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Climat : Les apprentis sorciers de la Banque mondiale et du FMI

Fin octobre 2006, Nicholas Stern, conseiller économique du gouvernement britannique, a remis au Premier ministre Tony Blair un rapport de 500 pages sur les effets du changement climatique en cours et les moyens de les combattre. Dans son rapport, Nicholas Stern affirme : “Le changement climatique va détériorer des conditions élémentaires de la vie des populations sur l’ensemble de la planète - accès à l’eau, production de nourriture, santé et environnement » . De manière implicite, le diagnostic contenu dans ce rapport constitue une condamnation des politiques menées notamment par le FMI et la Banque mondiale dont Nicholas Stern a été économiste en chef .

Le présent article confronte le rapport Stern aux positions adoptées par les dirigeants importants de la Banque mondiale, du FMI et du gouvernement de Washington au cours des quinze dernières années. Il revient également sur le rapport que la Banque mondiale a consacré en 2006 aux catastrophes naturelles. La Banque mondiale produit une analyse en contradiction avec ce qu’elle a affirmé jusque là. Elle tente, au niveau du discours, de limiter la crise de crédibilité qui la touche mais elle n’abandonne nullement son orientation en faveur du tout au marché et son adhésion au modèle productiviste destructeur des humains et de l’environnement. Quant au rapport Stern, bien qu’il contienne des jugements très intéressants, il ne permet en rien de déboucher sur une alternative au modèle productiviste et à la poursuite frénétique de la croissance.

Retour sur les positions des dirigeants de la Banque mondiale
Alors que de nombreuses voix mettent en évidence depuis le début des années 1970 les dangers d’une croissance sans limite et d’un épuisement des ressources naturelles, les dirigeants de la Banque mondiale et du FMI ont affirmé jusqu’il y a peu qu’il n’y avait aucun péril en la demeure.
Lawrence Summers, économiste en chef et vice-président de la Banque de 1991 à 1996 et par la suite secrétaire d’Etat au Trésor pendant la présidence de William Clinton, déclarait en 1991 : « Il n’y a pas de (...) limites à la capacité d’absorption de la planète susceptibles de nous bloquer dans un avenir prévisible. Le risque d’une apocalypse due au réchauffement du climat ou à toute autre cause est inexistant. L’idée que le monde court à sa perte est profondément fausse. L’idée que nous devrions imposer des limites à la croissance à cause de limites naturelles est une erreur profonde ; c’est en outre une idée dont le coût social serait stupéfiant si jamais elle était appliquée » .

Dans une lettre adressée à l’hebdomadaire britannique The Economist, publiée le 30 mai 1992, il écrit qu’à son avis, même en parlant du scénario le plus pessimiste : « Brandir le spectre de nos petits-enfants appauvris si nous n’affrontons pas les problèmes globaux d’environnement est pure démagogie ». Il ajoutait : « L’argument selon lequel nos obligations morales à l’égard des générations futures exigent un traitement spécial des investissements environnementaux est stupide » .

Les prises de positions de Lawrence Summers ont provoqué un véritable tollé à l’époque et, cinq ans plus tard, en 1997, Nicholas Stern (futur économiste en chef de la Banque) l’écrivit dans le livre commandité par la Banque pour retracer son premier demi-siècle d’existence : «  L’engagement de la Banque dans le domaine de l’environnement a été mis en doute par certains suite à la publication fin 1991 par le magazine The Economist d’extraits d’une note de service interne écrite par Lawrence Summers, alors économiste en chef. La note de service interne suggérait la possibilité que les questions d’environnement étaient surestimées en ce qui concerne les pays en développement ; ces pays pourraient réduire leurs coûts marginaux en commerçant ou en tolérant les substances polluantes » .

En complète contradiction avec les déclarations rassurantes de Lawrence Summers citées plus haut prédisant que le réchauffement du climat ne réduirait la croissance que de moins de 0,1% par an au cours des deux prochains siècles, Nicholas Stern affirme en 2006 : “Le Rapport estime que si nous n’agissons pas, les coûts et les risques du changement climatique dans leur ensemble représenteront l’équivalent d’une perte d’au moins 5% du PNB mondial chaque année, maintenant et pour toujours. Si on prend en compte un éventail plus large des risques et des impacts, les estimations des pertes pourraient atteindre jusqu’à 20% du PNB ou plus ». C’est un démenti cinglant mais tardif des affirmations de Lawrence Summers.

