• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Tribune Libre > DSK : Du lynchage médiatique au meurtre symbolique

DSK : Du lynchage médiatique au meurtre symbolique

Mon contentieux philosophique avec Bernard-Henri Lévy est suffisamment connu pour que je ne puisse pas être suspecté d’une quelconque complaisance envers lui. Ceux qui m’ont fait l’honneur de lire ma « Critique de la déraison pure - La faillite intellectuelle des ‘nouveaux philosophes’ et de leurs épigones » (François Bourin Editeur, 2010) savent à quel point je m’y suis employé, avec toute la rigueur méthodologique que pareil exercice impose, à débusquer ses approximations conceptuelles, à dénoncer ses impostures idéologiques, à stigmatiser ses erreurs historiques, à pourfendre son dogmatisme tout autant que son manichéisme.

 De même ai-je toujours fustigé les dérives, parfois dangereuses, de certains de ses engagements, dont celui, récemment, qui l’a vu combattre, en Libye, aux côtés, paradoxalement et fût-ce de bonne foi, des islamistes du CNT.

 Mais voilà : BHL, dont j’ai souvent condamné aussi l’ego hypertrophié, source de bon nombre de ses égarements, ne dit pas, objectivement, que des bêtises. Mieux : il lui arrive également d’écrire parfois d’excellentes, et très intelligentes, choses. C’est le cas, très honnêtement, de son dernier papier, intitulé « Strauss-Kahn et les vertueurs », paru dans son « bloc notes » du « Point » de ce 5 juillet 2012, et publié déjà, deux jours auparavant, le 3 juillet dernier, sur le site de sa revue, par ailleurs remarquable à plus d’un titre, « La Règle du Jeu » (à laquelle prêtent régulièrement leur brillante plume ces esprits fins et lettrés que sont, notamment, Jean-Paul Enthoven, Gilles Hertzog, Guy Konopnicki, Jacques Martinez ou Yann Moix).

 Davantage : il nous est souvent arrivé, à BHL et à moi-même, de nous battre, à longueur de pages dans les médias français et internationaux, afin de mobiliser l’opinion publique et de défendre ainsi, sans que nous nous soyons pourtant jamais consultés sur ces différents et douloureux cas, les mêmes causes sur un plan strictement humain : Sakineh, Roman Polanski et Dominique Strauss-Kahn, précisément, n’en sont que les exemples les plus notoires et éclatants à la fois.

 L’affaire DSK, donc !

BHL a parfaitement raison lorsque, se référant là à cette « Société du Spectacle » à laquelle s’attaqua naguère Guy Debord, il écrit, dans sa tribune du « Point », ces mots : « Il vient de se produire, mine de rien, un événement à marquer d’une pierre noire dans l’histoire de la Société du Spectacle. C’est ce jour, vendredi matin, où la quasi-totalité des radios et chaînes d’information, l’essentiel de la presse écrite, non seulement française, mais mondiale, les sites d’information les plus sérieux, les éditorialistes (…) les plus respectables et les plus écoutés ont tous, comme un seul homme, annoncé la séparation d’Anne Sinclair et Dominique Strauss-Kahn sur la seule foi d’une information publiée par… Closer ! »

 Il ajoute, non moins lucide et courageux : « Ce qui m’intéresse dans cette affaire, c’est, une fois de plus, son caractère symptomatique. Ce qui fascine (…), c’est le désir compulsif, de moins en moins inconscient, de plus en plus planétarisé, qui s’exprime de la sorte à l’encontre d’un homme que l’on a fini par coudre dans la peau d’un monstre, ou d’un diable, dont le moindre mouvement (…) est scruté, sur-interprété, démonisé. Ce désir n’est pas un désir de vérité (…). Ce n’est pas un désir de justice (…). Ce n’est même pas l’éventuel souci d’édification morale de ses contemporains : la morale n’est pas l’ordre moral ! L’idéal de transparence, l’injonction de tout dire, de tout montrer, de faire la lumière sur tout sont l’immoralité même ! »

Paroles justes et admirables que celles proférées ici par Bernard-Henri Lévy ! Mon cher et bien-aimé Oscar Wilde, qu’une identique et hypocrite police des mœurs mena jusqu’à la tristement célèbre geôle de Reading, puis à une déchéance si tragique qu’elle le vit enfin mourir dans la solitude la plus absolue, y souscrirait sans le moindre doute : « L’immoralité est un mythe inventé par les honnêtes gens pour expliquer la curieuse attirance qu’exercent les autres. »1, déclare-t-il en ses corrosives mais jubilatoires Formules et maximes à l’usage des jeunes gens.

Wilde, quelques lignes plus loin, récidive, ne craignant pas de lancer alors à la face de ses semblables cette rare mais immense vérité, certes difficile, sinon impossible, à entendre pour le commun des mortels, ceux-là mêmes qui n’avaient de cesse de le vouer aux gémonies et, de là, à l’impitoyable verdict de ses juges tout autant qu’à l’odieuse vindicte de la foule : « Aucun crime n’est vulgaire, mais la vulgarité est un crime. La vulgarité, c’est ce que font les autres. »2

Le grand Nietzsche, plus radical encore, eut, à ce propos, une sentence qui, pour subversive qu’elle puisse paraître aux yeux de notre pudibonde société, ne s’avère pas moins définitive : « Il n’existe pas de phénomènes moraux, mais seulement une interprétation morale des phénomènes. »3, affirme-t-il dans l’aphorisme 108 de son vertigineux Par-delà bien et mal. 

Ainsi BHL, lorsqu’il écrit encore, en cette même chronique du « Point », que « la vérité est que l’on veut Strauss-Kahn non seulement déchu, mais à terre (…) plus bas que terre », rejoint-il mot pour mot, même s’il se garde bien là de citer ses sources, ce que j’avançais moi-même déjà, en un de mes propres articles en défense de DSK, il n’y a guère si longtemps : cet indigne lynchage médiatique qu’on lui réserve aussi honteusement, depuis le rocambolesque épisode du Sofitel de New York jusqu’aux parties fines du Carlton de Lille, a l’horrible et sinistre profil, en effet, d’un meurtre symbolique.

Preuve en sont ces deux seuls liens électroniques :

http://www.lalibre.be/debats/opinions/article/729555/le-proces-de-dsk-un-meurtre-symbolique.html

http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/l-affaire-dsk-un-mauvais-remake-du-113750

C’est dire si ces « vertueux » sont bien plutôt, effectivement, des « vertueurs », pour reprendre le néologisme de Lévy !

Reste à espérer, par-delà la subtilité du jeu de mots, que Dominique Strauss-Kahn, ce pestiféré des temps modernes, ne finira donc pas, lui aussi, derrière les barreaux de la Santé, comme Sade finit autrefois dans le donjon de la Bastille ou Oscar Wilde dans la geôle de Reading.

C’est également le sens de notre démocratie, de sa véritable modernité à défaut de son réel progrès, qui est là plus sérieusement, et plus profondément, en jeu !

---------------------------------------

1 Oscar Wilde, Formules et maximes à l’usage des jeunes gens, in Œuvres, Paris, Gallimard, « La Pléiade », 1996, p. 969.

2 Ibid., p. 970.

3 Friedrich Nietzsche, Par-delà bien et mal, Paris, Gallimard, coll. « Folio Essais », 1971, p. 93.

 

DANIEL SALVATORE SCHIFFER*

*Philosophe, auteur de « Philosophie du dandysme - Une esthétique de l’âme et du corps » (PUF), « Oscar Wilde » (Gallimard - Folio Biographies) et « Le Dandysme - La création de soi (François Bourin Editeur).


Moyenne des avis sur cet article :  1.47/5   (60 votes)




Réagissez à l'article

26 réactions à cet article    


  • Constant danslayreur 7 juillet 2012 13:26

     smiley Un tel acharnement sur DS le cas ne vous grandit pas. Si j’osais je qualifierais même le parallèle que vous faites avec Oscar Wilde d’odieux ...

