De l’origine des latitudes et des longitudes
Tout a commencé il y a fort longtemps : quand un marin a eu l’idée de monter tout en haut du grand mat de son bateau pour regarder au delà de la ligne d’horizon. Il n’a, sans doute, pas compris que la terre était ronde mais il en a tiré la conséquence pratique : en gagnant en hauteur, on recule la ligne d’horizon.
Et c’est pour cela que les phares sont en hauteur. Eh oui. La ligne d’horizon nous prouve tous les jours que la Terre est ronde. C’est même une évidence. Et c’est, sans doute, pour cela que les Grecs, le peuple de la mer, ont été les premiers, dans notre civilisation, a comprendre que la ligne d’horizon nous prouve que la Terre est ronde. Et aussi que l’ombre portée de la Terre sur la Lune, lors d’un éclipse de Lune, indique, sans l’ombre d’un doute, que la Terre est ronde. Comme la Lune. De même, la hauteur sur l’horizon de l’étoile polaire n’est pas la même à Athènes et à Alexandrie. Ce qui est fort utile pour la navigation. Et cela leur avait donné à réfléchir car c’était un peuple de marins.
Mais les marins demandent plus que cela pour pouvoir naviguer en sécurité.
Le premier a avoir démontré que la Terre est ronde et a en avoir tiré toutes les conclusions pour la navigation et la géographie se nommait Ératosthène de Cyène, l’actuelle Assouan, qui, tout à fait par hasard, se trouve sur le tropique du Cancer. Ce qui, nous allons le voir, ne fut pas pour rien dans la réussite de sa recherche. Il était né en 276 avant notre ère. Il fut en effet le premier a avoir l’idée et aussi les moyens de faire dresser des cartes précises, comportant les latitudes et les longitudes, en partant des coordonnées, pour le point 0, du colosse de Rhodes, sur l’ile du même nom, en Grèce, et valable pour toute la Méditerranée. Ce qui était le monde connu à son époque.
Grâce à lui, la navigation devenait donc possible avec une grande précision. Au moins sur la Méditerranée. Les Grecs, en effet, savaient déjà garder l’heure avec une clepsydre, une horloge à eau, la clepsydre de précision, à niveau constant, avait été inventé, à Alexandrie, à la même époque, par Stésibios, sans doute pour cet usage, et nous savons (nous avons retrouvé leurs appareils dans des épaves) qu’ils savaient relever la hauteur du soleil au midi local et aussi, bien sûr, la hauteur sur l’horizon de l’étoile polaire.
De nos jours, plus de deux mille ans après Ératosthène, nous en somme exactement au même point. Mais à l’échelle du monde tout entier. Sauf que les garde-temps, les chronomètres, on gagnés en précision. Grâce à une décision du gouvernement anglais : une récompense de vingt mille livres, une somme énorme à l’époque, pour celui qui arriverait à garder le temps de Greenwich : le prix longitude act en 1773. Le prix fut gagné par un certain John Harrrison qui conçu et réalisa un chronomètre de précision et qui eut beaucoup de peine à se faire remettre le prix : puisqu’on avait le chronomètre, pourquoi le payer ? On se le demande.
Cela dura jusqu’à l’ultime précision des horloges atomiques, l’heure étant transmise par radio.
Puis, bien sûr, il y a, à présent, le G.P.S.
Les Nations se sont aussi entendues, très difficilement, les Français tenant mordicus à ce que le point zéro soit la coupole de l’observatoire de Paris, et les Anglais tenant tout autant à ce que le point zéro soit la coupole de l’observatoire de Greenwich. On a de ces enfantillages parmi les Nations. Les anglo-saxons étant les plus nombreux, et, peut-être aussi les plus opiniâtres, le point zéro est, bien sûr, à Greenwich. Les Anglais, en effet, ont fait comme si les Français n’existaient pas. Et réciproquement. Je me souviens ainsi avoir connu l’époque où les Français dressaient leurs propres cartes, avec le méridien 0 sur l’observatoire de Paris. Au mépris de toute logique et de tout le monde. Nous sommes des gens bizarres. Mais il reste que la cartographie utilise toujours le même système de coordonnées basées sur la latitude et la longitude, qui nous vient d’Ératosthène, et ayant, cette fois, comme origine mondiale, non pas le colosse de Rhodes, qui n’existe plus, mais bien le point de références situé à l’intersection du méridien de Greenwich (longitude 0°) et de l’équateur (latitude 0°). En réalité c’est le centre de la Terre, O, qui est l’origine zéro. Mais c’est plus simple de raisonner ainsi.
