Affaire Pelicot : horreur et consternation...
Un procès qui choque toute la France : un mari, Dominique Pelicot qui pendant dix ans a organisé le viol de sa femme, droguée à son insu, par des dizaines d'hommes dont une cinquantaine sont sur le banc des accusés : ils ont entre 26 et 73 ans...
Un père de famille tranquille qui organise et filme le viol de son épouse chez lui, à Mazan, un village du Vaucluse... Dominique Pelicot a réalisé aussi des captations impudiques de sa fille et de ses belles filles, nues, filmées sous la douche.
Est-ce le procès de la culture du viol ?
Ce procès est une plongée dans l'horreur... des violences sexuelles imposées dans un cadre familial.
Gisèle Pelicot, la victime a voulu que ce procès soit public. Elle sait qu'elle incarne toutes les victimes : des femmes réduites à leur corps, à leur fonction sexuelle... des femmes réduites à l'état d'objets.
Et, en face, le manque d'empathie des accusés qui se présentent comme des victimes ! Des hommes ordinaires qui ont commis l'impensable...
Comment en est-on arrivé là ?
Tous les jours, dans toutes les juridictions de France, on juge des dossiers de viol... le viol est un crime de masse et un crime de l'ordinaire : viol de prédation, viol de domination, viol de la réappropriation, viol de l'opportunité (c'est l'occasion qui fait le viol).
Certains disent que ce sont des pulsions biologiques (les pauvres hommes ! ils sont comme ça)...
Les femmes ont, de plus, de grandes difficultés à porter plainte, parce qu'on ne les croit pas. Et dans ce procès, ce qui vraiment spécifique, c'est qu'il y a des images, des photos, des vidéos qui ont été saisies sur l'ordinateur de Dominique Pelicot. 20 000 photos et vidéos ! Les preuves sont accablantes...
Depuis une dizaine d'années, on voit éclater des affaires de violences sexuelles, des affaires de pédo criminalité qui suscitent une immense indignation, et qui, comme des bulles, explosent et disparaissent.
Ceux qu'on retrouve sur les bancs des accusés, c'est la société française en miniature : ils ont entre 26 et 73 ans. Ils ont des frères et sœurs, des voisins, des compagnes, des enfants. Ils sont maçon, jardinier, journaliste, précaire, infirmier, militaire, ingénieur, gardien de prison, retraité, pompier, conseiller municipal... Ils n’ont pas de pathologie mentale et pour la plupart, pas d’antécédents judiciaires. Certains ont été victimes avant d’être bourreaux. Leurs vies sont à la fois singulières et banales. Ils sont 50, ils sont un peu monsieur tout le monde.
Le viol, c'est souvent celui ou celle qui le subit qui en a honte, et cela peut prendre des années pour convaincre la personne qu'elle n'y est pour rien... venir le dire en public, c'est très important dans la poursuite du chemin. La publicité des débats est donc importante.
"Il faut que la honte change de camp", a dit Gisèle Pelicot.
Dominique Pelicot a été lui-même victime de viol dans l'enfance, marqué par un climat incestuel dans sa famille. Une mère soumise à un père autoritaire et incestueux avec une petite fille placée chez eux à l’âge de 5 ans. Dominique Pélicot avait coupé les ponts avec son père et n’avait pas assisté à ses obsèques.
Mais nous sommes aussi dans une société qui autorise les hommes à prendre le pouvoir : certains hommes qui n'ont pas subi de violences dans l'enfance commettent des viols.
Les femmes au service des hommes : c'est une image qui perdure dans nos sociétés. Les femmes doivent de l'attention, du sexe, du plaisir, du travail aux hommes : c'est toute cette culture qu'il faut changer.
L'affaire des viols de Mazan va-t-elle ouvrir, en plus, la porte à la résolution de deux autres cold cases ? Absent du procès pour raisons de santé depuis lundi 9 septembre, Dominique Pelicot est accusé d'avoir drogué celle qui est désormais son ex-épouse, pour ensuite la violer et la faire violer par des dizaines d'inconnus recrutés sur internet. Mais l'enquête a permis de le relier à deux autres affaires remontant aux années 1990, pour lequel il est désormais directement inquiété.
Le septuagénaire à la personnalité trouble a, en effet, été mis en examen pour une tentative de viol en Seine-et-Marne remontant à 1999. Son ADN ayant été retrouvé sur les lieux, il a reconnu les faits, mais conteste avoir utilisé une arme. Malgré ses dénégations, Dominique Pelicot est également mis en examen depuis l'automne 2022 pour le viol et le meurtre en 1991 de Sophie Narme, 23 ans, dans le 19e arrondissement de Paris.
Dans ces deux affaires, qui n'ont pas encore été jugées, le mode opératoire est identique, avec deux femmes droguées à l'éther "dans le cadre d'une visite d'appartement, les deux victimes étant toutes deux agentes immobilières", précisait, début 2023, le parquet de Nanterre.
Les enquêteurs continuent de fouiller le passé de Dominique Pelicot... d'autres affaires jusqu'ici non élucidées pourraient ressurgir.
Décidément un dossier très lourd : le procès doit durer quatre mois.
Le blog :
http://rosemar.over-blog.com/2024/09/affaire-pelicot-horreur-et-consternation.html
Sources :
47 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON