Le débat Bayrou-Royal et les réactions de Nicolas Sarkozy démontrent clairement que l’avenir, qui passe nécessairement par davantage de débats, de discussions, de participations et de pluralisme, est du côté de Ségolène Royal (et de François Bayrou), pas du côté de Nicolas Sarkozy.
Nous ne sommes plus dans un monde "simple". Et les scissions sur des thèmes de plus en plus nombreux ont lieu au sein des familles politiques traditionnelles. Sans oublier qu’Internet a donné le goût des échanges directs entre citoyens en mettant en oeuvre les outils de ces échanges (forums, blogs...).
Or, la principale critique de Nicolas Sarkozy sur le débat Bayrou-Royal a été justement que les deux candidats ont osé remettre en cause le bipartisme et l’unité absolue de chaque camp derrière un Conducator. Le candidat de l’UMP a démontré ainsi son archaïsme. Il n’a retenu de Charles de Gaulle que la discipline militaire du commandement unique. Avec un "roi" (Charles de Gaulle, François Mitterrand) qui sait défendre les intérêts nationaux et écouter le peuple, le système peut marcher, telle une "dictature éclairée" qui faisait l’admiration de Voltaire. Avec un régent qui ne pense qu’à se couler dans les habits du roi en singeant son panache tel le prince d’Orléans (Georges Pompidou, Valéry Giscard d’Estaing, Jacques Chirac), le système montre ses limites et les crises s’accumulent. Et avec un seigneur féodal brutal et pilleur, tel Nicolas Sarkozy, qui ne jure que par la soumission de ses sbires à sa personne et l’extermination de ceux qui osent lui résister, sans hésiter à se placer sous la souveraineté d’un prince plus puissant (George W. Bush), la jacquerie est inévitable.
Débattre est-il forcément revenir à la très relative inefficacité de la IVe République ? Il est coutumier de cracher sur cette république parlementaire qui, malgré tout, résista à certaines crises et sut mener le pays sur la voie de la croissance économique. Mais il est clair que nous avons besoin, à côté d’un Parlement restauré, d’un exécutif stable. Cela peut aisément être atteint avec une élection du président de la République au suffrage universel direct (héritage de la Ve République) qui cumulerait son poste avec celui de Premier ministre et qui aurait face à lui un vrai Parlement élu au scrutin plus ou moins proportionnel mais sans lien de responsabilité de l’un envers l’autre sauf une possibilité de "renvoi" simultané des deux et un retour devant les électeurs en cas de conflit. Comme le chômage n’est pas très attirant, même pour un homme politique, le risque de nouvelles élections tous les quatre matins est assez limité. Et même si cela était, je préfère qu’on me demande souvent mon avis plutôt qu’on me confisque ma liberté et mon pouvoir.
Homme du passé pour les institutions, Nicolas Sarkozy est aussi l’homme du passé dans tous les domaines de la vie économique et sociale. Voici un exemple. Partager le travail et les revenus ? Certainement pas ! Il vaut mieux que certains se crèvent à la tâche sous les heures supplémentaires défiscalisées tandis que le chômage monte !
Enfin, la droite en général et Nicolas Sarkozy en particulier n’arrivent pas à comprendre la recherche scientifique qui prépare le monde de demain et, en particulier, la compétitivité de la France de demain. La recherche, pour eux, n’est que la mise au point de dispositifs techniques. Or, avant d’en arriver au "développement", c’est-à-dire la mise au point d’innovations, il faut d’abord construire un socle de connaissances, ce qui prend longtemps et ne peut se laisser enfermer dans des "contrats de projets" de cinq ans. L’évolution du budget de la recherche est sur ce point significatif, comme le souligne le collectif Sauvons la Recherche (dont je ne partage pas toutes les positions).
Alors, oui, dans cette élections présidentielle, la femme qui suscite des désirs d’avenir est de loin préférable. La femme est l’avenir de l’homme politique du passé.