui, mise hors-contexte, n’a pas de sens, à moins d’y voir la métaphore, par un humour d’autodérision, d’un certain art contemporain que fascinent le vide et le non-sens, dont cette couverture offre un exemple. Paul Villach 
 

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22 réactions à cet article    


  • caramico 7 novembre 2009 15:59

    Malsain, sadique, pas grand chose de sexuel là dedans.


    • Paul Cosquer 7 novembre 2009 16:07

      Ben si c’est pas un leurre sexuel ça (*) ! Non di diou !!! La preuve par Pavlov !

      (*) (abstraction faite du harnachement qui n’est pas très sexy).


      • jps jps 7 novembre 2009 16:45

        j’ai une autre interprétation

        c’est effectivement un leurre d’appel sexuel, mais à mon sens à connotation D/s voir SM (de manière subliminale). La femme entravée.

        Comme quoi cette photo est riche de sens


        • Paul Villach Paul Villach 7 novembre 2009 16:51

          @ jps

          Je crois que vous avez raison.
          mais quant à la richesse de sens ?.... Paul Villach


        • easy easy 7 novembre 2009 20:05

          Lorsqu’on est un familier de la danse, on ne voit pas grand chose de ce que Paul Villach dit voir.

          En danse moderne, pour une grande part, on s’attache à créer de la forme ( ou de la pose) inédite et remarquable. Et la plupart du temps, une pose donnée n’a pas de sens convenu.

          Prenons Maurice Béjart dans les années 70. S’il demandait à un danseur de se mettre façon crabe avec les jambes ainsi ouvertes et genoux pliés, (mais généralement avec le buste redressé et avec les bras écartés à l’horizontale par exemple ; ce qui fait encore plus crabe) c’était pour produire une forme jamais vue jusque là (Le classique interdisait ce genre de pose disons désarticulée ou trop animale) 

          [ Je rappelle ici le scandale (Et l’innovation) qu’a constitué le fait que Stravinsky ait osé produire pour le Sacre du Printemps une musique désarticulée, non harmonieuse]


          Une fois cette forme crabe -que Béjart avait inventée- devenue trop connue, le jeu consiste à en trouver une autre et c’est ainsi que de recherche en recherche, quelqu’un a eu l’idée de celle-ci

          Mettons qu’au départ, le chorégraphe ait l’idée de réaliser un crabe où chacun des quatre membres ne toucherait le sol que par une pointe effilée (Le grand défi de la danse c’est de léviter. On y a l’obsession de donner l’impression que le danseur s’affranchit de la pesanteur) 
          Il chercherait donc un bout de ferraille à mettre au bout des bras et pourquoi pas au bout des jambes aussi. On se retrouverait avec un ’’échassier’’ à 4 échasses.

          Cherchant alors le moyen de réaliser des échasses pour bras, il se rendrait compte que des cannes anglaises font parfaitement cet effet. Alors allons-y, demandons à un danseur de bouger avec des pointes classiques aux pieds et des cannes anglaises aux bras pour voir ce que ça donne. On découvre alors un énorme univers de gestes, mouvements et formes nouvelles. (Idem si on s’ajoute des ressorts au bout des membres)

          Pendant cette recherche arrivent ce genre de pose crabe et le créateur remarque que seule la tête dépasse du tronc sans être prolongée d’une pointe. Il se dit ’’Bin yaka ajouter une sorte de béquille pour la tête.

          Et voilà comment on en arrive à cette pose étonnante.



          Il va de soi, qu’une fois qu’on a fait cette trouvaille, on peut se mettre à gamberger à un ballet ayant pour thème quelque chose autour des ’’vrais handicapés que seraient ceux qui se croient valides’’ par exemple.

          Dans un tel ballet, les cannes ne chercheront pas à dissimuler leur dimentions orthopédique.

          Alors que dans un ballet optant pour un thème plus ’’insecte’’ on maquillera sans doute toutes ces pointes pour leur donner une apparence de pattes de sauterelles par exemple.


          Non vraiment, les danseurs, ne serait-ce que pour s’échauffer, passent beaucoup de temps avec les cuisses ainsi écartées et le grand écart est le minimum syndical qu’on exige de tout danseur.




