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Accueil du site > Tribune Libre > Désirer ou Accueillir ?

Désirer ou Accueillir ?

N'ayant guère le goût de l'anthropologie – l'étude de soi comme autre- et mon amour des mots ici n'entrant pas en ligne de compte, je serai partiale, en direct de mon observation !

J'ai comme image un homme qui marche les bras ouverts, les yeux ouverts et qui garde ce qu'il embrasse ; ou bien un chasse-neige qui avance à l'aveugle et dégage le chemin devant lui.

Ce dernier est le modèle dominant aujourd'hui, une preuve de force et de détermination.

Le désir s'inscrit dans un champ différent et plus vaste, et je ne parle pas du désir érotique, qui n'a que que peu à voir avec mon sujet. ( On peut noter qu'à ce propos, on dit plutôt « je te veux », si on est « in », ou je « t'aime », si on est ringard ! C'est rare qu'on prononce le mot « désir » ; sauf au restaurant : « qu'est-ce madame désire ? », on le dit rarement !).

Désirer, est se poser en sujet, incontournable et tout puissant, et qui veut obtenir. ( ceci dit, dans le désir sexuel, il peut y avoir de cela aussi !!). Désirer est vouloir absolument combler son vide intérieur, par anxiété, par peur, par inconfort ; on désire le combler par la réalisation des pauvres images que nous avons en tête et que l'on a tirées d'un modèle, vivant ou livresque, mais qui ne nous appartiennent pas : c'est donc vouloir être autre. Plus grand, plus beau, plus riche, plus instruit, plus, plus plus... Le plus facilement réalisable, c'est la consommation ; dans la consommation, on ne fait guère le rapport entre l'effort du travail qui rapporte de l'argent, et la dépense, c'est ce qui distingue notre société de celle de nos parents. Dans ce sens, le désir est l'opposé d'un besoin car le besoin est nécessaire à notre survie, le désir veut que l'on se hisse hors de sa condition.

Il est de bon ton de dire que le désir c'est la vie ! Très honnêtement, j'ignore de quand date cet aphorisme mais à mes yeux, rien de plus faux ! Le désir c'est la mort qui nous propulse en avant, nous ignore, peut détruire sur son passage, juste pour fuir sa médiocre réalité. Le mot d'ordre du désir : s'approprier ! La belle affaire ; les lieux , les êtres, les choses ! Le désir pose l'ego comme centre du monde et ne vivant que dans le but de combler ce manque douloureux, il se ferme à l'autre, sauf s'il le désire, à l'inconnu, à l'aventure, à la vie.

Certes tous les désirs ne sont pas obsessionnels mais le délimiter dans son aboutissement évoque plus clairement son fonctionnement.

Le désir se pose comme don s'il s'adresse à une personne, celle-ci doit s'en sentir flattée ; qu'on la désire comme collaboratrice ou comme employée, comme maîtresse ou comme épousée, les fils de la flatterie se tendent pour peu que vous soyez en vue.

Le désir d'un statut, d'une situation, d'une réussite sociale, se pose comme ambition ; ce qui est très positif ; que ne dit-on pas de ces pauvres hères qui se contentent de ce qu'ils ont !

Le désir d'un voyage, d'une prouesse, d'une performance, se pose comme témérité ou courage ; c'est très valorisant ; une distinction.

Le désir d'une baraque, d'une bagnole, d'un bijou ou d'un meuble, est normal. Le désir ne s'applique pas à la consommation compulsive des médiocres ! Caprices ou compulsion alors.

Il faut que le désir macère, se mousse, s'exprime et se justifie pour acquérir ses lettres de noblesse ; au négatif, le désir devenu répulsion peut, si on est habile, passer pour une lutte politique ou, un service rendu à une cause, un héroïsme même, s'il nous fait agir de manière inconsidérée.

Le désir a-t-il jamais été le moteur de belles choses ? C'est à voir.

Le désir se raconte des histoires, et raconte des histoires ; il a tout intérêt à les rendre belles et désirables, pour se nourrir lui-même . Il y a le roman national tout entier réalisé de grands désirs même si de petites victoires puisque les conquêtes, les grands hommes les désirent. Se parer par désir de s'embellir, quitte à mentir.

