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Accueil du site > Tribune Libre > De quoi Oreshnik est-il le nom ?
#20 des Tendances

De quoi Oreshnik est-il le nom ?

Avec une certaine subtilité, les Russes ont choisi de recourir à un Euro missile muni de charges conventionnelles pour mener leurs représailles aux frappes ukrainiennes. L’occasion pour eux de recentrer le débat sur la sécurité européenne.

Magie de la propagande de guerre, nos médias ont réussi à éviter ce débat !

Il y avait pourtant matière à de furieux débats et à des discussions approfondies. Les missiles hypersoniques introduisent une nouvelle gamme de moyens de frappe contre les installations en profondeur. Ils marquent aussi l’échec des systèmes de défense anti missiles et du dogme de la supériorité aérienne occidentale, mais surtout, dans ce cadre, le choix d’un euro missile visait à conduire les Européens à réfléchir à leur subordination stratégique à Washington.

 

Autrefois, un missile, un bombardier, c’était un vecteur et une arme. Le rôle du vecteur était de transporter une munition et de la délivrer sur une cible. Le vecteur définissait la portée, la munition, les dommages infligés.

Cette vision simple à commencer à se fragiliser en Libye : À court de bombes (Déjà, cette question des stocks et des capacités de production que nous avons su continuer à ignorer !) l’armée Française décida d’user de ses bombes d’entraînement dont la charge est remplacée par un bloc de béton. A la surprise des commandants, celles-ci s’avérèrent tout aussi capable de détruire un char tant l’énergie cinétique emmagasinée par la bombe suffisait à remplacer l’explosif.

Si l’on en croit les revendications russes (Toujours non confirmée par les Ukrainiens, mais quand ont-ils admis la perte de Barkmout ?) plusieurs bunkers de commandement auraient été brisés au cours de frappes menées par des missiles hypersoniques. L’énergie accumulée dans l’arme lancée à très grande vitesse, aurait suffi pour créer un impact à grande profondeur dans le sol. La frappe de la semaine dernière aurait réalisé le même résultat.

Première question : Doit-on y croire ? Les Russes ont annoncé frapper un objectif précis. Il suffisait aux Ukrainiens pour démentir d’inviter les journalistes à visiter l’usine souterraine post frappe, le film aurait discrédité les prétentions russes. Cela n’a pas eu lieu, il est donc probable que l’effet annoncé correspond plus ou moins aux prétentions russes. Les armes hypersoniques ont démontré pouvoir toucher et lourdement endommager des installations enterrées. Silos de missiles, centres de commandement, sont désormais exposés à des frappes conventionnelles. En face, faute d’avoir réussi à développer un arsenal équivalent, les pays occidentaux mesurent la faiblesse de leurs moyens d’action, car leurs systèmes militaro-industriels, malgré les milliards versés ont échoué à développer des armes hypersoniques fonctionnelles.

Il existe un étage de dissuasion non nucléaire auquel les russes ont accès et pas les pays occidentaux, cela génère un déséquilibre des forces en faveur de l’armée et des décideurs russes bien plus libres de maîtriser l’escalade.

Seconde question : Quelles sont les conséquences ?

Début 2000, sûr de leurs systèmes anti missiles, les Américains ont congédié la majorité des traités de la guerre froide. Les années Bush ont accompagné l’expansion de l’OTAN de celle de leurs systèmes anti missiles pour neutraliser la capacité nucléaire soviétique rémanente récupérée par la Russie. Cette non architecture de sécurité faisait de Washington, capable de maîtriser le jeu nucléaire l’ordonnateur de la sécurité en Europe. Nos dirigeants ont laissé les Américains agir à leur guise.

