De quoi Mélenchon est-il le nom ?
Est-il un homme de « gôche » ou l’un des poissons pilotes du système ? Et in fine, le meilleur allié de Sarkozy ? Disons-le tout de go, Mélenchon est intégralement un homme du système, et ce n’est pas nous, gens de peu, inlassables contempteurs du « progrès », invétérés sceptiques de la bonté fondamentale autant qu’originelle du genre humain, mais ses copains d’abord, syndicalistes de base et grands babouvistes devant l’Éternel, qui le disent…
Du moins si l’on en juge la Lettre ouverte du 2 avril de Jacques Lacaze , intitulée vaillamment « Choisir résolument la lutte de classe » et publiée par le Comité Valmy (1) : « Première remarque, cette campagne électorale est d’un classicisme total. Mélenchon au nom du Front de Gauche la mène sur un programme précis. Ce programme est très superposable à celui de Mitterrand en 1981, sauf que ce dernier proposait – hypocritement – d’en finir avec le capitalisme et proposait le socialisme comme alternative. Mélenchon se garde bien de le faire. Il ne dit strictement rien sur la sortie de l’Europe et de l’euro. Il continue à parler de l’Europe sociale… ».
Le brave Lacaze - certainement une sorte d’archéomarxiste grand teint – reproche à l’ex sénateur Mélenchon, ci-devant député européen aux émoluments rondelets (2), non pas de cracher dans la soupe – un « riche » vitupérant les nantis dont il est ! – mais d’être un homme à « catalogue ». De vendre du rêve et de l’espoir sur liste de mariage ou, autrement dit, sur « programme » … La Redoute en personne, ne dirait-on pas ? Un programme mais pas de projet autre que le minimaliste « les riches paieront ». Slogan vieux comme Hérode et qui remportent toujours autant de succès auprès des zélateurs du « droit à la paresse »(3) et des classes dites laborieuses… lesquelles, pour partie, commencent cependant à en avoir pleinement soupé des lendemains qui chantent !
Un programme mais pas de projet autre que « faire payer les riches »
Un programme qui n’a pas même jugé utile de recycler l’artifice rhétorique de feu Tartufe Mitterrand qui lui au moins déclarait vouloir « en finir avec le capitalisme » proposant en échange le passage au « socialisme ». Des mots creux mais qui sonnent bien, car de quel « socialisme » était-il question ? En quoi le programme mitterrandien était-il « socialiste » ? D’ailleurs qui peut dire aujourd’hui ce que recouvre un tel vocable ? Le droit à l’avortement intégralement remboursé par la Sécurité sociale, le mariage gay et l’homoparentalité, la dépénalisation du haschich, la disparition des frontières et l’abolition de toutes sanctions judiciaires, la semaine de vingt-huit heures, l’allocation à vie et le droit au logement, et cætera ? Nul ne sait. Aussi suffit-il de lancer le mot magique et toutes les promesses de l’aurore se mettent aussitôt à scintiller !
En vérité le « socialisme » s’est à l’époque résumé à vider les caisses de l’État et les caves de Matignon, à gaver les associations pour la diversité avec les deniers publics, cela en livrant la nation pieds et poings liés aux prêteurs sur gages internationaux, banksters et aigrefins maîtres du Marché, par la libéralisation, soit la déréglementation ab libitum de l’économie assortie d’une dévastatrice politique de déséquilibre budgétaire et de dette publique.
Mais plus concrètement Lacaze met le doigt dans la plaie et l’y retourne : Mélenchon n’est à ses yeux qu’un banal eurolâtre – un de plus – qui, au-delà des fanfaronnades et des coups de trompettes, ne veut rien changer à rien et surtout pas la dictature de la monnaie unique… Tout comme le président Mitterrand, sans doute escompte-t-il en secret que les fonds européens paieront en derniers recours les politiques socialement délirantes qu’il brandit à bout de bras comme le font les caricatures de Daumier… Mais il se gardera bien de préconiser et plus encore de pratiquer des politiques tel le « déficit zéro », autrefois prôné par le Portugais Salazar, ou de l’endettement nul façon Ceausescu, lequel finit comme chacun sait, le dos au mur et une salve de plomb dans le corps.
