Chute cathartique de DSK et résurrection du PS

On a beaucoup fantasmé, mythifié et pontifié sur un DSK présenté comme l’homme le plus puissant après Obama mais dont on sait une seule chose, c’est qu’il n’est pas impuissant, capable qu’il est de trousser une journaliste, une femme de chambre ou une dame de petite vertu moyennant subsides. Pour l’instant, il est en résidence surveillée mais l’essentiel est plutôt de surveiller les déclarations et autres analyses médiatiques. Comme il se doit, la médialangue est un dialecte qui se parle entre élites, gens de réseaux, journalistes bien placés et bien évidemment, ces gens se comprennent dans ce dialecte qui les autorise à causer au nom des Français, à penser à la place des Français, parfois à choisir à la place des Français ; mais le citoyen vigilant n’est pas dupe et sait reconnaître les lubies et les bêtises ânonnées par des individus qui ne fréquentent pas le monde des cafés et du travail, contrairement aux petits mecs, comme les appelle BHL.
Alors certains ont dit avec certitude que la chute de DSK allait peser sur les chances électorales de la gauche, que le comportement friqué et obscène de l’ex-chef du FMI allait écorner profondément l’image des Socialistes, que Sarkozy allait en comparaison passer pour un type valeureux, et même être canonisé en bon père de famille et risquer de se faire réélire. Mais c’est sans compter le sentiment du Français réel, celui qui est dans la société réelle et pas dans les coulisses où se manigance le jeu politicien. Le Français réel, surtout s’il est de gauche, se réjouit de la chute de DSK, contrairement au Français du casting médiatique filmé et diffusé parce qu’il confirme ce que veut bien penser la caste médiatique, à savoir que l’éviction de DSK dans la course au primaire est une tragédie, un drame inattendu, un véritable écueil pour l’avenir du pays et de la gauche. Certes, si le quidam d’occase pense ça, c’est possible, car il se trouve toujours quelques singes pour penser avec les neurones reliées aux fils manipulés par les politologues, mais les Français réels ne sont plus inquiets de la chute de DSK et beaucoup sont satisfaits de voir ce personnage un peu trop indélicat se faire inculper pour une condamnation ou à défaut, une mise à l’écart. Les incartades de l’intéressé sont tellement avérées que les femmes victimes du harcèlement masculin et machiste sont soulagées de voir l’un des mieux placés d’entre eux se faire rattraper par la patrouille et payer plein pot les casseroles qu’il traîne. Ces femmes qui aiment leurs petits mecs, comme les appelle BHL.
Au final, l’épisode DSK risque de jouer à contre sens du scénario prévu par les politologues médiatiques qui pensent que Marine Le Pen va récupérer les dividendes d’une gauche prise en flagrant délit d’adultère avec les valeurs alors que les voix centristes pourraient se reporter au final du second tour vers Sarkozy. Eh non, les sondages semblent infirmer ce scénario. L’effet est inverse. Marine Le Pen risque de voir les brebis égarées des classes laborieuses revenir au bercail d’une gauche purifiée de son côté trop libéral, salace et friqué, pour s’en remettre à un candidat de territoire, de terroir, qui les représente et leur ressemble un peu plus, que ce soit Martine Aubry ou François Hollande. Et puis la crise aidant, la gauche protectrice ne fait plus peur, ni sourire, et le pays peut très bien adhérer à un candidat relativement mou pour un quinquennat de tranquille temporisation, après la frénésie réformiste de Sarkozy dont on peut dire qu’il a mené la barque pour un bilan extrêmement modeste rapporté à tant d’agitation médiatique. Les réformes c’est comme le sexe, ce sont ceux qui en parlent le moins qui en font le mieux. Pour l’instant, l’effet DSK semble bénéfique au PS. Hollande crédité de 61 points, Aubry de 59 points. La tâche sera rude pour Sarkozy mais on doit rester prudent. Dans six mois, toute cette affaire sera enterrée et on ne sait pas ce que le monde de la finance nous prépare ni si une centrale nucléaire va péter un câble. 61 points, c’est bon pour la gauche et ennuyeux pour ces bavards journalistes présents sur le plateau de Denisot, affirmant sans retenue que le PS est décapité. Les Français pensent différemment, heureusement. Les petits mecs, comme les appelle BHL, ne croient plus aux sornettes intellectuelles et médiatiques.
Les spécialistes de la tragédie antique auront sans doute quelques pensées sur cette issue finale de la « story » du « DSK qui se carbonise » dans l’amphithéâtre mondialisé de la lucarne, servant de libération et de catharsis au peuple de gauche soulagé et rasséréné par le coup de théâtre du destin ayant capturé l’épopée glorieuse d’un personnage ambigu pour le livrer aux limbes du purgatoire judiciaire américain et donner au bon peuple le sentiment d’une justice universelle et que tout n’est ni entièrement pourri ni entièrement foutu, grâce aux dieux agissant en coulisse, mais ce bon peuple doit aussi se dire qu’il doit se lever et avancer debout s’il veut que les dieux l’accompagnent dans une destinée un peu moins calamiteuse que celle promise par les mécaniciens du « développement curable » et les techniciens de la nouvelle économie par la connaissance qu’ils veulent faire appuyer par le vote de l’ignorance. Les petits mecs, comme les appelle BHL, se moquent bien que DSK croupisse en taule.
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