Comment Ératosthène en est-il arrivé là ? Il est parti d’une observation déroutante de simplicité : à Syène, nous disons maintenant Assouan, qui, nous l’avons dit, se trouve approximativement sur le tropique du Cancer, le jour du solstice d’été, nous disons le 21 juin, Ératosthène avait remarqué qu’à midi le soleil éclairait le fond de son puits. Il n’y avait donc pas d’ombre. Et cela parce qu’il se trouvait sur le tropique du Cancer. Et pourtant, l’année suivante, à Alexandrie, sur les bords de la Méditerranée, le même 21 juin, à midi, une obélisque avait une ombre portée qu’il mesura. Il trouva 7°2. Si l’on admet que la Terre est ronde, et Ératosthène le savait, la proportion de cet angle, en regard des 360° du cercle, est, bien évidemment, la même, par rapport au centre de la terre, que celle de la distance séparant les deux villes : à peu près 800 km, par rapport à la circonférence du cercle (ici, le méridien terrestre). Ce qui, d’ailleurs, n’était pas très juste : Syène n’est pas, exactement, sur le même méridien que Alexandrie. Mais qu’importe. A son époque, et avec les moyens dont il disposait, Ératosthène trouva, pour le rayon terrestre, 257.000 stades. Le stade valant, à peu de choses près, 157 mètres, une simple multiplication nous donne : 257.000 x 157 = 40.349.000 m, environ, disons, à peu près, 40.340 km. Il n’était donc pas loin du compte exact : nous trouvons, maintenant, pour le rayon terrestre, 40.074 km. Le degré de précision était stupéfiant. Et obtenue avec quelle simplicité ! C’est, aujourd’hui, à la portée d’un élève de sixième.
Vous voyez donc que ce qu’il lui fallait impérativement savoir, c’était la distance exacte entre Syène et Alexandrie. Voici comment il s’y prit. Il fit compter par les chameliers d’ une caravane qui reliait les deux villes, les pas d’un chameau. Cette bête ayant toujours la même distance entre ses pas, il obtint effectivement une précision qui s’avéra suffisante. Mais je pense que les chameliers durent le maudire avec ferveur. Car ils n’en comprenaient évidemment pas la nécessité. Et quel travail ! Compter les pas d’un chameau sur huit cents kilomètres !
Ératosthène divisa la sphère à l’identique. Il traça des lignes parallèles à l’équateur d’où leur nom de parallèles. Leurs coordonnées sont prises à partir de leur position par rapport au centre O de la Terre sur un quart de cercle allant de 0° pour l’équateur à +90° au pôle Nord (valeur positive) et -90° au pôle Sud (valeur négative). C’est la latitude.
Pour la longitude, Ératosthène divisa le cercle de l’équateur de même en 360°. Aujourd’hui, les lignes passant ainsi par les deux pôles et un point de l’équateur sont appelées « méridiens » ce qui signifie, en latin, la moitié du jour. En effet, le soleil est dans le plan de chaque méridien quand il est midi sur celui-ci. D’où la nécessité, pour faire le point, de connaître l’heure du point zéro, Greenwich, et le midi locale. La latitude étant donnée par la hauteur, sur l’horizon, de l’étoile polaire.
Je vous précise, tout de même, que, plus tard, au siècle dernier, il fut décidé, comme pour les parallèles, qu’il y aurait un sens positif en comptant dans le sens de la rotation de la Terre, c’est-à-dire vers l’Est, et un sens négatif en partant vers l’Ouest. Cela entraîna l’utilisation de 180 degrés avec obligation de préciser Est (E=East en anglais) ou bien Ouest (W=West en anglais).
Avec ce système, en utilisant les sous-multiples, nous sommes capables de déterminer une position au millimètre près. Évidemment, nous sommes loin du pas d’un chameau ! Mais, bien sûr, il y a, aussi, maintenant, le G.P.S. qu’Ératosthène ne connaissait pas et pour cause.
Mais, à l’origine, qui était donc Ératosthène ?
Tout d’abord, il me faut vous rappeler qu’Aristote, qui avait été le précepteur d’Alexandre le Grand, avait fondé à Athènes le lycée, son école. Et nous appelons toujours une école « un lycée ». Aristote a fait évoluer de nombreuses idées et imposé durablement sa vision de l’univers physique (le modèle du système solaire, selon Aristote, ne sera remis en cause que 2000 ans plus tard...). Aristote montra, en particulier, qu’une bibliothèque est un outil indispensable pour les savants et les penseurs. Mais il était allé très loin en avant ; trop loin, par rapport à la pensée unique de son temps. Ce n’est donc pas pour rien qu’après la mort d’Alexandre qui le protégeait, Aristote et ses disciples, durent fuir Athènes car ils avaient été condamnés à mort pour impiété... Comme l’avait été avant eux Socrate. Et pour les mêmes raisons. Impiété... C’était le moins que l’on puisse en dire. Pour ma part, je n’ai même jamais compris que Saint Thomas d’Aquin ait pu baser sa pensée sur celle d’Aristote. Il faut dire, à sa décharge, qu’il a suivi la mode de son temps : on venait, grâce aux Juifs chassés d’Espagne, qui le connaissaient par les philosophes arabes, de le redécouvrir. Pour Aristote, en effet, la seule entité qu’il reconnaissait était la Nature. Qu’il jugeait, à tort, bien sûr, immuable et intangible. D..., pour lui, n’était pas même concevable. Ce en quoi il avait raison : nous ne connaissons de D... que ce qu’il a bien voulu nous en dire. Quant aux dieux officiels de l’époque... Il n’en parlait même pas.
Ici intervient Démétrios de Phalère, aussi un élève d’Aristote. Rejeté par Athènes, condamné à mort, lui aussi, durant la guerre de succession qui suivit la mort d’Alexandre, il est recommandé au Pharaon d’Égypte, Ptolémée, pour être le précepteur de ses enfants. Démétrios ne manqua pas d’évoquer les idées d’Aristote à son nouveau maître. Il lui conseilla de bâtir le Musée, un temple destiné aux Muses. D’où l’origine du mot « musée ». Dans ce temple, Démétrios et Ptolémée placent un observatoire astronomique, des laboratoires, un réfectoire, un zoo et... la bibliothèque ! La huitième merveille du monde : la grande Bibliothèque d’Alexandrie. Selon Démétrios, la bibliothèque doit contenir tous les livres du monde pour que Ptolémée comprenne la pensée des marchands et des politiciens étrangers. Pour Ptolémée, la Bibliothèque d’Alexandrie constitue, surtout, une solide base culturelle pour son tout nouveau royaume. En effet, au départ, Ptolémée n’était que l’un des généraux d’Alexandre. Et son ami d’enfance aussi. Peut-être même son demi-frère. L’un des enfants adultérins de son père. En effet, sa mère, depuis la conception d’Alexandre, se refusait à son mari persuadée qu’elle était que le père d’Alexandre était un dieu... Lequel ? On ne sait pas. Je pencherais pour le dieu de la guerre, Mars. J’ai, peut-être, un très mauvais esprit mais je pense que le soldat qui était, sans doute, de garde cette nuit-là sous les fenêtres de la reine, a du prendre du bon temps. Et puis, c’était un type hors du commun : arriver à faire croire à la reine qu’il était un dieu ! Cela n’arrive pas tous les jours. Pour ma part, cela ne m’est encore jamais arrivé. Et puis, et ça, c’est une très bonne question : est-ce qu’Alexandre aurait fait tout ce qu’il a fait, conquérir le monde en dix ans, s’il n’avait pas cru, toute sa vie, qu’il était un dieu ? Ce que lui avaient, d’ailleurs, confirmé les prêtres d’Amon à Thèbes.
En tous cas, il est de fait que les deux enfants ont été élevés ensemble. De toutes façons, la Bibliothèque représente, pour Ptolémée, une occasion de faire de l’Égypte le centre culturel méditerranéen au lieu d’un simple comptoir grec.
Jamais pareille entreprise n’avait été mise en œuvre. Les hommes et les écrits, venus de tous les coins du monde connu à l’époque, affluèrent. Une incroyable chasse fût lancée par les autorités alexandrines. De véritables « chasseurs de livres » se mirent à sillonner les principaux marchés du monde méditerranéen utilisant tous les moyens nécessaires pour se procurer les manuscrits qu’il trouvaient. Même les plus malhonnêtes. Y compris le vol pur et simple. La fin, dit-on, justifie les moyens.
Ce fut au point que Ptolémée Phil Adelphe, ce qui signifie en grec : amoureux de la connaissance, le fils du fondateur de la dynastie, offrit à Athènes une somme énorme en garantie pour pouvoir disposer, à fin de copie, des originaux d’Aristote. Les Athéniens, qui se méfiaient de lui, à juste titre, l’avaient, en effet, exigé. Eh bien, il préféra abandonner sa caution plutôt que de se séparer des originaux ! Il ne rendit que les copies. C’était un vrai collectionneur. Et, ainsi, nous avons perdu les originaux d’Aristote... Nous n’en avons que des copies, sujettes à débats, et des commentaires postérieurs à lui. Et il ne faut pas oublier qu’il est le père de la pensée allemande. Mais ça, c’est une autre histoire.
En outre, dès qu’un navire accostait à Alexandrie, des soldats montaient à bord et emportaient les manuscrits qui s’y trouvaient pour les déposer à la Grande Bibliothèque. Ils y étaient traduits en grec, si nécessaire, recopiés par les scribes et, selon l’importance du manuscrit, l’originale ou la copie étaient conservé par les autorités pour enrichir ce que l’on appelait « le fonds des navires ».
Dans la bibliothèque, les 400.000 rouleaux ainsi rassemblés étaient étiquetés et rangés dans des casiers à l’intérieur d’armoires murales. Rangés par discipline (textes littéraires, philosophiques, scientifiques et techniques) puis par auteurs. Rendez-vous compte : on y trouvait tout Homère, 20 versions de l’Odyssée. En intégralité, Sophocle, Euripide, Anaximandre, de la sphère et du mouvement d’Antolycos, cette merveille, qui nous est, heureusement, parvenue, les éléments d’Hippocrate, la totalité de la bibliothèque d’Aristote ! Qui était déjà immense. Eh oui... Et tout cela a disparu. Nous ne savons pas même, avec certitude, où était située la grande bibliothèque ! C’est dire... Il suffirait de la retrouver... Mais quelle fouille ! Je vous signale, entre parenthèses, que vous avez fort à gagner aussi en trouvant la tombe d’Alexandre le Grand. Nous ne savons qu’une chose : elle se trouve en Égypte... Peut-être même à Alexandrie. Je peux tout vous dire sur la tombe d’Alexandre. Tout. Ce qu’il y a dans son tombeau, vous décrire son sarcophage de verre et d’or, comment il a été embaumé... Tout. Sauf là où il est. Ptolémée se vantait en disant que nul ne trouverait jamais la tombe d’Alexandre. Jusqu’ici, il a eu raison. Pour ma part, je pense qu’elle se trouve dans le désert. Et c’est là que je la chercherais. Mais faut-il même la chercher ? Ce ne serait là que vaine curiosité. Il n’y a rien à en apprendre.
Autre nouveauté et non des moindres, le poste de bibliothécaire est créé. Et c’est là que nous retrouvons Ératosthène : il était bibliothécaire de la Grande bibliothèque et on lui doit, entre autre, un système de classement que l’on utilise encore aujourd’hui.
A son apogée, moins de trois siècles plus tard, on dénombrait 700.000 rouleaux. Ptolémée II a même fait construire une seconde bibliothèque, le Sérapéon, appelé aussi la « bibliothèque fille », qui était destinée à tous. Tout le monde sachant lire le grec, qui était alors aussi universel que peut être l’usage de l’anglais actuellement, pouvait entrer et étudier dans cette bibliothèque. Eh oui...
En plus de collecter les volumes, les Ptolémée font appel aux savants et aux philosophes pour y travailler et commenter aux étudiants les ressources accumulées. On compte, en moyenne cent lettrés dans les murs du Musée.
Le prestige acquis par la Bibliothèque devient si grand que l’on peut dire que c’est là que sont faites toutes les grandes découvertes pendant plus de cinq cents ans ! Euclide y a mis au point ses principes de géométrie. Archimède y a fait ses études. Ératosthène, lui encore, y a mis au point ses recherches sur les nombres premiers : le crible d’Ératosthène, c‘est lui. Ératosthène, en tant qu’astronome, y a constitué un catalogue de six cent soixante-quinze étoiles et de quarante-quatre constellations. Il a calculé aussi l’obliquité de l’écliptique (inclination de l’axe de la terre par rapport à son axe de rotation autour du soleil) avec une erreur négligeable. Et souvenez-vous qu’il ne disposait pas d’un télescope ! Tout cela n’a été résolu que par les mathématiques et, bien sûr, les relevés astronomiques.
Je vous ai déjà dit que le premier « garde temps » utilisable y a été inventé par Stésibios. Ce que ni lui ni les autres n’auraient sans doute pu faire sans toutes les connaissances qu’ils ont trouvé dans la bibliothèque et auprès des maîtres.
Et puis le sultan Omar ben al Kateb, Commandeur des Croyants, et troisième successeur de Mahomet, s’empara d’Alexandrie. C’était un fanatique puritain. Un homme pour qui Alexandrie n’était que la capitale du vice. Il n’eut de cesse que de la rabaisser. A ses officiers qui lui demandaient ce qu’il fallait faire de la Grande Bibliothèque, il a dit : les livres qui ne parlent pas de D..., brûlez-les. Car ils sont inutiles. Et ceux qui parlent de D..., brûlez-les. Car nous avons le Coran. Et la huitième merveille du monde est partie en fumée. Une perte irréparable. Heureusement, beaucoup de savants qui y avaient travaillé avaient pris des copies. Mais pas de tout, bien sûr.
Alors là, je vais enfourcher mon dada. Mon fier destrier. Mon Bucéphale à moi. Bucéphale, la tête de boeuf, en grec, le cheval d’Alexandre, pour qui ce dernier, inconsolable de sa mort, en fit un dieu et construisit une ville, aujourd’hui Jhelum au Pakistan, en son honneur. La légende dit que Philippe de Macédoine, voyant Alexandre arriver à dompter Bucéphale, lui avait dit : mon fils, cherche un royaume à ta mesure. La Macédoine est trop petite pour toi.
Je vais, tout de même, essayer d’être court. Vous avez certainement entendu parler du patron de la Très Grande Bibliothèque voulue par le Président Mitterrand, pour la gloire de son nom. C’est curieux de devoir constater que tous les chefs d’État rêvent de créer une œuvre immortelle qui, croient-ils, les rendront immortels eux-mêmes. Le patron de la bibliothèque François Mitterrand est donc Jean-Philippe Jeanneney. Il dépense, en vain, actuellement, des millions d’euros, à nos dépens, bien sûr, pour contrer Google qu’il voue au gémonies. Qu’il a en horreur. Son idée fixe est : Quero, « je cherche » en latin, pour tenter de contrer Google. Comme si c’était possible ! Il ignore certainement ce qu’est l’informatique et, encore plus ce qu’est internet. Je l’ai même entendu dire que rien ne pourrait jamais remplacer le plaisir de feuilleter un livre. Mais que peut-on feuilleter quand on ne dispose pas du livre ? Par simple exemple, je relis, actuellement, les « Mémoires » de Talleyrand. Et où les trouverais-je sinon sur internet ? Vous croyez que je pourrais les trouver à la médiathèque du coin ? Non bien sûr ! Avec internet, la notion même de bibliothèque a changé : elle est devenue immatérielle. Si Monsieur Jeanneney savait seulement ce qu’apporte internet, il saurait, peut-être, que le rêve des deux types qui ont créé Google est de reconstituer, à notre échelle, la Bibliothèque d’Alexandrie. Rendez-vous compte : numériser tous les livres du monde ! Les traduire automatiquement en anglais si nécessaire. Les mettre ainsi à la portée de tous. Les faire tourner sur internet en les rendant ainsi et sûrement inaccessibles à tous les fous ignorants qui voudraient les détruire, tel le sultan Omar. Et cela à quel prix ? Pour rien. Financé par la publicité. Cela vous choque ? Et alors ? La publicité dont vous êtes abreuvés jusqu’à plus soif sur la télévision, elle ne vous choque pas, elle ? Et, en ce qui me concerne, il n’y a pas de publicité sur Google : je ne voyage pas, je n’ai pas de voiture, je n’achète pratiquement rien... Il ne me manque plus que le tonneau où dormait Diogène ! Je suis très exactement comme lui, le cynique, à qui Alexandre demandait ce qu’il désirait, lui promettant de le lui donner. Quoi qu’il demandât. Il cherchait à le tenter, bien sûr. Et Diogène lui répondit : Ôte-toi seulement de mon soleil. Je l’aime beaucoup Diogène. Il disait, par exemple, que la preuve que les gens sont fous, est qu’ils achètent très cher un statue qui ne sert à rien alors que le pain, qui, lui, est nécessaire, ne coûte presque rien. Il mendiait son pain aux statues. Et il répondait à ceux qui s’en étonnaient : Il faut bien que je m’habitue au refus. Il disait aussi, à son époque, que les femmes sont égales de l’homme, que faire l’amour doit être un droit pour tous. Que l’argent n’a pas de sens car il ne sert à rien. Allez donc dire ça à présent ! Vous allez voir comment vous allez vous faire recevoir ! Et bien vu, avec ça !
Je n’existe donc même pas pour Google qui cible sa publicité selon les centres d’intérêt de chaque personne qui le consulte. On le lui reproche assez. Alors, moi... ou rien...
Google, c’est un rêve. Un rêve qu’il est possible de réaliser. Et même très possible. Il suffit de le vouloir et de faire taire les imbéciles. Mais ça, c’est un rêve irréalisable
Pour conclure, je vous demande, quand vous passerez par la place de la Concorde, à Paris, de regarder l’obélisque avec un œil neuf et d’avoir une pensée reconnaissante pour Ératosthène qui, devant une obélisque semblable, contemplée plus de deux mille ans avant vous, en a tiré de bien utiles conclusions.
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