Le désir devient un besoin quand sa satisfaction s'est transformée elle-même en drogue ; celle-ci couvre tous les domaines de notre société actuelle, sur une échelle de grandeur assez large il est vrai mais qui recouvre le même processus d'actions compulsives, irrationnelles et sans mesures ; déraisonnables plus qu'irrationnelles, même si le mental trouve toujours raison à sa démesure. Du désir d'objets- considéré comme naturel- nécessaire au point de se surendetter sans retour, au désir d'accumuler, dans la facilité folle du jeu, cette énergie décrite comme belle et vitale s'est bien transmutée en addiction ! Quelle activité humaine peut bien coexister avec cette tension incessante seulement pointée vers l'appât ? Car ce qu'il reste du désir quand il est addiction, c'est la peur, la peur après l'euphorie, la peur pour toujours, sauf à se guérir ! Mais pour guérir, il faut se soigner et à ce stade il faut être aidé ! Qui voudrait mais surtout qui pourrait aider un patron voyou, un rentier, un trader à se soigner ? On ne fait rien pour les gens contre eux-mêmes !

Que dire de celui qui se fait désirer ? Qui d'un fait anodin fait un secret ? Qui cultive le mystère bien maigre de sa singularité ? Qui parle un langage obscur, ténébreux pour attirer sur lui les regards ou l'écoute, retenir l'attention pour à la fin décevoir ? Qui se distingue, croit-il, par quelque excentricité ? Qui brille hors son contexte d'une aura vite oubliée ? Ou au contraire qui ventile son pouvoir, attire avec ses paillettes d'influences une palanquée de courtisans ? Qui n'existe que par l'autre et finit par déchoir.

Ce n'est pas la folie qui mène le monde, c'est la drogue, cette chimie sécrétée par les corps ou ingurgitée, qui rend invincible tant qu'on l'absorbe, jusqu'à l'overdose.

Peut-on penser qu'un être qui se cague dessus parce qu'il a peur qu'on lui prenne un peu de son argent en impôt et le cache, puis qui se cague dessus parce que la cachette n'est plus sûre, ait le moindre désir, cette noble énergie vitale, dans sa vie ?

Que l'endetté jusqu'à l'abjection, mensonges à ses amis, trahisons, fuite devant ses responsabilités, ressente la moindre parcelle de désir, cette noble énergie vitale ?

Que le drogué de daube, qui arnaque puis vole puis attaque pour se fournir, révèle le moindre soupçon de cette belle énergie vitale qu'est le désir ?

Que le travailleur harcelé, humilié, exploité, jeté, à bout, ressente encore le moindre désir sous forme de cette saine énergie vitale ?

 

 

Pourtant, ils n'ont pas, ni les uns ni les autres, accédé à la sagesse.

 

Et pourtant le sage n'éprouve pas de désir.

 

L'aboutissement de la réalisation de soi n'est pas la réalisation de ses ambitions mais bien plutôt leur abolition.

Le réalisation de soi met fin à la nécessité de se propulser hors de soi pour se sentir vivre. Cet état, sans étonnement, se définit plus facilement par son contraire ; pourquoi ?

La vie est un mouvement, une impermanence, cela ne veut pas dire caprice ou insécurité, mais rythme non contraint et événements. Se connaître ne veut pas dire maîtriser mais ne pas se tromper de chemin ; ici ou là, la vie bouillonne et les aléas convergent ou résonnent en concordance sans que notre volonté n'y puisse rien ; seule notre disponibilité nous y prédispose, seul notre abandon nous en fait ressentir le sel. La vérité, ou l'authenticité d'une attitude se trouve donc indescriptible, non formulable ; certes à partir d'elle il nous est loisible de la narrer mais alors par la mise en relation que nous opérons, par les reliefs que nous choisissons, par le style, les couleurs ou les sons que nous lui donnons, nous la transcendons, nous l'objectivons.

L'homme est à la fois dedans et dehors, avant et après, il se souvient, quand bon lui semble, il anticipe ; le souvenir peut devenir nostalgie puis mélancolie, l'anticipation peut devenir projection, identification à un modèle ; l'équilibre est donc précaire nécessaire pourtant à la santé, de soi, et d'une société toute entière. On peut donc considérer que l'abandon total de « accueillir » au profit de « désirer » crée un tel déséquilibre qu'en tous domaines, nombreux sont ceux qui pressentent la chute.

Qu'ils soient philosophes, politiciens ou économistes, l'éclairage qu'ils donnent sur cette rémission d'un système sur sa fin par la financiarisation, il y a une trentaine d'années, pointe le fait que ce système arrive à son terme ; un malade peut profiter d'une plus ou moins longue agonie en fonction du nombre de tuyaux que l'on fait rentrer dans son corps, mais vient toujours le jour où il meurt ! Nous en sommes là de ce système mortifère. Ainsi, sa fin plongera les désirants dans une frustration terrible qui débouchera probablement sur des violences voire la barbarie . Le règne de l'argent date grosso modo du XVe siècle ; inventé par les hommes, on peut prétendre qu'il puisse être désinventé par eux !

Les citoyens aujourd'hui désirent tant qu'ils en oublient leurs besoins ; il se peut que la réalité les rattrapent.