En tout cas M. Mélenchon, prudent marche sur des œufs, et se garde bien d’effaroucher « les marchés » à l’instar de ce quadruple A de Hollande. Ces marchés shylockiens qui exigent de la Grèce, en paiement d’intérêts dus (ou plutôt indus), la sueur et le sang de ses habitants. En réalité, M. Mélenchon est un faiseur et un atlantiste pur jus sous des dehors de matamore anticapitaliste. D’ailleurs le Front de gauche ne propose - excusez du peu ! - que d'appliquer les recettes keynésiennes ayant apparemment permis aux États-Unis d’échapper aux mâchoires de la Grande dépression, ceci grâce notamment à une politique de hausse salariale et de grands travaux… Politique qui en fait n’a rien résolu sur le fond et conduit l’Amérique à la guerre… À telle enseigne, qu’au sortir du conflit mondial, le spectre de la crise étant toujours présent, les É-U ont eu recours au plan Marshall pour relancer leurs industries et leur commerces faseyant… au moyen d’accords commerciaux léonins passés avec les économies dévastées de l’Europe de l’Ouest… et au généreux motif de leur venir en aide. Seuls les professeurs d’histoire du premier degré croient encore à une telle fable.
Une ringardise très Troisième république
Mais la ringardise Troisième république de M. Mélenchon ne s’arrête pas là : n’entend-t-il pas « prévenir la violence par l'éducation et la culture… et faire ainsi des économies sur la prison et la police » ! N’était-ce pas déjà le programme du ministre radical Jules Ferry, grand architecte de la colonisation, pour lequel « ouvrir une école, c’est fermer une prison » ? Un siècle un quart plus tard l’on voit exactement ce qu’il en est : il n’y a jamais eu autant d’écoles et jamais eu autant d’Apaches dans nos rues [les surineurs de la Belle époque et autres voyous délinquants des zones et des barrières], à tel point qu’il est devenu quasi impossible de truquer les statistiques en la matière. C’est tout dire !
Poursuivons, toujours avec Jacques Lacaze : « Sa campagne personnalisée à outrance s’inscrit à 100% dans la tradition 'démocratique' d’un État entièrement aux mains de la bande du Fouquet's… Cette campagne est menée dans le cadre de cette démocratie pourrie, où tous les coups sont permis (voir entre autres, l’exploitation par les droites de l’effroyable affaire de Montauban et Toulouse). Et personne ne peut exclure qu’un coup tordu ne soit en préparation ! Cette campagne, ne peut que renforcer cette démocratie représentative, qui a pour finalité, quand les politiques sont élus, de leur donner carte blanche pour négocier dans l’opacité la plus totale et… de trahir comme en 36, en 45, en 56, en 81… C’est mon programme : à prendre ou à laisser, voilà le vrai fond du discours. Il ne se démarque ainsi, d’aucun des 10 candidats, d’extrême droite, de droite, de gauche , d’extrême gauche ! Ils apportent tous la pâtée aux électeurs, pour qu’ils puissent glisser le précieux bulletin à l’abri des regards indiscrets ! »
« La bande du Fouquet's… Personne ne peut exclure qu’un coup tordu ne soit en préparation »… Le propos sonne de manière inquiétante, voire étrangement prémonitoire ! Les enjeux sont tels aujourd’hui que tous les coups deviennent permis et corrélativement toutes les craintes légitimes… La France est à ce point à genoux que les charognards trépignent d’impatience en attendant le 7 mai et le lancement d’une (éventuelle) OPA très inamicale [offre publique d’achat, à savoir une attaque financière en règle] pour imposer au nouveau titulaire de l’Élysée pour en obtenir la mise en coupe réglée de l’économie nationale, l’ultime bradage de notre patrimoine et de draconiennes mesures d’austérité afin d’honorer nos engagements et le « service » de la dette… La France ne sera pas à ce moment là tout à fait la Grèce, mais nous n’en serons plus très loin ! Quant à Mme Merkel, celle-ci devrait tourner la tête, faisant mine de regarder ailleurs, solidarité européenne oblige !
