Abstention à 53%, de quoi est-elle le nom ?
Et si on analysait un peu cette abstention, que nous dit-elle en réalité ?
Alors plutôt que de gloser sur l’importance de celui qui arrive en tête dans la région X, il me semble plus enrichissant de comprendre la signification d’une telle abstention record pour des élections régionales.
Certes la campagne était atone, ennuyeuse, apolitique et on pourrait allonger la liste.
Certes les meetings ne faisaient pas vraiment recette et les rares débats télévisés étaient d’une fadeur souvent consensuelle.
Certes les affrontements politiques étaient d’un niveau particulièrement bas, surtout de la part d’une droite qui anticipait déjà la défaite, et tentait, en vain, de limiter les dégâts à coups de manipulations telle celle concernant Ali Soumaré.
Certes les électeurs, frappés de plein fouet par la crise et les coups portés par Sarkozy ne s’intéressaient pas vraiment à tous ces politiciens si proches les uns des autres, au-delà des programmes si proches les uns des autres, en dehors des deux extrêmes.
Certes les observateurs attentifs des élections, dont j’ai fait partie je pense, n’ont pas vraiment réussi à entrevoir des projets politiques réels pour nos régions, en particulier à gauche, où le PS était plus dans la continuation que dans la rupture que certains attendent en vain.
Alors où est l’explication ?
Abstention et vote blanc ne sont souvent qu’un. Un signe fort à l’adresse de cette république des partis, de droite et de gauche que de plus en plus de gens considèrent comme issus de la même caste et comme défendant le même système libéral. Les deux partis dominants depuis bien des décennies, se coulant toujours un peu plus dans les moules du capitalisme européen, ne proposent à leurs électeurs que des aménagements à la marge, avec un petit peu plus de justice sociale pour les socialistes. Mais soyons réaliste, quand un ancien ministre de Jospin, Michel Sapin lors d’une interview récente à Mediapart avoue, sans pudeur, qu’il ne faut pas rêver, si la gauche revient au pouvoir, il ne saurait être question de rétablir les 100 000 postes de fonctionnaires supprimés par Sarkozy, cela parle, clairement, même aux plus idiots.
De même que la campagne des barons du PS dans leurs régions "socialistes" qui tentaient de nous faire croire que des régions socialistes étaient des "boucliers" face aux attaques du gouvernement Fillon !
Piètre bouclier en effet ! Déjà 20 régions étaient à gauche, non ? Et elles auraient réussi à stopper la régression sociale, économique et politique du pouvoir du représentant du Medef ?
Cela se saurait.
Alors demander nos bulletins de vote avec de tels mensonges, c’est un peu faire injure à l’intelligence collective du peuple de gauche.
Et surtout il ne faut pas nous dire que les français sont actuellement résignés, cela serait, en partie, se tromper ou ne pas prendre en compte toutes les luttes actuelles qui souvent se radicalisent malgré les directions syndicales.
Alors peut-être peut-on prendre cette abstention pour un vrai et durable désenchantement de la mascarade électorale, devant une alternance cosmétique qui pourrait se synthétiser par ces mots :
Tout changer pour que rien ne change.
Quand l’on pense cela, l’on délaisse le processus électoral, malgré les éventuels piaillements d’atteinte à la démocratie !
Et dans la perspective de 2012, si la gauche part au combat derrière le grand chef du FMI, DSK, gageons que nombre d’électeurs de gauche se sentiront une fois de plus trahis, et même en voulant en finir avec Sarkozy, ils s’abstiendront une nouvelle fois.
Mais d’ici là, les Français peuvent s’éveiller comme les Guadeloupéens ou les Grecs.
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