Kurtz ( 1) nous dit : « Créer une société où la production et la circulation des biens ne passent plus par la médiation autonomisée de l'argent et de la valeur, mais sont organisés selon les besoins- voilà une tâche énorme qui s'impose après des siècles de société marchande. ». S'il en montre la nécessité, il n'en donne pas les moyens d'y parvenir ! Parmi ces moyens, je vois le nécessaire retour aux besoins et le non moins nécessaire abandon des désirs ! Outre que la plupart des désirs sont provoqués par la propagande - les vrais désirs issus de soi étant des besoins qui se hissent au-delà du matériel et veulent nourrir les appétits spirituels, créatifs, élevés, de l'homme-, qu'ils soient matériels ou sentimentaux, ceux d'un mode de vie ou d'un lieu de vie, ils abîment l'authenticité au point de la faire mourir et finissent bien sûr par ne plus concerner seulement l'individu mais une société, une civilisation ! Est-ce un hasard s'ils sont si peu variés, s'ils drainent les foules dans les mêmes lieux ? S'ils entraînent la gabegie de ce qui est laissé pour compte, quelques jours après que l'objet rêvé est devenu déchet ? Et si l'argent, ce sésame, est devenu la valeur suprême, ce dieu dictateur devant lequel, prêt à toutes les bassesses morales, chacun se prosterne ?

Il faut s'approprier, utiliser et apprécier l'objet qui vous échoit ; il rentre dans votre vie en y créant un petit désordre, puis trouve sa place ; rien d'une telle joie avec l'objet convoité qui remplissant un vide se fait oublier, laissant un autre vide qu'il faudra bien combler ; jusqu'à ce qu'il faille jeter car la force de l'esprit n'est pas assez grande pour repousser les murs de la maison !

Revenir à ses besoins, créer une économie de la demande et non plus de l'offre, non seulement coupera les pattes des publicitaires, des designers et des commerciaux – oh, combien de talents gâchés alors !- mais nécessitera un rapport à soi de plus grande intimité, ne plus se donner, ne plus s'en remettre aux experts et autres spécialistes. Voilà qui changerait la donne et de ce simple fait ( la simplicité étant, je radote, la chose la plus difficile à trouver) tout un monde en serait chamboulé. On évince le désir, on accueille l'accueil ! On ne marche plus comme un bulldozer mais comme un flâneur ; on ne peut pas rencontrer un bulldozer obsédé, on peut boire et parler avec un flâneur.

Accueillir l'être qui nous échoit, quelque soit son voyage, et l'aimer de le rencontrer, le connaître et le reconnaître, plutôt que le choisir par ses qualités décrites, sensées nous combler.

Accueillir l'enfant plutôt que le programmer, le réserver pour qu'il satisfasse un désir fantasmé, informulable hors des clichés, sous prétexte de ce droit nouvellement octroyé.

Accueillir le trajet, un chemin qui s'offre par hasard et que l'intuition seule peut nous faire reconnaître.

Accueillir un destin dont on se rendra maître en l'acceptant.

Mais accueillir l'action obligée, la lutte ou le combat pour défendre des abus du pouvoir notre dignité ou notre liberté.

Accueillir sans passivité, bien au contraire, et trouver ce sentier invisible à l'oeil clos, de l'action, de la création sans maîtrise !

Car l'accueil est un acte, l'hospitalité une vertu et cet acte et cette vertu sont les ingrédients nécessaires à la plénitude ; on commence par s'ouvrir, se rendre disponible, attentif puis l'on s'aperçoit que le désir a disparu !

 

 

(1. : Robert Kurtz, Vies et mort du capitalisme. Chroniques de la crise. Citation trouvée dans l'article de Anselm Jappe, dans La Revue des Livres)


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35 réactions à cet article    


  • Fergus Fergus 24 juin 2013 19:51

    Bonsoir, Alinea.

    Beau texte et belles réflexions sur l’Humain dont il va me falloir une seconde lecture pour totalement m’en imprégner.

    Permettez-moi cependant d’ores et déjà une petite observation : vous écrivez « Désirer, est se poser en sujet, incontournable et tout puissant, et qui veut obtenir. » C’est souvent vrai, mais ce n’est pas systématique : on peut désirer et souhaiter obtenir, la différence entre le souhait et la volonté induisant le choix des moyens que l’on se donne.


    • alinea Alinea 24 juin 2013 20:18

      Vous avez raison Fergus ; j’ai écrit « carré », histoire de différencier ces deux attitudes ; J’ai juste écrit, pour me disculper de ce regard « synthétique », que tous les désirs n’étaient pas obsessionnels, ce qui laisse la marge à tout un tas de désirs pas aussi « vilains » que ce que j’en dis !!


