Ben Laden : la fabrication complète d’un Frankenstein (2)
Hier nous avons vu qu’entre les superbes photos du photographe indépendant Michael Yon et les images fabriquées des services secrets, l’Amérique avait choisi. Pour étayer une histoire débutée par un mensonge, dont le plus évident demeure l’incroyable prestation de Colin Powell dans l’enceinte de l’ONU, il faut bien continuer à mentir tous les jours. En fabriquant un Ben Laden mythique, mais aussi des acolytes hauts en couleur, ou un clone invisible comme le mollah Omar, qui joue les filles de l’air depuis huit années maintenant, et que l’on vient bizarrement de ressortir de son placard pour des raisons bien particulières. Il communique en anglais paraît-il, celui-là ! Comme l’homme invisible ! L’homme qui n’a pas donné d’interview depuis 14 ans ! Place donc aux retouches et aux montages vidéos et à toute une organisation, qui va de la réalisation à la distribution aux médias, via essentiellement trois organises fort particuliers et très liés aux services secrets US. De A à Z, l’image du terrorisme est manipulée, c’est un fait indéniable aujourd’hui, et la récente mise à jour des photos des terroristes n’est qu’un épisode de plus de ce qui est bien une propagande éhontée. Voyage au pays du mensonge, de la dissimulation et de la fabrication.
Rentré de son hôpital, frais, dispo (et joufflu), muni de son nouveau rein, rien ne l’empêche de reprendre ses occupations, à notre mort-vivant nommé Ben Laden désormais bien remplumé (enfin comme l’indique son avatar du FBI). Notamment celle consistant à soigner son image de vivant : pour un mort, il fait ça très bien. Grâce à un studio, installé dans une maison au décorum bien classique (les papiers peints !), où tous ses amis viennent se faire filmer l’un après l’autre. Pour faire plus vrai, quand on réalise un reportage sur ce studio, on habille les opérateurs de tenues militaires ; ça fait davantage visite du Southcom, à vrai dire. Et comme il s’agît de ne rien vraiment montrer, on met un keffieh à tout le monde, histoire de faire davantage couleur locale. C’est là qu’on se dit heureusement qu’il n’a pas installé son studio au Zoulouland, notre fugitif, sinon on aurait eu des lances, des boucliers et des peintures de guerre...
Au milieu du studio une belle image : celle d’un analyseur de spectre sonore : sachant que l’on est capable avec un Vocoder depuis plus de cinquante ans de fabriquer une voix à partir de 15 secondes empruntées à une autre, on comprend mieux pourquoi depuis 2003 on n’a plus droit qu’à des images fixes derrière une voix... d’outre tombe. Si facile à faire et si difficile à détecter. Parmi ses amis présents, une bonne poignée dont le FBI n’a pas eu à refaire le visage : et même le gamin américain nommé Adam Gadahn, lui aussi sur la liste des recherchés, qui lit l’arabe phonétique sur un prompteur européen ou anglo-saxon pour nous faire croire qu’il cause en arabe (il lit invariablement de gauche à droite un texte censé être en arabe, c’est à mourir de rire !). Suivez bien en effet le regard qui suit le prompteur, c’est trop beau pour être vrai : le bonhomme lit un arabe phonétique, de gauche à droite....et tous ses appels sont ainsi ! Même les plus récentes, quand il évoque son grand père, membre de l’ADL (l’Anti Defamation League, toujours prompte à chasser l’antisémitisme, jusqu’à perdre des procès face à ceux qui évoquent les excès hassidiques, notamment, comme le pertinent Heeb magazine) !
