Analyse d’une censure médiatique d’un livre sur la « pandémie de peur H1N1 »
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Censure, le mot est lâché ! Mon livre a-t-il été censuré par les grands médias de masse ? Honnêtement, il est trop tôt pour le dire. Ce qui ne m’empêche pas d’émettre quelques soupçons sur le manque d’intérêt suscité par ce livre qui pourtant, tente de réfléchir sur cette grippe de 2009 qui ne l’oublions pas, fut l’un des deux ou trois sujets ayant bénéficié d’un suivi médiatique soutenu et durable. L’honnêteté intellectuelle impose la première hypothèse, la plus simple, pouvant expliquer ce fait. Ce livre est mauvais, pas intéressant, mal écrit, n’apportant rien de nouveau qui vaille les pages du Monde ou de Libé. Si on écarte cette hypothèse, alors on peut légitimement admettre qu’il y a eu une censure au sens premier du terme, c’est-à-dire une absence de recension dans les quotidiens et autres hebdomadaires nationaux. C’est du moins ce que j’ai constaté. Par contre, le pastiche de Jean Sarkozy ou les malheurs de Julien Dray ont eu la faveur de ces médias qui donc, ont jugé que ces livres méritaient que les lecteurs en prennent connaissance. Alors que s’agissant d’un livre réfléchissant sur l’excès de la lutte antigrippale et de la panique virale, là non, le lecteur n’a pas à être instruit. Ainsi en ont décidé les médias. Quelle analyse en tirer ? Plusieurs hypothèses se dessinent. Examinons-les
I. Peur des autorités. Les médias craignent-ils quelque ennui avec l’autorité gouvernementale en offrant leurs colonnes à un ouvrage très critique sur la campagne de vaccination ? Cette hypothèse me paraît peu probable. Plus crédible serait l’idée d’une autocensure quoique, ce mot ne convient pas, sauf à le prendre dans une acception psychanalytique. N’oublions pas que le journaliste est un sujet comme les autres. Qu’il a des convictions, des croyances et qu’il n’est pas confortable pour un individu d’accorder crédit et promotion à une thèse allant à l’encontre de ses croyances. On n’a pas lu ni entendu une critique appuyée de la ministre Bachelot de la part des éditorialistes émérites des grand médias. Ce fut même l’inverse, quelques soutiens explicites écrits par quelques commentateurs connus comme Thomas Legrand.
II. Le maternage médiatique. Les critiques de la presse évoquent souvent des liens d’intérêts entre le pouvoir politique et des journalistes un peu trop complaisant à leur égard qui de temps à autre, se plaisent à jouer les chargés de com gouvernementaux. Dans cette affaire de pandémie grippale, il est possible qu’on ait assisté à des confusions de rôles. Les médias ont joué en quelque sorte le relais de la promotion du vaccin par les autorités, en prétextant que si le gouvernement n’avait pas fait assez, on le lui aurait reproché. Oui, mais au fait, qui le lui aurait reproché ? Les mêmes qui dans les médias, se posent en juges, en procureurs moraux du réel, en incarnation de la bonne conscience. Bref, on a assisté à une sorte de maternage médiatique visant à amener les Français vers les soins proposés par le gouvernement. Chaque chaîne de télé a ses préposés pour annoncer la bonne conduite dans l’hygiène sanitaire.
III. Envies et jalousies. Il y a eu trois temps dans cette campagne de vaccination. L’annonce du niveau 6 et le début d’affolement, le déroulement du dispositif et enfin le débriefing une fois connue la faible incidence du virus. On peut imaginer deux temps pour la censure du livre. Le premier expliqué en I, souci de ne pas interférer avec la communication officielle. Le second participe d’un autre ressort. Il est manifeste que la ministre a fait des erreurs. Les médias ne peuvent pas passer sous silence les investigations menées à l’encontre de l’OMS. Cette fois, le doute envahi nos journalistes qui peut-être, doivent se sentir penaud de s’être fait flouer de si belle manière. Auquel cas, mentionner un livre où un chroniqueur montre entre autres choses qu’il y avait un espace pour la clairvoyance, eh bien cela suscite quelque jalousie surtout que l’auteur ne fait pas partie de la corporation, n’a pas de carte de presse et écrit sur un site indépendant.