          Cela dit, un chorégraphe ne doit pas perdre de vue que le tout venant du public peut immédiatement y voir plus de bidulerie sexuelle que de poésie-esthétique.
          Mais que doit-il faire alors ?
          Renoncer à montrer cette pose parce que des Paul Villach vont y métonymer à tours de bras en toute mise en abîme intericonique paradoxalosexuelle ?


          Non, visiblement la rédaction de ce magazine a considéré qu’elle s’adressait aux initiés point. Leszotres, bin qu’ils rament ou s’excitent en cherchant à comprendre quelque chose à ce geste purement esthétique et tant pis pour eux

          Lorsque Christo a emballé le Pont-Neuf et d’autres choses, il ne fallait rien y voir d’autre que la création d’un spectacle insolite, jusque là jamais imaginé par quiconque., même pas en rêve.



          Bin là c’est pareil.





















           


          • Paul Villach Paul Villach 8 novembre 2009 09:56

            @ Easy

            Merci de cet éclairage très éclairant. On ne saurait mieux illustrer le formalisme stérile où a sombré un certain art contemporain et qui recherche sa seule raison d’être dans « la surprise », « cette chose morte à peine conçue », dit Marc dans « Art » de Yasmina Réza.

            L’ennui est que même si cet art court après le vide et le non-sens de ses formes, la nature a horreur du vide et du non-sens. Elle se venge en remplissant la place laissée vacante par l’intelligence : libre cours est alors laissé aux pulsions inconscientes les plus archaïques de l’individu ou du groupe qui en viennent à s’exprimer dans toute leur brutalité.
            On en a ici un exemple. Un lecteur a très justement fait remarquer qu’on était sans doute devant une scène de cérémonial sexuel sado-masochiste !

            Enfin, oser soutenir que cette image ne s’adresse qu’à des spécialistes, est une galéjade. Quand elle est choisie pour illustrer la couverture d’un magazine généraliste récapitulant tous les programmes du saison culturelle, on peut supposer qu’elle ne s’adresse pas qu’aux sectateurs d’un art dévoyé. Elle a été retenue pour le leurre d’appel sexuel insolite qu’elle contenait.
            Car le leurre d’appel sexuel n’ a pas son pareil pour capter l’attention. C’ est un leurre tout-produit, comme il existe des voitures tout-terrain : il permet de promouvoir les produits les plus éloignés de lui, comme un magazine récapitulant un programme culturel saisonnier. Grâce à la vacuité de ses formes, un certain art contemporain lui offre bien des occasions de déployer ses effets.

            Les grands prêtres d’un certain art contemporain officiel n’y peuvent rien si leurs formes vides leur échappent. Ils n’ont qu’à les remplir de sens s’ils veulent leur épargner de telles mésaventures ! Paul Villach


          • MICHEL GERMAIN jacques Roux 7 novembre 2009 21:49

            Easy soulève souvent des coins de voiles. Sa position est éclairante. Néanmoins, ce magazine, inclus dans le principal « La gazette de Montpellier » « de Nîmes », est à destination de tous. Ce sachant, et s’il n’était question d’autre chose que de vendre, les auteurs du choix de cette photo auraient certainement pu « éclairer » eux aussi leur public. Une arme à feu laissée au milieu d’un groupe de singes finira par en blesser un manipulée par un autre. Les vendeurs de l’hebdomadaire n’ont pas désarmée la photographie dont la mission est simplement mercantil.
            il s’agit bien d’une image pornographique au sens grec puis latin « d’ écrit prostitué ». ce terme venant de « pernémi », ce qui touche à l’acaht et la vente de marchandises...
            Et si je suis touché ce n’est en rien parceque mon corps est saisi mais bien plus parcequ’on se sert d’une femme pour vendre. Pour vendre une image de femme .

            Bonne soirée.


            • Paul Villach Paul Villach 8 novembre 2009 10:00

              @ Jacques Roux

              Merci d’éclairer la lanterne d’ Easy qui ne sait pas qu’une information ne se comprend que dans un contexte donné.
              Ici, cette image se retrouve sur la couverture d’un magazine et non dans le bréviaire des sectateurs d’un certain art contemporain ! Cela change tout ! Mais il n’est pire aveugle que celui qui ne veut pas voir ! Paul Villach


            • easy easy 8 novembre 2009 10:56


              Easy sait que chacun ne comprend les choses que selon, non pas ’’un contexte donné’’, mais plutôt selon son contexte personnel, sa culture personnelle, sa psychologie, etc.