Ceux dont le visage n’a pas été refait, bizarrement, ne sont pas traités de la même façon. Or cette dernière est extrêmement révélatrice : le second de Ben Laden, le co-leader d’Al-Qaida, par exemple a droit à une très ancienne photo, qui n’a pas été mise à jour. Sciemment. On ne souhaite pas l’attraper à vrai dire : il serait fichu de raconter qui était son meilleur ami, un dénommé Ali Mohamed ! Or c’est étonnant, car des photos et des vidéos de lui, on en a à la pelle : à peine a-t-il pondu un communiqué que le MEMRI nous le met en ligne dans l’instant : à croire que le MEMRI est dans l’arrière-cour du site ! Un organisme dirigé par l’ancien responsable du Mossad, Yigal Carmon, toujours le premier à diffuser les pires appels au meurtre des islamistes. Des photos d’Ayman al-Zawahiri, on en a plein, pourtant, grâce au MEMRI, et des récentes, qui montrent aussi d’ailleurs la dégradation relative de son état de santé : celui-là ne doit pas aimer autant les hamburgers ou la friterie MacDo de Quetta. Quant aux sources du MEMRI, beaucoup y puisent... sans trop se soucier de vérifier ses informations.
Ayman al-Zawahiri est un ancien médecin, ceci explique cela. Il surveille son choléstérol, ce doit être ça, ce n’est pas comme notre Ben Laden bouffi (ce n’est pas la première fois qu’on le grossit !). Pourquoi donc le FBI n’utilise-t-il pas les photos récentes, d’al-Zawahiri, qui permettraient de le reconnaître dans la rue s’il faisait son marché, par exemple (à Wazemmes, à Lille ?), et permettraient aussi de l’appréhender ? Mystère. Car, sur la fiche du FBI, il n’y a que la bien dégradée datant de 1998 où on ne le reconnaît pas du tout ! Sachant qu’il est accusé lui-même depuis longtemps d’être un employé de la CIA... on comprend mieux. Le FBI met en ligne des têtes reconnaissables d’individus qu’on ne peut attraper, vu qu’ils sont morts, et ne propose pas celles d’individus vivants, dont tout le monde a vu la photo récente, pourtant. Dans l’omission flagrante de celle d’ Ayman al-Zawahiri, il y a tout ce que souhaite nous faire retenir le FBI : les vivants ne comptent pas, il n’y a que les morts qui sont vrais et importants. Tout le paradoxe de la course au Ben Laden ! On dispose de vidéos datant de moins de trois mois de l’individu et on montre une image datant de 1998 où il est méconnaissable ? De qui se moque-t-on ? On disposait de 12 messages vidéos et audios d’al-Zawahiri pour l’année 2008, de quatre en avril 2009, pour cette année, là et le FBI nous ressort un cliché en noir et blanc d’il y a onze ans ?
Le meilleur encore dans cette gigantesque fumisterie étant les clichés de leur marionnette préférée, cet Adam en train de devenir Biblique, à se pavaner depuis des années à singer l’islamisme. Lui a eu droit à un traitement de faveur : après une de ses prestations vidéos particulièrement ratées, où il paraissait encore plus ridicule que les fois précédentes, on lui a inventé une fausse attaque de drone qui l’avait soi-disant tué : imaginez la légitimité : tué par un drone, c’était donc un "vrai" taliban et non une marionnette idiote (ce qu’il est largement en réalité). Se faire bombarder, c’est le tampon de la véracité terroriste : on ne peut parler aux futurs martyrs sans l’être un peu soi-même... quelques heures. Et hériter d’un deuxième tampon : s’il est bombardé, c’est qu’il réside bien au Pakistan, ce que rien à ce jour ne permet de confirmer !!!
Or, deux mois à peine après l’annonce de sa mort sous les bombes d’un Predator, le revoilà (déjà) vivant, en train de lire une de ces inepties sur un bureau bien occidental avec devant lui un mug aux armoiries de la chaîne dédiée aux vidéos de Ben Laden ! Comment rendre crédible un marionnette pareille, sinon en lui inventant une vie parallèle qui a commencé par une arrestation de la police californienne d’un jeune allumé manipulable, comme on en trouve rarement à ce point ? Un Gadahn présenté en 2004 comme ayant été "traducteur" pour Al-Qaida alors qu’il ne sait pas lire autrement que phonétiquement l’arabe ? De qui se moque-t-on encore ? Tout le monde a suivi son parcours, tout le monde connait son surnom (dont le FBI !), il est recherché par le FBI et le 29 octobre 2004 Fox News annonce fièrement avoir découvert "qu’Adam est bien Azzam The American" ? De qui se moque-t-on encore une fois ? Qui fabrique les informations, et qui oriente le public ?