Les affirmations du type de celles de Lawrence Summers ne constituent pas un phénomène isolé : elles renvoient à la position dominante du gouvernement de Washington lors des décisions de la Banque mondiale et du FMI. Ces positions, qui niaient que des dégâts graves étaient causés à l’environnement par le modèle productiviste et qu’un changement climatique était en cours, ont été exprimées par Washington au moins jusqu’il y a peu.

Les nombreux discours d’Anne Krueger, économiste en chef de la Banque mondiale pendant le mandat présidentiel de Ronald Reagan et, plus tard, numéro 2 du FMI de 2000 à 2006, en apportent la preuve. Dans l’un d’eux, prononcé le 18 juin 2003 à l’occasion du 7e Forum économique international de Saint-Pétersbourg, Anne Krueger déclarait : « Prenons cette inquiétude immémoriale qu’une croissance rapide va épuiser les ressources en combustible et que si cela se produit, la croissance sera stoppée net. Les réserves de pétrole sont plus importantes aujourd’hui qu’en 1950. A l’époque, on estimait que les réserves mondiales de pétrole seraient épuisées en 1970. Cela ne s’est pas produit. Aujourd’hui, les réserves connues peuvent durer 40 ans au taux actuel de consommation. Il ne fait pas de doute que quand nous arriverons à 2040, la recherche et le développement auront produit de nouvelles avancées dans la production et l’utilisation de l’énergie ».

Cette affirmation est contredite par tous les résultats des recherches sur les réserves de pétrole. Depuis le début des années 1990, le volume des nouvelles découvertes de pétrole sont inférieures à la progression de la consommation de pétrole .

Anne Krueger poursuivait : « Nous n’avons pas non plus causé de dégâts irréparables à l’environnement. Il est clair qu’après une phase initiale de dégradation, la croissance économique entraîne ensuite une phase d’amélioration. Le point critique, auquel les gens se mettent à choisir d’investir dans la prévention de la pollution et le nettoyage de zones polluées, se situe à environ 5 000 dollars de Produit intérieur brut (PIB) par habitant ».

Ce dernier paragraphe contient deux erreurs (mensonges) manifestes. Premièrement, les faits démontrent que des dégâts irréparables ont été causés à l’environnement. Deuxièmement, il n’est pas vrai qu’après «  une phase initiale de dégradation » de l’environnement, « la croissance économique entraîne ensuite une phase d’amélioration ». Les pays les plus industrialisés ont dépassé depuis longtemps 5 000 dollars de PIB par habitant et pourtant, la plupart d’entre eux poursuivent des politiques qui entraînent une augmentation de la pollution.

Il a fallu attendre les suites de l’ouragan Katrina d’août 2005 pour que la Maison Blanche commence, à contrecoeur, à reconnaître l’évidence.

Le CADTM, ainsi que d’autres mouvements, n’a pas attendu une catastrophe comme celle qui s’est abattue sur la Nouvelle Orléans pour reprocher à la Banque mondiale et au FMI des politiques qui ont favorisé le changement climatique et ont affaibli la capacité des pays en développement à faire face à des calamités naturelles. Le CADTM a dénoncé la promotion par la Banque mondiale et le FMI de politiques favorisant la déforestation et le développement de mégaprojets énergétiques destructeurs de l’environnement . De même, il a demandé à la Banque mondiale d’abandonner le soutien aux projets destructeurs des protections naturelles des côtes telles que les mangroves qui amortissent les effets de type tsunami . Le CADTM a également exigé que la Banque mondiale arrête ses prêts dans le secteur des industries extractives. Enfin, le CADTM a remis en cause la décision prise par la conférence de Rio de 1992 de confier à la Banque mondiale la gestion d’un fonds mondial de protection de l’environnement. Cela revient incontestablement à confier au renard la sécurité du poulailler...