              Ce qui fait que pour une tâche donnée, certains vont y voir un papilon et d’autres un slip ou la métonymie d’une pyramide sexuelleeeee

              Il est important que Paul continue de voir des choses depuis son point de vue (Où il peut être rejoint par quelques autres, sur ce point précis)
              Il est important que Easy continue de voir les choses avec sa propre culture et intéressant pour lui de savoir qu’il existe des Paul Villach qui métonyment tout.

              (Combien y a-t-il de sujets de Paul qui ne visent pas à nous exposer son regard métonymiste ?)




              C’est p’tet dur à digérer pour ceux qui ne se sentent penser qu’en intellectualisant, c’est à dire en voyant un cheminement de sens ou de raison, mais dans l’art, il n’y a généralement que de la forme pour la forme.

              Lorsque Dali peint des pendules molles, ça n’a aucun sens (Et il s’est bien marré des questions que se posaient les obsédés du sens) . Or tout en n’ayant aucun sens précis, cette vision d’une pendule molle nous a tous fait gamberger dans une direction jusque là inconnue. Avant Dali, aucun d’entre nous n’avait imaginé une pendule coulante.


              Ce qui se passe ensuite dans nos têtes, après avoir vu ce dessin de pendule molle, c’est mille et une visions nouvelles dont il n’est pas possible de faire le tour tant c’est impactant. Et ça produira chez Easy des foultitudes de visions différentes de celles de Paul, très probablement.

              Lorsque Boterro nous montre des mersonnages tout en rondeur, il n’y a pas non plus à chercher de sens. C’est insolite, ça nous montre qu’on peut voir ou recréer les choses avec des lignes bien plus courbes, qu’in fine, toutes ces rondeurs forment un pays rond où l’esthétique de valeur n’est pas au filiforme, par exemple.






              Qu’il y ait un certain fossé entre la danseuse, ou son chorégraphe et le rédacteur du magazine, c’est probable. Ce dernier peut très bien avoir une culture personnelle plus zobsédée. Il peut très bien être plus excité que le danseur moyen devant la vue d’une fille faisant le grand écart.



              Oui, il est possible que le rédacteur, voire le photographe, aient eu un peu de lubricité dans l’oeil. Why not.


              De même, un photographe malicieux pourrait par exemple exposer la photo de la montre molle de Dali sur un magazine ayant pour sujet la perte de temps ou quelque chose comme ça. 

              Oui, il n’est pas exclu que quelque part dans la chaîne de ceux qui ont décidé de mettre cette photo, il y ait eu ici ou là quelques regards concupiscents.

              Mais il est moins probable que parmi eux, il y ait eu des intentions métonymiques








              Il est plus que normal que chacun se réapproprie ce qui ne lui appartient pas et qui semble posé en Valeur.

              Il est normal que Paul ait envie et besoin de posséder des images à nous tous exposées, qui ne lui appartiennent en rien et qu’il peut, par son prisme métonymiste posséder , maîtriser ’’Regarde Maman, ce que j’en ai fait de cette image qui fascine tout le monde’’

              Nous faisons tous la même chose, d’une manière ou d’une autre. Villach en métonymant, moi en citant tel ou tel artiste ou telle ou telle image. Que j’en parle de manière positive en la défendant ou de manière négative, peu importe, dans les deux cas, je me l’approprie, je la domine, elle ne me fait plus ’’peur’’




              Et c’est bien entendu pareil pour ce qui concerne mon intervention sur ce topic de Paul. En y mettant mon grain de sel, je me l’approprie, Paul me fait moins peur.

              Les véritables effets que produisent nos blas blas sur les autres, nous nous en foutons parce que nous savons qu’ils sont d’effet quasiment nul. Ce qui nous intéresse en devisant, c’est de participer et donc d’en être ou d’exister quelque part comme on dit.

              ecce homo


            • Paul Villach Paul Villach 8 novembre 2009 12:14

              @ Easy

              (Combien y a-t-il de sujets de Paul qui ne visent pas à nous exposer son regard métonymiste ?)
              , demandez-vous.

