• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Tribune Libre > Appel pour le livre

Appel pour le livre

Le Monde des Livres, en date du jeudi 17 janvier, publiait une tribune signée d’un historien, intitulé « Les libraires contre internet ». Violemment polémique, cet article se fait le relais de la polémique voulue par Amazon France (voir le forum et la pétition sur Amazon.fr), dont les pratiques ont été condamnées par la justice, en matière de frais de port offerts, début décembre 2007.

Lekti-ecriture.com, qui regroupe en France plus de cinquante éditeurs francophones, soit l’une des plus vastes associations d’éditeurs indépendants, a décidé de réagir tout à la fois aux propos tenus dans l’article du Monde en question, et à ceux tenus par Amazon, en lançant un « Appel pour le livre ».

Internet est une chance formidable pour le livre : ce médium permet à l’ensemble des lecteurs de percevoir une production qui était jusque-là, parfois, difficile d’accès. Internet permet de découvrir de nouveaux auteurs, de nouveaux textes, de nouveaux éditeurs et d’enrichir considérablement l’accès à la culture pour tous.

Pour autant, depuis moins d’un an, la mise en place d’un vaste monopole sur la vente en ligne de livres sur internet, avec Amazon.fr, menace de manière profonde la diversité culturelle que nous sommes en mesure d’attendre d’internet. La politique commerciale très agressive de ce groupe, qui demande des marges commerciales extrêmement élevées aux plus petits éditeurs, les fragilisant de manière excessive, afin de financer leur politique de frais de port offerts, menace de manière profonde la promesse d’une plus grande accessibilité au livre pour tous, sur internet.

Amazon exclut désormais, de manière systématique, la présentation de livres dont les éditeurs refusent de se soumettre à leurs conditions commerciales. La politique des frais de port offerts par Amazon est rendue possible par la demande de surremises aux éditeurs, non par une plus grande efficacité économique, contrairement à ce qu’il est souvent affirmé. La gratuité des frais de port est une illusion, puisque ce dispositif est « financé » par les éditeurs, à qui il est demandé une remise plus importante.

Amazon.fr a été condamné en décembre 2007 pour le non-respect de la loi Lang, autrement appelée loi sur le prix unique du livre, une loi considérée comme « la première loi de développement durable », qui garantit un prix de vente des livres souvent inférieur à celui pratiqué dans des pays qui ne disposent pas d’un tel dispositif, et permet à l’ensemble des acteurs du livre de recevoir une juste rétribution.

Amazon a décidé de ne pas respecter le jugement, de manière volontaire, et de stigmatiser de manière très violente, à travers un forum et une pétition, les librairies françaises. Contrairement à ce qu’il est parfois affirmé, les gens du livre, notamment les libraires, n’ont pas peur de la révolution numérique. Ils ont simplement besoin que soient respectés les principes essentiels liés au commerce du livre, qui sont ceux d’une concurrence saine basée sur le savoir-faire de chacun d’entre eux, afin d’assurer à tous un plus grand accès à la culture.

Nous, simples lecteurs comme professionnels, demandons donc aux hommes politiques de réagir et de renforcer les dispositions de la loi sur le prix unique du livre et de l’adapter à l’univers du numérique, afin qu’elle ne soit plus contournée de manière systématique par les grands sites internet de vente en ligne dont certains, placés en situation d’abus de position dominante, concourent de manière importante à fragiliser le socle sur lequel peuvent s’appuyer les auteurs, pour diffuser la création et les idées.

Nous demandons également aux pouvoirs publics de faire respecter une décision de justice qui vient justement de condamner un site internet de vente de livres.


Moyenne des avis sur cet article :  4/5   (8 votes)




Réagissez à l'article

6 réactions à cet article    


  • ben_voyons_ ! ben_voyons_ ! 28 janvier 2008 15:00

    Et pourquoi ne parle-t-on pas des milliers de vendeurs non professionnels qui proposent les livres neufs en nouveauté, en multiples et à parution, bien moins cher que le PVP (prix de vente public) ????? Voir notamment les sites Priceminister, eBay, etc… on en trouve aussi sur les vide-greniers et manifestations du livre ouvertes à tous.

     

    D’où viennent ces livres ? Services de presse ? Il y aurait des milliers de services de presse expédiés en France et revendus immédiatement ? La plupart du temps, ces livres ne portent pas de cachet "service de presse"…

     

    Qui sont ces vendeurs, dont certains en écoulent des centaines par mois (Priceminister) ?

