Création du nouveau PC, le parti des cocus. Pour un contrat anti-social
Les récents événements à la Bourse et dans les rouages des Etats ont montré avec quelle vigueur les gouvernements peuvent réagir. La réaction ne n’est pas fait attendre. Plus de 11 points de hausse pour le Cac 40 et Wall Street dans son sillage. Et plus de 14 pour le Nikkei ! En une seule journée ! Un record depuis la création de cet indice ! Grâce à tout cet argent déployé par les chefs d’Etat occidentaux. Il n’y a pas de miracle. C’est tout simplement l’effet des mesures décidées par les gouvernements des pays les plus riches. Les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et les puissances de la zone euro. Dieu merci, l’addition est en euros, en francs, cela aurait donné 2 400 milliards de francs, une annonce à produire quelques infarctus. Le citoyen lambda qui suit ça d’assez près a l’impression d’être un peu cocu. Non ?

Ce 13 octobre, une folle journée, après le week-end qui a précédé. Ce matin, Borloo osant affirmer que l’analyse de nos gouvernants a été excellente et que l’Europe a presque sauvé le monde. Je vous demande de ne pas rire ! Nous ne savons pas où nous sommes. Les capitaux s’en vont et ça revient comme un lundi au soleil succédant au lundi noir. Les indices se déforment telles des montres de Dali. Honnêtement, nul ne comprend rien sauf une chose, la représentation de cette partie jouée par les élites a tout d’une farce. On dirait une nuit à l’Opéra des frères Marx. Surtout la scène où, pendant le sérieux d’un opéra classique, les décors sont intervertis. En 2008, une nuit à la Bourse, ça donnerait des traders qui se marrent, font des affaires, alors que le décor de la crise de 29 serait déployé, puis le Titanic coulant. Nous avons l’impression de vivre dans un mauvais film de série B. A la pleine lune, quelques promeneurs solitaires hantent les jardins de la philosophie, se souviennent de Rousseau en écoutant du Trust, antisocial tu perds ton sang-froid, mais ne perdons pas la boule et soyons désinvoltes, n’ayons peur de rien, eureka ! L’Occident vient d’inventer le contrat anti-social, que même pas Rousseau il y avait pensé. Le contrat antisocial est basé sur une volonté non générale. La politique se fait au nom de cette volonté particulière, laquelle ? Celle des financiers, des épargnants, des actionnaires ? Nous n’en savons rien, mais si un parti devait se porter garant de ces décisions, ce serait le nouveau parti des cocus. Que nous allons inviter dans ce film de série B. Un peu comme la réflexion d’un intellectuel restant perplexe et n’ayant pas tout compris, sauf que nous n’allons plus regarder les politiques du même œil. Quelque chose dont nous ne savons pas le nom s’est produit semble-t-il. Pour l’instant, c’est étrange, on nous bassine avec ces liquidités qui ont disparu et pourtant, tout d’un coup, sans que les Etats aient encore claqué le moindre sou, les liquidités sont revenues. Car il faut bien quelques liquidités pour acheter toutes ces actions et payer les dix points d’augmentation, ce qui fait une somme vertigineuse au vu des capitalisations à Paris, New York, Londres, Tokyo, et j’en passe… cocu serions-nous, non, j’le crois pas !
Il fut un temps où les prolétaires, les travailleurs, étaient nombreux, aspirant pour la plupart à participer à la vie politique, à élever leur niveau de vie en contrôlant par la voie gouvernementale la répartition des salaires et des revenus du capital. Certains voulaient même prendre le pouvoir au nom d’une classe. Dictature du prolétariat. Le parti communiste pesait 20 % dans les années 1960. Puis, le grand rêve du grand soir s’est achevé. Et l’histoire s’est déroulée. En 2008, un statut spécial justifie que des millions d’individus se rassemblent. Non pas pour changer le système, mais se défendre. Ce statut, ce n’est ni celui de précaire, de prolétaire, de classe moyenne. C’est tout simplement celui de cocu. Il faut trouver un sigle. FLNC, Front national de libération des cocus, ça fait un peu lutte armée. UFC, Union fédérale des cocus, ça fait un peu club de boulistes. Nouveau PC, ça le fait, c’est simple, Parti des cocus, simple comme des histoires de cocus et cocues. Maintenant, il y a les anciens cocos et les cocus.