    • alinea Alinea 25 juin 2013 10:34


      Selena :

      jouer avec son désir comme avec une balle peut être le délicieux raffinement d’un être sophistiqué ; ça peut être plus trivialement « une masturbation intellectuelle » comme on disait à la belle époque de ceux qui tournaient en rond autour de leur nombril !

      Le désir peut se mêler au rêve aussi et devenir vital tant l’humain ne peut guère affronter ou se tenir dans le réel sans tampon ; bien sûr que le désir est aussi libido ( selon Jung, comme je le dis à Gordon plus bas), surtout dans la jeunesse quand la personnalité se forme et a l’appétit de tout voir, de tout connaître ; mais je l’ai caricaturé, ou restreint, juste pour exprimer mon sentiment sur le monde d’aujourd’hui, par ce biais-là.

      Je crois qu’à la maturité, suivre son désir, ou ses désirs, c’est ne pas s’être trouvé, être resté immature ; et c’est, me semble-t-il, le mal qui nous ronge !


    • alinea Alinea 25 juin 2013 12:36

      J’aime bien vos auteurs inconnus, ici ou là !
      Moi je crois que je blâme la jeunesse de n"être pas celle qu’on a été ! En fait, je ne blâme rien du tout ; j’ai appris à ne faire que ce que je pouvais faire, penser comme je pouvais, et regarder le reste, ce pour quoi je ne peux rien !!
      Il y a des bonnes surprises, et puis des déceptions ; le mouvement de la vie quoi ! Vous dîtes qu’un autre monde se dessine ; c’est vrai et faux à la fois ; il faut un long moment douloureux de désintoxication pour sortir de la drogue ! et quand cette drogue est non seulement légale mais encouragée ! c’est dur !!


    • alinea Alinea 25 juin 2013 10:12

      bonjour Gordon : ici je différencie l’énergie vitale, saine, dirais-je, du désir ; j’aurais pu dire « la volonté » , qui est plus en oeuvre dans l’ambition, mais la volonté est portée par quelque chose de tout à fait irrationnelle, qui peut être le désir !
      Mais le désir , tel que je le définis, comme perversion de cette libido ( au sens jungien), ça me va.. jusqu’à plus ample réflexion smiley


    • gaijin gaijin 25 juin 2013 10:36

      gordon
      il ne s’agit pas de philosophie ( c’est a dire pas d’un truc que l’on pense dans sa tête )
      et en général il est plus question de chevaucher le dragon ( qui représente l’élan vital ) que le tigre ( qui représente en quelque sorte les pulsions instinctives )
      chevaucher le tigre signifierait le contrôle des pulsions
      ( a moins bien sur que ce soit dans ce sens que vous vouliez l’entendre ......)


    • gaijin gaijin 25 juin 2013 10:42

      alinéa
      « Mais le désir , tel que je le définis, comme perversion de cette libido »

      ça me parait pas mal aussi comme formulation
      le désir est une perversion des pulsions fondamentales, perversion issue soit de la société soit de traumatismes personnels ayant conduit a la souffrance.


    • gaijin gaijin 25 juin 2013 11:23

      morvandiau
      « pour moi philosophie au sens large ne se limite pas à la sphère intellectuelle ....... »
      ok mais j’ai tendance a ne pas aimer ce terme quand il est question de l’ asie. on a eut trop l’habitude de regarder les choses au travers des lunettes grecques.

      dans le cadre de la dialectique yin yang ok ça se tient
      mais en général la symbolique tigre et dragon s’emploie plus dans la perspective des 5 mouvements ou ils représentent Ouest et Est et donc métal et bois, mon commentaire se plaçait plus sous cet angle spécifique.......


    • alinea Alinea 25 juin 2013 11:43

      Pardon ! je m’intercale..
      Il n’est pas question de « supprimer » ; supprimer est un acte volontaire, qui se tient dans le mental, mais plutôt de « laisser filer ».
      Il est clair que ceux qui s’abandonnent, ne désirent pas ! L’harmonie est au rendez-vous, car le désir est très égoïste, voire narcissique ; mais n’oubliez pas qu’ici, je le distingue de l’énergie vitale ! L’individualisme a porté ce désir à un point d’impossibilité de vivre ensemble ; c’est lui qui entraîne la compétitivité, la rivalité et tout ce qui s’ensuit...


    • gaijin gaijin 25 juin 2013 11:47

      alinéa
      tu est la bienvenue smiley
      bien sur je n’ai pas relevé ce point parce que ça me paraissait évident mais on est d’accord .....



    • Kookaburra Kookaburra 25 juin 2013 10:26

      Bel article, que je découvre tardivement.