Lacaze en révolutionnaire conséquent n’est pas un « démocrate » au sens vulgaire, il annonce la couleur « rouge », crachant son mépris pour un système représentatif gangrené jusqu’à la moelle en son principe et dont la vocation première, selon lui, est la trahison systématique à toutes les époques charnières, 1936, 1945, 1956, 1981… Il fourre donc tout ce beau monde politicien dans le même sac, et sur ce point nous ne pouvons que lui donner raison : Mélenchon est un révolutionnaire en peau de lapin qui ne propose aucune rupture avec le système… en cela il se situe sur la même ligne que son homologue nationalitaire, Mme Le Pen. Ce qu’il faut profondément déplorer à l’heure où sévit une crise frisant la catastrophe et où seules des positions et des mesures radicales pourraient peut-être nous tirer d’affaire ! Mais une telle rupture épistémologique avec notre passé immédiat et les errements qui le caractérisent (dont il conviendrait de faire table rase), à savoir l’imposture social-démocrate et toutes celles que nous ont léguées les nouvelles bourgeoisies d’après-guerre (dont l’ascension a coïncidé avec chacune de nos défaites), une rupture qui ne figure nulle part, et surtout pas sur l’un quelconque des programmes présidentiels.
Mélenchon et la bande du Fouquet's… la continuité dans le changement
Chez Lacaze, tout n’est pourtant pas à jeter avec l’eau trouble du bain Mélenchon, et nous serons également d’accord avec l’homme des Comités (soviets) populaires, pour dire que le « peuple de France est le créateur des richesses [et que] des travailleurs, des privés d’emploi, des enseignants, des petits commerçants, des artisans, des petits agriculteurs, des classes moyennes visées par le pouvoir actuel au service de l’infime minorité des très riches, pourraient devenir une immense force préfigurant les mobilisations citoyennes, les actions, les grèves, bref, les luttes indispensables pour changer les choses ». À condition bien sûr de vouloir remettre le monde à l’endroit et chacun à sa juste place, car si nous pouvons faire nôtre une partie du diagnostic du militant Jacques Lacaze, les objectifs d’une révolution nationale ne se limiteraient évidemment pas à la seule restauration ou à la préservation des « droits acquis en 1945 » !
Et Lacaze d’égrener ce que Mélenchon - ce Marchais des temps moderne (4), comme son prédécesseur réclamant pour l’essentiel un SMIC à 1700 € au lieu de 1094 actuellement - devrait par exemple exiger en matière de Santé publique… et ce ne serait pas mécaniquement « réclamer toujours plus de moyens, toujours plus d’hôpitaux, toujours plus de médecins, d’infirmières... Changer les choses en matière de santé, c’est lutter contre le pouvoir de l’industrie pharmaceutique, l’empêcher de diriger la politique de santé, avec comme seul critère la rentabilité et son corollaire, les catastrophes sanitaires. Il faut s’orienter vers une politique de prévention, de vraie santé publique … ». Là encore nous ne pouvons qu’agréer et constater que Mélenchon, s’il s’attaque aux riches - ça ne mange pas de pain - évite soigneusement de se mettre à dos les géants de la chimie et de la pharmacie. Mieux vaut pour lui parler de « planification écologique » que désigner nommément les acteurs industriels et financiers qui participent, sous couvert de nourrir et de soigner bientôt neuf milliards de léporidés bipèdiques, au ravage de nos écosystèmes… Sans apporter au demeurant la moindre solution durable à la faim dans le monde… Famines et misère qui gagnent du terrain proportionnellement à la destruction des économies traditionnelles de subsistance, celles-ci peu à peu dévorées par l’économie de rentes et aspirées dans le vortex du Marché mondialisé.
