De France Télévisions à Télé Sarkozy
On a beaucoup vilipendé la télévision publique, son manque d’ambition, son suivisme et sa très relative distance vis-à-vis du pouvoir politique (lui-même au service du pouvoir économique). On s’inquiète aujourd’hui de son possible démantèlement, entre autre par asphyxie financière, et de sa mise sous la tutelle directe du Président de la République. Etat des lieux.

Belle levée de boucliers afin de défendre notre chère vieille télé publique, produite, nul ne l’ignore, par des gens impartiaux, désintéressés, durs au labeur, farouchement « indépendants », préoccupés au dernier degré par la qualité des programmes et le service rendu à leurs concitoyens.
Tout le contraire des margoulins du privé, qui, s’ils font la même chose en mieux avec moins de monde n’ont aucun mérite à cela : ils investissent davantage d’argent, en gagnent plus et courent toujours le risque de se faire lourder si leur professionnalisme laisse à désirer.
Au contraire, à FranceTélévisions, c’est comme à la SNCF, une fois que tu es « intégré », il te faut au moins commettre un meurtre pour te faire mettre dehors. Après, tout n’est plus qu’affaire de morale personnelle : certains éléments font consciencieusement leur boulot, d’autres bullent tant qu’ils peuvent en attendant l’heure de la retraite.
Heureusement, il y a les CDD : eux ont intérêt à filer doux, à s’écraser devant la pléthore de chefaillons plus volontiers exigeants, voire tyranniques, avec l’employé en situation précaire qu’avec son alter ego en contrat protégé, à bosser vite, bien et sans rechigner à la tâche.
Comme dans les bonnes familles, c’est la bonniche qui met la table, pas la fille de la maison.
Et quand on la fiche à la rue, la bonne, les syndicats se mobilisent avec juste ce qu’il faut d’énergie pour ne pas briser le consensus qui les unit étroitement à la direction.
Quant à l’ambition culturelle, elle consiste la plupart du temps à entretenir chez le téléspectateur abasourdi par une journée de transports en commun à peine interrompue par une séquence de travail le mythe d’une France provinciale où les rues sont élégamment pavées, les automobiles aussi rares que les bruits parasites, où les fermettes présentent des intérieurs comme dans les films des années cinquante, avec pour donner vie à ce décor suranné des curés du tonnerre, des instits en or, des gendarmes perspicaces et bon enfant.
Le tout soigneusement calibré pour que le public s’y retrouve de 4 à 84 ans, de sorte que la subtilité du discours comme la fesse explicite ne sont pas vraiment de mise.
Evidemment, on ne propose pas en magasin que de la qualité bien de chez nous : il y a aussi de la variété modèle Berlusconi modifié Sébastien et des séries américaines dont les épisodes sont diffusés en ordre aléatoire de manière à justifier le salaire des programmatrices qui sans cela n’auraient rien à faire et à y introduire cette petite touche de surréalisme à laquelle ces balourds d’amerloques seraient bien incapables de songer, comme par exemple remettre enceinte jusqu’aux yeux la fliquette qui vient d’accoucher au cours de l’enquête précédente.
De toute façon, vautré sur son canapé, le client spectateur, les neurones en stand by, est trop cané pour comprendre quelque chose à l’action, alors à quoi bon en respecter le tempo ?
Néanmoins, pas sûr que ce salmigondis rende le cerveau disponible pour les annonceurs, ce qui est pourtant, même si on ne l’avoue pas explicitement, le but recherché comme chez le concurrent TF1.
Si on supprime la publicité, avec son invention et son dynamisme, de nos antennes publiques, qu’est-ce qu’on va bien pouvoir diffuser à la place pour meubler les temps morts ?
J’y suis ! une nouvelle mouture d’ « Un gars, une fille », avec Nicolas et Carla dans les rôles titres, juste avant le jité présenté en toute liberté de ton par Jean Sarkozy, lui-même suivi d’une émission de divertissement proposée et animée par le délicat Patrick Devedjian avec tous les saltimbanques de droite que nous apprécions tant, enfin pour finir un rendez-vous littéraire consacré aux nombreux ouvrages écrits par les « nègres » du Président, de sa famille et de ses amis.
Et c’est ça qui vous fait peur ?
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