    « Wilde poursuivit le père de SON AMANT Alfred Bruce Douglas pour DIFFAMATION après que celui-ci eut entrepris de faire scandale de son HOMOSEXUALITE. »

    Je dirais même plus, la diffamation à l’encontre de Wilde au sujet de sa prétendue homosexualité par le père de son amant, en dit long sur les travers de cette société du spectacle, perverse, lyncheuse et avide du sang des innocents  smiley

     


    • Gollum Gollum 7 juillet 2012 14:07

      Ah ben.. Faut croire qu’Anne Sinclair est devenue une « vertueuse » puisqu’ils ne sont plus ensemble... si elle était d’accord avec vous ou BHL, elle serait encore à ses côtés..


      Bon. Texte à côté de la plaque et qui n’a rien compris aux exigences du peuple quant au comportement des « élites ».. Je met des guillemets parce que pour moi DSK ne fait pas partie de l’élite véritable cela va de soi..

      Et texte qui essaye sournoisement de faire croire que la démocratie est en danger..

      Quant à comparer Wilde qui n’a jamais fait de mal à personne avec DSK accusé par plusieurs personnes différentes soit de tentative de viol, soit de brutalité, il y a quand même un gros écart là...

      • Ariane Walter Ariane Walter 7 juillet 2012 19:18

        Ah ! J’ai compris ! J’ai vu sur un autre fil que tu disais qu’il y avait un « auteur » sur Avox : c’est Schiffer !!!
        J’approuve , bien sûr !


      • bernard29 bernard29 7 juillet 2012 14:08

        Tout ce baratin et ce lourd appel aux philosophes, pour une simple information ;  « DSK et Anne Sinclair sont séparés ».

        Qu’allez-vous nous raconter pour la prochaine rechute dépressive de Loana ??


        • FRIDA FRIDA 7 juillet 2012 14:15

          @L’auteur

           

          « BHL a parfaitement raison lorsque, se référant là à cette « Société du Spectacle » à laquelle s’attaqua naguère Guy Debord »

           BHL est un parasite nuisible à l’humanité,

          voyez un peu le spectacle que nous offrent vos interventions humanitaires, vous arrivez au point de nous faire de la téléréalité à tronçonneuse pour faire vos guerres impérialistes, pour le coup, ce ne sont pas des morts symboliques mais des vraies.

           

           


          • Al West 7 juillet 2012 14:40

            Bonjour,

            M. Schiffer, soit vous avez l’esprit débile (du latin debilis, infirme, impotent), soit vous êtes véritablement masochiste. Vous auriez dû, il me semble, prendre la mesure de l’absence d’influence sur l’opinion des lecteurs d’AgoraVox de vos articles, voire de leur contre-productivité. Pourquoi vous acharner à vous ridiculiser de la sorte ?

            Choisissez mieux vos vecteurs de propagande, voyons.


            • carole 7 juillet 2012 15:01

              Ce type est un philosophe ? Il bosse pour Anne sinclair c’est tout ! Ils font semblant de se séparer ensuite il lancent une campagne pour transformer DSK en victime et amadouer l’opinion voilà l’affaire résumée 

              Ce qui est pire c’est que j’ai vu cet article sur mediapart déjà et que Agoravox le publie est dingue : Soit il a des potes ici soit Agoravox n’a plus assez d’aticles à publier !!

              Al west, c’est sur que Chiffer n’a aucune influence sur personne ! depuis le temps qu’il écrit des torchons communautaires sur DSK (BHL c’est un leurre au fait...) , il aurait du faire de DSK un messie. Or, il n’a pas réussi. Tout le monde sait que c’est la solidarité communautaire qu le fait écrire.

              D’ailleurs personne sur Agora n’a d’influence sur personne et Agoravox a changé Je me souviens des articles sur Bayrou pour le promouvoir, et des articles sur Mélenchon, des centaines ! Tous ceux qui écrivaient ont voulu agir pour leur idole et alors ? Que des efforts perdus pour tout le monde...L’opinion sur DSK est faite !! Schiffer arrêtez de polluer agora !


            • Pierre-Marie Baty 7 juillet 2012 14:43

              Si j’avais un contentieux philosophique avec quelqu’un qui est tout sauf un philosophe, je pense qu’il serait temps de questionner ma propre capacité à philosopher !

              Être ou ne pas être, telle est la question...