À l’arrivée, il va de soi que Jacques Lacaze joue un rôle déterminant d’éclaireur lorsqu’il montre la compromission intrinsèque, sui generis, de Mélenchon avec le système. Pour le reste ses appels à « l’insurrection de la vie », c’est-à-dire à l’insurrection tout court, n’ont rien de nouveau, indiquant que les Khmers rouges ne sont pas loin, ni les pillages et les brigandages qui accompagnent généralement les jacqueries prolétariennes. La lutte des classes et le vol institutionnalisé sous prétexte de solidarité et de redistribution de la richesse nationale, que ce soit par le truchement de l’impôt ou plus directement par la réappropriation érigée en morale d’État, font partie des dangers qui nous menacent en temps de crise, d’autant plus que la direction des Affaires et le gouvernement des hommes est confisqué par une classe dirigeante intellectuellement impuissante et moralement faillie. Nous sommes au bord du gouffre et ceux qui prétendent redresser la barre ne sont au mieux que des hâbleurs, au pire, des liquidateurs au service d’un anarcho-capitalisme aussi triomphant qu’il est anonyme, apatride et déprédateur.
L’homme de l’hyperclasse
Arrivés à ce point de notre revue de détail, M. Mélenchon apparaît tel qu’en lui-même : un candidat boboïste, héros des nouveaux riches nés de la société postindustrielle et de l’économie de services, dignes héritiers des trublions de Mai 1968. Il faut cependant insister sur l’ultralibéralisme sous-jacent – mais essentiellement déterminant - d’un personnage prétendant « régulariser tous les travailleurs sans-papiers, tout en relevant le SMIC, [afin] de les mettre dans une concurrence juste et non faussée. C'est une solution à la fois humaine et rationnelle, bien moins coûteuse que les 200 000 expulsions qui seraient nécessaires selon le Front National ». La doctrine des libéraux n’est-elle pas « laisser faire, laisser passer », mais jusqu’où ? Jusqu’à « accueillir toute la misère du monde » dit en son temps un certain Premier ministre socialiste, Michel Rocard…
Quant aux internationalistes façon Trotsky dont Mélenchon a fait sa nourrice sèche et tété le lait aigre d’une pensée conquérante, dissolvante et cosmopolite, ne veulent-ils pas la grande mixité de peuples, l’abolition de toutes différences, celles des individus comme celles des nations, pour mieux les fondre dans le grand chaudron de l’indifférencié d’où ne surnageront que les sectateurs immuables de l’accumulation capitalistique… chaudron qu’il conviendra de renverser régulièrement pour redistribuer les richesses et les cartes sur cette fantastique table de jeu que serait devenue l’humanité tout entière convertie à l’économie virtuelle et totalement soumise aux aléas et caprices du marché.
Collectivisme et hypercapitalisme ne sont bien entendu que l’avers et l’envers d’une même pièce. C’est une répartition des rôles entre membres d’une même oligarchie et nul n’ignore qu’à Gôche, et particulièrement au parti socialiste, les riches et super-riches de naissance façon Strauss-Khan, Fabius et consort, sont plus nombreux que dans toute autre formation politique… à commencer par l’actuelle majorité présidentielle !
Candidat boboïste ou candidat des « start up » ?
Aussi quoi de surprenant à ce que « Le nouvel Observateur », support de gôche, ait publié le 9 avril, une tribune libre d’un certain François Kahn, trader de son état (ou quelque chose d’approchant), texte qui vaut son pesant de cacahuètes, jugeons sur pièce : « Ancien libéral, écœuré par le monde du travail, je voterai Mélenchon. J'ai 30 ans, je travaille dans le privé depuis 6 ans, et je fais partie des 5% des contribuables français qui paient le plus d'impôts. Mes intérêts devraient me conduire à voter pour le candidat PS ou UMP à l’élection présidentielle. Mais le 22 avril, je ne voterai ni pour François Hollande, ni pour Nicolas Sarkozy, mais pour le candidat du Front de Gauche, Jean-Luc Mélenchon. Je n’ai pas toujours voté à gauche. Je suis issu d’un milieu de droite, et à mon arrivée à HEC en 2001, je m’identifiais clairement au libéralisme économique porté par la droite. Mon libéralisme s’étendait aux questions de mœurs, ce qui me rapprochait du PS et m’éloignait de ma classe politique d’origine ».