              Vous avez l’air d’ignorer qu’une image est constituée d’éléments structurels et conjoncturels.

              Parmi les éléments structurels, il y a la métonymie et la mise hors-contexte
              que l’on retrouve forcément ici. Il n’y a pas d’image sans métonymie (montrant la partie pour le tout /et/ou/ l’effet pour la cause) pas plus qu’il n’y en a sans mise hors-contexte, puisque le cadre de l’image découpe une parcelle d’un champ pour la retirer de ce qui devient un « hors-champ », et la mettre ainsi hors-contexte.

              Comme mise hors-contexte, cette image en couverture de ce magazine en offre un bel exemple.
              Que vous le vouliez ou non, ce sont ces leurres (car métonymie et mise hors-contexte deviennent des leurres) qui orientent la lecture en suscitant des réflexes (inconscients par nature) et non des projections gratuites, même si, en cela je vous rejoins, chacun commence à regarder une image en fonction de son cadre de référence (connaissances, histoire personnelle, goûts, croyances, etc.).

              Mais ne voir une image qu’à travers son cadre de référence personnel peut conduire au délire.
              D’où la nécessaire confrontation de ce cadre de référence avec la réalité en se méfiant des leurres dont on peut être abusé, pour accéder à une représentation de la réalité la plus fidèle possible.

              C’est ce que j’essaie de faire. Paul Villach
               


            • sissy972 7 novembre 2009 22:03

              Bonsoir M. Villach,
              Je me suis dit, hum, M. Villach et ses « leurres de toutes sortes » ou sa métonymie ont encore fait des siennes.
              Je trouve cette affiche très belle, cette jeune femme très belle aussi.
              Pourriez vous en faire autant, être beau et aussi souple avec les mêmes cannes ?
              M’enfin, bien sur que non, (moi non plus d’ailleurs, je parlais de la souplesse) mais ce qui serait très interessant plutôt, c’est de savoir pourquoi cette affiche vous a tellement fait vibrer ? en fin de compte c’est votre avis qui m’interesse.


              • Paul Villach Paul Villach 8 novembre 2009 10:11

                @ sissy972

                Mais je crois vous avoir donné les raisons pour lesquelles je ne suis pas resté insensible à cette image.

                Avec mes « leurres de toutes sortes », comme vous dites - vous avez l’air de douter que l’univers médiatique est constitué de leurres et d’illusions - j’ai été amené à me rendre compte que cette posture sadomasochiste, choisie pour son leurre d’appel sexuel insolite qui attire l’attention sur le magazine, est une illustration du vide et du non-sens qu’affectionne un certain art contemporain.
                 Paul Villach


              • joelim joelim 7 novembre 2009 23:52

                Pour moi c’est de l’art moderne « tendance » (= de la m....) dans toute sa préciosité. 

                Et je vois plutôt un moustique (avec une énorme trompe). 

                Allégorie d’un fantasme de femme suceuse de sang ? 

                En tout cas, c’est un must de glauque de glauques. Sans humanité.

                Merci pour cette analyse.

                Bzzt.

                • Paul Villach Paul Villach 8 novembre 2009 10:02

                  @ Joelim

                  Bien vu ! Paul Villach


                • moebius 8 novembre 2009 00:00

                  apres le leurre sein le leurre chatte....miaou ! Et bientot mes petits poisons, ne nous leurrons plus au bois, le leurre bite


                  • MICHEL GERMAIN jacques Roux 8 novembre 2009 07:42

                    Dimanche O8/11, un beug sur Agora, les articles de la veille ont disparu... 


                    • dom y loulou dom 9 novembre 2009 01:35

                      la censure aussi fait rag sur youtube, les youtubers ont complètwment disparus de youtube... ya un gros blème oui.


                    • G.BORDES 8 novembre 2009 15:16

                      Je dois avouer que je suis assez perplexe.
                      Je pense que la majorité de la population est adepte d’une pratique qui consiste à se détourner bien vite de ce que l’on ne comprend pas. Et dans cette couverture, comme dans l’art moderne en général, le non initié n’aura que faire de rechercher l’intention des auteurs. ceci peut parfois (souvent) lui être fatal, la « communication » fonctionne d’autant plus lorsque le récepteur ne voit pas les ficelles. Mais dans le cas présent, il me semble que le malaise généré par le paradoxe leurre d’appel sexuelle/utilisation des béquilles tend à faire détourner le regard pour se conforter dans le rejet de cette forme d’art contemporain.


