C’est quand le bonheur ?
Notre société occidentale et moderne, « développée » comme disent d’autres, va-t-elle si bien que ça ?
Beaucoup s’accordent à dire que le but premier dans la vie d’un être humain est l’épanouissement personnel, l’élévation de l’esprit et de ses connaissances. C’est ce que nous serinent tout les ouvrages philosophico-métaphysiques qui fleurissent dans les rayons de nos librairies ces dernières années ; « Ne vous noyez pas dans un verre d’eau », « Avoir confiance en soi », « Apprendre à s’aimer »…sont autant de titres évocateurs de cette perpétuelle quête du « Graal » moderne : le bien être.
Multiplication des « best of » TV commémorant les années 80, nostalgie grandissante des jeunes pour la période de Mai 68, nouvelle génération de voyageurs en quête d’authentique, volonté croissante de « retour au naturel »..... autant de « symptômes » de notre société qui s’est peut être aujourd’hui quelque peu perdue dans les valeurs de consommation effrénée et de paraître. La mise en exergue de l’individualisme et du matérialisme nous pousserai t’elle à notre perte ?
Cette jeune fille qui se déhanche dans cette boîte de nuit portant sur le nez les dernières lunettes Dolce et Gabanna et sur le dos la dernière robe Chanel hors de prix est elle réellement plus heureuse que cette jeune indienne habillée d’un simple sari qui partage avec ses amis un repas ?
Que nous est il arrivé ???
Comment l’authenticité, la diversité et le respect ont-ils fait une place aussi grande à la superficialité et l’homogénéité ? Codes vestimentaires, de langage et de comportements ont-ils submergés les individus occidentaux au point des les forcer à renoncer à leur particularité et à leur originalité ? De plus en plus les gens se ressemblent, se miment. Pourquoi tant de femmes sont malheureuses de s’infliger régime sur régime pour ressembler aux mannequins des magazines ?Pourquoi tant d’hommes ne jurent plus que par les codes du porno en oubliant tout les plaisirs subtils que peut offrir une sexualité partagée et ludique avec l’être aimé ? Pourquoi tant de jeunes filles rêvent t’elles de devenir comme les créatures qu’elles voient dans les clips télé se déhanchant en string tout en lavant la voiture d’un rappeur misogyne ? Pourquoi tant de couples se séparent à la moindre difficulté dans leur ménage ? Pourquoi refusons-nous tout effort et toute souffrance ? Pourquoi rejetons nous toute imperfection et toute faiblesse ?
Comment en sommes nous arrivés là ? A rêver tous aux mêmes choses ,à préférer l’argent au temps, à se perdre dans des paradis artificiels, à essayer de se persuader que tout cela nous rend heureux. Notre pensée individuelle serait ‘elle anesthésiée ?
Savons-nous réellement aujourd’hui faire la différence entre joie éphémère et bonheur profond ?
Comment ne pas être pris de pitié et de perplexité quand on voit l’hystérie complète dans laquelle rentrent certaines femmes après que l’équipe de l’émission « D&CO » ai refait leur intérieur ? Est-ce bien cela le bonheur contemporain ? La dernière voiture à la mode, un appartement décoré selon les dernières tendances, des enfants bien sages et un gentil labrador (et encore !puisqu’ aujourd’hui animal est synonyme de « saleté » ce qui ne conviendrait pas dans notre environnement aseptisé).
On sait pertinemment dans le fond que la vie n’est pas là, que la vie c’est l’échange, la découverte, l’humilité, le partage mais aussi la souffrance. Que les biens matériels ne sont rien et que les plaisirs modernes sont souvent éphémères, superficiels mais on se laisse quand même emporter par la vague... Parce que c’est plus facile, parce que comme cela on n’as pas à lutter en permanence contre les autres et leur regard, leur jugement. Parce que l’on veut s’intégrer aussi. Ou encore peut être parce que tout ces « autres » ont l’air tellement heureux que l’on se dit que cela doit être nous le problème, que l’on va persister et que l’on va bien y arriver nous aussi.
Pourquoi sommes nous aussi conscient de ce qui peut nous rendre réellement heureux et pourquoi alors sommes nous autant incapable de mettre cela en application ?