J’ignore si le Nouvel Obs a diffusé - sciemment ou non - un document authentique ou un hoax, toujours est-il que, vrai ou faux, il n’est en rien l’expression sado-masochiste d’une forme pathologique de « haine de soi ». Ce texte est en effet singulièrement emblématique de l’unité profonde existant entre l’ultralibéralisme et les formes virulentes, potentiellement violentes, du socialisme égalitariste, collectiviste et internationaliste, en un mot tout ce qui fonde la pensée et l’action du candidat Mélenchon… Que l’on retrouvera éventuellement prochainement – à Dieu ne plaise – Premier ministre du socialiste Hollande. Pourquoi pas ? Ce serait dans l’ordre des choses non ?
Un garçon talentueux
Bref, comme le dit si bien Jean-Noël Cuénod dans son éditorial du 19 mars de la « Tribune de Genève » et de « 24 Heures », lequel renchérit sur l’outing de François Kahn : « En quittant le PS pour créer son Parti de Gauche, puis en faisant une OPA sur les décombres du Parti communiste, Jean-Luc Mélenchon a voulu s'inscrire dans cette tradition historique qui, pendant longtemps, a été captée - pour ne pas dire usurpée - par les communistes autoritaires. Aujourd'hui, il incarne cette gauche révolutionnaire en toute légitimité. La révélation Mélenchon signifie surtout un retour à la normale dans la vie politique française… Il faut dire qu’elle est vraiment nulle cette campagne, ça fait du bien de voir un garçon talentueux ». Nous découvrons avec ce poulet, que les journaleux - d’imprégnation calviniste - de Genève, pourtant proches de la forteresse financière, confirment a fortiori le paradoxe ci-dessus énoncé : trotskistes, communistes, socialistes et oligarques de la finance globale, « même combat » !
Pour ne pas conclure rappelons que M. Mélenchon a contracté une alliance contre nature avec l’ennemi d’hier, le Pcf, lequel, trois décennies en arrière, lançait encore ses nervis à la chasse aux trotskistes. L’histoire se répétant inlassablement, notons qu’en 1936, les Communistes, entraient au gouvernement du Front populaire. Trois ans plus tard ce sera la guerre. Dès juin 1940, le Pcf présentera des ouvertures à l’occupant allemand permettant au quotidien l’Humanité de reparaître au grand jour… tout cela jusqu’à la rupture du Pacte germano-soviétique et avant d’entrer en résistance sur les ordres de Moscou. On connaît la suite. En 1945, le déserteur Maurice Thorez revenu au bercail – un Secrétaire général du Parti communiste fraîchement débarqué de Moscou - entre au gouvernement et occupe les fonctions de numéro deux de l’État en tant que vice président du Conseil (5).
Après 1947, il faudra attendre 1981 et l’accession à la magistrature suprême de François Mitterrand, pour voir quelques caciques communistes revenir aux affaires. La collusion Ps-Pcf ouvrit à cette date une fenêtre de recomposition politique à gauche qui s’étala sur les trente dernières années. Dans cette perspective, Mélenchon s’efforce de recueillir aujourd’hui l’héritage du « Programme commun » signé le 26 juin 1972 entre un Ps en pleine ascension et un Pcf ayant amorcé un irrésistible déclin. Mais un lent travail de sape, de harcèlement a conduit la droite - profondément vérolée et corrompue, secrètement passée avec armes et bagages, intellectuellement et idéologiquement, sur l’autre bord (6)… si tant est qu’il y en ait un ! – à s’aligner sur toutes les positions de la gauche à l’exception de quelques questions subsidiaires, tels les « choix de vie »… et à lui concéder toujours davantage de terrain. Quelle différence existe-t-il entre un Mélenchon et un Juppé sur la question des guerres extérieures, Libye, Syrie au motif d’interventions humanitaires ? Aucune. La jonction est faite. Reste que les médias excellent dans leur mise en scène de la sinistre comédie du pouvoir.
