Bon anniversaire votre Altesse et n’oubliez pas de porter un toast à la mémoire du comte de Chambord !
Dans une interview parue le 8 juillet 2015, dans le journal hebdomadaire Le 1, on découvrait que, selon le ministre de l'Économie de François Hollande (à l’époque), le peuple français n'avait pas vraiment voulu décapiter Louis XVI et que, depuis, la personne royale demeurait la grande absente du système politique français :
Il y a dans le processus démocratique et dans son fonctionnement un absent. Dans la politique française, cet absent est la figure du roi, dont je pense fondamentalement que le peuple français n'a pas voulu la mort. La Terreur a creusé un vide émotionnel, imaginaire, collectif : le roi n'est plus là ! On a essayé ensuite de réinvestir ce vide, d'y placer d'autres figures : ce sont les moments napoléonien et gaulliste, notamment. Le reste du temps, la démocratie française ne remplit pas l'espace. On le voit bien avec l'interrogation permanente sur la figure présidentielle, qui vaut depuis le départ du général de Gaulle. Après lui, la normalisation de la figure présidentielle a réinstallé un siège vide au cœur de la vie politique. Pourtant, ce qu'on attend du président de la République, c'est qu'il occupe cette fonction. Tout s'est construit sur ce malentendu. » (Emmanuel Macron).
Rendons à Jupiter ce qui appartient à Jupiter, Macron ne varie pas dans sa philosophie politique et son mépris pour le Tiers-Etat atteint désormais des sommets ... dernier exemple en date donc, le faste qui entoure son 40ème anniversaire au château de Chambord ("payé sur ses deniers personnels" nous rassure l’Élysée … la bonne nouvelle ! Au passage, une petite vérification ne ferait pas de mal).
Chacun.e est évidemment libre de dépenser son argent comme elle/il l’entend et un président de la République qui dirige un gouvernement composé de 12 millionnaires (extraordinaire ministre de l’écologie avec ses 6 voitures et 2 motos !) n’est certes pas là pour s’apitoyer sur le sort des plus faibles … ses nombreuses déclarations dédaigneuses envers les classes populaires de notre nation l’attestent régulièrement. Issu des couches les plus riches de la société, ce gouvernement est là pour servir les intérêts des plus riches, dont acte … circulez, il n’y a rien à voir !
Que Macron, souffrant d’un fulgurant complexe de supériorité, estime
« que nous ne sommes pas assez diplômés et suffisamment érudits pour appréhender toutes les subtiles prises de positions et les analyses de cet homme hors norme, après tout il sort à la fois de l'ENA et de Sciences Po, il ne peut-être que plus-que-parfait (cependant, il a tout de même raté à deux reprises l'écrit du concours d'entrée à l’École Normale Supérieure, étonnant voire même désolant pour un individu se targuant d'être aussi supérieur) » (FreeDemocracy, Agora’Vox, 21 août 2017),
que Macron élu seulement par 18,01% des inscrits (soit moins d’1 citoyen.ne sur 5) se pense unique détenteur de la toute-puissance politique, c’est un fait désolant, anxiogène pour la démocratie (ne comptons pas sur d’éventuels sursauts de sa majorité « En marche », un mouvement opportuniste et d’une médiocrité intellectuelle consternante) mais désormais avéré.
Ceci pour le fond mais cette arrogance monarcho-bonapartiste s’inscrit aussi parfaitement, dans la forme, dans les choix symboliques du macronisme, l’intronisation au Louvre et l’anniversaire du souverain à Chambord. Deux hypothèses : l'inculture totale du trublion (au sens exact du terme) mais ceci semble peu probable (contrairement à ses deux prédécesseurs) ... ou la volonté claire d’afficher un héritage politique à l’exact opposé de la conception républicaine de l’Etat.
Ces deux lieux de référence de Macron ne sont évidemment absolument pas anodins, car chargés de symboles : le Louvre, haut lieu de la royauté et du bonapartisme puisque Napoléon Ier s’y installe comme consul en 1800 et plus tard Napoléon III comme président de la République en 1848 en accédant à la tête de l’Etat à 40 ans seulement (tiens, tiens !) avant de renverser la République 4 ans plus tard - Chambord, le château royal mythique dédié à la gloire de François 1er et dont le nom est surtout étroitement associé à celui d’Henri d'Artois (1820-1883), petit-fils de Charles X, plus connu sous son titre de « comte de Chambord », chef et dernier représentant de la branche aînée française de la maison de Bourbon (ses partisans le considéraient comme le « roi Henri V ») … et surtout le champion de l’aile la plus réactionnaire du courant royaliste du XIXe siècle, celle des « légitimistes », qui appelait de ses vœux une monarchie réalisant « l'alliance si désirée d'une autorité forte et d'une sage liberté », (voir l’interview de Macron au début de cet article) tout en refusant catégoriquement les acquis révolutionnaires (rejetant par là le drapeau tricolore dans l’ultime « Manifeste » du comte de Chambord aux Français le 8 juillet 1871 avant de repartir en exil : « Je ne laisserai pas arracher de mes mains l'étendard d'Henri IV, de François Ier et de Jeanne d'Arc ») …
Bon anniversaire votre Altesse et n’oubliez pas de porter un toast à la mémoire du comte de Chambord !
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