Au sujet du nombre de manifestants annoncé ce 24 mars...
Je l'avoue, j'ai été incapable de résister à la tentation de suivre cette manifestation anti-mariage pour tous du 24 mars. Et j'aimerais attirer votre attention sur certains points qui n'ont, apparemment, choqué que peu.
Ce qui m’a sauté aux yeux, c’est sans aucun doute la foule qui s’est mobilisée si massivement. Très honnêtement, je m’attendais à voir moins de monde qu’en janvier : effet redondant, lassitude, diminution de l’excitation occasionnée, etc, autant de raisons qui m’avaient fait supposer -à tort ! que l’on ne trouverait que quatre pauvres péquenots avec des pancartes à l’Étoile.
Or c’était faux. Et combien faux ! En toute objectivité, même le plus vaillant défenseur de ce projet de loi ne peut nier qu’il y avait bien plus de monde que la dernière fois. Et ce, malgré toutes les polémiques au sujet des chiffres. Comme on me l’a fait remarquer à juste titre, la grande différence entre organisateurs et forces de l’ordre, c’est que ces derniers ne comptent pas les enfants parmi les manifestants. Ce qui n’est pas dénué de sens, au fond, puisque je ne pense pas que l’on peut considérer un môme de cinq ans comme un individu qui assume pleinement ses convictions -en l’occurrence, celles de sa famille. A cela, et c’est sûrement ce qui explique cet immense écart au niveau des chiffres annoncés, on peut opposer que La Manif Pour Tous est, par essence, un collectif qui s’adresse à tous et, en conséquence, prend tous les participants en compte, sans distinction d’âge.
Bref, cette petite parenthèse pour éviter désormais toute remarque stérile sur les chiffres annoncés par l’une et l’autre partie. Mais ces chiffres m’ont posé un grand problème, et c’est là où je voulais en venir.
Je ne reviendrai pas sur ceux annoncés par Barjot et ses amis. Malgré ce qui a été dit quelques lignes plus haut, il est de notoriété publique que tous les organisateurs de manifestations gonflent leur effectif : ça fait toujours bien sur le papier et c’est plus utile pour se faire entendre. Pour cette raison, je n’avais pas réagi à l’écart entre les chiffres annoncés pour janvier. Et puis, qui peut se targuer d’être expert en comptage de foule ? Qui allait trancher en faveur des uns ou des autres ? En janvier, donc, le doute était permis.
Mais hier, nous l’avons vu de nos yeux, nous savons qu’il y avait au moins autant de monde ; à titre personnel, je pense qu’ils était bien plus nombreux. Nous attendons les chiffres officiels. Ceux de La Manif Pour Tous tombent : sans surprise, c’est un nombre mirobolant qui est annoncé, mais qui fait plutôt sens avec leurs estimations de janvier. Quelques minutes plus tard, voici ceux de la préfecture. Et là, ô surprise ! Non seulement les estimations sont ridicules, mais aussi ils ont le culot d’annoncer un chiffre inférieur à celui de la dernière manifestation. Sans rire, il faudrait peut-être songer à arrêter vos bêtises, messieurs. En agissant de la sorte, vous faites de vos mensonges et de votre manque de crédibilité l’affaire de tous. En effet, c’est bien pratique d’être la seule institution habilitée à effectuer un comptage officiel : on peut bidouiller ce que l’on veut, comme on l’entend.
Pour moi, j’imagine le briefing avant le début du rassemblement, et tout ce qu’il y a de citoyen en moi se révulse à cette seule pensée. « Un petit mot avant de commencer, s’il vous plaît. Nous sommes bien d’accord, vous ne prendrez pas en compte les manifestants sur les trottoirs. Même s’ils n’ont qu’un orteil qui dépasse. Et puis, de toute manière, les instructions sont formelles : l’estimation finale ne doit pas dépasser les 320.000. Allez, au travail, maintenant ! »
Est-ce démocratique, ça ? Non. Non. Non. Car une démocratie laisse s’exprimer ceux qui le demandent, comme ils le demandent, du moment que c’est dans la légalité. Car une démocratie comprend trois pouvoirs séparés et indépendants, et en aucun cas l’un ne saurait donner des directives à un autre.
Ce genre de procédé montre les libertés que l’on prend avec la démocratie, aujourd’hui, dans ce pays des droits de l’Homme qu’est la France. Il n’y a pas besoin d’être un théoricien du complot pour le constater. Il n’est pas nécessaire d’être un docteur pour s’en indigner. La situation n’est pas normale. Quelque chose ne va pas ; quelque chose est perverti, asservi, détourné à des fins vénales. Ce quelque chose, c’est la démocratie. Et nous devons, à tout prix et avec nos propres moyens, combattre une telle dégénérescence.
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