     

    Beaucoup se justifient par les formules suivantes "offert en double", "acheté en double", etc… (amusant quand ils en ont une demi-douzaine en stock) ; d’autres sont très gênés et restent très évasifs quand on leur demande l’origine de leur stock...

     

    Ces vendeurs ont souvent plusieurs exemplaires en vente, je doute fortement que les services de presse soient expédiés en multiples.

     

    Pourquoi on n’en parle pas ????

     


    • stephanemot stephanemot 28 janvier 2008 17:16

      Pour signer vous aussi cet appel :http://www.lekti-ecriture.com/contrefeux/Appel-pour-le-livre,316.html.

      La diversité de l’édition française est déjà menacée (concentration record, abandon de collections, logique de blockbusters à l’américaine...), ce diktat de la distribution ne saurait perdurer.

      La France est en voie de sous-développement littéraire, prenons exemple sur le Québec où foisonnent les revues et éditeurs indépendents de qualité.

       


      • Marc Bruxman 28 janvier 2008 20:08

        Cher Monsieur,

        Je ne signerai pas votre appel et ce pour de nombreuses raisons :

        • D’une part, une raison éthique. Je suis libéral et je considére toutes restrictions sur les affaires privées comme immorale. Jusqu’à la preuve du contraire, Amazon n’est pas en situation de monopole. Vous pouvez commander vos livres sur fnac.com ou continuer à les acheter au magazin du coin si vous le voulez. Donc si Amazon veut offrir les frais de ports ou même offrir des livres tant qu’ils ne volent personne cela ne me géne pas. Si d’autres ne peuvent pas suivre c’est la (dure) loi du commerce.
        • La loi Lang étant inique et contre la liberté des gens, ne pas la respecter constitue une forme de désobéissance civile dont je suis très reconnaissant de la part d’Amazon. Même si en soi son avenir ne m’importe que très peu comme vous le verrez par la suite.
        • D’autre part, au niveau diversité culturelle justement vous racontez n’importe quoi. Parce que le catalogue d’amazon est justement très riche. La plupart des librairies physiques n’offrent pas ce choix et notamment dans les petites villes de province. Je ne parles même pas des livres en Anglais que je peux commander sans problème sur Amazon et avoir rapidement. J’ai beau habiter Paris, a la fnac du coin c’est galère. Et y’a un truc bête c’est que d’une part j’aime bien lire en VO quand je peux la comprendre et d’autre part certains auteurs intéressants ne sont pas forcément traduits rapidements.

        La dématérialisation du livre

        Enfin sachez que la dématérialisation du livre est en cours via ce que l’on appelle le papier électronique. Je ne sais pas si vous avez vu des prototypes (j’en ai eu un au boulot y’a un an) mais c’est assez impressionnant. Même si l’interface du proto que j’ai eu était perfectible il a tendence à me manquer depuis que j’ai du le rendre à son fabriquant ;)

        Pour ceux qui ne savent pas le papier électronique c’est comme un écran d’ordinateur (vous pouvez changer ce qu’il y a marqué dessus) mais avec la qualité de lecture du papier. (Ca ne scintille pas, vous pouvez le lire en plein soleil). Et le tout avec une consommation d’énergie ridicule.

        Des essais à l’initiative d’Amazon et Barnes And Noble sont en cours. Les Echos ont également lancé un système d’abonnement avec un support ePaper. Mais toujours est il que vous ne le verrez pas à grande échelle avant 2009 car les usines sont en cours de construction.

        Le succès de ce jouet est déja assuré car :

        • Des pays émergents comme la Chine vont s’en servir pour donner aux élèves leurs manuels scolaires. C’est une question de survie écologique pour ces pays. Dans d’autres pays industrialisés c’est l’argument du poids du cartable qui sera certainement déterminant.
        • De nombreux professionnels seront content de ne pas se trimballer avec leur bibliothèque quand ils font une intervention. Cela sera certainement la motivation initiale de l’achat. Mais une fois qu’ils auront le gadget en poche nul doute qu’ils vont s’en servir pour autre chose.
        • Vous pouvez déja acheter facilement des livres au format PDF. L’infrastructure de distribution est donc en place. De même pour la presse quotidienne. Plusieurs groupes devraient d’ailleurs offrir gratuitement ou à prix très réduit un terminal en échange d’un abonnement. Et franchement, c’est plus pratique de lire la tablette dans le métro que de déployer son gros "le monde".
        • Des investissements à hauteur de plusieurs milliards de dollars sont en cours sur le sujet afin d’industrialiser et peaufiner le produit.