IV. La censure au faciès. Certains ont la gueule de l’emploi et passent aisément dans les médias, une fois l’estampille de bonne notoriété apposée par la coterie médiatique aux intéressés, qu’ils s’appellent Attali, BHL ou Onfray. Pour être convié à donner un avis dans les médias, il est aussi conseillé de se prévaloir d’une identification professionnelle. Bref, être un acteur visible ou alors un expert. Avec une fonction officielle, directrice, président, professeur… L’auteur de H1N1 la pandémie de la peur suscite bien évidemment le soupçon, n’étant pas professionnellement encarté. Ses diplômes lui offrent quelque gage de sérieux mais pas la garantie exigée par les médias pour parler de l’épisode grippal de 2009.
V. Le cadre intellectuel limité. Ici, j’évoque la manière dont l’actualité est parfois cadrée, c’est-à-dire traité dans un cadre, avec une ligne directrice. Je feins de m’étonner. On sait bien qu’il existe une ligne éditoriale. Qui du reste est même citée dans la loi lorsqu’un journaliste fait valoir ses droits en invoquant la clause de conscience quand la ligne éditoriale est modifiée. En général, une ligne éditoriale est d’ordre politique ou idéologique. Elle sert à mettre hors cadre une opinion opposée. Pour ce qui est du traitement médiatique de la grippe, j’ai pressenti un cadrage mais pas dans le sens idéologique. Disons plutôt une manière d’aborder le sujet, avec aux débuts des questions pratiques sur l’intérêt et le danger de la vaccination. Maintenant, le cadrage du sujet s’inscrit dans le contexte des liens d’intérêt ayant conduit (c’est une présomption) les autorités de l’OMS affoler les gens, tandis que les membres du comité français de lutte contre la grippe (eux aussi en présomption d’intérêt) ont conseillé la ministre pour le déclenchement d’un plan pandémie assorti d’une commande de vaccins. Ce cadrage est plus satisfaisant pour l’esprit contemporain qui préfère les explications simples, la désignation d’une cause et le cas échéant, de coupables. Pourtant, comme j’ai essayé de le montrer, la panique pandémique et la réactivité intempestives s’expliquent en mettant ensemble plusieurs facteurs. Mais comme l’a bien noté Marcel Gauchet, les médias boudent pour l’instant les analyses élaborées, préférant s’en tenir à des faits spectaculaires et des polémiques ordinaires.
Au final, ce petit détail d’une censure probable en dit long sur l’état d’esprit régnant dans les milieux médiatiques. Les uns n’ont pas voulu lire et voir, les autres ont eu peur de choquer. Il y a vraiment un malaise dans les médias. Reflet d’un malaise dans la civilisation. Mais, dira l’avocat du diable, n’ont-ils pas été raisonnables, préférant accorder leur confiance aux experts tout en étant méfiant, pour ne pas dire prudents, face à un individu non identifié livrant une analyse sortant du cadre de lecture du monde. C’est bien là un signe de société, les médias sont devenus des cadres et les journalistes avec. Quoique et je tiens à le souligner, les médias suisses m’ont réservé un excellent accueil ! Pourquoi ?
Pourtant, il reste quelques irréductibles chercheurs de vérité, des voyants, des clairvoyants, comme Denis Robert pour ses enquêtes sur le système bancaire. Et pour conclure cet avant dernier billet sur la grippe, je dirais que l’homme est l’animal qui, ayant la possibilité de voir l’intelligence des choses, peut aussi refuser de les voir.
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