On a tous eu, au moins une fois dans notre vie ,ce sursaut brutal, cet éveil de la conscience qui nous a fait ressentir du dégoût pour le matérialisme et l’égoïsme ambiant, souvent au cours d’un évènement douloureux où, alors, les futilités arrêtent de polluer notre champ de vision. On se prend alors à rêver à un monde autre, tout du moins pour nous même, mais ces « parasites de l’essentiel » reviennent vite envahir notre esprit si l’on ne maintient pas sa vigilance. Car vouloir penser « autrement » aujourd’hui s’avère être un combat de tous les jours, contre les autres et pire encore contre nous même.
Qui, aujourd’hui, serait réellement assez courageux pour renoncer au confort de sa vie contemporaine ? Qui serait assez courageux pour voir la vérité en face et se forcer, pour son bien être, à renoncer à tout ce qui nous est présenté comme condition indispensable à notre bonheur ? (C’est un peu la théorie des bouddhistes, renoncer aux biens matériels, donc forcément éphémères, pour se concentrer sur l’essentiel, l’humain). Qui aurait le courage de renoncer à toutes ces joies de pacotille (mais toutefois réelles et concrètes) pour, ne serait-ce qu’essayer, de vivre la vie autrement que l’on nous la présente ?
Peu de gens.
Peu de femmes renonceraient à leur maquillage et à leurs apparats couteux. Peu d’hommes renonceraient à leur voiture dernier modèle. Peu d’ados renonceraient à leurs consoles pour aller jouer dans les champs ou discuter avec leurs grands parents. Que l’on s’entende, je me refuse à caricaturer mais malheureusement aujourd’hui j’ai l’impression que c’est réellement ce que nous vivons. Et l’éducation joue un rôle prépondérant dans cette problématique, car c’est elle qui véhicule les valeurs .Malheureusement elle est aujourd’hui « parasitée » par les images d’Epinal du bonheur que nous présentent les médias et par l’abandon par certains parents de leur rôle.
En effet, ne serions-nous pas mieux à vivre dans la « modestie », le contentement et l’essentiel ? Si tout le monde en convient, personne n’ose franchir le pas. C’est un grand saut dans l’inconnu. Accepter de renoncer au superficiel omniprésent pour comprendre que ce qui est passionnant dans la vie ne passe pas forcément que par la facilité, c’est s’exclure d’une majorité écrasante et l’exclusion volontaire, peu de gens en sont capables. C’est devoir lutter en permanence pour imposer son point de vue aux autres sans qu’ils essaient de nous en faire changer.
Les magazines, la télévision et autres outils inhérents à la consommation de masse nous assènent d’apprendre à vivre en harmonie avec notre corps malgré ses imperfections, à dégager le superflu pour aller à l’essentiel mais entre deux émissions de ce genre ils placent quantité de programmes nous suggérant ce qu’est la vie parfaite, c’est-à dire être mince, avoir une peau lisse, de beaux habits, un habitat sophistiqué…etc…etc…. Pour beaucoup, il est difficile de résister à la facilité de calquer sa vie sur ces modèles pré établis que l’on nous présente sur un plateau d’argent et qui sont censés nous apporter le bonheur. Ne pas rentrer dans ces schémas de pensée et de comportement c’est prendre des risques. Le risque d’aller vers l’inconnu. Le risque de s’exclure du troupeau.Le risque de ne pas arriver à être heureux selon l’idée que l’on nous impose du bonheur et qu’une âme bien pensante nous dise un jour « -Tu vois, on t’avait prévenu ! ». Mais prendre ce risque c’est aussi expérimenter, découvrir et peut être trouver des bonheurs encore plus grands.
Est-ce vraiment la vie en ville qui nous a rendu comme cela ? La grande « Babylone » comme le chantent beaucoup d’artistes. Celle qui nous oblige à vivre collés les uns aux autres, à se marcher dessus les uns les autres pour « réussir ».
Même des artistes pourtant assez « commerciaux » comme Zazie se prennent parfois à dénoncer ce mode de vie. Extrait d’une de ces chansons ; « Pur produit de consommation je tourne en rond, je tourne en rond […] assis devant la télévision je suis de l’homme la négation ». Ou encore le clip marquant de Mickey3D avec « Il faut que tu respires » montrant des enfants du futur attendant à tour de rôle pour aller jouer dans un coin de verdure factice qu’ils ne peuvent avoir connu en vrai puisque leur ancêtres ont fait disparaître toute trace de nature pour la recouvrir de béton.