              • A. Spohr A. Spohr 7 juillet 2012 15:54

                C’est quand même curieux,cette fraternité extraordinaire, systématique. Et s’il s’agissait d’un quidam que dirait le philosophe « libre » de tout préjugé, entre soi -disant élites ( du verbe élire), Entre philosophes du même tonneau, pas celui de Diogene, on est au - dessus de la loi commune.

                Pauvre Anne Sinclair qui passe pour une complice délatrice !

                • wolferaine 11 juillet 2012 17:05

                  BHL « There is nothing else in this universal coverage that targets »the Strauss-Kahns" than the archaic desire to see one of our kind up against the wall, humiliated, executed on the public square, annihilated.« 
                   »one of our kind" ? Les riches, les fameux...... ?


                • alinea Alinea 7 juillet 2012 16:10

                  N’ayant aucun inclination à hurler avec les loups, ne supportant pas le lynchage médiatique, quelle qu’en soit la victime, je ne réagis pas comme vous ( commentaires ci-dessus) à l’égard de cet article.
                  je fais partie de ces imbéciles qui s’identifie à l’humilié du jour !
                  Et Dieu sait que j’ai sauté de joie quand, le 14 mai 2011, j’ai appris qu’on était débarrassé de D S K !
                  Mais depuis, avec tout ce qui a été relaté, extrapolé, amplifié, mon regard sur cet homme a changé.
                  Anna Sinclair, ce doit être ce genre de femme comme Cécilia Sarkozy, qui porte son homme jusqu’au succès ou qui le soutient jusqu’à la fin des épreuves.
                  Que peut-on dire de ça ?
                  L’effort fait, la réussite assurée, elle se casse. Je crois que je ferais de même !
                  Ma compassion à l’égard de D S K est mesurée, bien sûr, car son malheur est relatif et je suppose que ces épreuves forgeront son caractère et que cela n’est mauvais pour personne.
                  Mais j’ai compris le poids de toutes ces intrications morales, mercantiles, odieuses et... inutiles.
                  Au fond, je n’aime pas les héros et j’apprécie qu’un être livre sa fragilité, sa faiblesse même, donc son humanité.
                  Le roi est mort ! Vive le roi !
                  C’est sans doute la veulerie portée à son plus haut degré.


                  • morice morice 7 juillet 2012 16:32

                    il ne va quand même pas encore venir défendre l’indéfendable, celui-là...


                    votre DSK est bon pour se faire soigner, ça va s’arrêter là et puis c’est tout !!!

                    l’idée n’est même pas de le lyncher : l’idée est de l’envoyer à l’hopital, psy ou ordinaire, pour qu’il s’y fasse soigner avant de commettre d’autres dégâts. Ou d’autres viols, car ça en est bel et bien un, ce qui s’est produit à New-York : pour votre héros, il ne reste qu’un espoir et ce n’est pas vous : c’est la chimie. 



                    • Wendigo Wendigo 7 juillet 2012 19:41

                      il ne reste qu’un espoir et ce n’est pas vous : c’est la chimie.

                       Il parrait qu’avec la trépanation on obtient aussi de bons résultats ..... la magie de la science. smiley


                    • civis1 civis1 7 juillet 2012 16:45

                      L’affaire DSK a eu pour effet d’attirer l’attention sur des disparités sociétales et culturelles France/USA :

                      -Le fonctionnement de la justice made US et le rôle trouble qu’y tient le fric. 
                      -Le principe de séparation entre vie publique et vie privée qui prime en France sur un droit citoyen à être informé avant d’accorder sa confiance et de choisir son bulletin de vote. 
                        La société spectacle met en scène. Quoiqu’il en soit de la culpabilité ou de l’innocence de Monsieur Strauss Khan, nous avons bien assisté à un lynchage politico -médiatique. 
                      La mésinformation est telle qu’il semble assez difficile de se faire une idée précise des faits délictueux qui peuvent lui être imputés. Derrière l’homme politique un libertin ? un proxénète ? un violeur abusant de sa position dominante ? Deux secondes de réflexion suffisent pour se rendre compte qu’il est absurde de vouloir a priori condamner ou absoudre un individu dont la justice aura beaucoup de mal à juger du comportement limite. 
                      Deux préoccupations retiennent l’attention :
                      - qu’injustice ne soit pas faite tant à l’accusé qu’à ses possibles victimes sans perdre de vue que Hormis les faits accidentels, rien ne se passe sans que quelqu’un y ait intérêt.
                      -que cette affaire ne signe pas l’avènement d’une police des moeurs cherchant procuration dans un retour de l’ordre moral liberticide. 