Le tournant amorcé par la Banque
Sans la moindre autocritique, la Banque mondiale a publié en avril 2006 un rapport consacré aux catastrophes naturelles. Son auteur, Ronald Parker, écrit : “Il y a une augmentation des catastrophes liées à la dégradation de l’environnement aux quatre coins de la planète” . Alors que le nombre de tremblements de terre reste quasiment constant, c’est le nombre et l’ampleur des catastrophes naturelles liées au climat qui est en forte croissance : d’une moyenne annuelle de 100 en 1975 à plus de 400 pour l’année 2005. La Banque reconnaît que le réchauffement global, la déforestation et l’érosion des sols ont accru la vulnérabilité de régions entières. La Banque estime que les pays en développement subissent des dommages d’au moins 30 milliards de dollars par an. Comme le déclare Lester Brown, directeur du Earth Policy Institute : “Ce Rapport souligne que, bien que nous continuions à qualifier ces catastrophes de « naturelles », elles sont parfois clairement d’origine humaine” .

Le Rapport de Nicholas Stern sur le réchauffement global
Nicholas Stern est très clair : les pays les moins industrialisés, bien que moins responsables que les autres du réchauffement climatique, seront les plus touchés : « Tous les pays seront touchés. Les plus vulnérables - les pays et populations les plus pauvres - souffriront plus tôt et davantage, même s’ils ont beaucoup moins contribué au changement climatique ». Il ajoute, en complète contradiction avec la philosophie des tenants de la mondialisation néolibérale, que : “Le changement climatique est le plus grand échec du marché que le monde ait jamais connu et il interagit avec d’autres imperfections du marché  ». Ceci dit, Nicholas Stern ne propose pas du tout d’alternative au modèle productiviste et au marché capitaliste. Au contraire, son rapport a pour but de tirer la sonnette d’alarme afin que des fonds suffisants soient consacrés à des dépenses de reconversion industrielle et de protection de l’environnement, dans le but de permettre la poursuite de cette croissance aveugle. Il affirme que l’humanité peut être à la fois « verte » et « pro-croissance » (« green and growth »).
Il explique que le marché de la protection de l’environnement va offrir un nouveau créneau au privé pour faire des profits. Et pour couronner le tout, il explique qu’étant donné que les PED polluent moins que les pays industrialisés tout en souffrant davantage des effets du réchauffement, ils pourront vendre aux pays riches des droits de continuer à polluer. Avec les recettes engrangées par la vente de ces droits, ils pourront financer la réparation des dégâts causés à leur population.

Conclusion
Une fois encore, les tenants du modèle productiviste dominant ont commencé par nier l’existence d’un problème crucial, en l’occurrence celui des dégâts environnementaux et du réchauffement climatique, et continué à promouvoir avec force des politiques qui aggravaient la situation. Puis, quand la situation est devenue intenable, ils ont fait la une des médias internationaux en publiant un rapport sur le sujet, cherchant à accréditer l’idée que les institutions internationales et les gouvernements des pays les plus industrialisés ont pris la mesure de ce grave problème, en fait volontairement occulté pendant des décennies. En fin de compte, les défenseurs du système actuel laisse croire qu’il est en mesure d’apporter une solution à un problème dont il est une des causes fondamentales, permettant ainsi sa propre perpétuation. Il est urgent de comprendre que la seule solution juste et durable passe justement par la remise en cause de ce système capitaliste productiviste, structurellement générateur de dégâts environnementaux et d’inégalités galopantes.

Eric Toussaint WWW.CADTM.ORG


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33 réactions à cet article    


  • blaise (---.---.165.253) 29 mars 2007 13:56

    Excellent article, merci. Reste à espérer que le système capitaliste ne s’empare pas du problème environnemental pour augmenter encore ses profits . Je crains par exemple l’expansion des « bio » carburants ou comment gaspiller un volume considérable d’eau en utilisant énormément d’intrant comme les pesticides, les engrais ou les presque-esclaves au Brésil tout en ayant une façade « écologiste « , la diminution des émissions de CO2. La seule issue rationnelle semble être la décroissance et la fin du système financier tel qu’on le connais.


    • personne (---.---.42.18) 29 mars 2007 15:56

      Il est très facile pour un habitant d’un pays riche de dire que la décroissance est la solution. J’en suis d’ailleurs en partie convaincu : J’utilise ma voiture le moins possible et prends le train, ai baissé considérablement ma consommation de viande, surveille ma consommation d’eau et en recycle un maximum, trie mes déchets (que je préférerais qu’on ne produise pas) etc etc... Tous ces gestes sont déjà connus et plus ou moins appliqués par la plupart des citoyens au sens noble du terme.