      Le désir fait partie de ce grand vocabulaire de mots que l’anglais a emprunté du français. Mais oui, les emprunts dans cette direction sont plus nombreuses que dans l’autre ! Seulement on l’utilise moins. Je ne sais pas si l’on dit couramment «  je désire  » … mais en anglais on dit plutôt I would like (j’aimerais). En anglais désir a plutôt un sens sexuel.

      Désir est lié à l’espoir. On espère obtenir ce que l’on désire. Le Bouddhisme nous enseigne de se débarrasser du désir. Il faut apprendre à dés-espérer pour nous libérer de nos désirs.

      « la plupart des désirs sont provoqués par la propagande »dites vous, et c’est très vrai. Avec mon téléphone portable je ne peux que téléphoner. Mes amis s’en moquent. «  Mon pauvre, les Smartphones ne sont plus très chers !  » C’est un de ces objets dont on ne sais pas qu’on a besoin, mais dès que on l’a, on ne peut plus s’en passer.


      • Fergus Fergus 25 juin 2013 10:42

        Bonjour, Kookabura.

        Créer le désir est en effet l’arme principale du marketing. Une arme d’autant plus perverse qu’elle agit moins sur notre personnalité intrinsèque que sur notre souci grégaire superficiel d’appartenance à une communauté inscrite dans l’air-du-temps, à l’image de cette communauté de possesseurs de Smartphones à laquelle vous faites allusion. C’est humain, mais pathétique.


      • alinea Alinea 25 juin 2013 10:45

        Kookaburra : le fond de mon esprit est bouddhiste, ma voie en tout cas est dans cette direction : épurer, trouver la simplicité, se débarrasser du trop plein environnant,etc ; c’est dire si je suis peu à l’aise dans cette société !! Avec le désir, on n’est pas loin de l’illusion, c’est autour de ces « thèmes » que la société est schizophrène ! Malade, et droguée... chacun se joue, et les rôles sont tous semblables ; rien n’est semblable dans la vie vivante ! quand on sort de soi, on voit l’immense richesse ; j’ai été nourrie au lait de Don Juan et Mescalito !! smiley aussi


      • Gollum Gollum 25 juin 2013 12:39

        Bonjour Alinéa. Je viens de lire tardivement ce texte d’essence bouddhiste en effet, et qui dit tout, résume l’essentiel.. Bravo.


        En effet le désir, mis en avant à notre époque, exacerbé, afin de faire tourner la machine économique implique de toujours rajouter à soi des éléments étrangers afin de combler un certain manque supposé, fantasmé..

        Alors que comme vous l’avez souligné il faut exactement faire l’inverse : enlever tout ce qui n’est pas nous-même, se détacher, laissez filer... Vivre dans l’Abandon.

        Position d’ailleurs qui va à l’encontre des moralistes  qui recherchent des Vertus qu’ils veulent ajouter à leur être. Eux aussi sont dans la concupiscence. Une concupiscence spirituelle plus élevée que la concupiscence matérielle mais concupiscence quand même..

        C’est la grande force des spiritualités orientales d’avoir compris qu’il n’y a rien à ajouter mais qu’il faut enlever... afin de révéler notre nature originelle comme disent les bouddhistes zen et qui est notre vraie nature d’avant notre naissance.

        • alinea Alinea 25 juin 2013 12:53

          Merci Gollum ;
          C’est vrai aussi pour tous ceux qui sont en quête de sagesse ; en fait, mettre des couches de discipline pour étouffer les traumatismes, les blessures, les complexes ou.. le creux de l’être ignoré !
          L’oriental ouvre son âme pour se fondre dans le grand Tout ; l’occidental se barricade pour s’en protéger !


        • Fergus Fergus 25 juin 2013 13:52

          Bonjour, Alinea.

          Il convient de nuancer votre propos : le temps passant, l’oriental devient chaque jour un peu plus occidental, et c’est une vraie déception tant les philosophies de l’Orient recèlent de véritable sagesse pour ceux qui savent ou qui veulent s’en inspirer, là-bas comme ici. Personnellement, j’essaie de trouver un point d’équilibre entre ces deux visions, et ce n’est déjà pas facile.


        • alinea Alinea 25 juin 2013 14:13

          Je crois que c’est vrai en apparence, Fergus, mais qu’ils vivent les choses de manière tout à fait différente ; un sentiment qui avait été confirmé par des commentaires de easy cet hiver, sous d’autres articles !
          Cela ne change rien aux problèmes écologiques, d’exploitation des travailleurs, etc, bien sûr !!


        • alinea Alinea 25 juin 2013 14:16

          Quant au point d’équilibre, il s’agit de se connaître et de s’accepter ! Nous sommes des occidentaux, ma foi, on n’y peut pas grand chose !  smiley
          Les lectures, les rencontres nous ouvrent des portes sur nous-mêmes, c’est tout et c’est déjà pas mal, non ? Si on ne fait pas de ce qu’ on lit des recettes...


