Controverse autour d’une plante : l’iboga
L’iboga vient d’être classée comme stupéfiant par le
gouvernement français qui dénonce des pratiques sectaires ainsi qu’un désintérêt
thérapeutique.
Les effets antiaddictifs de l’iboga ont été mis à jour par
Lotsof, dans les années soixante. Divers pays étudient sérieusement cette
plante
"Que cela plaise ou non á la FDA, le fait est que des
centaines, sans doute même des milliers de gens ont été traites á l’ibogaïne",
assure Stanley Glick, médecin et pharmacologiste à l’Albany Medical Center de
New York, qui a travaillé sur les propriétés antidépendance de l’ibogaïne chez
les rongeurs. Kenneth Alper, maître assistant en psychiatrie á l’université Columbia,
estime que plus de 5000 personnes ont pris de l’ibogaïne depuis qu’une clinique
a ouvert à Amsterdam, vers la fin des années 1980. A en croire Boaz Wachtel, un
partisan israélien de l’ibogaïne, une quarantaine de cliniques utiliseraient ce
produit dans le monde.
Une controverse est mise en évidence suite à la parution au journal officiel de ce classement de l’iboga.
La Slovénie a engagé des études très sérieuses concernant
l’iboga, les conclusions sont diamétralement opposées au rapport français : les
scientifiques slovènes ont découvert des particularités intéressantes
concernant l’iboga
Mais peut-être est-il préférable de laisser le lecteur se
faire une idée de ces deux rapports.
Point de vue français :
Le ministre de la Santé et des Solidarités a décidé de
classer comme stupéfiant l’arbuste Iboga ainsi que l’un de ses composants,
l’ibogaïne (et certains produits dérivés) par un arrêté publié au Journal
officiel du 25 mars 2007. Cette décision fait suite à la proposition de
l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) après
avis de la Commission nationale des stupéfiants et des psychotropes, en raison
de leurs propriétés hallucinogènes et de leur grande toxicité.
Tabernanthe Iboga, également appelé iboga, est un arbuste présent
dans les forêts équatoriales d’Afrique de l’Ouest, en particulier au Gabon, au
Cameroun et au Congo où cette plante est utilisée au cours de rites
initiatiques et religieux. En France, l’utilisation de l’Iboga tend à se développer
dans le cadre d’activités sectaires au travers de séminaires de « revalorisation
de soi » et de « voyage intérieur », notamment en Ardèche, dans le Calvados et
l’Eure-et-Loir. L’Iboga est également disponible sur Internet, où cette plante
fait l’objet d’une promotion active.
La racine de l’Iboga contient une douzaine d’alcaloïdes,
dont l’ibogaïne qui est une substance proche de celles présentes dans différentes
espèces de champignons hallucinogènes et dans l’Ayahuasca. L’ibogaïne est un psychostimulant à faibles doses. A doses plus élevées, elle est responsable
d’hallucinations visuelles et auditives, parfois très anxiogènes et pouvant
conduire à l’acte suicidaire. Par ailleurs, sa neurotoxicité a été démontrée
chez l’animal, par l’observation d’atteintes du cervelet.
Actuellement aucun intérêt thérapeutique n’est démontré ni
pour l’iboga ni pour l’ibogaïne, bien que celui-ci ait été évoqué et étudié notamment
dans le traitement de la dépendance aux opiacés, à la cocaïne et à l’alcool (Etats-Unis
et Israël).
En 2005, le décès d’un homme ayant consommé une infusion
d’iboga a été signalé en France. Ce décès s’inscrit dans un contexte
international où l’on relève près d’une dizaine de décès liés à la consommation
d’ibogaïne sans toutefois que les mécanismes de survenue soient totalement élucidés.
Ces décès ont eu lieu généralement plus de vingt heures après la prise d’iboga,
parfois consécutifs à une ingestion de faibles doses.
L’Afssaps avait, en conséquence, ouvert une enquête afin d’évaluer
la toxicité et le potentiel d’abus et de dépendance de cette plante. Cette enquête
a été confiée au réseau des centres d’évaluation et d’information sur la
pharmacodépendance (CEIP).
Compte tenu des effets neurotoxiques, des propriétés hallucinogènes
de l’iboga et de la survenue croissante d’intoxications aiguës ayant conduit à des
cas de décès, le ministre chargé de la Santé a décidé, après avis de la
Commission nationale des stupéfiants et des psychotropes réunie le 19 décembre 2006
et sur proposition de l’Afssaps, d’inscrire sur la liste des stupéfiants :
L’ibogaïne est un alcaloïde de la plante africaine iboga qui
intrigue les esprits depuis trente ans du fait de ses vertus supposées en terme
de traitement des différentes sortes de dépendances. Un projet de recherche sur
les effets de l’ibogaïne a été entrepris sous la direction du Centre de médecine
anthropologique, et plus précisément, de son Institut de la " pensée
ouverte ", l’OMI
Cet institut, créé en novembre 2005, s’est donné pour
mission la recherche et le développement expérimental en médecine selon deux
axes : la vérification scientifique des méthodes de soins empiriques et
traditionnelles et le développement de nouveaux types de traitement. L’objectif
principal de l’OMI est donc de développer une approche globale de la santé,
prenant en compte états physique, mental et social.
Ce travail de recherche sur l’ibogaïne a constitué le
premier projet dirigé et coordonné par l’OMI, regroupant un grand nombre de partenaires
: la faculté de pharmacie, la faculté de biotechnique et la faculté de médecine
ont coopéré à la partie scientifique du projet, tandis qu’ont apporté leur
soutien l’Office des drogues, l’Institut de protection de la santé, le ministère
de la santé, la ville de Ljubljana, la faculté des sciences sociales, le Centre
de la santé mentale, la faculté d’informatique, l’Institut Open society, ainsi
que certains particuliers.