Tragique erreur d’appréciation : Nombre d’experts avaient prévenu contre la complexité des systèmes anti missiles, fragiles et susceptibles d’être contrés par une nouvelle génération d’équipements un peu améliorés. Les Russes ont relevé le gant et pas seulement UN PEU améliorés leurs systèmes. Ils ont rendu les moyens anti missiles inadéquats. Dommage pour le président Bush, mais c’est nous, européens qui récoltons les fruits pourris de son erreur de calcul. Moyen orient, Yemen, Ukraine, partout le même scénario se répète : Des drones peu coûteux (Merci les iraniens ?) submergent les défenses anti aériennes d’origine occidentales et les missiles hypersoniques détruisent des cibles à haute valeur ajoutée. Si les effets militaires restent encore mineurs, l’humiliation pour les industries d’armement occidentales est totale.

La frappe du missile russe, apparemment menée sans le nuage de drones démontre que les armes hypersoniques peuvent percer seules et on peut s’interroger de l’effet de telles frappes en cas d’attaques massives.

 

Là est sûrement la leçon la plus grave de la nouvelle donne stratégique. En Corée, seule l’arme aérienne a permis aux armées occidentales de repousser la menace. Depuis la Normandie, les forces américaines et leurs différents auxiliaires se sont habitués à opérer sous un intense parapluie aérien dont l’efficacité repose sur une puissante industrie et des bases arrières capables de maintenir ces machines fragiles en état de vol.

Hélas, la Normandie est bien loin des champs de bataille du XXIè siècle. Les avions modernes sont fragiles et la liste des problèmes du F35 ne fera rien pour corriger leur réputation. Les bases arrières exigeantes et on le constate à la quasi-absence des F16 du ciel ukrainiens : Impossible de les baser dans ce pays en guerre sans risquer de les voir détruits par un missile russe. Ils devaient nettoyer le ciel d’Ukraine de l’aviation russe, accompagner une glorieuse contre attaque menée comme la chevauchée des Walkyrie, ils se terrent.

Autant en emportent les promesses de l’OTAN. L’hypothèse de base, la garantie essentielle sur laquelle comptaient les ukrainiens, d’une zone d’exclusion aérienne au-dessus de l’Ukraine a volé en éclat dès les débuts du conflit pour des raisons politiques. Depuis l’armée Ukrainienne combat sous un ciel hostile !

Impossible à mettre en œuvre sans déclencher une guerre ouverte avec les russes. Sa mise en oeuvre aurait supposé que les défenses anti missiles contraignent les russes à renoncer à utiliser leurs moyens nucléaires dans un affrontement intercontinental. Les missiles hypersoniques ont rendu cette hypothèse caduque ! En cas d’échange nucléaire, l’arsenal russe sera probablement sensiblement plus efficace que celui des pays occidentaux. Cela nous fera une belle jambe, car occidentaux et russes pourront respirer de la poussière radioactive et le reste du monde, protégé par l’hiver nucléaire, cessera de s’inquiéter du réchauffement climatique. L’anéantissement mutuel est plus que jamais d’actualité et il ne manque pas de fous près des boutons rouges.

On a remplacé par une importante défense AA, faite de systèmes ex soviétiques et au fil des mois, d’équipements occidentaux. Force est de constater que malgré ces efforts sécuriser les bases aériennes ukrainiennes constitue une tâche au-delà des capacités des Ukrainiens et de leurs sponsors occidentaux. Fondamentalement, il semble que malgré la mobilisation totales des usines (Peut-on encore parler d’usines ? Plutôt de manufactures ou d’ateliers tant les moyens capitalistiques sont devenus lacunaires) la consommation dépasse de loin la production et l’arrêt du feu AA Ukrainien menace toujours davantage.

Le résultat, nous le connaissons tous : L’aviation déserte les champs de bataille, même si la Russie revient avec ses bombes FAB seulement utilisables sur le front, car tout raid en profondeur semble impossible en raison des défenses aériennes. L’artillerie, longtemps méprisée, redevient la reine des batailles. Un domaine que les Russes n’ont pas désinvesti et ils récoltent les fruits de leur persistance dans « l’erreur ».