                      • Paul Villach Paul Villach 8 novembre 2009 16:59

                        @ Cher G. Bordes

                        Avouez que sans les outils que vous savez et qui, un temps ont pu vous paraître compliqués - car hors programme ! - , on est bien emprunté pour tenter de comprendre cette image.

                        Au moins ces outils permettent-ils d’explorer un sens, même quand - c’est ma conviction ici - l’art contemporain se moque de lui-même sans le savoir : y a-t-il meilleure image de lui-même que cette danseuse paralysée voire tétraplégique, puisque même son esprit est infirme et requiert une béquille pour se tenir en posture animale sans pouvoir retrouver la station debout humaine ? Cordialement. Paul Villach


                        • G.BORDES 9 novembre 2009 21:28

                          @ cher Paul Villach

                          Je l’avoue bien volontiers !

                          Mes réserves concernaient cependant l’intérêt de l’affiche pour un non initié à l’art moderne.
                          Voyez vous, je pense que le malaise ici généré n’est pas de nature à attirer le récepteur, je parle évidemment dans ce cas précis (je ne remets pas en cause l’efficacité des leurres en eux mêmes). Mais le malaise généré auquel on ajoute le détournement que suscite l’art moderne a selon moi pour effet de détourner le récepteur non averti de la couverture plutôt que de l’y attirer. 

                          Personnellement, je trouve que l’art moderne est très souvent de mauvais gout (Jean Pierre Coffe, lorsqu’il possédait encore du panache et un certain franc parlé qu’il a troqué pour la langue de bois, avait une expression toute trouvée qui s’appliquerait à merveille pour décrire cette forme d’art : « C’est d’la m...... »)


                        • dom y loulou dom 9 novembre 2009 01:30

                          très d’accord monsieur Villach pour votre regard sur cette photo ignoble.

                          Et on ne peut que acquiéscer avec easy sur la multiplicité des regards sur un même objet, c’est l’évidence.

                          Mais en tant que peintre j’ai justement appris que chaque trait compte et doit contenir un sens sinon il n’a pas de raison d’être et ne doit pas être dessiné. C’est ainsi qu’en peinture vos ferez la différence entre une œuvre vide et une œuvre de maître.

                          “la montre molle de Dali sur un magazine ayant pour sujet la perte de temps”
                          vous voyez bien que vous lui donnez le sens qu’elle a. Les montres de Dali ne sont pas molles, elles fondent, le dire ainsi est juste un peu plus précis vu le thème récurent chez Dali. Les montres, donc le temps qui fond et les béquilles. Sur quoi nous appuyons-nous quand le temps s’éternise et que nous perdons pied ? C’est un thème tellement récurent chez Dali que quelqu’un qui aurait demandé au maître ce que cela signifie l’aurait certainement beaucoup énervé. lol

                          Lui, un peintre des symboles par excellence.

                          L’art n’est pas un jeu vide de sens. Non, l’art est vital. Sans art il n’y a pas de civilisation, car si une société ne cherche pas le sens pour lequel elle vit elle est vouée à disparaitre. Le parfum d’une fleur est fait pour assurer la génération suivante, car si aucun insecte ne la butine son espèce s’éteindra, vous comprenez le parallèle ?

                          Le parfum d’une fleur est comme l’art contenu dans une oeuvre, son sens justement.

                          L’art est donc un enjeu de vie ou de mort, car le rôle des artistes a toujours été de décortiquer la vie humaine et justement essayer d’en discerner des sens possibles et potentiels sinon exprimés.

                          Je ne pensais pas écrire un tel pavé, excusez-moi et ne le prenez pas personnellement non plus. Mais votre réflexion m’amène tout droit sur ce que je perçois comme une des plaies de notre temps.

                           L’absence de sens ou carrément de bon sens quand on demande aux gens de recevoir un poison stérilisant et du mercure débilitant dans la tronche et en double dose s’il vous plait (! !) et qu’on SAIT comme c’est destructeur pour le système immunitaire de quelqu’un et qu’on ose appeler cela de la médecine !!