      Mais comment faire comprendre à un africain qui meurt de faim dans un bidonville que la décroissance est le seul avenir, à un bengladais qui n’est jamais monté en voiture et qui s’est brisé le dos au travail qu’il ne bénéficiera jamais de ce formidable outil parceque le minerai de fer tend à se raréfier et que le moteur thermique émet trop de co2 ?

      Nous, les riches, qui sommes la minorité sur terre, sommes aussi coupables de tous les maux qui minent ce monde. On doit mettre cela sur le compte de l’ignorance. Personne n’aurait pu penser en 1900 que le pétrole aurait un tel impact (négatif mais aussi positif) dans nos vies. Mais, maintenant que nous savons, nous avons devant nous la fomidable possibilité d’aider les moins riches à se développer proprement en inventant de nouveaux matériaux, de nouvelles fibres écologiques, en redécouvrant d’anciennes techniques moins énergivores et en les mettant à la disposition de tous par tranfert de compétences, en promouvant les énergies alternatives etc etc.

      Je ne crois pas un seul instant que l’idée de décroissance ait le moindre avenir dans un monde ou la majorité des gens n’a pratiquement pas connu de croissance. Les riches peuvent diminuer leur consommation en devenant rationnels dans leurs modes de vie mais si, dans le même temps, les pauvres se développent aussi salement que nous, notre prise de conscience n’aura servi à rien.

      Par contre, je crois dur comme bois à un développement durable (ou soutenable).


    • personne (---.---.42.18) 29 mars 2007 16:01

      Encore une chose.

      Le fait de faire de l’écologie un marché à part entière avec l’opportunité que cela enrichisse les plus clairvoyants est à mon sens un formidable moyen de lui donner la place qu’elle mérite dans nos societés.

      C’est d’ailleurs exactement ce qui se passe. En bourse, les entreprises touchant à l’écologie connaissent actuellement une formidable envolée (qualifiée d’ailleurs de bulle par certains).

      Puisque seul l’appât du gain motive le monde (et je n’en suis pas forcément heureux) alors utilisons donc la cupidité humaine pour développer l’humanité durable.


    • blaise (---.---.165.253) 29 mars 2007 16:06

      @ par personne (IP:xxx.x41.42.18)

      Notez que le développement durable est encore une idée de riche afin de continuer à calquer le modèle financier du Nord au pays du Sud. Moi aussi je fais des efforts de riche mais quant j’achète du café commerce équitable je n’oublie pas que les gens qui le produisent n’ont pas forcément envie d’exporter du café vers le Nord selon un modèle d’échange du Nord mais peut être de subvenir à leurs besoins de façon autonome ? Pour ce qui est de la décroissance aux vues des contraintes physiques : métaux, surface agricoles, pétrole cela sera de gré ou de force que nous l’aurons !


    • parkway (---.---.18.161) 29 mars 2007 16:18

      personne, vos arguments sont de quelqu’un (lol) !

      bravo !


    • parkway (---.---.18.161) 29 mars 2007 16:22

      quelqu’un,

      « Je ne crois pas un seul instant que l’idée de décroissance ait le moindre avenir »

      la décroissance, c’est pour nous les riches, pas pour ceux que l’on exploite...


    • parkway (---.---.18.161) 29 mars 2007 16:23

      absolument, même si ça ne blaise à personne !


    • personne (---.---.42.18) 29 mars 2007 16:37

      C’est vrai, il parait que les matières premières sont en quantités finies sur ce monde... quelle idée aussi... (mais j’ai vu qu’on parle déjà d’aller en chercher sur la lune d’ici à un demi-siècle, mais à quel coût ?)

      On fait bien des pièces de carrosserie d’auto en chanvre (ou en lin, je ne sais plus) sans parler des maisons en bois, des pastiques biodégradables etc etc (sans compter qu’en plus, tout ces matériaux nouveaux puisent le co2 de l’atmosphère et stockent le carbone). La recherche progresse et en même temps, l’espoir.


