Comme quoi la pseudo ouverture de Sarkozy était un leurre...
Le 10 décembre était l’anniversaire des 60 ans de la déclaration universelle des droits de l’homme. Notre porteur de sac de riz africain, le trémolant colérique french doctor a étrangement choisi cette date pour assommer Rama Yade et faire un sort au secrétariat aux droits de l’homme.
Tout a commencé en fait quand la future ex-secrétaire aux droits de l’homme a refusé d’être tête de liste aux futures élections européennes en Ile-de-France. Notre Kondukator, qui transforme France Télévision en ORTF, comme il en avait transformé l’UMP (il y nomme et révoque les responsables), n’avait pas apprécié, mais pas du tout que Rama Yade ait décliné son ordre. On le sait ses colères ne sont ni froides ni de courte durée. Aussi a-t-il jugé bon d’en remettre une couche mercredi au conseil des ministres suivi d’une réunion avec les députés UMP reçus à l’Elysée. Je m’étonne toujours que la presse ne s’étonne pas à chaque fois que notre oseille et nos palais, après tout l’Elysée est à nous, le Guide n’en est que le locataire au nom de tous les français et non le propriétaire au nom de Sarkoland, servent les intérêts d’un seul parti et d’autant plus pour préparer des élections. C’est injuste et c’est de l’abus de bien national. Voilà ce qu’en rapporte Le Monde : La colère de Nicolas Sarkozy contre Rama Yade n’est pas, elle aussi, retombée. Avant la rencontre avec les parlementaires, le président de la République a fait une ferme mise au point en conseil des ministres : "Le devoir des ministres est de s’engager. Je leur demande aussi de s’engager aux élections. Leur position ne leur appartient pas. Il est très difficile de monter, plus facile de redescendre."
La secrétaire d’Etat aux droits de l’homme n’assistait pas au conseil mais ses oreilles ont dû siffler. Depuis dimanche, lorsqu’elle a publiquement annoncé qu’elle n’était pas intéressée par les élections européennes et qu’elle ne voulait pas être candidate en Ile-de-France comme l’y pressait Nicolas Sarkozy, beaucoup, dans la majorité, se demandent comment elle va pouvoir retrouver les bonnes grâces du président.
Autant vous dire que je n’ai pas été un fan de Rama Yade et que j’avais trouvé assez honteux et peu courageux son bal des faux-culs avec le Guide de tous les déserts arabiques et libyens, le prince des yourtes, soutenu dans un premier temps par une presse lèche-botte dithyrambique (celle qui sait dire non, souvenez-vous), alors qu’elle avait serré la main avec moult sourires dans son escapade sur la rive sud de la Méditerranée, et qu’elle avait ensuite expliqué avec bonnes courbettes l’excellente initiative de son mentor à Ray Ban. Mais voilà que el Ombre n’a pas été obéi. D’un coup d’un seul l’étoile montante, la symbolique minoritaire n’est plus qu’une imbécile et que cela se paye de faire un affront à l’étoile étincelante de notre bon peuple de France. Il serait bon de rappeler aussi que Rama Yade vient quand même de l’UMP, qu’elle ne vient ni de la gauche, ni du centre. Elle devait être l’autre preuve que, née hors de France - mais pas dans un bidon ville, ni après une vie de SDF, on peut malgré tout réussir. Mais le réducteur de têtes pense maintenant qu’elle l’a trop grosse et qu’il va lui montrer comment on peut la perdre en politique quand on résiste à l’Omnipotent.
Relisez cette phrase, elle est terrible : "Le devoir des ministres est de s’engager. Je leur demande aussi de s’engager aux élections. Leur position ne leur appartient pas. Il est très difficile de monter, plus facile de redescendre." Au-delà du fait que le mélange des genres persiste, c’est-à-dire qu’il n’y a pas de séparation de pouvoir entre l’exécutif et le législatif, on subodore ce que l’on disait que Louis XIV possédait, le pouvoir absolu. Les ministres ne s’appartiennent pas, et d’un seul geste, d’une seule phrase, le roi soleil peut les faire descendre en enfer.
