Comment fumer au restaurant et en avion en toute légalité
Le titre de mon article m’a posé problème.
Ca aurait pu être :
« Comment économiser 2000 euros par an sans se priver ni se fatiguer. »
« Comment cesser de payer 400% de taxes. »
« Comment cesser de puer de la gueule (ou de refouler du goulot). »
« Comment retrouver le goût et le parfum des aliments. »
« Comment cesser de tousser et de crachoter. »
« Comment fumer l’hiver sans être obligé de se geler les couilles sur le balcon ou sur le trottoir du restaurant ».
« Comment entrevoir de longs voyages en avion sans d’atroces souffrances ».
« Comment retrouver plaisir à courir. »
Mais si j’avais titré : « Comment cesser de fumer », personne ne m’aurait lu parce que personne ne m’aurait cru.
Et pourtant, j’ai fumé pendant 48 ans, et cessé il y a 5 jours. Probablement pour toujours.
Je ne fume plus, je « vapote ».
Les vapoteurs sont les fumeurs de cigarettes électroniques. C’est un produit d’apparition pas tès récente mais dont on entend encore peu parler, sans doute parce qu’il contrarie un marché florissant, celui du tabac.
Petits rappels (ou prises de conscience) utiles :
Le tabac est une maladie qui autorise l’Etat à vous taxer à mort au prétexte de vous guérir.
Le tabac est une maladie qui touche beaucoup les gens pauvres, les « non-imposables », et qui permet à l’Etat de leur piquer en toute bonne conscience le quart de leurs maigres revenus, pour leur bien, naturellement, et de les taxer de ce fait bien plus lourdement qu’une Mme Bettencourt..
Le tabac est un truc qui permet à une moitié de la population d’emmerder l’autre, au prétexte que ce fut jadis le contraire.
A force d’aller payer ma contribution hebdomadaire aux gabegies de l’Etat à l’enseigne de la carotte (qui devrait plutôt être à l’enseigne du bâton, ou du coup de massue), j’ai fini par me laisser tenter par l’achat d’un de ces petits gadgets que les buralistes présentent timidement sur un coin du comptoir, sans doute par obligation légale, et sans grand enthousiasme, on peut le comprendre. Ne leur demandez pas de renseignements là-dessus, vous aurez des « bof ! », « des je-ne-sais-pas-trop », des « c’est-bien-cher-pour-ce-que-c’est ».
Donc, je me lance, j’achète. Dix euros, c’est pas donné.
Et là, je découvre. On peut dire que ça décoiffe. La première bouffée, lentement aspirée, c’est costaud, c’est chaud, ça irrite délicieusement l’arrière-gorge, et même ça fait tousser un peu parce que j’ai pris un modèle avec nicotine et que j’ai tiré un peu fort. Ensuite, on s’adapte.
J’ai pris un modèle à la menthe, et on a une impression de fraîcheur.
D’un coup, je comprends que je viens de trouver mon chemin de Damas (c’est à la mode, et l’OTAN voudrait bien le trouver aussi, pour y fumer toute la population après avoir enfumé le monde entier).
Pardon, je continue.
Donc, c’est comme le Canada Dry : le goût, la saveur, la belle fumée chaude, le parfum, mais pas une once de tabac. A part la nicotine, qu’on n’est pas obligé de choisir, ce sont d’un coup 4.000 substances plus ou moins cancérigènes dont vous savez qu’elles ne passeront plus par votre carrefour oro-pharyngé ni dans vos bronches. Enfin, pour moi, c’est une certitude immédiate.
Et là, vous remontez en haut de la page et vous comprenez d’un coup que tous ces nouveaux bonheurs sont pour vous. Que peut-être vous allez mourir d’autre chose que d’un cancer.
Le lendemain, je déchante un peu. Le truc au bout rouge qui s’allume quand vous tirez un coup, il ne s’allume plus après à peine plus d’une journée.
Fini, terminé.
Et vous faites les comptes : ça va tourner autour des 3650 euros par an, à ce rythme, de quoi se payer un petit 4x4.
Adieu, veaux, vaches, cochons, couvées.
Ce n’est pas possible, il doit y avoir un remède…
Internet, bien sûr !!!
Et là, c’est l’embarras du choix. Des tas de modèles, du pas cher à l’hyper-cher, mais tous se rechargent sur prise USB ou sur adaptateur secteur en ce qui concerne l’alimentation, et avec des recharges de liquides faits principalement de propylène glycol et de glycérine, qui sont à la base de la réaction chimique qui produit la vapeur d’eau que votre intellect assimile à de la fumée.
De plus, il y a un choix extravagant de parfums, des classiques aux exotiques, tabacs bonds ou bruns, cerise, chocolat, menthe glaciale, citron, coca-cola… la liste est interminable.
C’est dosé souvent à 11, 8 ou zéro mg de nicotine.
Ca vient de France ou de Chine ou d’ailleurs, et ça fait un peu peur.
Les kits vont de 50 à 250 euros. C’est cher, mais quand vous comparez à votre budget tabac, ça parait dérisoire, je vous explique pourquoi plus loin.
Mais ici est la limite d’internet. Une photo, ça ne vaut pas le toucher.
Et un parfum, ça ne se traduit pas bien en mots.
Ce qu’il me faudrait, c’est une boutique, avec une vendeuse, jolie de préférence, et qui va m’expliquer tout ça, me faire goûter tout ce qu’elle propose (je parle évidemment des parfums).
Et, miracle, je trouve : une boutique à La Rochelle, une autre à Poitiers.
75 minutes et 105 kilomètres plus loin, je suis à Poitiers, à deux pas de la gare.
La vendeuse est encore plus mignonne qu’espéré. Elle me montre tout, je goûte à toutes ses saveurs, et finis par conclure (elle m'avait même proposé des cigares et des pipes, sans rire...).
Pour 168 euros, voilà ce qu’elle m’a proposé :
Un kit avec deux e-cigarettes (pour éviter la panne de batterie).
Un mini chargeur autonome, et un chargeur secteur, avec le choix USB.
Un vaporiseur supplémentaire (vous apprendrez ça plus tard, et je donnerai des détails techniques si vous posez des questions).
Six flacons de liquide, avec ou sans nicotine, 4 tabacs, menthe et Capuccino, représentant l’équivalent de 90 paquets de cigarettes (8 euros par flacon de 15 équivalents-paquets, soit ½ euro le paquet).
Le premier mois pour amortir.
Ensuite, dépense annuelle équivalente à un mois de consommation actuelle.
Mais surtout, sacré bon sang de bois, je ne fume plus.
Je vapote, à la maison, à pied, à cheval et en voiture. Et j’emmerde mes anciens persécuteurs à pied, à cheval et en voiture.
Déjà les parfums me submergent, et les goûts me saturent les papilles.
Déjà je respire. Finalement, je crois bien que je vais vieillir.
J’aurais pas cru.
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