Avis aux électeurs de France Insoumise et du Front National
Soutenu par un outil médiatique redoutable et s’appuyant plus que jamais sur le vote de rejet, Emmanuel Macron réalise le tour de force d’être élu sans force populaire. Comme leurs ainés pendant la seconde guerre mondiale, les Français sont-ils capables de dépasser leurs oppositions de toujours pour construire une autre mondialisation pour la France ?
Au premier tour des élections présidentielles, la France insoumise rassemblait 7,1 M d'électeurs. Marine Le Pen en rassemblait 7,7 M, et parvenait à se hisser au second tour. Le 7 mai 2017, le Front national réalisait le meilleur score de son histoire - près de 10,6 M de voix - mais était battu à plate couture à 34% des suffrages exprimés contre 66% pour Emmanuel Macron. La France va poursuivre sa course au moins disant social, environnemental et culturel au plus grand bénéfice des multinationales et des quelques français qui en tirent leurs revenus. Pourtant l’adversaire n’était pas si fort. Au deuxième tour on comptait 20,7 M de bulletins en faveur d'Emmanuel Macron. Or, 43% des électeurs de Macron ont voté en opposition à Le Pen d’après une étude réalisée par Ipsos/Sopra Steria. Ils sont donc 11,8 M à avoir voté véritablement pour E. Macron au 2e tour d'une éléction présidentielle. Cela représente un gain faible par rapport aux 8,7 M du premier tour. EM est loin de proposer un projet qui fédére les Français. En comparaison, les deux « grands candidats » des « extrêmes », qui chacun à leur manière rejettent la mondialisation telle qu'elle se présente à nous, cumulent 14,8 M de suffrages. Autrement dit la porte est ouverte en France à un parti du centre de l'hémicycle, proposant une moyenne convenable des programmes de Mélenchon et Le Pen. Le hic de l'histoire, car il y en a un, c'est que l'on imagine mal un élécteur du FN et de la France Insoumise assis à un coin de table essayant de bonne foi de se mettre d'accord sur un programme commun. Et pourtant c'est bien ce que nos arrière grands-parents ont eu la sagesse de faire entre 1940 et 1945, se rassemblant provisoirement dans une lutte de tous pour la liberté.
Pour bien comprendre cet événement politique singulier, il faut revenir en mai 1940. La France est envahie et divisée en une zone occupée au nord et une zone « libre », administrée par le régime de Vichy mais sous domination allemande. Le célèbre appel du général de Gaulle parvient à être diffusé dans la presse régionale mais, traumatisés par une défaite militaire rapide, les français en 1940 peinent à s’imaginer libérés du joug étranger. Ils préfèrent s’en remettre au Maréchal Pétain en qui ils ont confiance. A tort, car le Maréchal est l’homme des milieux d'affaires. Son mandat ne consiste pas tant à libérer la France de son asujétissement à l'Allemagne, qu'à instaurer un régime rempart du communisme et à s'ériger en champion de l'ordre social. Le moins que l'on puisse dire en effet, c'est que la situation politique française avait effectivement été en ébulition dans les années 30. D'un côté figuraient divers mouvement d'extrême droite issus des « ligues ». De sensibilités diverses et donc très divisées, ces ligues s’accordaient néanmoins dans la critique d'un parlementarisme propre à la IIIe république. En 1934, ils manquaient de renverser le régime lors de violentes émeutes à Paris. Parmi ses figures les plus célèbres on citera Charles Maurras de l’Action française et le colonel Larocque, à la tête des Croix de feu, ligue plus modérée regroupant des anciens combattants de la Grande guerre. De l'autre côté, les communistes constituaient, un peu à l'image du Front national actuel, les vrais indésirables de leur époque et beaucoup les considèraient comme dangereux voire subvertifs. Le vote ouvrier leur permit néanmoins d'obtenir 72 sièges à la chambre des députés le 1er juin 1936.