Faute d’aviation, faute d’une artillerie suffisante et d’une capacité de production d’obus de masse, les pays occidentaux qui encouragent Kiev à la poursuite de la boucherie, n’ont pas su mieux nous offrir que la contre-offensive de Robotnye1. On l’a vu, tout le courage du monde (Et il y en eu) ne suffit pas contre le nombre. Plus grave, avant cette contre-attaque, les missiles russes semblent avoir éliminé plusieurs dépôts de munitions ukrainiens2, privant l’offensive du nécessaire appui feu. D’où ces assauts d’infanterie pour remplacer/compenser un feu inexistant.

Nous en sommes là et les responsables militaires de l’OTAN ont raison sur un point : Malgré son infériorité numérique face aux forces de l’OTAN (3mio Otan contre env 2mio russes) l’armée russe dispose probablement des moyens d’arriver à un mat militaire en cas de confrontation conventionnelle.

Sauf que, le problème n’est pas les russes, mais les responsables de l’OTAN qui ont échoué à comprendre la guerre à venir. Non Amiral Bauer, nous ne devons pas nous préparer à la guerre contre les russes, nous devons cesser de les agresser et ensuite nous consacrer à la première des priorité : Votre cour martiale pour condamner le perdant que vous êtes. Il vous revenait à vous et à vos collègues de préparer la guerre de demain, vous nous laissez une armée de 1870 pour affronter une force de la seconde guerre mondiale. Tragique inadéquation, fruit de VOS erreurs. Vous et les responsables de l’OTAN avez faillit à votre devoir !

Alors, je comprends, préparer une guerre contre les russes vous permettrait d’être récompensés et non punis de vos échecs, mais je me demande comment les romains auraient pris cela ?
La question est dans la réponse bien évidement. Si l’OTAN était une légion, elle serait décimée à l’heure actuelle, comme le furent les survivants des légions de cannes condamnés à expier leur défaite pendant des années jusqu’au moment où Scipion l’Africain les mobilisât pour l’expédition contre Carthage.

Je vous rassure, l’occident habitué à persister dans ses errements n’est pas près de connaître sa bataille de Zama. La complaisance des élites occidentales, habituées à transférer le coût de leurs échec sur les peuples conduit au contraire en direction d’une longue agonie, voire d’un conflit avec la Russie pour masquer l’ampleur de l’échec. Après tout, si on punissait les dirigeants ayant échoué qui resterait-il dans la classe sociale supérieure3 ?

Sauf que cet éventuel conflit ne se fera pas à armes égales. On peut envisager de vaincre la Russie : 300 Mio d’Us + 445Mio d’Européens permettent un ratio de pertes de 6 pour un. (Oups, le même qu’aujourd’hui en Ukraine).

Les russes ayant 20mio d’hommes mobilisables, cela signifie 120mio de morts ou d’estropiés, car nous n’avons pas les armes pour gagner avec un meilleur taux d’échange. (Probablement pire, tant nos dirigeants sont nuls et incompétents)

 

Cette équation dramatique pose une question : Pourquoi ?

Pourquoi sommes-nous dans ce qu’il faut bien appeler une guerre contre les russes ?
Car Blackrock permet à Macron de soutenir la dette française au lieu d’essuyer l’infamante faillite qu’exigeraient ses errements financiers ? Certes, mais sauver les retraites de ses électeurs vaut-il de sacrifier les enfants de France ? Pour notre dirigeant je n’en doute pas tant sa haine de tout ce qui est français, enfants et autres symptômes d’une vie normale et équilibrée semble établie. (Là aussi, le refus de le sanctionner tourne à la crise de régime)

Pour permettre aux Polonais d’enfin remettre un Tsar polonais sur le trône de Moscou et faire expier aux Russes le choix de l’orthodoxie contre l’église de Rome ?

Pour permettre aux Baltes de remettre à l’honneur leur grand papa SS ?

Ou bien pour assouvir la russophobie évidente d’un certains nombres d’individus aux états-unis pas encore en paix avec leur histoire familiale ? (Brezinski avait des ancêtres polonais, Madame Nulland, des ancêtres ukrainiens.)

