Des nouvelles d’Ingrid Bétancourt, mais toujours rien pour Guilad Shalit
Ingrid Bétancourt est vivante ! C’est une excellente nouvelle pour toute la France, qui se mobilise sans relâche depuis plus de 2 100 jours. Pendant ce temps, un autre ressortissant français, Guilad Shalit, est toujours aux mains de ses ravisseurs. Dans l’indifférence générale tant des médias que des politiques ou du grand public. Guilad et Ingrid, unis par le même triste sort, mais pas avec les mêmes chances de s’en sortir...
Depuis quelques jours, tout une nation reprend espoir car on a la preuve qu’Ingrid Bétancourt est en vie. Tout ceux qui se mobilisent pour sa libération voient leurs efforts enfin récompensés par une première preuve de vie, préalable nécessaire pour envisager un dénouement heureux. Le président Sarkozy lui-même a décrété que la libération d’Ingrid était une priorité nationale, relayant en cela le peuple français dans son immense majorité.
On se souvient avec douleur de chaque prise d’otage de ressortissants français, que ce soit au Liban, en Irak ou partout dans le monde. Quel que soit le profil de celui qui était pris en otage (qu’il soit diplomate, journaliste, soldat ou citoyen lamba) et quels que soient les preneurs d’otages (qu’ils soient terroristes, opposants politiques, mafieux ou criminels de seconde zone), la France dans son ensemble s’est toujours mobilisée pour obtenir la libération d’un des siens.
Pour Guilad Shalit, rien de tout cela ne s’est produit...
Un petit rappel d’abord, car beaucoup ne connaissent pas même son nom. Guilad est un Franco-Israélien de 20 ans qui, pendant qu’il accomplissait son service militaire en Israël, a été kidnappé le 25 juin 2006 par une faction palestinienne. Depuis plusieurs mois, on est sans nouvelles de lui. Est-il seulement toujours en vie ?
Alors pourquoi si peu d’intérêt pour lui ?
D’abord, pour beaucoup, la libération de Guilad est avant tout un problème israélien. C’est tout aussi absurde que d’affirmer que le cas Bétancourt est un problème purement colombien...
Oui mais, diront les esprits chagrins, Guilad a choisi Israël comme son pays, et non la France. Argumentation bizarre si on considère qu’Ingrid a, comme lui, un passeport français et, comme lui, fait le choix de vivre, travailler et partager le destin d’un autre pays.
Guilad a été enlevé en tant que "soldat israélien", cela change tout. Je rappelle, si cela est nécessaire, qu’Ingrid a été prise en otage pendant un déplacement officiel en tant que candidate à l’élection présidentielle colombienne...
Alors, me diront certains à bout d’arguments, il faut bien dire que Guilad est le symbole de l’occupation israélienne et cet enlèvement n’est que la riposte des Palestiniens aux humiliations qu’ils subissent chaque jour. Curieux raisonnement, à nouveau, qui veut accorder aux groupes palestiniens une compréhension qu’on refuserait à la guerilla colombienne.
Qui peut encore soutenir les Farc après avoir vu la récente vidéo d’Ingrid ? Qui peut encore comprendre leurs revendications après avoir lu des passages de la lettre d’Ingrid où elle écrit notamment "ici, nous vivons comme des morts" ? Chacun peut imaginer, d’ailleurs, le tort que peut causer l’enlèvement de Guilad pour la cause palestinienne. Hélas, bien souvent en France, les militants pro-palestiniens sont davantage motivés par leur haine d’Israël que par leur amour des Palestiniens.
En écrivant cette tribune, je sais bien ce qui va se passer (je n’ai hélas plus beaucoup d’illusions sur la nature humaine...) ; j’écris "Liberté pour Guilad", on va me répondre "Justice pour les Palestiniens". Le propos n’est pas ici de soutenir la politique israélienne, pas plus que le parti écologiste colombien, le président Uribe ou les revendications des Farc.
Je veux juste dire que ce serait bien que, pour les mêmes raisons humanitaires que pour Florence Aubenas en Irak, le journal Libération fasse sa une sur Guilad. Ce serait chouette que Renaud, en dépit de ses opinions politiques que l’on connaît à l’égard d’Israël, organise un grand concert de soutien pour Guilad. Ce serait intéressant que Rama Yade, la secrétaire aux Droits de l’homme, se préoccupe publiquement du sort de Guilad. Ce serait pertinent que des ministres et des députés de tous bords fassent pression pour obtenir des preuves de vie de Guilad. Enfin, ce serait utile (je le crois) que chacun d’entre nous se pose cette question simple : pourquoi le sort d’Ingrid me préoccupe-t-il davantage que celui de Guilad ?
Ingrid, ma soeur en humanité, je me réjouis de te savoir vivante et j’espère que bientôt tu seras aux côtés de tes enfants et de ceux qui te sont chers. Guilad, mon frère en humanité, je garde espoir que tu sois toujours vivant, en bonne santé, et que très vite tu retrouves ta famille et ceux qui prient chaque jour pour ton retour.
Pierref
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