                      • Expat2011 7 juillet 2012 17:14

                        @civis1


                        bravo, j’approuve totalement votre analyse. 

                        « Deux préoccupations retiennent l’attention :
                        - qu’injustice ne soit pas faite tant à l’accusé qu’à ses possibles victimes sans perdre de vue que Hormis les faits accidentels, rien ne se passe sans que quelqu’un y ait intérêt.
                        -que cette affaire ne signe pas l’avènement d’une police des moeurs cherchant procuration dans un retour de l’ordre moral liberticide. »

                        Parfaitement exprimé. 

                      • le poulpe entartré 7 juillet 2012 18:52

                        Le canasson DSK n’a plus la cote sur les champs de course avec comme poteau à l’arrivée : La présidence de la république. Qu’à cela ne tienne, le voilà réformé comme une vache du même nom. Pour qu’elle raison, Anne Schwartz continuerait elle a miser sur le mauvais cheval alors que son but de devenir la première dame de France et placer ses potes a fondu comme du beurre au soleil ? Quel intérêt de balancer du fric par la fenêtre (comme la maison de Tribéca à NY ; pas moins de 30 000$ par mois) alors que les chances d’aboutir à l’objectif sont quasi-nulles ? Réponse : aucun. Donc, on se débarrasse du plus qu’encombrant DSK et son cortège de casseroles lubriques avec le moins de casse (financière) possible. 

                        Ca n’a pas loupé ! Rien de tel que des vacances au Brésil (au vrai, pas au bois de Boulogne) pour se redresser (c’est une image). Résultat des courses : une sciatique mais que voulez vous, il faut bien rattraper le temps perdu. Et puis toute cette inactivité ça pèse : être sans emploi c’est terrible : regardez le, le pauvre. C’est le moment de vous apitoyer sur cet ex président du FMI à plus de 475 000 $ par an tous frais payés. Des larmes de crocodiles, voilà ce que cet articulet, cette bouse veux obtenir de vous. Aucune retenue dans l’obscène. Oubliées les injures propagées par la même bande sur Nafisatou Diallo (prostituée, etc), sur Tristane Banon ("ça n’a jamais existé / c’est une affabulatrice / etc). Non, la seule victime, c’est le Déliquant Sexuel Kasher. L’auteur de l’article a autant de crédibilité qu’un chèque sans provision.


                        • alinea Alinea 7 juillet 2012 19:40

                          Honnêtement je ne sais pas ce que DSK veut obtenir de « nous ». La seule chose que je constate, d’où mon analyse de la situation, c’est qu’il a été porté au pinacle, et descendu en flèche par les mêmes : les médias !
                          Voilà bien quelque chose à quoi je n’adhère pas !


                        • Wendigo Wendigo 7 juillet 2012 19:23


                           @ l’Auteur ;

                           « Mon contentieux philosophique avec Bernard-Henri Lévy est suffisamment connu... »

                           La dure loi de la concurence.
                           Mais savez vous ce qui nous manque de nos jours ? ... un philosophe ! 
                          Nous avons bien des auteurs de hall de gare, mais rien de bien fantastique, ou plutot rien que du fantasque ; uniquement des mecs qui se prennent pour des penseurs et qui masquent leur manque de reflexion derrière des mots alambiqués , avec pour seule source de raisonnement à leurs textes, que le creux abyssal de leurs phrases.
                           Un sabire pompeux dissimulant le vide intégral, le vernaculaire au service de la masse manquante.
                           Problème, les seuls que ces grands mots rébarbatifs ne dérangent pas, sont malheureusement suffisement instruit pour voir l’incarnation du néant que tentent de masquer ces termes, alors que de vrais penseurs, de vrai philosophes feraient tout pour être compris du plus grand nombre.
                           Donc philosophe ?? dites moi donc qui mérite de nos jours cette reconnaissance, je n’en vois pas.
                           Entre être et se prendre pour, il y a une différence !