C’est l’histoire d’une femme. Son mari rentre tous les soirs à 19 heures. Au total, il fait 50 heures par semaine, mais il raconte à son épouse que, s’il refuse, son patron le met à la porte. Jusqu’au jour où cette femme surprend son mari vers 17 h 30 au bras d’une belle. Elle suit le couple illégitime qui entre dans un immeuble… et voilà, le flash, le moment de vérité.
C’est l’histoire d’une autre femme. Son mari lui impose de manger des pâtes à presque tous les repas ou du moins il lui refuse un petit resto. Il lui dit que son patron l’a mis au chômage technique et que son salaire a baissé. Un jour, cette femme passe près du casino. Elle suit son mari, et constate qu’il passe deux heures en face des bandits manchots. Là aussi, tromperie, flash, elle tombe des nues, enfin presque, car l’intuition féminine se doute bien que…
Et maintenant une autre histoire. Qu’on va raconter en France, mais qui pourra être transposée dans d’autres pays occidentaux. C’est l’histoire d’un peuple, à qui on raconte que les Etats n’interviennent pas dans l’économie, parce que le système libéral a ses prérogatives et, tout d’un coup, le citoyen médusé apprend que des centaines de milliards d’euros, de dollars, sont injectés dont une part, pour entrer dans le capital des banques. C’est l’histoire de Français, à qui on raconte que les caisses sont vides. Que, pour financer le RSA, il faut réduire la prime pour l’emploi et faire payer les travailleurs modestes. Face au tollé, on rebrousse chemin et on taxe l’épargne des classes moyennes. Personne ne veut payer pour le RSA. Un milliard d’euros à trouver, ce n’est pas possible. Tout le monde se défile, personne ne veut payer, comme les frais de notaire quand il faut toucher l’héritage de la vieille, au XIXe siècle. Mais 360 milliards pour garantir la finance dont une partie sera injectée pour capitaliser les banques soi-disant en difficulté, c’est possible. De quoi assurer les prêts interbancaires devenus moins sûrs à cause de la voracité des financiers. Une assurance gratuite pour les financiers, ici comme aux States, mais des tas de gens n’ont pas d’assurance santé et ne peuvent se payer des soins. Quoique certains aient plus besoin de soins neuronaux pour vivre et se doter d’une conscience politique.
Les caisses sont vides, mais tout d’un coup elles sont pleines. Les Français ont été trompés. Mais, comme dans l’histoire de la femme cocue, le mari saura raconter les raisons de son attitude. Et ça passera. La femme cocue, tout l’entourage est au courant, mais fait semblant de ne rien voir. Et puis, après tout, elle l’a bien mérité, n’avait qu’à mieux s’occuper de son mari. Les Français l’ont bien mérité, n’avaient qu’à mieux s’occuper de la politique. Les Français sont trompés, cocus, mais ils font semblant de ne rien voir. Comme l’épouse trompée, qui garde son toit et a de quoi manger chaque jour. Les Français sont rassurés de leur épargne. Ils sont cocus, mais heureux au final, rassurés, tout va bien. La femme trompée, même si tout le monde sait, elle fait avec et se dit qu’une petite vie bourgeoise vaut bien quelques arrangements avec les règles morales. Les Français trompés, ils en sont au même stade, ils se disent qu’ils ne s’en sortent pas si mal, après quelque panique sur les marchés et la peur de voir fondre leur épargne. Qu’on soit épouse dépendante ou citoyen tributaire d’un Etat, on doit s’attendre à être cocu parce qu’on n’est pas assez libre, trop dépendant du système, et même que certains s’endettent joyeusement pour se mettre en état de dépendance, ils consomment à crédit et sont heureux dans l’état d’esclavage financier où ils se sont mis.
Toute cette comédie est vieille comme le genre humain dépeint par Molière et Balzac. Mieux vaut en rire, surtout à lire les commentaires des internautes et leur promptitude à ricaner des solutions alternatives, tout en gardant le sérieux affecté face aux mesures décidées, feignant de ne pas être cocus, trompés par leur propre vénalité ou alors leurs croyances formatées.