    • Eric De Ruest Moizze 29 mars 2007 20:56

      La cupidité détruit le monde, c’est notre principal problème. Comment croire une seconde que la tendance va s’inverser ? Il n’y a qu’a comprendre les implications des « bio »-carburants dans la désertification, l’épuisement des ressources (2.000 litres d’eaux sont nécessaire à la production d’1 seul litre de « bio »-éthanol) et la misère sociale engendrées dans les pays du sud pour apprécier tout ce que cette théorie, directement en ligne avec celle des tenants de l’économie mondiale, a de néfaste pour l’ensemble de l’humanité.


    • Mars (---.---.181.92) 29 mars 2007 21:45

      @personne La recherche progresse surtout au JT mais le problème c’est que concrètement rien de sérieux ne se passe : La voiture électrique et ses problèmes d’autonomie, les bios carburants et les problèmes générés par leur production mais aussi la raréfaction des terres cultivables, les piles à combustible dont on ne nous explique pas comment on produira l’hydrogène et les avions qu’on à bien du mal à faire voler sans kérosène... Alors la recherche a beau progresser, il va falloir qu’elle fasse vite !


    • Alexandre88 Alexandre Flet 30 mars 2007 04:57

      Une seule adresse : « La croissance économique »fait-elle de l’effet de serre«  ? » http://www.manicore.com/documentation/serre/kaya.html

      Un seul livre à lire : « Le plein s’il vous plait ! » « Entre révolution et renonciation, il existe en effet une voie étroite mais incontournable pour prendre le taureau par les cornes : payer l’énergie à son vrai prix. Il n’est pas normal qu’un liquide que la nature a mis des dizaines de milliers d’années à fabriquer, qui n’est pas renouvelable, qui commencera à manquer dans dix ou vingt ans et détraque le climat, vaille moins cher que le travail humain en Occident. » http://www.manicore.com/documentation/articles/pleinSVP.html http://www.amazon.fr/plein-sil-vous-plaît-solution/dp/2757803018

      P.S. : et un article ou je place les candidats sur un axe « croissance/sobriété » http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=20795


    • parkway (---.---.18.161) 29 mars 2007 16:27

      les sphères économiques ne font jamais dans la subtilité : elles suivent la logique fric, point.


    • Cassandre (---.---.112.17) 29 mars 2007 19:04

      Excellent article à mon avis.

      Cependant, il est illusoire de compter surmonter cette crise en remettant en cause notre système économique, ce sera trop long, générateur de chaos et de beaucoup de victimes.

      Il y a une autre voie : la vérité des prix, car c’est un indicateur que ce système comprend à merveille ! Nous n’en serions pas là si les prix de l’énergie n’avaient pas été scandaleusement sous-évalués depuis 2 siècles, en « oubliant » le coût de reconstitution des stocks et de protection de l’environnement (les externalités). Une entreprise gérant ses affaires ainsi, sans amortissements ni provisions, n’irait pas loin...

      La difficulté est de mettre tous nos dirigeants d’accord là-dessus, mais ça me semble faisable, sous la pression des catastrophes au moins, bien plus en tout cas qu’un changement de système économique.


      • Eric De Ruest Moizze 29 mars 2007 19:30

        Notre système économique a déjà produit et se prépare à produire encore un nombre considérable de victimes dans un laps de temps d’une génération maximum et je m’étonne chaque jour que nous n’en ayons pas encore changé.

        Qui seront les victimes d’une politique volontariste de décroissance et d’abolition des privilèges d’ordre financiers ? N’aurions nous pas TOUS à y gagner ? Populations du Nord et du Sud ?

        Aujourd’hui, les chocs consécutifs au gaspillage des ressources, ce n’est plus à l’horizon de quelques générations que cela se dessine, mais bien dans les années à venir.

        Nous sommes réellement à la croisée des chemins et toute inertie coutera la vie à jour X 36.000 personnes minimum (pour la malnutrition uniquement). Le système économique tue donc chaque jour 12 fois ce que le 11/9 a occasionné comme déces. Mais hélas, les médias ne s’arrêtent pas sur ce genre de chiffres, les citoyens risqueraient alors de compter les coups réels de nos modes de vies.

        C’est pourquoi un changement rapide, insurectionnel, ne sera nullement plus meurtrier que les lois imposées par la compétition et la croissance.