                          • easy easy 7 juillet 2012 19:28


                            Concernant les moeurs et plus généralement les opinion ou croyances, je vois deux cas à distinguer quand s’ouvre la question du jugement.

                            Il y a ceux qui ceci ou cela sans savoir qu’ils ceci ou cela. C’est par exemple le cas lorsque des Indigènes d’un bled du bout du Monde se retrouvent jugés par des explorateurs étrangers.
                            Ce que ces Indigènes feraient de bizarre ou choquant aux yeux des explorateurs peut évidemment être dénoncé par ces derniers
                             « Oh la la mais cépabien ce que vous faites là. Arrêtez ça toute de suite ! »
                            Mais ces vertueux ne peuvent tout de même pas, en principe dialectique, considérer ces indigènes bizarres comme des tordus.

                            Il est hélas très souvent arrivé que les explorateurs manquassent de raison et versassent dans une politique de punition immédiate ou suite à un refus des sauvages de changer leurs manières. Mais dans ces cas là, il y a toujours eu des gens du groupe des explorateurs pour dire que c’était de l’autoritarisme égocentrique.
                             

                            Et il y a l’autre sorte de gens qui font des trucs hors-clous dans leur propre groupe en sachant donc très bien qu’ils sont transgresseurs. Leurs cas doit être traité différemment.

                            Quand on dit, entre soi, dans un groupe donné, qu’on est amoureux d’un objet dont on ne devrait pas être amoureux, on sait très bien qu’on est en dehors des clous et on n’a pas à être surpris de se le voir reprocher. Je ne dis absolument rien quant à ce qu’il faut en dire sur le plan manichéen. Mais Oscar Wilde savait très bien son a-normalité. Et un aristo qui n’aurait pas porté de perruque à la cour de Louis XIV aurait très bien su son a-normalité même s’il savait aussi que la plupart des hommes du Monde n’en portaient pas. OW savait donc qu’il était a-moral sur certains plans ou sujets par rapport à ceux de son groupe.
                             
                            C’est donc un faux procès aux normaux qui est fait par les a-normaux quand ces derniers invoquent une moralité universelle. Chacun, normaux et a-normaux sait très bien qu’il n’existe pas de moralité universelle ou absolue. Chacun sait que la moralité n’est que culturelle donc relative à un groupe et que c’est même ce qui structure les groupes ou sociétés. Pierre Abélard savait qu’il transgressait (sur plusieurs plans). Jacques de Molay aussi.

                            Pourquoi persiste-t-on dans la transgression dont on est conscient ? Trop vaste sujet pour être traité ici. 



                            Les mutins de la Bounty étaient tombés sur des Tahitiens ouverts à l’exogamie ce qui était plutôt rare car beaucoup d’autres groupes, même de gens très libres entre eux, interdisaient et interdisent toujours l’exogamie. Sans cela, il n’y aurait pas 7000 ethnies dans le Monde. Quasiment tous les groupes ont donc une morale et ils sont tous sévères envers les transgresseurs. La seule chose qui distingue les groupes sauvages du nôtre c’est que les plus sauvages iraient à tuer le transgresseur simplement ou parfois à le chasser au loin. Alors que par ici, on irait plutôt à lui faire subir les pires tortures (dont la prison n’est qu’une de ses formes les plus hypocrites et achevées) 

                            Je crois possible que notre prodigieuse intelligence à infliger les pires tourments à nos propres transgresseurs provient en droite ligne de notre tout aussi prodigieuse intelligence du discours.

                            Il me semble que plus nous nous voyons développer notre subtilité sophiste, plus nous en arrivons, si nous nous sentons débordés par un discours, à envisager les violences physiques très intelligentes par dépit d’impuissance ou par somatisation hystérique.
                             
