Congrès de Reims : Sarkozy bientôt réélu
Les ruades de François Hollande n’y changeront rien : Ségolène Royal enlèvera sans doute le PS, à Reims, et proposera Vincent Peillon au poste de premier secrétaire. Le début pour la dame du Poitou du long chemin vers l’élection présidentielle de 2012, à laquelle elle pense même sans se raser.

Il aura tout tenté, François Hollande, tout essayé : avec une fougue, si ce n’est une rage qu’on ne lui connaissait que peu, le député corrézien s’est échiné ces derniers jours à persuader les socialistes, toutes motions confondues, que Ségolène Royal n’était ni une évidence, ni une fatalité, que d’autres combinaisons était possible, que ce n’était pas parce qu’elle revendiquait une modeste victoire à 29% qu’il allait de soi qu’elle devait triompher définitivement à Reims. Rien n’est fait, rien n’est joué, tant que le coup de sifflet final n’a pas retenti, comme dirait Larqué, on ne sait jamais. Seulement voilà, Hollande est bien le seul à y croire.
Delanoë, vexé par son pauvre score, talonné même par Martine Aubry, a pris un coup de vieux. Le maire de Paris, qui pensait sans doute que quelques vélos et une plage suffiraient à convaincre la gauche, est tombé de haut, faute d’une campagne audible, faute d’un positionnement précis. Cet homme sympathique, sans doute, n’est visiblement populaire que dans les sondages d’opinion, ceux là même qui placent au panthéon des grands français Dany Boon ou Yannick Noah, c’est tout dire. Bertrand Delanoë a compris qu’il devrait désormais avaler son chapeau, rentrer dans le rang, et finir sa carrière politique, somme toute modeste, à la mairie de Paris, où il pourra, avec le talent qu’on lui connaît, nettoyer les trottoirs et divertir les rugbymen.
Delanoë n’y croit plus, et Martine Aubry non plus. Elle sait bien que Royal la déteste et ne lui fera aucun cadeau, et elle doit, elle aussi, s’asseoir sur son orgueil et accepter le ralliement, faute de quoi elle sombrera dans l’oubli d’où elle n’aurait peut-être jamais dû sortir. Derrière, loin derrière ces jeunes vieux là, il y a quelques énervés résistants cacochymes, comme Henri Emmanuelli, qui n’en peut mais, ne veut pas entendre parler de Royal, et demande aux autres socialistes d’avancer en rang serré contre l’ennemi royaliste. Le Tout Sauf Ségolène, c’est lui ! Une manière comme une autre d’exister encore un peu pour cet antique personnage, ni populaire ni lucide, mais rancunier et amer, qui court après un destin qui ne l’a jamais rattrapé. Avec Emmanuelli, on frise le pathétique. Alors qu’avec Mélenchon, on se marre ! L’homme éructe, s’énerve, s’emporte, claque la porte, dans un faux élan spontané qui ne trompe personne : gueuler plus fort que les autres est une manière vieille comme le monde de se faire entendre.
Et les jeunes pousses ? Benoît Hamon sort du lot. Propre sur lui, c’est la version bourgeois bohême du PS, avec beaucoup plus de neurones que Cali, au hasard. Hamon voit d’un bon œil le coup d’éclat de Royal, signe pour lui de changement, d’évolution. Il paraît difficile de ne pas considérer Hamon comme une sorte d’avenir du PS, même si cet avenir là, noyé dans la flotte royaliste, pourrait disparaître aussi vite qu’il émerge. Mais l’homme dans l’immédiat est trop discret, et semble ne pas avoir compris qu’avoir des idées et être élu sont deux choses très différentes. Mais Hamon a-t-il de l’ambition ? Ou se destine-t-il simplement à devenir un des plus efficaces soutien de Madame Royal ? Parce qu’on en est là, au PS : soutenir ou pas Ségolène Royal dans son irrésistible ascension vers l’Elysée. Une Ségolène qui depuis quelques jours doit être regonflée à bloc, par le succès (relatif) de sa motion d’une part et surtout par l’élection d’Obama aux Etats-Unis. Parce qu’avec la très limitée faculté d’analyse qui est la sienne, nul doute que Royal aura pris l’élection américaine comme un bon présage. Alors que bien sûr il n’en est rien : l’élection d’Obama est tout sauf une surprise. L’homme a vaincu sans combattre, faute de combattant. N’importe qui contre Mc Cain l’aurait emporté, contre Mc Cain et vu l’état dans lequel Bush a laissé le pays. Et tout le monde le sait. Libre aux beaux penseur ou aux philosophes d’opérette qu’on ne critiquera jamais assez violemment, jamais assez méchamment, de penser que la victoire d’Obama est une « révolution », ils ne trompent que les gogos. De même que Ségolène Royal ne convainc que les gogos.
N’en déplaise à Laurent Joffrin et aux autres royalistes rive gauche, Ségolène Royal n’est pas l’homme de la situation. Seul sans doute le libertin du FMI, DSK, pourra être en mesure de contester Sarko, sur sa conquête d’un deuxième titre. L’évangéliste du Poitou, elle, ne fera que perdre encore, et pour une raison qu’il est facile de comprendre : comme son futur associé Bayrou, elle ne court qu’après elle-même.
47 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON