De par Dieu, ne l’appelez plus Gérard !
Gérard se lâche comme un ado qui ne connaîtrait pas les smartphones. Il semble oublier qu’il est filmé. Ou bien non : il le sait et en jouit. Il dit des grosses provocations face caméra. Il s’en fiche de la caméra. C’est Gérard.
Staline
Je suis d’accord, il ne fait pas dans la dentelle. Je me demande quelle femme pourrait être séduite par ses propos de taverne. Des propos de client aviné.
Je croyais que seuls des adolescents boutonneux s’esclaffaient sur des chattes humides, voire des pénis turgescents pour les filles. Ben non. Gérard est toujours très chaud. Même tellement brûlant qu’il s’est un peu cramé selon les canons actuels.
Des journalistes (mal intentionnés, je suppose) ont utilisé des rushes d’un film tourné en Corée du Nord, paradis de l’humour s’il en est. Dans l’ambiance glaciale qui y règne, Gégé s’est détendu en tenant des propos grivois dits en aparté à son réalisateur, Yann Moix.
Les gens (mal intentionnés, je suppose) ont diffusé ces images sous le titre La chute de l’ogre. Ogre ? Le mot est charmant, et audacieux dans le contexte d’accusations de viol portées contre l’acteur. Accusations non démontrée en l’état. Mais l’effet est désastreux. Par exemple :
« France Télévisions a décidé de cesser d’acheter des films dont il serait l’acteur principal, et refuse également de coproduire de nouveaux projets où il serait présent. »
Ils faisaient à peu près la même chose sous Staline.
Idem en Belgique :
« La décision a été prise de retirer les films qui mettent Gérard Depardieu en avant en lui consacrant un rôle principal. Néanmoins, des programmes où son apparition reste plus "réduite" seront toujours diffusés sur les différentes chaînes de la RTBF. »
Gainsbourg
La séquence de l’annulation de Depardieu a commencé. La cancel culture veut effacer « l’ogre ».
L’époque est favorable aux talibans de la morale et à l’exhibition de sa propre vertu. Deux choses cependant. D’une part Gérard Depardieu n’a été ni jugé ni condamné pour viol. Or en retirant ses films, France 2 et la RTBF agissent comme s’il l’était.
D’autre part cela démontre l’existence objective d’une police de la pensée et de la parole. Mais enfin, si toutes les bêtises que l’on peut dire en privé nous étaient comptabilisées, il y aurait de quoi nous envoyer, femmes ou hommes, dix fois en prison.
Certes ses propos ont été filmés puis diffusés, mais ils n’auraient pas dû l’être. Il a été pour le moins désinvolte. Mais je pense qu’il s’en fiche. Il rigole en parlant, signe du peu de sérieux qu’il attribue à ses propres remarques, aussi désobligeantes soient-elles pour certains et -taines.
Pourtant le mal est fait. Il refuse même de s’expliquer.
Il me fait penser à Gainsbourg à son époque très alcoolisée, et ses propos graveleux envers Whitney Houston en plein interview. Il est d’ailleurs étonnant que Gainsbarre soit encore diffusé. Il devrait être effacé depuis longtemps, lui qui a tant joué de l’équivoque par exemple sur sa relation avec sa fille.
Harmange
Les femmes ne sont pour autant pas toujours respectueuses avec les hommes. Que penser du livre de Pauline Harmange, Moi les hommes je les déteste ? Ce titre provocateur et généralisant est si normal, il est si normal qu’une femme déteste les hommes et le dise ouvertement.
Elles savent pourtant se montrer vertement sexistes à l’encontre des hommes. Par exemple un article donne la parole à trois hommes battus. L’un d’eux, prénommé Samir, décrit les humiliations dont il a été victime : « Sale bâtard, fils de pute » semblaient être les injures sexistes préférées de madame.
En 2016, 12,7 % des femmes et 10,5 % des hommes déclaraient être victimes d’atteintes psychologiques ou d’agressions verbales en couple. Nombre de femmes ne se privent donc pas d’user de propos dégradants pour les hommes. Mais on en parle peu, ou pas.
Je rappelle ici qu’en Suisse par exemple, en 2023, 30 % des victimes de violence conjugale sont des hommes. 30 % c’est beaucoup, mais on n’en parle pas. Le fond de commerce victimaire appartient de droit divin aux féministes.
Hugo
Autre exemple de comportement sexiste misandre, extrait d’un rapport publié par l’Université de Genève en 2008 et intitulé La violence conjugale envers les hommes :
« La femme n’a plus de reconnaissance envers son conjoint et ne le respecte plus, au point de l’utiliser comme son « homme a tout faire ». Par exemple, elle lui confie les tâches ménagères en soulignant son incompétence à l’aide de critiques et de reproches. »
Les propos entre filles ou entre gars peuvent être parfois grossiers. Mais s’il faut annuler les personnes pour des propos ou comportements décrits comme incorrects, il faut annuler Céline, Gainsbourg comme je le dis plus haut, mais aussi Victor Hugo. Ne lui attribue-t-on pas cette phrase :
« Je pense des femmes comme Vauban des citadelles : toutes sont faites pour être prises. Toute la question est dans le nombre de jours de tranchées. »
Ce géant, ce génie de la littérature était peu vertueux par ailleurs. Et voilà ce qu’il advint de lui :
« Cocu, il cocufiera à son tour, et dans des proportions délirantes… »
Au point d’être considéré comme atteint de satyriasis, l’équivalent de nymphomane pour les hommes. Sa femme avait initié leur séparation. Elle est pourtant restée avec lui. Et si elle n’était pas une oie blanche, son Victor n’a pas ménagé ses efforts :
« Désormais, ce ne sont pas des couleuvres qu’Adèle devra avaler en silence, mais une ménagerie tout entière. »
Victor Hugo : annulé !
Sade
Marcel Proust est-il correct quand il décrit une scène sado-maso sanglante ? À voir.
Le procès du Marquis de Sade étant déjà fait il n’y a rien à ajouter. L’ignominie du monsieur est le miroir de la bienpensance féministe des années 1970. On peut seulement s’étonner de trouver encore ses livres dans les librairies et bibliothèques…
La culture de l’annulation est la chose la plus excluante que l’on puisse connaître. Et la moins intelligente. Ne peut-on faire la part des choses ? Le génie d’acteur de Depardieu est reconnu. Fichons-lui la paix pour ses propos off.
Retirer ses films est digne des talibans. C’est une peine sans pardon.
La cancel culture a de beaux jours devant elle. Pourtant les gens ne sont pas réductibles à ce qui nous dérange. Les propos de Depardieu auraient dû rester entre potes tâtant de la provoc lourde, le genre d’histoires graveleuses que parfois certains hommes aiment quand ils se permettent une incartade hors du monde lisse de la conformité sociale.
C’est peut-être un aspect récurrent chez l’acteur, mais ses proches le défendent et n’acceptent pas cette polémique.
Prénom
Anyway, GD est comme il est, avec ses manières. On aime ou pas, mais la pudibonderie ultra-normative de notre époque ne saurait entacher son immense talent. Alors arrêtons de lui chercher des poux et de vouloir lui retirer sa légion d’honneur.
Ou alors effaçons-le rageusement, gommons son nom et même son prénom des listes du box office.
Sur les autres accusations dont il est l’objet, j’attends de voir.
Les êtres humains ne sont pas noirs et blancs. Mais la subite haine envers des gens que l’on a tant aimé c’est du noir et blanc émotionnel.
BA de Élisa :
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