                            Quand je regarde ce qu’écrivaient les pro et les anti pendant l’Inquisition, quand je vois l’incroyable intelligence des rhétoriques, quand je vois leur perversité littéraire, quand je vois que Voltaire n’a pas pu écraser Rousseau avec les mots qu’ils savait pourtant très bien manière et qu’il l’a torturé par subtile procuration, je comprends que les plus autoritaristes et abusifs d’entre nous en soient venus à envisager de faire subir à leur rival les tortures les plus sadiques (au sens nouveau). 

                            On pourrait m’objecter que plein de nos gens très simples, pourtant incapables de déployer des astuces de langage susceptibles de les sauver du marteau des juges ont tout de même été très subtilement torturés alors qu’il aurait suffit de les décapiter en une fraction de seconde. Ce serait oublier le rôle des avocats, officiels ou non, qui ne manquaient jamais de protester en déployant alors un discours très intelligent (que le malheureux simplet ainsi défendu ne pouvait même pas piger).

                            Exemple de subtilité : Dire « Le marteau des sorcières » quand il s’agit en vérité du marteau des Inquisiteurs.

                            Qu’ils s’en prissent directement à des simplets ou à des élites, nos juges-bourreaux se retrouvaient finalement toujours face à des as de la rhétorique. Il leur fallait donc déployer des trésors de sophistique pour parvenir à réaliser leurs fantasmes sadiques.

                            Il y a donc constamment eu un lien étroit entre le développement de la torture et celui du discours. L’évêque Cauchon, as du discours accusateur et bourreau de Jeanne, ayant été recteur de la Sorbonne où se forment toujours les avocats et autres maîtres de la rhétorique.


                            Wilde avait participé au développement de notre intelligence discursive et il a été un des perdants de cette bagarre entre maîtres penseurs. Dans son cas, le peuple n’ayant en rien été concerné, il ne l’a jamais stigmatisé et sa tombe est respectée.


                            .

                            Le cas DSK s’inscrit dans une lutte secondaire par rapport à la première exposée. Dans son cas, ce n’est pas un juge-bourreau ou un notable qui cherche à démontrer son intelligence en piégeant un homme célèbre et intelligent. DSK n’est pas attaqué par un Voltaire ou un Torquemada. On n’est pas dans une lutte au sommet même si ses déboires arrangent d’autres égocentriques très malins.

                            Ici, fait rare, ce sont des gens simples, peu rompus à la rhétorique de haut vol, qui l’attaquent au motif qu’il les aurait déshonorés. 
                            Le Juge a fait son boulot normalement sur le fond, nul n’a vu se déployer de magnifiques catilinaires et il n’y a encore aucune torture d’infligée par un bourreau installé dans du velours. Mais le peuple, qui a désormais davantage de moyens de se faire entendre, se venge de la tyrannie qu’il subit constamment sur tous les plans de la part de ceux qui profitent de leur intelligence pour l’abuser.

                            Ca fait longtemps que les peuples préfèrent les chefs intelligents aux chefs musclés. Les Français apprécient donc d’avoir des chefs intelligents parce qu’ils croient que cette intelligence peut les protéger, par exemple dans les débats internationaux, contre des intelligences rivales ou prédatrices mais aussi pour leur trouver des solutions aux grands problèmes.

                            Mais en même temps qu’ils votent toujours pour celui qui leur semble le plus intelligent, les gens craignent aussi que cette intelligence portée au pouvoir se retourne contre eux. Ils surveillent donc ces chefs censés les protéger et se sentent en danger quand ils en voient un lancer à un quidam « Casse-toi pov con va ! ». 

                            DSK a parfaitement illustré le cas d’un chef intelligent ayant l’air de servir le peuple jusqu’à la veille de son arrestation. Mais depuis et compte tenu de ce qui a été découvert, le peuple a l’impression que ce chef à surtout utilisé son intelligence pour abuser des petits de manière prédatrice. Les gens comprennent que s’ils étaient tombés face à lui, ils auraient été utilisés par lui puis oubliés dans le plus grand déni. Ce qui lui vaut la vindicte populaire.


                            Dans la Grèce antique puis à Rome et aussi en Gaulle romanisée, régnait l’oligarchie. Les oligarques pouvaient augmenter individuellement leur gloire en offrant des choses matérielles à l’élite, un temple, un aqueduc, une fontaine. Cette pratique évergétique valait donc entre élus et le bas peuple en profitait parfois mais toujours très passivement. 