        • bernard29 bernard29 25 juin 2013 14:20

          Un sage sans désirs rêve t’il encore ?? C’est la question que je lui poserai si j’en rencontrai un . (il rêve peut être aux adeptes qui vont lui apporter de quoi survivre !!! )

           

          Pour ma part je crois « la critique des besoins » bien plus nécessaire que « la critique des désirs », parce qu’ « on a besoin de rêve pour l’énergie de tous les jours« (L SFEZ). Lucien Sfez ; »de la critique des besoins« , »critique de la décision« , »critique de la communication« .

          Mais quoi qu’il en soit ; la vraie sagesse est dans le jardinage, parce que comme on dit »la terre ne ment pas".

           

           


          • alinea Alinea 25 juin 2013 14:32

            Bernard : ne confondez pas un sage et un gourou, quoique le gourou puisse être sage !
            Mais j’ai dit « sage » parce que je ne connais pas d’autre mot, car le vrai sage est « hors commerce » avec la contingence !
            Rien ne ment que l’homme !
            Regardez comme tout est question de vocabulaire ! Pour moi, un besoin ne se discute pas, parce qu’il est vital ; l’amour en fait partie, mais aussi la beauté et le rêve, ce n’est pas moi qui vous dirai le contraire !! Le rêve n’est pas désir !!
            Est-ce que le bouddha rêvait ? Oui, sûrement, même les animaux rêvent ; le « traitement » de nos expériences par notre cerveau endormi fait partie de nous.........


          • bernard29 bernard29 25 juin 2013 16:57

            Alinéa , je ne suis pas familier de ses interrogations. 

            je pense simplement qu’ une société qui n’interroge pas, qui ne critique pas ses besoins, est une, oserais-je le mot .... ; « dictature »". 

            Je n’ai rien compris, sans aucun doute, mais comme ton article m’a entraîné dans une certaine perplexité qui s’éternisait, je me suis dit , je vais quand même dire un petit mot en même temps qu’un bonjour. 

             


          • alinea Alinea 25 juin 2013 17:12

            Bernard, c’est sympa d’être venu ! J’ai pas dit que tu ne comprenais rien, j’ai précisé ce que je voulais dire !
            Une société parle de « besoins » parce qu’elle a quelque chose à vendre ; ce qui est curieux c’est que ses « besoins » justement, peu sont ceux qui en parlent, et ils en parlent rarement ; c’est ainsi que mes « dadas » en politique sont l’agriculture ( écolo, bio !! aïe) et le logement ; la dignité de l’homme est directement proportionnelle à sa qualité de vie, sans « trop-plein », car alors, la courbe s’inverse.
            La consommation de gadgets, on en fait des besoins, comme quoi sans eux on est exclu,etc, mais on parle plus du pouvoir d’achat que de logement !’. C’est un comble !
            Je crois que la plupart des gens n’ont aucune idée de ce qu’est un besoin, comparé à un désir, une authenticité, comparée à un rôle, une vie digne, comparée à une réussite sociale... et tout à l’avenant !
            J’ai bien le sentiment de cracher dans le vent, et pour répondre à microsoft plus bas, cela fait partie de ma vie actuellement, c’est un intérêt pour la société dans laquelle je vis et pour ceux qui y vivent aussi ; j’emprunte les moyens qui existent , c’est tout !


          • dom y loulou dom y loulou 25 juin 2013 15:11

            j’ai été nourrie au lait de Don Juan et de mescalito !!


            et bien dites, les deux ne sont pas exactement des emblèmes de sagesse et Don Juan sans désir n’existerait simplement pas ;)

            ne pas être esclave de son désir est le moyen de ne pas souffrir du désir

            tout est une question d’équilibre gardé, vous comprenez ?

            dire à tout le monde qu’ils doivent se morfondre et faire pénitence tandis qu’ils baisent des bébés le week-end certains la voient ainsi la morale du désir... elle concernerait toujours les autres 

            le bébés en question apprécieront

            Qui demande par exemple au pape de VIVRE l’évangile et de partir sur les routes annoncer la bonne nouvelle ? personne ne se plaint des chambres calfeutrées et luxueuses d’où il parle ou que cela nous maintient dans un corps de chair infâme... étrange non ?


            apprendre à aimer l’être humain tel qu’il est en premier lieu, ensuite il peut s’affiner

            dans l’amour, pas autrement


            car si vous pensez que votre ÉTAT D’ÊTRE dépend d’un autre vous serez bien malheureuse car il se rebiffera TOUJOURS contre telle présomption 

            c’est LA cause première de toute guerre en ce monde, faites d’abord vous-même ce que vous demandez aux autres, on n’exige pas d’un autre qu’il soit un modèle, on le prend comme il est, on l’aime ou pas et cela ne dépend pas de lui, on ne s’offusque pas de ses tares présumées, on vérifie d’abord si par hasard on ne les projette pas soi-même sur lui, le salissant il ne pourra faire autrement qu’apparaitre sali, n’est-ce pas ?