C'est dans ce contexte d'occupation allemande et de division de l'opinion publique que certains français entrent en résistance. Ils s'organisent dans des cercles d'affinités et créent des réseaux de l'intérieur dont certains sont très politisés. Dès 1940 Henri Frenay crée le Mouvement de libération nationale qui deviendra plus tard Combat, le premier réseau de France. En 1941, suite à l’invasion de l’URSS par l’Allemagne, certains communistes jusque-là attentistes entrent à leur tour en résistance. Pas question pour eux de rejoindre les réseaux existants, ils créent les leurs et vont adopter le mode d’action terroriste. Le 21 août 1941, Pierre Georges abat le premier allemand dans le métro Barbès à Paris. La répression allemande et vichyste de ces attentats contribue à polariser fortement la population française. Les effets militaires de ces actions sont en revanche négligeables. En 1942 que le colonel de Laroque, l'ancien leader des Croix-de-Feu fonde le réseau Klan. La résistance compte également parmi ses membres d’anciens Cagoulards, organisation paramilitaire séditieuses proche des Ligues et interdite en 1937 comme Georges Loustaunau-Lacau ou Marie-Madelaine Fourcades. Daniel Cordier et le colonel Rémy, anciens membres de l’Action française, seront respectivement secrétaire du résistant le plus célèbre de France, Jean Moulin et fondateur du réseau Confrérie Notre-Dame.
De son côté, dans les années 40 à 43, le Général de Gaulle traite avec les Alliés mais il est mal vu. On prête aux « so called free-french » (les Français soit disant libres) des intentions dictatoriales, on prépare une solution politique d'après guerre sans eux et à ce jeu tout y passe : recyclage de Pétain, l'amiral Darlan, le général Giraud et surtout un gouvernement militaire allié (AMGOT). Autant de risques pour la France de troquer un occupant pour un autre en cas de victoires des alliés. Les Français libres vont alors s'appuyer sur une légitimité intérieure, celle de la France résistante. En 1942, Jean Moulin, ancien préfet d’Eure et Loire ayant rejoint Londres en 1941, est parachuté en France avec pour mission de rassembler la résistance dans un Conseil National de la Résistance (CNR), où les différents réseaux vont peu à peu être représentés. Ce conseil doit établir une ligne d'objectifs politiques communs, dont le Général de Gaulle se fait le porte-parole auprès des alliés.
Le 11 novembre 1942, la zone jusque-là « libre » est occupée par les Allemands. Il devient tristement évident que le régime de Vichy ne permet pas de « sauver la France ». En 1943, les défaites allemandes de Stalingrad et d’El-Alamein apportent de l’espoir. C’est dans ce contexte encourageant pour la Résistance mais à un moment où rien n’est joué que les différents mouvements parviennent à un consensus. Le 27 mai 1943, les réseaux de résistances sont fédérés sous l’appellation Forces Françaises de l’Intérieur (FFI). La violence de certains mouvements est canalisée au sein de maquis qui comptent 30 à 40 000 hommes sur le territoire et se maintiennent avec l’aide des populations locales. Le 6 juin 1944, au moment du débarquement allié en Normandie, les FFI comptent 500 000 membres. Ils sont devenus une force armée et donc politique de premier ordre et reconnaissent l'autorité du Général de Gaulle. Les alliés, qui fournissent pourtant l'effort de guerre principal, sont obligés de traiter les territoires libérés comme la propriété des Français et renoncent à une mise sous tutelle.
L’histoire ne se répète pas, elle bégaye.
Il y a sur la scène politique française un étendard du rassemblement gisant à 1% dans la poussière électorale des élections présidentielles. Les Français de 2017 n’ont qu’à se baisser pour saisir cet étendard aux élections législatives et ils feront trembler la terre. Ce parti ce n'est pas celui de monsieur François Asselineau, l'UPR est le parti des français qui s'en saisissent. Attention, Tocqueville nous donne cet avertissement : « Lorsque de grands périls menacent l'Etat, on voit souvent le peuple choisir avec bonheur les citoyens qui sont les plus propres à le sauver. On a remarqué que l'homme dans un danger pressant restait rarement à son niveau habituel ; il s'élève bien au-dessus ou tombe au dessous. Ainsi arrive-t-il aux peuples eux-mêmes. Les périls extrêmes, au lieu d'élever une nation, achèvent quelque fois de l'abattre ; ils lèvent ses passions sans les conduire et troublent son intelligence, loin de l'éclairer. »
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