L’ibogaïne surprend surtout par sa propriété inhabituelle : ses
effets se prolongent au-delà de sa présence dans le corps. Ainsi, les personnes
qui en ont consommé rapportent une amélioration de leur sentiment de bien-être
et de leur humeur plusieurs semaines, voire des mois, après une prise unique.
Le projet de l’OMI s’est appuyé sur des éléments matériels
et l’analyse protéinique. Il a étudié en quoi la coupe protéinique des tissus
exposés à l’ibogaïne différait des tissus de référence, puisque cet effet
prolongé constaté lors de la prise d’ibogaïne n’est possible que si s’opèrent des
modifications fondamentales, tant structurelles que fonctionnelles. Les
scientifiques s’attendaient à des modifications sur les voies métaboliques spécialisées
et ont été extrêmement surpris du fait que l’ibogaïne provoque une activation
accrue des enzymes qui participent au métabolisme énergétique. Ce dernier est
le point de départ et la condition de tout ce qui se passe au sein de la
cellule et le carrefour métabolique central. L’équipe a pu démontrer
l’induction des enzymes responsables de la glycolyse, ce qui favorise la
vitesse de combustion des sucres et donne plus d’énergie à la cellule.
Des neurotrophines se libèrent sous l’effet de l’ibogaïne ;
ces substances servent entre autres au renouveau des neurones. Elles sont
fondamentales pour la création de réseaux d’association alternatifs permettant
le remplacement de comportements pathologiques par d’autres. La qualité des
soins exige un accompagnement par une thérapie de soutien.
Cette information est un extrait du BE Slovénie numéro 41 du
13/04/2006 rédigé par l’Ambassade de France en Slovénie. Les bulletins électroniques (BE) sont un service ADIT et sont accessibles gratuitement sur
www.bulletins-electroniques.com
Nous sommes donc en droit de poser quelques questions :
Pourquoi les études slovènes mettent-elles en évidence que
l’ibogaïne a des effets particulièrement intéressants qui peuvent aider dans
certaines pathologies, a
Les dépendants soignés et guéris de leur addiction dont les
témoignages parsèment le Net, sont-ils les victimes de pratiques sectaires
leurs faisant croire qu’ils sont guéris des drogues ?
Traduction de : http://www.laweekly.com/ink/03/40/features-pinchbeck.php
La Chambre de thérapie d’Ibogaine à Vancouver, Colombie
britannique, ouverte en novembre passé. « Jusqu’ici, nous avons traité quatorze
personnes tout à fait bien, » dit l’émeris de Marc, le fondateur de la clinique
aussi bien que la tête de la partie de marijuana de B.C. « Elles ont toute la
parole que leurs vies ont été améliorées. » L’émeris, surnommé « le prince du pot, »
place la clinique libre avec le montant de ses affaires réussies de chènevis. «
Ibogaïne arrête le penchant physique sans causer le retrait, et il traite les
questions psychologiques fondamentales qui mènent à l’utilisation de drogue. »
Depuis que Lotsof en 1962 a découvert les effets antiaddictifs
de l’iboga, toutes les études, bien que confirmant ces effets, ont avortées et
seule l’étude slovène est significative :
Soutenues par des gens le plus souvent étrangers au monde médical
et universitaire, les recherches sur l’ibogaïne commencent à faire parler
d’elles. Il s’agit pourtant d’un produit interdit aux Etats-Unis. Depuis
plusieurs décennies, des passionnés tentent de faire légaliser cette substance
hallucinogène, un alcaloïde tire d’une plante d’Afrique de l’Ouest, l’iboga,
qui est censé supprimer l’accoutumance et l’état de manque chez les toxicomanes.
La Food and Drug Administration [FDA, organisme charge de l’approbation des
produits pharmaceutiques] a donné son feu vert à un essai clinique en 1993,
mais le National Institute on Drug Abuse [NIDA, Institute national sur les
toxicomanies] a décide de ne pas le financer, des consultants ayant estimé que
ce produit ne serait pas sans risques.
Une poignée de chercheurs continuent cependant à l’étudier
pour ses capacités à traiter la dépendance. Ils se sont récemment réunis à New
York pour passer en revue un certain nombre de travaux ayant pour but de séparer,
parmi les métabolites de l’ibogaïne (produits issus de leur transformation
biochimique par l’organisme), les composants ayant une action sur la dépendance
et ceux ayant des effets hallucinogènes. Certes, une recherche lancée sur Pub
Med (base de données biomédicales) renvoie à environ 200 articles sur des études
en laboratoire, mais les essais cliniques ne concernent qu’une dizaine de
patients. La raison en est que les patients cherchent à se faire traiter
clandestinement.
Actuellement des drogues de substitution aux effets bien
plus dévastateurs que l’iboga sont distribuées sans restrictions et seuls 5 % s’en
sortent, sans parler des effets à long terme que nous ne connaissons pas encore
Après une petite enquête, j’ai rencontré des personnes
sorties de leur dépendance et ayant repris une vie normale depuis suffisamment
longtemps pour que ce soit significatif.
Pourquoi ne veut-on pas prendre ces cas en considération ?
Pourquoi l’iboga n’est-elle pas étudiée sérieusement au
niveau mondial, afin de tirer le meilleur parti de cette plante aux multiples
facettes ?
Je n’ose croire que des intérêts financiers ou autres
sabotent toutes recherches, au détriment d’une jeunesse à le dérive, devenant
de ce fait un énorme vecteur de bénéfices.
La prohibition peut-elle stopper l’engouement du public pour
cette plante ?
Ce que confirme la tendance générale.
Et l’interdiction n’y changera rien.
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