        A méditer... smiley


      • Eric De Ruest Moizze 29 mars 2007 19:32

        Vous aurez rectifiés, je ne suis pas l’auteur de cet article...


      • Eric De Ruest Moizze 29 mars 2007 20:14

        Et si nous pouvions avoir la sagesse de le faire de manière ferme mais non-violente, nous dessinerions alors pour l’avenir les bases de sociétés ou une certaine sagesse pourrait enfin naître.


      • (---.---.205.248) 29 mars 2007 21:19

        Et puis arretons d’attendre tout de « nos dirigeants », ne sommes nous pas adultes ?


      • Cassandre (---.---.115.21) 30 mars 2007 09:51

        La décroissance sans chômage de masse, on ne sait pas faire.

        Il ne manque pas de textes sur la décroissance, mais je n’ai rien trouvé qui l’ORGANISE de manière à éviter une crise économique aussi grave que celle que le changement climatique nous prépare. La décroissance volontaire globale reste un objet économique imaginaire à ce jour.

        Individuellement, bien sûr, ça peut se faire, et des tas de gens le font... involontairement, qui ne rêvent que d’en sortir.


      • Eric De Ruest (---.---.199.50) 31 mars 2007 11:06

        Je préfère tenter une sortie vers la décroissance que de laisser le système détruire ce qui reste d’air frais, d’eau potable, de terres arables et de plantes comestibles et laisser les derniers humains se retrouvés dans un scénario de type « soleil vert » !

        Nous pouvons être des être courageux quand le destin l’impose. Et aujourd’hui, c’est le cas. Nous devons tenter une décroissance organisée, boycotter les produits néfastes que nous imposent les multinationales. Redistribuer la terre et réformer vigoureusement le Berlaimont. Imposons des taxes d’importations aux frontières de l’Europe mais laissons les ouvertes aux peuples. Nous avons une planète immense pouvant nourrir 12 Milliards d’individus d’après Jean Ziegler. Je ne pense pas que la décroissance soit une utopie, car la majorité de l’humanité a vécu sous la barre fatidique d’une planète de consommation.

        Courage et volonté populaire sont les seules ressources sur lesquelles nous pouvons compter pour nous sortir du très mauvais pas ou nos mauvais côtés tel l’envie et la cupidité nous ont projetés.

        Nous n’attendons rien du monde économico/politique, nous sommes la politique citoyenne qui réclame un autre monde.

        Nous sommes prêts à nous passer de la télévision, du GSM et des fast-food, car nous leurs préférons le théâtre, le cinéma, les conversations autour d’une table et d’un bon repas. Nous sommes prêts à nous passer de la voiture car nous sommes prêts à augmenter l’offre et par conséquent améliorer la ponctualité des transports en commun. Nous aimons la simplicité et regarder l’herbe pousser quand les taches nécessaires nous en laissent le temps, et comme nous voulons produire moins, nous aurons bien plus de ce temps.

        Nous savons que les peuples du monde, une fois sevrer de l’attachement au chef politique, peuvent vivre en paix dans la recherche du bien-être commun. De nombreuses civilisations ont vécu comme cela. Les chefs étaient sages et veillaient au bien-être des membres de la société. Comment trouvons nous les notre ? De nombreuses utopies ont vu le jour et connurent différents destins, mais il est une chose assurée, c’est que c’est en essayant que nous trouverons les solutions et non en regardant les peuples s’éteindre les uns à la suite des autres par peur du chômage et du changement.

        Sortons de nos placards les vieux livres traitant des alternatives et re-commençons à penser.


      • Cassandre (---.---.238.89) 31 mars 2007 15:57

        Vous êtes mûr pour le Grand Soir et ses 5 milliards de morts.

        L’émotion n’a jamais réglé aucun problème, elle permet seulement de les percevoir et de se motiver pour agir. Mais pour agir juste, il faut sortir la calculette et transpirer pour trouver une évolution possible à partir de l’existant.

        Je répète que je n’ai rien trouvé qui ressemble à ce travail chez les « décroissants ».


