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Chalon-sur-Saône au temps des empereurs gaulois, Postumus (260-269) et Victorinus (269-271)

Retour aux sources écrites :

Postumus, voyant qu'il était attaqué par les forces nombreuses de Gallien appela Victorinus à partager l'empire. Cet autre “Premier des Gaules”, également homme de guerre, prit le titre de César en s'alliant à Postumus (Trebellius Pollio, les trente tyrans)...

A cela s'ajoute un médaillon sculpté polémique d'époque que j'intitule : "Apocalypse sur la tour de Taisey". Taisey, c'est Chalon, la hauteur qui domine la ville et la protège.

        

Menacé par le feu de Dieu, l'empereur Postumus (à droite) s'est réfugié dans son palais de la Vigne-aux-saules. Non seulement il n'arrive pas à grimper à l'arbre généalogique des anciens rois d'Israël - ma thèse - mais ce n'est que par le serpent maudit qu'il est arrivé à se relier au rejet davidique resurgi en Gaule. Reconnaissable à sa barbe et à son corps d'Hercule, ses jambes sont animalisées par le péché. A ses pieds, le chien sculpté des chapiteaux extérieurs de la cathédrale de Chalon recule devant la colère de Dieu. 

Sur le horst de Mont-Saint-Vincent, le César de Postumus, Victorinus, cherche, lui aussi, à se raccrocher à l'arbre davidique royal. En vain, car la branche casse. Petit hercule que son ambition écartèle sur un Mont-Saint-Vincent/Bibracte/Augustodunum dont les deux hauteurs se séparent, il en perd son pantalon. Ces deux hauteurs, c'est le haricot de Mont-Saint-Vincent sur lequel se tient Bibracte dans les chapiteaux éduens des cathédrales gauloises de Chalon et d'Autun.

Ce médaillon nous dit que Postumus s'est installé dans l'importante villa de la Vigne-aux-saules dont on a retrouvé la trace au pied de la tour de Taisey. Inutile de faire d'autres fouilles pour retrouver le palais des empereurs quand ils venaient à Chalon ; leur palais, c'était celui-là. 

Ce médaillon nous confirme, aussi, que Bibracte était bien le Mont-Saint-Vincent.

La simple logique militaire explique, en effet, le role important qu'avait le port de Chalon pour accueillir l'immigration qui venait du Proche-Orient. La hauteur voisine de Taisey s'impose comme position forte pour que s'y installe, au minimum, une tour de garde et de défense. Un peu plus loin, le mont Saint-Vincent aux anciennes et redoutables fortifications s'impose comme capitale militaire et économique, véritable site de Bibracte.

La fortification aux trois tours du blason de Chalon, la mythique Orbandale, c'est Taisey, et la tour principale est toujours là.

 

En 271, l'assassinat de Victorinus dans une sédition militaire, révèle une population, mais surtout une armée diviséee. Désigné par une mystérieuse Victorina, mère des camps, Tetricus lui succède mais il siège à Bordeaux. En Gaule, le pouvoir est à Trèves, toujours romain. Constance Chlore, futur César, y construit notamment le temple.

En 274, première bataille des champs catalauniques, sur la hauteur de Taisey, au pied de la tour, entre l'armée romaine d'Aurelien et Tetricus, à la tête d'une armée gauloise divisée. Victoire romaine !

aurelien hommage du conseil de la ville de Chalon

Dans ce tableau magnifiquement sculpté sur ivoire, Aurélien reçoit l’hommage de la ville de Chalon. Il est assis sur le trône du palais impérial de La Vigne-aux-saules, à l’ombre de leur feuillage. Un légionnaire dresse le baldaquin tandis qu’un autre montre les chaînes brisées. On voit au loin l’évocation de trois villes libérées. A droite, deux femmes/populations et un Ancien viennent remercier l’empereur tandis qu’à gauche, les barbares enchaînés sont sous la surveillance d’un légionnaire. Tableau à la gloire de la légion. Art chalonnais du III ème siècle. Admirez la force et la détermination du légionnaire qui tient le drapeau blanc. Remarquez l’enseigne romaine et les hallebardes que dressent les combattants.

En 305, soit 31 ans après, Constance-Chlore, venant de Trèves, est accueilli à Bibracte/Mont-Saint-Vincent en tant qu'empereur. il s'installe, pacifiquement, dans le palais de Bibracte. Entre-temps, il y a eu la révolution bagaude qui a ravagé la ville d'Autun, puis une occupation romaine pacifique qui a vu les légions commencer à reconstruire le pays éduen (stations thermales, ville d'Autun à l'image de Rome). A Bibracte/Mont-Saint-Vincent, Eumène ne pouvait pas faire moins que d'accueuillir Constance-Chlore avec tous les honneurs dûs à un empereur (cf mon précédent article).

Assis sur la tour de Taisey, les pieds posés sur la ville de Chalon, le Christ de Chalon exorcise l'empereur de Rome aux dieux multiples, debout sur le Colisée.

Moi dans le tonneau de Diogène, ravalant la façade de la tour de Taisey.

Emile Mourey, 20 juillet 2024 , droits d'auteur possibles, à suivre si mon état de santé et mon âge le permettent.    