Il y a encore à peine quelques décennies un artiste était choisi pour son talent et non pas par un producteur et pour son physique. Aujourd’hui il faut plaire à tout le monde pour vendre le plus possible, être consensuel et ne surtout pas déranger les consciences. Il y a encore quelques années les clips musicaux étaient majoritairement humoristique, dérisoires ou artistiques, aujourd’hui la plupart sombrent dans la vulgarité et la caricature voire dans la banalité et la médiocrité musicale.
Est-ce vraiment cela dont les gens rêvent ? Est-ce le genre humain qui a poussé les médias à lui donner à voir ce qu’il attendait (sexe, violence et action) ou est ce la faute des médias d’être tombés dans les plus basses sphères spirituelles pour vendre encore plus et toujours plus ? Comment la jeune génération en est elle arrivée à rêver de schémas dans le fond aussi tristes que vides de sens ? Vivre dans le faste, l’excès, l’irrespect et la sexualisation permanente des rapports humains est aujourd’hui pour certains un idéal de vie, en tout cas un mode permanent de fonctionnement.
Est-il de nos jours désuet de rêver d’avoir des enfants, une famille soudée, des amitiés profondes et sincères, de parler avec les « anciens » ou encore simplement de partager un bon repas en toute simplicité ?
Le fait de s’être débarrassés des préoccupations vitales qui faisaient le quotidien de nos ancêtres nous a-t-il obligé à porter notre attention sur des vanités ? Nous sommes nous quelque peu perdus ? Hormis la réussite sociale d’apparence (visible par ce que Bourdieu appelle l’ « habitus »,les biens matériels qui dénotent notre appartenance à une certaine classe sociale)et la possession de quoi sont faites nos vies, quelles sont leurs but ? On peut se poser la question.
Je me dis souvent que beaucoup de personnes que je croise et qui semblent ne jurer que par la marque de leurs habits et l’apparence de leur vie toute entière (joli conjoint, jolie maison, jolis enfants…) risquent de se réveiller à 80ans seules et désespérées de n’avoir pas vu plus loin que le bout de leur nez. A n’avoir pensé pendant des années qu’à travers les apparences et l’égoïsme ils risquent de se retrouver seuls car ils n’auront jamais sut apporter leur aide aux autres, trop préoccupés qu’ils étaient par leur vie si pleine et à la fois si vide.
Ce « problème » est il générationnel et doit il être considéré comme alarmant ? Etait il aussi visible dans les époques précédentes comme par exemple celle des bourgeois du 18ème siècle (qui eux aussi vivaient de manière très codifiée) ?
De tout temps des gens ont vécus pour, par et à travers les apparences. Pourquoi s’en alarme-t-on particulièrement aujourd’hui ? Le problème de ce « phénomène » est qu’il n’est pas quantifiable. Il est donc difficile de réellement l’évaluer.
Une autre difficulté réside dans la caractérisation des concepts de la problématique, c’est-à-dire quelle définition l’on a du bonheur, si il existe vraiment et pourquoi devrait-on chercher à l’atteindre ?
Autant de questions que je pose ici sans prétendre y répondre. Le psyché humain est bien trop complexe, varié et auto contradictoire pour tenter d’établir une vérité quelle qu’elle soit en la matière. Plus le temps passe plus je m’interroge sur l’humanité, ses bassesses d’esprit parfois et sur son avenir. Sans volonté de ma part d’adopter une vision manichéenne du monde, il persiste parfois en moi une amère impression de déception et d’incompréhension envers le genre humain et certains de ces représentants.
Mon article est quasiment entièrement basé sur la rhétorique car c’est le style qui me vient naturellement quand j’écris un article sur le sujet, je me refuse à affirmer les choses, simplement je me questionne et je vous questionne.
Pour conclure, à force de faire déambuler notre esprit dans le labyrinthe de la vie et à osciller sans arrêt entre matérialisme et profondeur, perplexité et abandon, concret et abstrait….etc…. on peut se demander : c’est quand le bonheur ?!?!
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