      • personne (---.---.42.18) 29 mars 2007 21:10

        J’avais lu, je ne sais plus où, la manière dont les industries civiles americaines s’étaient reconverties en industries de guerre au cours de la seconde guerre mondiale pour faire face au conflit lointain qui les avait finalement atteints. En quelques mois, sans aucune préparation, les usines qui tournaient à plein rendement avait complètement changé de crèneau et produisaient des quantités énormes de tanks, obus et autres objets de destruction.

        Comme quoi, lorsqu’on se trouve au pied du mur, non seulement on voit mieux le mur (arf arf arf) mais de plus cela mobilise toute notre énergie pour atteindre le but que l’on s’est fixé. A l’époque, il s’agissait de tuer un maximum d’être vivants et de détruire un maximum de structures. Dans quelques temps, il s’agira d’un autre type de combat contre un adversaire invisible mais qui gagnera à coup sûr si nous le sous-estimons.

        Evidemment si nous attendions trop, l’énorme inertie du système climatique risquera malgré tout d’avoir le dernier mot. La machine s’emballera, en quelque sorte. Mais je tenais simplement à faire cette remarque pour montrer à quel point l’homme est capable de « grandes » choses en peu de temps pour peu qu’il se mobilise.


        • parkway (---.---.18.161) 30 mars 2007 11:23

          pour l’espoir, tu t’y entends comme personne !

          c’est pas avec les 3 gros présidentiables que les choses vont changer, bien au contraire ils sont d’accord avec le système actuel.

          Donc, l’espoir...


        • toto (---.---.203.197) 29 mars 2007 22:08

          Quel héritage préparons-nous à nos enfants ? Sans faire dans le catastrophisme, genre Al Gore, qui ne fait qu’aiguiser les peurs et les replis individualistes, nous sommes devant des choix cruciaux.

          La politique dans le sens noble du terme doit reprendre le dessus sur l’économique. A une époque où tout le monde ne parle que de réalisme pour en fait imposer la dictature de l’argent, inventons une société nouvelle :

          - où l’accumulation des richesses céderait le pas, à la recherche du mieux vivre,
          - où le travail aliénant serait réduit au minimum,
          - où la compétition serait abolie,
          - où la cité deviendrait école...

          Utopie que tout cela ? Bien sûr, mais le plus déraisonnable serait de rester sur une voie sans issus.

          Lisez : MON UTOPIE d’ALBERT JACQUARD


          • personne (---.---.42.18) 30 mars 2007 08:33

            Personnellement, le film d’Al Gore me donne plus envie de me lancer dans la bataille au côtés des autres que de me replier dans mon cocon. Je me vois mal combattre l’effet de serre à moi tout seul en triant mes cartons.

            Je préfère voter et rester cohérent, ça me parait plus efficace.

            Et si, comme on le lit parfois, la peur est un moteur alors vive le catastrophisme !!!


          • (---.---.99.4) 30 mars 2007 08:14

            encore la peur , encore la culpabilité. les 2 ont peut être UN PEU raison ,mais est ce que ça cache pas d’autres motifs bien plus impérieux comme par ex. notre besoin en energie et matières premieres est du à une compétition suicidaire qui engendre une obsolescence de tout ce qui est produit. Chaque produit a une durée de vie volontairement courte . De toutes façons , il y a de nombreuses raisons d’être plus frugal vis à vis de nos resources ... mais cette histoire de réchauffement n’est elle pas l’émergence d’un nouveau business qui précisément causera ..... du réchauffement ??

            http://video.google.fr/videoplay?docid=-4123082535546754758&hl=fr


            • (---.---.62.94) 30 mars 2007 09:29

              c’est très exactement la conclusion de l’article


            • Internaute (---.---.1.100) 30 mars 2007 15:56

              Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis. On ne peut pas critiquer la BM d’admettre en 2007 des évidences qu’elle refusait en 2004, même si elle le fait pour les mauvaises raisons.

              L’horloge de nos vies avançant sans s’arrêter, on a du mal à se souvenir du Club de Rome. Pourtant leurs travaux réalisés dans les années 60 s’avèrent d’une justesse de visionnaire. Toutes les discussions que nous avons aujourd’hui sur la fin du pétrole, la pollution ou la croissance zéro ont été débattues par ce club. Je vous invite à relire les bouquins d’Ivan Illich si vous les trouvez.