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6 réactions à cet article    


  • JPCiron JPCiron 17 octobre 2024 17:17

    Bonjour Monsieur Mourey,

    En tombant sur l’image d’une petite lampe à huile avec ménorah du III siècle, en France, j’ai pensé à vous et à vos travaux : la lumière met parfois du temps à parvenir à ceux qui sont encore dans les ténèbres.

    https://www.aphg.fr/IMG/pdf/proposition_pedagogique_empreintes_juives.pdf


    • Emile Mourey Emile Mourey 19 octobre 2024 03:12

      @JPCiron,

      Bien reçu, votre commentaire. Bien lue votre proposition et bon courage. Quant à moi, je fatigue ; je viens de proposer un nouvel article Agoravox. Cordialement, E. Mourey


    • Antenor Antenor 15 décembre 2024 22:24

      Une fantastique monnaie de Postumus « Restitutor Gallia ». Non seulement, elle est magnifique du point du vue artistique mais également sur le plan symbolique. A droite, Postumus s’appuie sur une longue tige représentant l’axe Saône-Rhône. A gauche et contrairement à ce qu’indique la légende, ce n’est pas sur un prisonnier qu’il pose son pied mais bien sur une sorte de marche-pied (végétal ?). Or, vu du ciel, le contour de Mont-Saint-Vincent est précisément celui d’une empreinte de pied ! Le chapiteau de Gourdon aux Sciapodes est la preuve que les autochtones en avait bien conscience. Postumus prend appui sur Bibracte pour restaurer la Gaule.


      • Emile Mourey Emile Mourey 16 décembre 2024 05:48

        [email protected]

        Chalon-sur-Saône coiffée de la tour de Taisey ?


        • Antenor Antenor 21 décembre 2024 22:00

          @ Emile

          La comparaison de la scène monétaire avec le chapiteau de Chalon dit de « Marie-Madeleine au pied du Christ » est éloquente, c’est la même structure. La femme agenouillée, le dieu sur terre, l’arbre. A la différence que Jésus lévite au-dessus du sol. Et si le nom de Marie de Magdala a particulièrement marqué la tradition chrétienne par rapport à sa faible place dans les textes, c’est sans doute en grande partie parce qu’elle a remplacé les anciennes déesses tourelées. Magdala signifie la tour en hébreu.

          On voit comment le Christianisme a repris les anciens codes impériaux pour les réadapter à sa doctrine. Sur le chapiteau de Chalon, ce n’est plus un général en chef triomphant au pied duquel s’agenouille la population mais un messie martyr ressuscité. Il faut probablement également y voir la reine Brunehaut incitant les Chalonnais à rester fidèle à la lignée de Sigebert symbolisée par l’arbre.

          S’il faut attribuer un temple éduen à Postumus, je pense qu’il s’agit de celui de Gourdon. Le thème des chapiteaux de Gourdon est les travaux d’Hercules tout comme une large partie du monnayage de l’empereur gaulois. Sur le chapiteau dit de « la Tentation », c’est bien un sanglier qu’Heraklès tient dans sa main droite. Il s’agit de celui d’Erymanthe et le serpent est le fleuve Acheloos. A Gourdon, Heraklès est représenté sous forme humaine quand il capture ses adversaires et sous forme de lion quand il les tue.

          Quant à Mont-Saint-Vincent, la mystérieuse divinité habitant ces lieux est probablement Métis. Le chapiteau de la chouette qui accueille le visiteur représente la naissance de Minerve / Athéna. Métis a le don de métamorphose, elle est sculptée sous forme de différents masques. Le ou plutôt la commanditaire de ce temple est sûrement Victoria, l’éminence grise de l’Empire gaulois qui ironie de l’histoire, est devenue pour les historiens presque aussi insaisissable que la déesse qu’elle a voulu honorer.


        • Antenor Antenor 12 janvier 13:45

          Lus au premier degré, le thème principal des chapiteaux de Mont-Saint-Vincent est constitué des travaux d’Héraklès. Déjà pourvu de la peau du lion du Cithéron, il combat le lion (gros nasaux) de Némée. Sous forme humaine, il capture Cerbère le chien (petits nasaux) cracheur de feu. A nouveau représenté comme un lion, il tue (ou capture selon les versions) la biche de Cérynie dotée de ses étranges cornes. Sur le coté, apparaît le visage d’un paysan catastrophé par les dégâts causés par l’animal selon Euripide. La biche de Cérynie faisait partie d’un groupe de cinq.

          Outre le chapiteau aux chouettes, Metis est aussi représentée sur ce sobre chapiteau de manière « interactive ». La finesse de la sculpture n’est-elle pas destinée à faire perler une goutte d’eau ? C’est sous cette forme que Zeus l’a avalée. Il est probable que les jours de pluie, les pèlerins se plaçaient sous le chapiteau la bouche ouverte pour eux aussi avaler Metis. Les chapiteaux de Mont-Saint-Vincent sont particulièrement abscons. A Gourdon, la suite des travaux est un peu plus facile à lire. Des emissions de télévision sur Métis, Omphale, Victoria ou Brunehilde nous changeraient des sempiternelles Marie-Antoinette et Cléopâtre.

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