        Vous avez donc le lancement prochain d’un "ipod du livre". Ne me répondez pas que ca ne remplacera jamais le livre si vous n’avez pas essayé car cela n’a rien à voir en terme de qualité avec une lecture sur écran. Je n’ai jamais lu de livre sur mon PDA mais le proto m’a servi quand je l’ai eu en main !

        Et lorsque cet ipod du livre sera lancé :

        • La notion de livraison n’aura plus de sens.
        • Vous pourrez commander depuis un site belge si l’état francais mets des lois à la con.
        • La notion même de bibliothéque n’aura plus de sens puisque vous pourrez être connecté à distance et consulter les ouvrages via le wifi intégré au boitier. (Bon ok, sur le proto que j’avais la batterie n’aimait pas que je joue trop avec le wifi).

        Espérons juste que les éditeurs ne fassent pas de bétises et n’imitent pas leurs cousins du disque. Cela serait dommage que l’arrivée de cette belle invention soit ternie par un piratage trop massif. (A ce titre le proto d’amazon est décevant car ils veulent imposer l’usage de DRM).

        Alors plutot que de vous battre pour un combat d’arrière garde, prenez un moment pour réfléchir à la façon dont vous pourrez utiliser ce nouveau moyen de lecture. Parce que son introduction sur le marché va être un véritable séisme. Et si vous ne souhaitez pas vous adapter je ne peux que vous suggérer de revendre votre commerce au plus offrant avant que le séisme arrive.

        NB : Je n’ai pas d’actions dans une boite de ePaper et ne bosse pas sur le sujet directement. (J’avais juste accepté de tester le produit pour donner mon avis). Je ne donnerai pas de marques pour ne pas faire de pub ;) Et je conseille dans tous les cas aux lecteurs d’attendre l’arrivée massive des terminaux pour que tout soit bien standardisé comme il le faut ! (A moins bien sur que vous ne cherchiez le frisson de l’early adopter ;)).

         


        • HELIOS HELIOS 28 janvier 2008 22:36

          Quand je choisi dans ma bibliothèque le livre que je vais relire ou que je cherche une place pour ranger celui que je viens d’acheter, ce ne sera jamais pareil qu de connecter un truc a mon pc ou a un reseau quelconque.

          Il y a, malgré tout, l’amour du livre, de la chose, le contact avec la couverture, la manipulation des pages, bref quelque chose, a mon avis, d’irremplaçable.

          Je ne dirais pas qu’un document technique, un mode d’emploi ou une instruction ecrite merite la même attention... mais ne faites vous pas la difference entre une photographie d’art et une image technique ?

          Le livre est irremplaçable pour les amoureux de l’art. Votre instrument aussi bien soit il, et je ne doute pas que ce soit un truc d’avenir, ne vous donnera jamais le même plaisir qu’un vrai livre. Le livre ne disparaitra pas

          Maintenant pour le cas Amazon, nous sommes en face d’une procedure de vente qui a déjà fait des malheurs dans d’autres produits et je crains que le libraire ne se transforme en une boutique de luxe ou nous ne trouverons plus que des ouvrages d’arts. La vulgarisation a quasiment été tuée par la loi Lang, porteuse d’une bonne idée mais d’une mauvaise solution. Les torts ne sont pas seulement a ce distributeurs mais sont partagés entre les editeurs et les libraires. Avez vous été commander un ouvrage qui n’etait pas en magasin ? le libraire est incapable de vous assurer la date de livraison, ni la disponibilité quand il accepte de prendre cette commande.

          Je prefère me battre pour la liberté sur internet plutôt que contre une cause perdu d’avance... et je pense que vouloir empecher les magasins en ligne est une cause perdue.

          Dommage.

           


        • Marc Bruxman 28 janvier 2008 23:55

          "Quand je choisi dans ma bibliothèque le livre que je vais relire ou que je cherche une place pour ranger celui que je viens d’acheter, ce ne sera jamais pareil qu de connecter un truc a mon pc ou a un reseau quelconque.