            Si on s’intéresse à lui on prend ses conseils ou on s’inspire de son esprit, on apprend de ses travaux, on ne prétend pas qu’il ne fait rien parce qu’il ne fait pas ce que VOUS attendriez de lui dans un mysticisme quasi absolu et dans des mirages de désir justement, d’autres mondes, de nature plus subtile, angélique, d’épopées « historiques » et autres balivernes 

            on s’efforce SOI-MÊME d’avoir la bonté des anges, cela au moins EST POSSIBLE ;) 


            mais on ne prétend pas décider de la vie de l’autre, ce serait la plus grande indignité que l’on s’accorderait dans un orgueil absolument gargantuesque qui ne pourrait alors que cristalliser la plus effroyable des tyrannies dont vous seriez alors aussi, fatalement, victime

            • alinea Alinea 25 juin 2013 15:19

              D’accord en tout point avec vous dom y loulou ; certes cela n’est pas donné, cela s’acquiert peu à peu, mais l’expérience des erreurs nous aide beaucoup, n’est-ce-pas ?
              N’être pas « bon » parce que cela nous paraît « bien », l’être parce qu’au fond, c’est assez naturel !
              Il ne faut évidemment pas, et surtout pas de modèle ; je l’ai dit, là, comme source de ce désir qui nous éloigne de nous-même et nous trompe ; mais apprendre des autres, là oui ; et qu’eux apprennent de vous, c’est leur histoire ; se poser en modèle est du même ordre qu’en désirer un !
              Merci dom..


            • dom y loulou dom y loulou 25 juin 2013 15:39

              vous vous donnez la peine de réfléchir et c’est un cadeau, alors on vous répond ;)


              • Mycroft 25 juin 2013 16:14

                C’est marrant cette distinction entre désir et besoin. Parce que sur le papier, comme ça, sans concrétiser la chose, ça a l’air vachement porteur. Mais quand on essais de trouver une définition claire de chacun des termes, une définition qui permet de les opposer comme vous le faites dans votre article, on a bien plus de mal.

                Une petite question, comme ça, en passant : vivre, c’est un désir ou un besoin ? Et vivre sans souffrance excessive (au passage, si vous répondez besoin à cette question, mauvaise nouvelle, vous aurez besoin d’experts, éviter la souffrance demande une connaissance du fonctionnement des mécanismes du corps qui dépasse ce qu’un humain normal peut atteindre).

                Et communiquer, c’est quoi ? Internet, que vous utilisez, de toute évidence, ça doit être un désire, puisqu’on peut très bien s’en passer. Pourtant, ça permet de faire tellement plus que consommer.

                Se contenter de ce que l’on a, c’est le fatalisme. Il ne mène qu’à une chose : signer un chèque en blanc à la nature, qui va petit à petit nous torturer, pour finalement nous détruire (mais d’une manière bien plus cruelle que ce que l’esprit humain peut imaginer). Faites un tour dans les hôpitaux, les hospices ou parmi vos proches malades pour vous apercevoir que la nature n’est en rien clémente.

                Le gros problème de notre société, ce n’est pas un excès de « désire ». C’est un manque de « devoir ». Le devoir de servir une cause qui dépasse sa propre vie.


                • alinea Alinea 25 juin 2013 16:25

                  Vivre, c’est. Point. Personne n’a voulu vivre ; certain veulent mourir, et encore c’est pas sur !
                  Le bouddhisme ne parle que de cette souffrance qui nous taraude ; actuellement il y a d’autant plus de souffrances que les gens sont démissionnaires d’eux-mêmes ; mais la souffrance est ; elle aussi !
                  Se contenter de ce que l’on a est un constat que l’on fait quand on est en soi ; ce n’est pas une passivité, parce que vivre est un mouvement, vivre avec ce que l’on est est une sagesse !
                  La nature n’est pas clémente, c’est évident, mais notre bonne entente avec elle est une source de santé.
                  Quant au devoir, je suis bien d’accord, il est remplacé par le désir comme droit !
                  Non ?
                  Nous nous sommes éloignés de la Nature et de notre nature, que nous ignorons superbement ! On voit où cela mène.


                  • Gollum Gollum 25 juin 2013 17:14

                    Le propre de nos sociétés occidentales est qu’elles ont à peu près fait disparaitre les anciennes souffrances : morts prématurés, maladies, travaux durs et pénibles (pas pour tous bien sûr)..