Au final, la gauche caviar ne se démarque de la supposée droite que par une illusion d’optique. Cette droite bling-bling dont elle fait tant de gorges chaudes. En vérité elle ne s’aperçoit pas qu’elle se moque d’elle-même. Quant aux accents gaulliens et aux coups de gueule du sieur Mélenchon, cela ne change rien au tableau. Au contraire, cela l’ornemente et le complète.
Notes :
1 - http://www.comite-valmy.org/spip.php?article2361
2 - L’indemnité parlementaire de député européen se monte 7665 euros auxquels s’ajoutent deux indemnités, de frais (4202 euros) et de « subsistance » (298 €/jour) et frais divers frais, téléphone, avion, chemins de fer, soit un total mensuel d’environ 20.000 €. Fonction et revenus non cumulables avec ceux de Sénateur de l’Essonne (mensuellement 17000 €), le chiffe de 37 000 € mensuels avancé par certains (444.000 €/an) n’a par conséquent d’autre source que une fort inutile malveillance !
3 - À une époque où beaucoup ne veulent plus travailler mais gagner de l’argent – ce qui est très différent : dans un cas nous avons une fonction sociale, dans l’autre un mobile strictement privé – et où la motivation égotiste-consumériste, argent, oisiveté, l‘emporte sur toutes autres considérations morale, altruiste, civique. Le temps du « tout pour ma gueule » est arrivé… loisirs et licence des mœurs ayant envahi l’ethos d’un nombre grandissant d’individus, notamment dans les jeunes générations. Comportements qui n’ont plus grand chose en commun avec les dispositions mentale des générations antérieures charpentées par le travail, l’altruisme (la charité chrétienne), la famille, la patrie, l’autosuffisance et l’épargne… Voir le luthérien Thornstein Veblen « Théorie de la classe loisir » 1899 et « Le droit à la paresse » 1880 de Paul Lafargue, gendre de Karl Marx.
4 - Georges Marchais, Secrétaire général du PCF, avait un fil à la patte, sa carte du STO (Service du travail obligatoire en Allemagne national-socialiste), Mitterrand sa Francisque… Question : quels sont les inféodations, les pactes, les obligations tribales ou sectaires liant le Frère Maçon Mélenchon à ses sponsors de derrière le rideau ?
5 – En octobre 1945, après les élections pour l'Assemblée constituante qui donnent 26,1% des suffrages aux communistes, Thorez entre comme ministre de la Fonction publique avec quatre autres communistes dans le cabinet de Gaulle. Il a rang de ministre d'État. Dans le gouvernement Félix Gouin, en janvier 1946, il sera vice-président du conseil. En novembre 1946, avec 28,6% de suffrages qui font du Pcf “le premier parti de France“, Thorez prétend à la Présidence du Conseil. Il échoue. Toujours vice-président du Conseil, Thorez quittera le gouvernement Ramadier en mai 1947.
6 - Le communisme est mort en Union soviétique le jour où il a triomphé chez nous. Tout ou presque dans nos sociétés libres procède ou relève de l’idéologie freudo-marxiste : la conception de la société, de la « morale », des rapports humains, de la pensée dominante, des conformismes sociaux. Le Gaullisme, idéologie passéiste et bourgeoise, est arrivé en 1945 au pouvoir avec le soutien et en quelque sorte, grâce à une certaine complicité avec le Parti communiste… laquelle a trouvé son acmé dans et par le gauchisme sans fard de Jacques Chirac, dont l’héritier naturel - mais honni - ne pouvait être que l’actuel Président Sarkozy. Ainsi, l’esprit du collectivisme totalitaire s’est infiltré en France au cœur du pouvoir. Le dépérissement du Parti communiste n’a pas affaibli la capacité de nuisance des idéologie pseudo universalistes.
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