Bayrou, Sarkozy : retour sur 2 annonces de candidature à la présidentielle
L’annonce de candidature de François Bayrou était prévue pour le samedi 2 décembre.
Alors qu’ il nous avait promis originalité, Bayrou nous gratifie d’une annonce toute simple mais pas si banale que ça !
Je me suis interrogé à l’annonce sur cette originalité déclarée :
Que va t-il nous sortir ?
Va t’il innover avec une annonce décalée ?
Va t’il nous sortir un truc « Bayroudantesque » ?
Va-t-il le faire sur un cheval avec une marguerite entre les
dents ?
Ben non !
L’annonce, est toute simple.
Confondant d’originalité me suis-je écrié. Alors que je m’attendais à quelque chose qui sorte de l’ordinaire, il a choisi faire une annonce ordinaire dans un petit village Béarnais !
La vidéo mise en ligne sur le site de l’UDF, quasi inaudible, confrontée aux précédentes annonces de candidatures d’autres candidats nous offre quelques éléments de décryptage pour trouver où se situe l’originalité .
En effet, la vidéo déjà disponible sur le net n’est certes pas d’une bonne facture coté sonore mais n’est en revanche pas si inutile que ça. On y voit un Bayrou, détendu, souriant, affichant un look « normal ». Un Bayrou qui cherche même sa femme au milieu de la foule au moment de faire sa déclaration à une autre qu’elle : La France, pour solliciter et obtenir son consentement du regard avant de se déclarer.
Cette image touchante qui tranche avec la maîtrise communicationnelle de certains candidats à la présidentielle est très loin de l’image convenue de l’homme politique.
Très loin aussi de l’image paradoxalement crispée de Nicolas Sarkozy qui 2 jours auparavant annonçait sa candidature chez Arlette Chabot lors de l’émission « A vous de juger ».
En effet Sarkozy très à l’aise face aux médias s’est retrouvé paradoxalement mal à l’aise en première partie d’émission ballote entre crispation et émotion, avec une mise en scène qui n’était pas spécialement en sa faveur. Le mettre debout devant une barre ressemblant à la barre d’un tribunal n’était pas du plus bel effet.
Mettre des hommes politiques déjà largement discrédités dans une posture visuelle d’accusé comme l’a fait Arlette Chabot ou les concepteurs de l’émission n’est franchement pas une bonne au niveau de l’image. Passé cet exercice convenu au cours duquel Sarkozy n’a pas brillé on a eu droit à véritable show lors de la deuxième partie avec quasiment 2 heures de show avec la vivacité qu’on lui connais : un vrai ping-pong verbal. Mais Arlette Chabot veillait aux grain et aux pour ne pas voir sortir les intervenants des pistes balisées (?).
Pour Ségolène Royal, les choses sont tout autres.Son annonce est passée presque inaperçue et devenue même superflue puisque son sacre sans surprise a eu lieu au décours d’une soirée où le scrutin des militants l’a propulsée au-delà de ses espérances comme candidate élue et non auto-proclamée. Elle avait officiellement annoncé sa candidature à la primaire du parti socialiste en septembre dernier. Mais son élection par les militants la mise au dessus d’une déclaration de candidature .sans surprise.
Mais revenons sur les lieux choisis par François Bayrou et Nicolas Sarkozy
pour faire leur déclaration : L’un et
l’autre ont choisis les endroits d’où ils souhaitent faire passer leur message.
Des endroits où ils se sentent le plus à l’aise.
Disons
qu’ils ont, en hommes politiques avertis, choisis l’un et l’autre, leurs fiefs.
Alors que Bayrou
se plonge dans un village de France avec en arrière plan des montagnes et même une ville avec les mêmes problèmes que toutes les autres villes de France, Sarkozy en revanche va à la télévision, un endroit si loin si proche. Si proche quand il s’agit de vendre du rêve mais tellement éloigné des citoyens dès qu’il s’agit du concret de leur quotidien.
On peut dire que l’un et l’autre ont choisi un lieu ou il se sentent bien, un lieu où il se sentent presque chez eux. Un village, comme il y en a des milliers au milieu des Français auxquels on peut s’identifier, pour l’un. Et la télévision, au milieu de journalistes amis et de citoyens triés sur le volet, pour l’autre.
Dans un cas, au milieu de citoyens ordinaires et dans l’autre face à des citoyens « choisis » donnant l’impression aux téléspectateurs qu’ils ont presque été discriminés positivement pour assister à cette « émission » alors qu’eux restent derrière leur écran.
Le lieu, choisi par Bayrou, est tout autre, banal à première vue, mais en même temps original.
Aller au fin fond du Béarn au milieu de citoyens ordinaires est peut être devenu en 2006 original et Bayrou le sais et en joue en nous le rappelant, maladroitement peut être avec cette vidéo inaudible, mais il le fait tout simplement pour marquer sa différence .avec le système. La vidéo mise en ligne sur le site de l’UDF ressemble presque à une vidéo amateur et contraste avec le professionnalisme des habitués de la télé ou des star-académiciens de la politique comme Sarkozy !....
Et si l’originalité était là ?
Et si l’originalité, c’était d’aller le plus simplement du monde dans un
banal village de France au milieu de simples villageois pour
dire aux Français ce qu’il a à dire directement et annoncer sans intermédiaire
qu’il a envie de les aider avec en toile de fond un paysage de France.
C’est vrai que ça tranche avec un Balladur annonçant sa candidature en 2001, au milieu des dorures de Matignon ou d’un Jospin oscillant entre timidité et arrogance avec l’envoi de sa candidature au médias par fax.
Bayrou a choisi la simplicité et la proximité comme meilleure illustration de son originalité dans un monde politique accusé souvent, à tord ou à raison, de superficialité, d’arrogance ou même de distance.
En fait François Bayrou met un brin d’authenticité dans cette campagne : C’est si décalé que ça en est original pour un homme politique !
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