              La fin du petit cheval c’est le mercantilisme international. On n’a pas compris que celui-ci broyait les nations et les hommes ou en tout cas cela n’a pas ému beaucoup de politiciens. Alors, qu’aujourd’hui ce soit pour des raisons climatiques que l’on lutte contre le mercantilisme international n’est pas une mauvaise chose car cela sauvera les nations et les hommes.

              Le pétrole n’est pas assez cher. Le jour ou le transport par bateau des chinoiseries coûtera cents fois le prix de la cargaison on commencera à respirer un peu.

              Comme toujours, l’article fait porter la responsabilité sur les peuples intelligents et travailleurs, soit disant de sales riches qui ont volé les gentils pauvres. C’est la démagogie à la mode. Il faut quand même savoir que la forêt amazonienne n’a pas disparu à cause des européens mais à causent des incendies permanents qu’allument les pauvres au bords de la route et que personne n’éteint. Ils font une récolte et vont brûler plus loin. En fait, pour diminuer la pollution il faudrait coloniser ces pays.

              L’idéal serait de produire ce que les marchés absorbent, sans rechercher une croissance infinie. Il faudrait des usines flexibles capables de produire un jour des avions et le lendemain des machines à laver ou des pantalons. Je rêve un peu mais cela fait du bien de temps en temps. smiley


              • Internaute (---.---.1.100) 30 mars 2007 16:03

              • Yoda (---.---.69.151) 31 mars 2007 04:48

                L’auteur de cet excellent article publié initialement le 19 janvier 2007 par le CADTM est bien Eric Toussaint et non Eric De Ruest : http://www.cadtm.org/article.php3?id_article=2397


                • Eric De Ruest (---.---.199.50) 31 mars 2007 11:25

                  Merci Yoda, j’ai fait ce que j’ai pu pour que cela apparaisse smiley


                • dapeacemaker (---.---.16.37) 31 mars 2007 15:58

                  pour que l histoire ne se repette pas eternellement, il faudra juger et condamner ces abrutis qui nous ont dirigés.... vers le precipice.

                  Couper des tetes ne reglera pas tout mais sera deja une bonne etape de franchie.

                  NON A LA PEINE DE MORT. sauf pour ces elites, il faut bien qu il existe un revers a leur medaille.

                  FDP de papon, on pourra pas lui trancher....quoi que ;

                  DPM


                  • (---.---.214.75) 8 avril 2007 00:25

                    Superbe article ! L’un des meilleurs sur l’écologie présent Sur Agoravox. Il met bien en évidence le role du capitalisme dans la destruction de la vie sur notre planète quand il n’est pas régulé par les valeurs humaines que sont le respect et la solidarité envers tous les etres humains !


                    • (---.---.189.192) 8 avril 2007 21:36

                      C’est un article anticapitaliste, car l’idée même du capitalisme est l’accumulation nécessitant toujours plus de croissance qui ne peut être réalisée qu’à travers la production d’objets commercialisables. Objets qui proviennent des ressources naturelles qui se raréfient et qui nécessitent une pollution plus ou moins haute de la conception à la commercialisation.

                      Le capitalisme est contraire aux valeurs humaines puisqu’il doit être pratiqué à l’intérieur d’un marché ouvert et concurrentiel favorable aux déjà fortunés et qu’il se réalise, par principe toujours au dépit d’autrui. C’est donc un marché de dupe et qui entretient l’illusion de l’american way of life à coup de matraquage publicitaire incessant. Le capitalisme, comme le communisme totalitaire ont montré leurs limites, c’est donc vers une troisième voix qu’il faut se diriger.

                      Une voie nouvelle s’exprime à travers le monde. Celle que les peuples du Sud essayent de sauvegarder et tentent de remettre au goût du jour. C’est la voie que l’altermondialisme construit patiemment depuis cette flambée de violence faite aux peuples et qui s’est exprimée pleinement sous l’axe du mal Reagan-Thatcher.

                      Une société ayant exclus l’autoritarisme au profit du bien commun, reniant la propriété et soucieuse de la nature qui nous héberge. Cela semble logique, alors que le discours médiatique dominant est le fruit de tant d’idiots utiles qui défendent le dogme productiviste et son funeste cortège de millions de morts sans admettre qu’à terme, c’est l’ensemble de l’humanité qui va plonger dans un chaos social et environnemental sans précédant

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