                    Du coup les gens ne comprennent pas vraiment pourquoi ils sont en souffrance puisqu’ils ont tout en apparence : biens matériels en abondance, disparition de la faim, loisirs...

                    Beaucoup constatant cette souffrance vont dans la fuite en avant : achats compulsifs, encore plus de loisirs, etc...

                    Notre monde moderne met encore plus en relief la souffrance due à notre vie d’être conditionné par rapport à la vie paysanne d’autrefois où l’on n’avait pas vraiment le temps de se poser des questions existentielles en raison de la dureté des travaux à faire...
                    C’est pas pour rien si les psychanalystes gagnent si bien leur vie..

                    Et finalement ça peut être une bénédiction pour beaucoup.

                  • alinea Alinea 25 juin 2013 17:20

                    Et vous oubliez Gollum toutes les souffrances induites par la chimie, tout ce que l’homme met en oeuvre pour « maîtriser » la nature ; cancer et toutes les maladies dégénératives, les allergies, et j’en passe !
                    Certaine femmes ne supportent pas la douleur de l’accouchement, par anticipation ! elles se font anesthésiées ! alors la souffrance, c’est un vaste sujet ; mais elle est incontournable et ce n’est pas en la prenant de l’extérieur qu’on réussira à quoique ce soit


                  • alinea Alinea 25 juin 2013 17:37

                    En aucune façon Sabine ; nous parlons souffrance douleur et nature !
                    C’est curieux, j’ai eu à subir une opération récemment, avec péridurale. Pire, pire que l’accouchement ! Mais c’est vrai que je ne supporte pas d’être l’objet de qui que ce soit, entre les mains de qui que ce soit ; ceci explique peut-être cela ! Et, par habitude sans doute,, je suis très endurante à la souffrance, morale, et à la souffrance physique ; sauf la migraine !!  smiley


                  • Mycroft 26 juin 2013 10:54

                    La bonne entente avec la nature ne veut rien dire.

                    On ne choisie pas la vie, certes, on la subit. Mais si on subit la vie, quel intérêt de vivre ? On peut être passif et en mouvement, comme quand on se laisse porter par le courant.

                    Le courant, c’est la nature, se laisser porter par elle, c’est aller tout simplement là où elle nous emmène.

                    Le choix scientifique, c’est de contrôler le courant. Alors certes, c’est plus difficile, certes, c’est plus fatiguant, certes, ça peut accélérer notre chute. Mais c’est 100 fois préférable à accepter de faire un chèque en blanc à la nature. Parce que c’est le choix de mourir au combat par rapport à mourir en servitude.

                    Aussi puissante que soit la nature, elle n’a pas la légitimité de nous contraindre comme elle le fait. Nous avons briser nombre des obstacles qu’elle a mis sur notre route. Et nous devons continuer. Jusqu’à arriver à la plier complètement à notre volonté.


                    • alinea Alinea 26 juin 2013 17:38

                      Tout dépend des buts que nous nous donnons ! Ne pas avoir choisi de vivre, c’est accueillir la vie, donc ne pas être passif ; la « nature » s’apprend, elle a ses lois, si nous les connaissons, elles ne font pas de nous des bouchons sur le flot !
                      L’homme ne pourra jamais contrôler le courant ; un peu de lucidité et d’humilité lui ferait du bien ; depuis que cette « doctrine » est venue, il suffit de faire les comptes !!


                    • Mycroft 27 juin 2013 10:13

                      Les comptes ?

                      Allons y : moins de famine, moins d’épidémie mortelle, une capacité à communiquer avec des gens d’un bout à l’autre du monde, une capacité à aller partout sur la planète.

                      Comprendre les lois de la nature, c’est justement ce que font les scientifiques. Mais c’est déjà le choix de l’expertise, les lois de la nature sont complexes.

                      Libre à vous de penser que l’homme ne contrôlera jamais le courant. Mais c’est pourtant ce que la connaissance nous permettra de faire. Vous vous contredisez en disant d’un coté qu’on ne sera pas un bouchon sur le flot, et de l’autre qu’on ne peut pas contrôler le courant.

                      On contrôle ou on subit, mais il n’y a pas d’alternative.


                    • alinea Alinea 27 juin 2013 10:19

                      Et si ! Cette alternative est vieille comme les civilisations ; elle s’appelle sagesse, ou spiritualité, elle est décrite en de nombreux ouvrages, en de nombreux exemples, en de nombreux lieux et toutes convergent ; ce fut le but des religions, dévoyées ; cette alternative demande de nous plus que l’intelligence de la moitié d’un cerveau, mais celle de nos trois cerveaux ; elle y implique tout notre être ; elle est sans limite, et n’a pas d’effet pervers.
                      C’est ma solution !! Bien à vous

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