Esprits revanchards ? Certes, mais dans ce cas, pour nous français, ne vaudrait-il pas mieux conquérir la rive gauche du Rhin où envoyer des troupes pour aider à la libération de l’écosse ? Faire des guerre inutiles pour faire des guerres inutiles, livrons-nous a moins à celles consacrées par nos traditions ! Pourquoi les russes ?

En vérité, il s’agit d’aider nos maîtres Washingtoniens à se débarrasser d’un arsenal nucléaire capable de concurrencer le leur et si la guerre avait provoqué l’effondrement du gouvernement russe, ce résultat aurait pu être atteint.

Hypothèse intéressante, mais seulement dans le monde de Jean Noël Barrot où la Russie se porte mal économiquement et les pauvres citoyens russes écrasés par la répression ne rêvent que de se révolter contre Vladimir Poutine pour enfin accéder au paradis occidental.

Désolé, monsieur le ministre, Pole emploi aimerait beaucoup gérer les problèmes de pénuries de main d’œuvre russes et non, le citoyen Russe ne rêve pas de vivre comme le français d’Hénin Beaumont ou de Sarcelles.

Si le capital accumulé en Russie ne permet pas encore un niveau de vie équivalent à celui des USA, la trajectoire économique de ce pays rend l’hypothèse d’un rattrapage possible et crédible, alors que nous n’avons pour autre perspective qu’une lente dégradation de nos conditions de vie.

Dés lors, pourquoi nous engager ? Car les russes sont intervenus en Ukraine ? Humour douteux, nous aurions au terme des garanties accordés aux accords de Minsk aider les russes à liquider le régime banderiste de Kiev.

Pour aider les Américains à se débarrasser de leur compétiteur nucléaire ? Au contraire, notre intérêt est un monde où la France peu jouer le rôle de puissance d’équilibre, alors que les USA débarrassés des Russes, ils utiliseraient leurs puissants moyens de contrôle pour nous rabaisser.

Et là se trouve l’intérêt du choix du système d’arme utilisé par la Russie. En choisissant de recourir à ce que l’on nommait autrefois un Euro missile, Vladimir Poutine rappelle aux Européens que les intérêts stratégiques Européens ne sont pas ceux des USA. Nous pouvons subir des armes dont les USA n’ont rien à craindre et nous savons depuis le général gallois que les Américains ne feront pas atomiser New-York pour protéger l’Europe. La garantie nucléaire américaine est nulle et non avenue !

Quant à la garantie conventionnelle, la seconde partie de ce texte en a démontré la non-valeur !

L’Europe s’est donc ruinée en aide, a vidé ses arsenaux pour se réaliser nue au plan sécurité4 ? L’heure n’est plus a à agresser la Russie ou le reste du monde coupable de refuser nos désidératas.

Elle est à punir ceux dont l’incompétence nous a désarmés. Reprendre les tarés sous contrôle (Polonais, Baltes et autres), purger nos institutions des fous qui vivent dans le dogmes d’une supériorité occidentales disparue au XXè siècle. Bref, savoir rentrer dans le rang des nations normales, et parler poliment aux autres au lieu de leur faire la leçon.

Après, nous pouvons continuer à nous complaire dans le monde de Jean Noël Barrot, mais si les Russes sont patients peut-être le prochain compétiteur stratégique ne le sera-t-il pas. Maintenir les rêves d’une soi-disant élite confise dans ses illusions, mérite-t-il de mettre en dangers les peuples européens ?

 

1Qui reste le symbole de la persistence dans l’erreur des occidentaux. Cette offensive n'aurait jamais dû être lancée.

2A confirmer, mais les russes ont revendiqué de telles opérations, cohérentes avec l’insuffisance des feux d’appuis ukrainiens au début de l’opération.

3Mais serais-ce un mal ? Mieux vaut être seul que mal dirigés, non ?

4Il faut donc faire la guerre aux Russes pour leur faire payer ce blasphème. Nous ne saurions accepter ainsi de voir d’autre pays remettre en cause notre image de nous-mêmes. Pardon, humour LCIien.


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