Ce qui est amusant, dans cette création du parti des cocus, c’est que lorsqu’il y aura des primaires pour les présidentielles, la presse parlera des cocus, comme aux States. On sera vraiment tendance.
Au bout du compte, les cocus de l’Etat financier en sont au même stade que la femme soumise et devant subir l’adultère parce qu’elle n’a pas les moyens de son émancipation. Les citoyens devront subir ou se débrouiller pour s’émanciper. A titre d’exemple, j’ai proposé un plan assez inédit où l’Etat, au lieu de faire cocus les citoyens, tente de les émanciper par la voie financière. Je me suis fait ricaner au nez. Ce qui prouve bien que la majorité des concitoyens n’a pas d’autre issue que d’être cocufiée. C’est d’ailleurs le destin qui colle à leur âme. Ils ont choisi par défaut d’être les dindons de cette farce parce qu’au fond ils ne s’y trouvent pas si mal, ils se sentent dans une bulle et peuvent se défouler sur internet. Tout en prenant la pose du gars responsable, sérieux, le verbe emprunté, affecté par les tourments, prêt à déployer une prose de l’indignation puis retourner dans sa bulle. Le cocu sait parfois exprimer une saine colère, comme la femme trompée qui, à l’occasion, cassera quelque vaisselle après une scène de ménage pour poursuivre sa vie de soumise.
Les desperate housewifes sourient aux citoyens désespérés, désenchantés, décérébrés d’Europe. L’internationale des cocus sera le genre humain. C’est la chute finale, le naufrage d’une civilisation ! Le naufrage des sociétés occidentales. Cette crise financière est coordonnée au naufrage des sociétés achetées par la finance « comme les Allemands l’ont été par Hitler ? » Des sociétés en décomposition culturelle, vouées aux profits réalisés sur le marasme spirituel de jeunes âmes formées à devenir des sous-hommes, notamment avec la complicité des radios comme Fun, NRJ et Skyrock.
Je viens de créer le parti des cocus, mais je reste marxiste dans le sens Groucho, et ne rejoindrai le parti des cocus que s’il ne m’accepte pas comme l’un de ses membres. Quoiqu’il se puisse bien que, cette fois, j’aie réinventé l’eau chaude. Le parti des cocus, ça existe déjà, sous plusieurs dénominations, le PS, le MoDem, l’UMP.
Ce billet laissera sans doute un goût amer aux lecteurs. Ce qui mérite un adoucissement. Car les Français, même si un bon nombre sont vérolés, ne méritent pas d’être blâmés. Si les Français sont cocus et qu’il y a tromperie, c’est parce que le système de la finance inclut une tromperie qui fonctionne légalement et qui vient d’être soignée par les Etats. Des Etats qui, pourtant, n’iront pas chercher les liquidités où elles se trouvent, dans les paradis fiscaux notamment. De là naît aussi la tromperie, ce qui justifie aussi le sentiment de l’impuissance de la femme trompée par son mari maître du budget, aussi trompée que la société civile face aux règles comptables de la finance internationale qui tolèrent ces zones de non-droit fiscal où se joue la tyrannie financière. C’est étrange, ces nations qui s’entendent pour trouver l’argent en faisant payer le contribuable, mais semblent si démunies face aux paradis fiscaux. Est-ce si difficile d’intervenir avec l’ONU à Monaco ou dans les îles Caïman et y placer des Casques bleus et la police financière ? On ne sait plus qui des financiers ou des politiques ont le pouvoir. Et tout est fait pour que personne n’y comprenne rien, avec des produits financiers qui, si ça se trouve, n’ont pas du tout l’effet dynamisant sur l’économie, mais sont le fait d’une production industrielle du profit financier servant à pomper l’argent de l’économie réelle. Une mécanique du pompage. Des ficelles vieilles comme le monde. Dès qu’on maîtrise un outil, on peut asservir le monde et s’en servir. C’est ce que faisaient les prêtres de la simonie au Moyen Âge. Ils avaient le savoir de Dieu et jouaient sur la peur des gens face à l’au-delà. Une diabolique mécanique s’est sans doute mise en route en 2008, avec des indices qui plongent, des peurs économiques et financières, l’épargne de l’ici-bas, pas un paradis, mais une sécurité, la peur, la peur et, au final, ce même mécanisme, ceux qui en profitent.
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