Comment sauver les retraites ?
Selon les prévisions du Conseil d’orientation des retraites le déficit du système par répartition sera de 22 milliards d’euros en 2020. Le Conseil envisage toutes sortes de solutions qui permettraient de corriger les inégalités du système, car celui-ci est non seulement financièrement fragile mais socialement contestable, car il défavorise les femmes, les faibles salaires, les affiliés à plusieurs régimes… Il y a quelque chose de décourageant à voir, au fil des ans, malgré l’allongement progressif de la durée de cotisation et le recul de l’âge de la retraite, les prévisions de retour à l’équilibre sans cesse contredites par les faits et l’incapacité de la nation à trouver un accord pour résoudre une fois pour toutes cette question par une réforme systémique
Avec l’allongement de la durée de la vie les pays européens sont confrontés au problème d’une population de retraités en augmentation constante avec une durée de retraite plus longue. Avec le système actuel, la situation s’aggrave de jour en jour, et on voit déjà se profiler un conflit entre les générations dans lequel les travailleurs accuseront les retraités de ne pas avoir réformé un système qui mène inévitablement à la faillite.
Les solutions pour assainir le système des retraites sont : réduire le montant des retraites ; augmenter les cotisations ; reculer l’âge de départ à la retraite ou … accorder une place au système par capitalisation. Mais cette dernière possibilité est rejetée avant même d’être examinée. Les syndicats et la plupart des responsables politiques, de gauche comme de droite, sont catégoriquement contre le principe de capitalisation, ne serait-ce que pour une petite partie, comme en Suède.
L’Allemagne est le premier pays européen à avoir introduit dès 1989 le système de retraite par répartition, mais depuis elle s’oriente vers la capitalisation afin de limiter la hausse des prélèvements obligatoires et garantir l’évolution du niveau des retraites. Ainsi, le taux de cotisation passera de 19 à 22% d’ici à 2030. Et le taux de remplacement diminuera de 70% du dernier salaire à 64%. Une loi garantit que le niveau net des pensions ne tombera pas en dessous de ce seuil de 64%. Dans le cas contraire le gouvernement devra prendre des mesures pour y remédier. Les Allemands sont donc incités à ouvrir un compte épargne subventionné par l’Etat.
Le système de retraite par capitalisation est mieux adapté à la situation démographique et économique actuelle. On constate aussi qu’il coûte moins cher : au Royaume-Uni, avec un système de retraite par capitalisation, le coût des retraites est nettement inférieur au coût des retraites en France. Depuis 2001, toute entreprise de plus de 5 salariés à l’obligation d’instituer des plans de retraites par capitalisation standardisée, concernant tous les salariés de plus de 18 ans embauchés pour plus de trois mois.
La Suède est exemplaire en matière de reforme des retraites. Après un long processus de dialogue social et en réponse à une espérance de vie parmi les plus élevée d’Europe, ce pays a effectué de profondes reformes : la cotisation (partagée entre les salariés et les employeurs) correspond à 18,5% du salaire brut. 16% financent le régime par répartition et les 2,5% restants alimentent un compte individuel de capitalisation, placé sur les marchés financiers sous le contrôle d’une agence gouvernementale.
Les Pays-Bas, le Danemark et l’Irlande ont adopté un système alliant un système de forfait où la retraite est la même pour tous et un système par capitalisation.
En France il y a des systèmes de retraite par capitalisation qui fonctionnent de façon satisfaisante, par exemple celui du Fonds de Reserve des Retraites (FRR), d’autant plus qu’il est géré par les syndicats. Cette Caisse n’a été créée qu’en 2004 et son rendement qui était de +8,8% fin 2007 était encore positif au pire de la crise fin 2008.
Dans le système par capitalisation, les actifs constituent une épargne placée sur les marchés financiers et dans laquelle ils puiseront le moment venu pour leur retraite. Chaque individu épargne pour sa propre retraite, il ne dépend donc pas du nombre d’actifs pour la financer. La faille dans ce système est, évidement, le grand danger de l’effondrement du système lors d’une crise boursière. Pour cette raison le système doit être géré et garanti par l’Etat, qui garantit le taux du remboursement. L’épargne ainsi constituée en vue de la retraite peut servir à financer l’investissement et créer des emplois.
L’argument le plus souvent avancé contre le système par capitalisation se résume dans le mot solidarité. Solidarité entre les générations. Mais avec cet argument on introduit de l’idéologie dans un problème économique. Le financement de la retraite est un calcul économique et non pas une démarche généreuse. La morale n’y a rien a faire. Il est vrai qu’il est politiquement correct de parler de solidarité, et on ne peut qu’approuver ce beau principe, mais il ne nous aidera pas à assainir le système. D’ailleurs, le système par capitalisation offre une meilleure solidarité entre les générations : en s’occupant de sa propre retraite nous enlevons un lourd fardeau à nos enfants. Cela ne veut pas dire qu’il faut abandonner la répartition, mais de toute évidence il va falloir y introduire une dose de capitalisation.
Sources :
http://www.libres.org/francais/dossiers/retraites/retraites_12_a4_0803.htm
http://www.academon.fr/Dissertation-Faut-il-réformer-notre-système-de-retraites-français/12506
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