Critique de la pyramide de Maslow
La pyramide de Maslow recense les motivations humaines en commençant par présenter les plus vitales (à la base de l'édifice), pour monter graduellement jusqu'aux aspirations les plus détachées de la contingence et de la réalité. Mais, parmi les motivations mentionnées n'apparaît nulle part la Confiance, condition aussi essentielle que le désir et que la Connaissance, mais aussi cause originelle du bonheur !
L’erreur de Maslow est d’avoir sous-estimé la confiance qui n’apparaît qu’au 4ème niveau, encore n’est-ce que sous l'aspect de la confiance en soi, dans le sens réduit d’estime de soi. L’erreur de Maslow est d’avoir défini de manière restrictive la confiance. Or, celle-ci n’est pas tournée que vers soi, elle est aussi tournée vers les autres. De plus, contrairement à l’estime de soi, elle n’est pas mesurée à l’aune des valeurs. Cette idée limitée de la confiance fait que Maslow ignore aussi du même coup l’autonomie, cette condition qui ne s'épanouit que dans la confiance.
Pourtant le concepteur de ce schéma s’appuie sur l’idée de motivation derrière laquelle se cache toujours un besoin fondamental. Mais comment peut-on s’imaginer que le besoin le plus fondamental de tous, la confiance, ne soit pas à l’origine d’une motivation ?
A moins que Maslow ait écarté la confiance générale au motif qu’elle n’est pas un besoin à satisfaire mais seulement une condition de l’achat (confiance du client, confiance du consommateur) ? Il aurait en ce cas résumé l'individu à son rôle de consommateur.
La confiance "éparpillée façon puzzle" !
La dispersion de la confiance par Maslow ne me convient pas. On la voit transparaître dans l'estime de soi, mais aussi un peu dans les besoins affectifs, et dans la sécurité. Or, à mon sens la Confiance n'est pas une chose dispersable, ni découpable. Tout au plus peut-on isoler l'estime de soi, mais en ce cas il ne faut pas pour autant omettre les autres aspects de la confiance.
La confiance est, dans la présentation du schéma ci-dessous, la cause originelle du bonheur.
La confiance est dite ici "originelle" parce qu’elle s’acquiert dès la naissance, et même peut-être dans le ventre de la mère, si l’on considère que le fœtus est sensible aux états d’angoisse ou de sérénité de sa maman. L’enfant ressent le besoin d’accroître par lui-même sa confiance. Il teste sa sécurité : il s’assure ainsi que s’il crie, il aura son biberon ou le sein, que si sa maman s’absente, elle reviendra vite. C’est ainsi qu’il fait l’apprentissage de la confiance primaire. Tout se joue sur la confiance qui est la base de tout.
La confiance est plus qu’une force naturelle, c’est aussi un patrimoine
La confiance est un patrimoine qui grandit, une réserve dans laquelle on peut puiser. C'est toute la différencie avec le désir qui, lui, ne se cumule pas. La confiance se nourrit et nourrit à son tour : elle nourrit la joie, la sagesse. Le désir, que nourrit-il ?
Les conditions premières du bonheur sont, outre les trois critères classiques que sont la santé, la sécurité, et le bien-être - matériel et psychologique-, la confiance. Celle-ci est un élément immatériel. Elle est à la fois une source de vie et une des conditions premières de la construction du bonheur.
Il s’agit d’une condition générale du bonheur, c’est-à-dire qu’elle accompagne, plus que toute autre condition, tout le processus. La confiance irradie toutes les étapes successives vers le but final. Il faut essayer de visualiser une force qui vient emplir les trois triangles, plus ou moins densément selon les individus. Ainsi, les « saints » développent une telle confiance grâce à leur foi, qu’ils peuvent « marcher sur les eaux » (se passer de beaucoup de besoins).
La confiance et le désir sont deux dimensions séparées
Il existe de grandes causes essentielles d'existence. Parmi celles-ci, le désir est la plus saillante et la plus expressive. Le désir est "le moteur de la vie" dit Aristote. Mais la Confiance, la Connaissance, sont aussi des dimensions essentielles d'existence.
La dimension de la confiance est représentée ci-dessus dans la triple pyramide emboîtée. Cette construction symbolique fait apparaître la transformation de la confiance en joie puis la transformation de la joie en bonheur. Le désir n'y figure pas et c'est normal. En effet, le désir est une dimension parallèle, plus courte en termes de réalisation et en nombre d'étapes parce que le désir n'attend pas ! Autant la confiance est lente à s'élaborer, autant le désir exige des satisfactions rapides.
On peut comprendre que, dans un souci d'objectivité, Maslow ait souhaité parler en termes de besoins seulement et qu'il ait souhaité écarter la notion, plus incertaine, de désir. Soit ! Mais que n'a-t-il pris en compte la dimension de la confiance ? Il lui suffisait de poser cette cause première à la base, comme condition non matérielle. Pour moi, il s'agit donc d'un défaut, d'un manque, la confiance étant la base de tout.
Conclusion
Il existe encore au moins une dimension essentielle, c'est celle de la Connaissance. Elle est nécessairement distincte de celle de la confiance. Pourquoi ? Parce que la confiance ne repose pas sur une connaissance certaine. Elle s'édifie plutôt sur la foi en soi, dans les autres, et dans la vie, sur la base de prédictions réalistes que l'on fait. Mais la confiance s'appuie sur un déficit de savoir et d'information. La dimension de la Connaisance ne saurait avoir pour base de sa pyramide l'incertitude. Elle est donc à part. Nous évoluons donc dans trois dimensions vitales (au minimum ?) : le désir, la confiance, la connaissance.
Si le désir est le moteur de la vie, la confiance est son guide. Et la connaissance est le gage de la croissance de l'être.
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