          Il y a, malgré tout, l’amour du livre, de la chose, le contact avec la couverture, la manipulation des pages, bref quelque chose, a mon avis, d’irremplaçable."

          On me disait la même chose le jour ou j’ai montré un ipod et que ca venait juste de sortir. Oui le disque, le plaisir, la pochette, tout ca. Aujourd’hui les ventes de disques sont en chute libre tout simplement parce que le MP3 est pratique.

          Et c’est un audiophille qui vous dit ca ! (Je continue à acheter quelques CD lorsque la qualité du son le justifie. Malheureusement les albums sont de plus en plus mal enregistrés alors cela vaut de moins en moins le coup. D’autant que la qualité des enregistrements MP3 a quand à elle tendence à s’améliorer).

          "Je ne dirais pas qu’un document technique, un mode d’emploi ou une instruction ecrite merite la même attention... mais ne faites vous pas la difference entre une photographie d’art et une image technique ?"

          Si le problème est que ca commencera par le tout venant. C’est à dire que vous continuerez d’acheter les beaux livres et ceux que vous jugez dignes d’être conservés religieusement. Mais pour la presse ou les "romans de gare" vous utiliserez le nouvel outil parce que c’est pratique. 

          Ca c’est sans compter le problème de la place. Mon appart parisien n’est pas très grand. Alors économiser sur le rangement ce n’est pas un luxe !

          Le problème c’est que ce simple comportement qui peut paraitre "rationnel" cause des ravages au niveau économique car comme personne n’a la même notion de l’indispensable vous allez faire baisser le tirage moyen des livres. Ce qui contribuera à ne rendre la distribution rentable QUE au format ePaper pour certains ouvrages peu lus. Ce qui contribuera à faire fermer certaines librairies de proximité. Et on crée ainsi un cercle vicieux qui fait que seule la distribution électronique deviendra rentable à moyen terme.

          Sans compter que les amazon et consorts auront la l’opportunité d’économiser tellement sur la logistique qu’ils risquent de casser les prix du livre électronique afin d’accélerer le processus.

          "Le livre est irremplaçable pour les amoureux de l’art. Votre instrument aussi bien soit il, et je ne doute pas que ce soit un truc d’avenir, ne vous donnera jamais le même plaisir qu’un vrai livre. Le livre ne disparaitra pas"

          Que le fait de feuilleter un vrai livre soit irremplacable dans certains cas je vous rejoins. Même si l’on trouve malheureusement de moins en moins d’éditions de qualité. (Papier, qualité d’impression, reliure, ...).

          Pour la deuxième partie malheureusement je ne suis pas si sur. L’équation économique est ici assez démentielle. Il va être très difficile de lutter contre.

          "Maintenant pour le cas Amazon, nous sommes en face d’une procedure de vente qui a déjà fait des malheurs dans d’autres produits et je crains que le libraire ne se transforme en une boutique de luxe ou nous ne trouverons plus que des ouvrages d’arts. La vulgarisation a quasiment été tuée par la loi Lang, porteuse d’une bonne idée mais d’une mauvaise solution. Les torts ne sont pas seulement a ce distributeurs mais sont partagés entre les editeurs et les libraires. Avez vous été commander un ouvrage qui n’etait pas en magasin ? le libraire est incapable de vous assurer la date de livraison, ni la disponibilité quand il accepte de prendre cette commande."

          Je suis entièrement d’accord avec vous la dessus. Et oui commander un livre à la fnac revient à se flageller au cable usb.


        • stephanemot stephanemot 29 janvier 2008 10:04

          1) L’abus de libéralisme tue la liberté. La Standard Oil l’a compris au début du siècle dernier, Microsoft commence à le comprendre, Amazon serait inspiré de se ressaisir pendant qu’il en est encore temps.

          2) La loi encadre la grande distribution pour éviter que se vide le centre ville partout en France, c’est pareil pour la distribution de livres. Les grandes enseignes et centrales d’achat ne peuvent pas exercer les mêmes pressions auprès des petits producteurs que vis à vis des grands industriels, et Amazon a été logiquement jugé hors la loi.

          3) Les e-books existent depuis un moment. Dernier en date, l’Amazon Kindle :

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON






Les thématiques de l'article


Palmarès