“Born too late to explore the world, born too early to explore the universe”
Ce commentaire a été écrit sur un site de partage de vidéos, en dessous de la jolie musique principale du film magnifique d’intelligence et de sensibilité, à mes yeux, qu’est Interstellar.
Personnellement, j’avoue que j’ai pleuré des litres de larmes devant cette oeuvre si humaine malgré son caractère extra-terrestre et extra-ordinaire ; peut-être pure sensiblerie stupide d’un quadragénaire qui désormais prend tout trop à coeur, qui sait …
Un mot pour les puristes francophones qui ne manqueront pas de s’élever contre un titre de billet en anglais : j’aurais certes pu traduire, mais je tenais à respecter l’intégrité de ces quelques mots d’une lucidité fascinante pour moi.
Sans vouloir étaler ma vie, j’en ai passé (et je rappelle que le passé composé est un temps du présent) une majeure partie à l’étranger, de par ma précédente activité professionnelle, de par mon goût à barouder, de par ma vie.
Ce que je préfère avant tout ? Prendre un sac à dos et me perdre ; dans une nature que j’explore pas à pas, dans une culture différente dans laquelle je plonge en essayant d’être curieux et respectueux, au milieu d’une population inconnue que je découvre petit à petit et que je m'efforce de comprendre. Avec ses joies et ses contrariétés ; avec ses surprises et ses déceptions.
Par malheur et j’insiste, par grand ! malheur, j’ai de moins en moins d’entrain à partir bourlinguer quand l’envie m’en prend.
Parce que je vieillis ? Peut-être …
Parce que le monde s’uniformise et qu’une sous-culture de m … inonde l’ensemble des régions du monde, qu’elles qu’elles soient, avec comme unique particularité, le degré d’asservissement à ces valeurs mercantiles, matérielles, décadentes ? Sans AUCUN doute.
Quel monde est-on en train de laisser à nos enfants ?
Je n’ose même pas évoquer les petits-enfants, à part si la deuxième partie du titre, “trop tôt pour explorer l’univers”, se concrétise.
Des endroits magiques tel Vang Vieng au Laos, dotée d’une nature et d’une culture éblouissantes se transforment en dépotoir à touristes dégénérés qui viennent se défouler d’un travail, d’une vie abrutissante (je suppose) et souillent sans moindre vergogne un paradis (déchu aujourd’hui) qui nous avait emerveillés un ami et moi, il y a une petite vingtaine d’années.
Trois guesthouses à l’époque ; plusieurs centaines aujourd’hui. Entre ces deux dates, l’ouverture du pays aux capitaux étrangers.
Oui, le pays s’est “enrichi”, il s’y brasse plus de pognon qu’avant. Mais à quel prix ?
Je vois venir les zélotes du capitalisme sauvage : “C’est super, les gens ont plus de fric qu’avant, ils vivent mieux, tant pis pour vous, les puristes avec vos idées surannées …”.
Ah ouais ! Ils ont plus de fric, mais avec un coût de la vie qui a explosé. Leurs maisons, leurs terrains, beaucoup les ont vendus pour en avoir plus de ce satané argent dont on a besoin mais qui pourrit tout quand on en fait le centre de sa vie. Donc, oui, les dollars se déversent davantage là-bas, mais pour un quotidien qui exige qu’on dépense dix fois plus, une nature saccagée et une diversité culturelle agonisante.
Qu’il est beau le “progrès”, qu’est-ce qu’on l’aime !
Quand vous aurez un Mac Donald, un Starbuck, un Wallmart, une unité de production Coca Cola et une usine Heineken dans toutes les contrées du monde, votre rêve d’un monde “développé”, “civilisé” se sera accompli, sacrée bande de décérébrés aveugles qui ne manquera pas de relativiser ces propos !
Sans compter que les Laotiens ne font pas exception à la règle et sont la plupart la tête enfouie dans leur “smartphone”, Huawei pour les “pauvres”, Iphone dernière génération (de crétins) pour les “riches”, téléphone qui n’a de “smart” que sa propension à rendre esclave son possesseur.
Oui, le monde fait mal à voir. Oui, j’ai mal au monde. Quand je vois, en une génération, cette vague, cette avalanche homogénéisatrice, réductrice et impitoyable qui s’est abattue sur une portion immense du globe, je me demande simplement : que va-t’il rester d’original, de mystérieux, de "merveilleux" sur notre terre si la tendance ne s’inverse pas de manière aussi rapide que drastique ?
Cela, si une guerre, concoctée par nos “élites” qui ne servent plus qu’eux-mêmes et les intérêts auxquels ils sont inféodés, ne massacrent pas la plupart d’entre nous et ne transforment pas notre Terre Mère en un champs de ruines …
Attention, je ne dis pas qu'on va détruire notre planète. Pffouhh !!! La Terre, elle se fiche de nous et de notre plutonium, par exemple, dont la radioactivité met plusieurs dizaines de milliers d'années à se dégrader : qu'est-ce que des dizaines de milliers d'années pour Elle ? Rien.
Même pas le temps que j'ai mis à écrire cette phrase pour moi à mon échelle (de vie).
Puis, après ce laps de temps infime pour Elle, la vie croît de nouveau et elle ne nous regrettera pas.
Alors, comme l’écrit si justement l’internaute éclairé, il me semble qu’il se fait très tard pour jouir du plaisir de voyager, de barouder ; pour apprécier la beauté d’un monde qui s’appauvrit, qui se fait extorquer sa diversité culturelle et naturelle.
L’espoir pour les générations suivantes réside en un progrès technologique qui nous permettrait d’accéder à l’exploration spatiale, qui sorte l’être humain d’une Terre dans laquelle ce même progrès est confiné aujourd'hui en des inventions déshumanisantes et esclavagistes le plus souvent.
Merci, Droobster SE, pour cette réflexion si juste, même si elle m’a jeté dans l’écriture d’un billet alors que je suis censé aider les miens à finaliser les préparatifs de la fête de Noël :D
Bonne fêtes de fin d’année à tous. Je vous souhaite plein de bonheur, malgré tout.
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