Ce qu’il y a de détestable dans cette affaire, c’est que c’est notre roitelet qui l’a choisie. Il est le seul, principal, unique, tout puissant décisionnaire et a imposé sans âme ni conscience de la nommer dans le gouvernement. Toute sa responsabilité est engagée. Rama Yade n’est finalement que ce qu’elle est. Elle l’a été pendant près de vingt mois. Ce n’est donc pas d’aujourd’hui que notre lumière astrale la découvre. Alors si comme il le dit ou fait dire, elle n’a pas de sens politique, pourquoi donc l’a-t-il prise ? Cette affaire n’est pas anodine, elle est la preuve a posteriori de la grande imposture de l’ouverture. Rama Yade n’est là que comme appeau électoraliste et elle faisait bien dans le décor. Si elle décide d’avoir une position qui se respecte, au lieu d’en admirer le courage, pour une fois, au lieu de laisser le libre arbitre, Sarkoko n’a pas supporté qu’elle ne soit pas sa chose, sa poupée vaudou.
Ce qu’il y a de plus détestable encore, ce sont les commentaires que j’ai lus ici ou là. De bons petits umpistes qui se félicitent de sa mise à l’écart. C’est la curée des groupies. Des roquets d’Internet qui se vautrent dans les entrailles d’une future dépouille.
Ce qu’il y a d’abominablement détestable, c’est la réaction de Kouchner. Lui qui avait inventé l’ingérence humanitaire, ce qui est le symbole même des droits de l’homme, ce qui se veut la preuve justement qu’il ne faut pas vendre son âme pour des canons et de biffetons, voilà qu’il prend sur lui de déclarer que ce secrétariat au droit de l’homme était une erreur et qu’il l’assume. L’ému permanent a découvert au gouvernement la Realpolitik, ce mot affreux qui permet, en détournant le regard, de tendre une main pour recevoir de l’oseille de celle du bourreau qu’il a encore libre pendant que l’autre achève sa victime. Doit-on rappeler à Kouchner cette phrase de Sarkozy prononcée au parlement européen le 13 novembre 2007 : " Dans la démocratie européenne, j’ajoute que tous ceux qui ont fait l’expérience de renoncer à la défense des Droits de l’Homme au bénéfice de contrats, n’ont pas eu les contrats et ont perdu sur le terrain des valeurs." Comment alors va-t-il pouvoir justifier ce qu’il en dit en toute contradiction (Libération) : « Je pense que j’ai eu tort de demander un secrétariat d’Etat aux droits de l’Homme. C’est une erreur. Car il y a contradiction permanente entre les droits de l’Homme et la politique étrangère d’un Etat, même en France », affirme Kouchner.
Le chef de la diplomatie française a estimé que Rama Yade, qui dirige ce secrétariat d’Etat rattaché au Quai d’Orsay, « a fait, avec talent, ce qu’elle a pu ». « Vous ne pouvez pas tout faire respecter, et par conséquent vous êtes attaqués en permanence. Même quand vous agissez », ajoute-t-il.
« Diriger un pays éloigne évidemment d’un certain angélisme » […]
Pour Kouchner, « on ne peut pas diriger la politique extérieure d’un pays uniquement en fonction des droits de l’Homme. Diriger un pays éloigne évidemment d’un certain angélisme ». Ce vendu à sa cause, après voir enfoncé son poignard dans le cœur de Rama Yade, vrille sa dague et lui fait une oraison funèbre : Kouchner précise toutefois que ses propos visent « la structure, pas des personnalités ». « Il est important que Rama Yade s’occupe avec passion des droits des enfants et de ceux des femmes, notamment en matière de violences sexuelles. Il ne faut pas de titre pour être efficace », poursuit-il. Belle technique du compliment qui tue. Avez-vous noté ? : Il ne faut pas de titre pour être efficace. Ce qui veut dire qu’on va lui retirer le sien, de titre, à Rama Yade. Et si le contraire était vrai : avec des titres on est inefficace ? Si j’étais du 9-3, je dirais que Kouchner a une "langue de pute", mais comme je n’en suis pas, je ne le dis pas.
Cette fameuse ouverture dont deux exemplaires sont les acteurs de ce mini drame, cette tragédie à la grecque, comme les champignons, a ce goût acide et amer de la tromperie universelle et de la corruption des âmes. Kouchner trahit un idéal qu’il nous avait vendu. Kouchner trahit un membre du gouvernement pour plaire au Pacha. C’est lamentable. C’est triste. C’est la Républqiue sarkozyaque.
En fait, je vais laisser la conclusion à Rama Yade elle-même, lors, justement, d’un discours au Quai d’Orsay pour la remise du Prix des droits de l’Homme de la République française – attribué à cinq femmes – (Libération) : « Vous en trouverez toujours pour renoncer à ce beau combat » (Rama Yade).
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