En prime coup de la fausse attaque de drone, ce n’est pas la première fois que la CIA le fait ! Et pas la première fois qu’elle annonce le décès d’un "haut responsable" d’Al Qaida qui s’avère à chaque fois un inconnu notoire ou un lampiste de plus ! Sur le site du FBI, notre jeune écervelé se voit offert trois photos : la plus récente date de 2006, alors qu’une simple recherche sur Google, comme savent faire les apprentis Photoshopistes du FBI nous donne des vues bien plus récentes d’un Gadahn qui a perdu son look d’ado bien nourri aux hamburgers pour porter désormais lunettes et barbe longue. Et montrer qu’il lit même des livres... américains. Visiblement, en effet, il lit "Imperial Hubris" (et en pique de larges parties pour faire ses appels au meurtre !). Verrait-on un véritable dhjihadiste emprunter des textes à un auteur ancien de la CIA ? On comprend mieux déjà les bribes de Bible qui ont émaillé certains discours de Ben Laden se prenant pour le Christ !!! Et ne toujours pas être fichu de savoir nouer un turban correctement, en plus de dix années de talibanisme forcené !!!!
Au FBI, on sait donc retrouver une photo d’un député communiste espagnol pour lui emprunter ses cheveux mais on n’est pas fichu de retrouver une photo de Gadahn datant de moins de 3 mois ? Le 12 décembre 2009, Gadahn était venu soi-disant disculper son réseau dans les attentats au Pakistan, photo récente de lui-même à l’appui (notez le papier peint derrière, fort peu afghan !) : une farce de plus, qu’aurait réussi à rater le stagiaire sous-doué du FBI ? Mais à qui peut-on tenter de vendre pareille salade ? Comment prendre au sérieux cet individu avec une nappe à carreaux de bistrot ridicule sur la tête et un mug à portée de main ? Un terroriste pas fichu de se faire un turban correct en cinq années de prêche terroriste ? Au point de mettre ces dernières semaines un bonnet à la ZZ Top. Mélant au montage son image à celle du 11 septembre, histoire d’enfoncer le clou (une image signée bien entendu IntelCenter).
Une vidéo de Gadhan issue d’Intel Center, nous affirme Guysen : or, s’il y a bien une société en cheville avec le FBI c’est bien celle-là ! On retombe une nouvelle fois sur les mêmes : IntelCenter, le Memri, Rita Katz et le SITE group... le FBI et la CIA. IntelCenter, qui fournit aussi récemment la vidéo des quatre chefs talibans yéménites, dont un a déjà rejoint les Emirats Arabes Unis... comme traître, ou comme informateur, c’est selon le côté choisi. Mais ça, IntelCenter omet de le dire. Il y avait là aussi un loup dans la bergerie ! Mis en retrait, au prétexte de "pressions sur sa famille" : preuve qu’il avait été repéré ! Intel Center, qui avait réussi à dénicher des Ouighours désireux de s’attaquer aux Jeux Olympiques, histoire de charger ceux de Guantanamo, relâchés depuis. Des membres du "Turkistan Islamic Party" dont tout le monde se doute qu’il est manipulé par la CIA depuis toujours. Des gamins enturbannés singeant les vidéos d’Al Qaida.
IntelCenter, qui déniche également des vidéos de Ben Laden le 14 septembre 2009, une vidéo "highly suspicious" comme disent les américains eux-mêmes, juste après l’élection d’Obama : une "audio-tape" avec images fixes comme on peut en pondre en 1/4 d"heure avec un vocoder et Powerpoint ! En 2008 encore le gouvernement Bush parlait encore d’intensifier les recherches pour attraper Gadahn. En lançant une campagne d’affichage... qui ne comportait pas d’images récentes. Gadahn, en 2009 se présentant ainsi. Dans un document signé IntelCenter pourtant ! On voudrait ne pas le trouver qu’on ne s’y prendrait pas autrement. Un document issu du sempiternel circuit des pourvoyeurs en haine : "un enregistrement vidéo mis en ligne par des sites islamistes et reproduit par SITE, un centre américain spécialisé dans l’étude de ces sites." Spécialisé ?
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