                          Ici on a une fille belle come le jour dont on cache le visage et toute trace de féminité pourne laisser qu’un trou entre les jambes et cette pose de ballerine dont on ne laisse plus dviner aucun aspect personnel, elle est réduite pire qu’à l’état d’objet, elle et complètement à la merci du photographe. Presque un symbole de la déshumanisation en cours, oui !!

                          L’art comme la civilisation est pleine de sens sinon elles n’ont pas de raison d’être, comme les traits eux-mêmes qui constituent l’œuvre, ils sont l’expression du sens, à son service, pas le fond. Leur fond est le sens contenu et lisible d’une œuvre. Une civilisation insensée devient quoi d’après vous ?

                          Les deux sont ainsi irrémédiablement liés et une œuvre n’a de sens que dans la mesure où l’artiste a une recherche particulière concernant l’être humain ou l’existence en général. Ici le jeu de bourreau-vicitme, assez loin d’ête culturel et je me joins àau questionnement de Paul Vilach sur la crédibilité d’une telle « œuvre » pour représenter toute la culture d’une ville.

                          Ce que vous dites, esy, est un peu comme si on écrivait un livre en disant qu’on s’en fout de ce qui est écrit dedans… ou qu’on se mit à construire un puits en faisant tout pour être certain de ne jamais y trouver de l’eau.

                          Je ne peux vous suivre sur cette ligne.

                          Pour moi cette photo est très dans l’air du temps.

                          d’abord pour le côté kafkaïen de la scène qui rappelle quand même furieusement Métamorphose qui montrait un pauvre jeune homme se transformer en insecte. Mais plus simplement cette photo me fait penser à Abou Graïb et Guantanamo et les prisons secrètes où des gens sont torturés à l’heure où nous écrivons.

                          Cette photo est une scène de torture très dans les grands mystères d’Eleusis et du culte secret d’Isis. Torture, sexe et barbarie. Je m’explique.

                          Un photographe, comme un peintre, utilise des modèles ou emprunte les visages des êtres pour son œuvre, il doit donc impérativement RESPECTER ses sujets photographiques.

                          Nous sommes aux antipodes ici. Cette photographie montre un abus complet du photographe sur son modèle. Une vraie scène de boucherie. Vous trouvez que je vais trop loin ? Je m’imagine la scène voilà tout. Et pour le soin méticuleux d’effectivement former ce vase inversé avec le sexe de la fille elle a surement eu beaucoup de plaisir à tenir cette pose durant des heures et qu’on lui tire le slip et caresser sa foufoune sans arrêt.

                          Combien d’heures de pose pour arriver à la photo terminale ? « Attends, encore un projo, merde plus de pellicule, ah dis donc faut qu’on recommence… » bref vous voyez le tableau, il est là devant nous, nu et dévoilé. En ce sens c’est une œuvre, mais cela ne fait pas d’elle de l’art.

                          Cette photo est sadique et pour le modèle et pour le spectateur, si elle est danseuse comme easy le pense ici il n’y a pas trace de mouvement…ce serait alors une négation volontaire de la danse qui est justement l’expression du mouvement, non ? On aura toujours vu les ballets raconter des histoires, les histoires ne sont pas insensées. C’est pour cela que je parlais de l’air du temps wall-streetien, car le sens que dégage cette photo fait vomir.

                          Un appel sexuel dans le sens le plus sordide alors, parce que nous y entrons vraiment dans le caractère SM qui prive cette femme de toute humanité pour la maintenir dans une pose absolument douloureuse.

                          et la déshumanisation ne pourra jamais être appelée de l’art.

                          Cette photo n’est pas de l’art mais le fruit d’un photographe s’adonnant à ses penchants sadiques. C’est ce que la photo dit. On peut bien y rajouter tout ce qu’on veut, mais la déshumanisation de cette femme fait mal à voir.

                          L’art doit nourrir, pas être inutilement douloureux et une image n’est jamais vide de sens. Que son auteur veuille l’y mettre ou non, un sens se dégagera toujours d’une œuvre, c’est bien le danger d’en créer une. Car l’artiste s’expose toujours lui-même dans ce qu’il montre, voudrait ou croit montrer.

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