                            Sous la monarchie, certains sages disaient au roi qu’il avait intérêt et devoir de considérer la bonne satisfaction populaire. Les aristocraties, tel Voltaire, voulant s’accaparer tous les ortolans, ne jamais payer d’impôts et ne jamais travailler, ils obligeaient le roi à ne servir qu’eux.

                            Mais en démocratie, un chef politique ne doit les honneurs qu’à son peuple et se retrouve obligé de lui offrir des bienfaits en retour. 

                            Plus des rhétoriques se déploieront pour protéger DSK, plus les démocrates seront enragés contre lui car ils tiennent à exercer leur pouvoir discrétionnaire et s’ils se rejoignent volontiers autour de paroles d’espérance, ils ne s’en nourrissent pas. 


                            Il ne faut pas croire les Français pendus aux vertus. Si DSK leur avait livré des bienfaits, ils lui en sauraient gré et ne se seraient pas sentis complètement dupés à la suite de ces révélations. Dans ce contexte de fond, les personnes qui ont été abusées par des anguilles oublieuses ou dénégatrices voient en lui l’exutoire parfait de leur vengeance. 


                            • Personne 7 juillet 2012 20:41

                              Bonsoir, la paresse m’a empêché de poursuivre au delà du premier ou deuxième paragraphe mais je peux quand même dire que vous semblez avoir autant d’élégance vestimentaire que ce fameux philosophe que vous évoquez. Même tailleur et même coiffeur ?


                              • Expat2011 7 juillet 2012 23:47

                                clair net et précis, et je crains malheureusement que vous n’ayez raison !


                              • cyberagora cyberagora 8 juillet 2012 23:52

                                @ l’auteur

                                Comment peut-on se prétendre philisophe et approuver un (des) dénis de justice !

                                Vous ne voulez pas le voir à la Santé ? Et dans l’appartement d’une amie, non consentante ?

                                Il est trop souvent passé au travers des mailles du filet...

                                Tant qu’il y aura plus de 2% de plussage sur vos articles, la dénonciation des délits de dsk doit rester en vigueur.

                                2%, c’est ce qu’on tolère d’extrémistes idéologiques. Je voudrais vous ramener à 2% rapidement car, tôt ou tard, vous y serez !


                                • stanh 9 juillet 2012 11:33

                                  "à laquelle prêtent régulièrement leur brillante plume ces esprits fins et lettrés que sont, notamment, Jean-Paul Enthoven, Gilles Hertzog, Guy Konopnicki, Jacques Martinez « 
                                   »bernard henry levy« 
                                   »Roman Polanski et Dominique Strauss-Kahn« 

                                  Mr Schiffer me semble être extrêmement »ethno"-centré .


                                  • stanh 9 juillet 2012 15:05

                                    Que vois-je ? Mr schiffer est disciple de Levinas !
                                    Quelle surprise.

                                    Il faut lire ce « grand » monsieur pour comprendre à qui on a à faire, surtout ses idéologies post-shoah....et dites moi, Askenazi , vous aimez aussi, Mr Schiffer ?

                                    Les médiocres qui confondent théologie et philosophie sont partout.


                                  • Katouch53 9 juillet 2012 17:40

                                    Curieux que M.Schiffer mette dans le même sac la défense de Sakineh cette femme iranienne menacée de lapidation et deux hommes qui n’ont pas besoin d’être défendus et qui sont indéfendables Roman Polanski et DSK je ne vois pas du tout le rapport. Je dirais même que c’est indécent d’associer cette personne en réelle danger aux deux autres qui, eux, ne courent aucun danger si ce n’est la lapidation de leur orgueil dont je me fous totalement. 


                                    Quant à BHL il est un danger pour la démocratie, l’humanité et .... la vraie philosophie... 

                                    • Morgane Lafée 11 juillet 2012 11:42

                                      Quelques commentaires centrés sur l’affaire du Sofitel, que m’inspire votre article.
                                      Indignée par l’absence de procès qui a surtout caractérisé cette affaire DKS/Diallo, je n’en approuve pas moins votre révolte contre le lynchage médiatique dont DSK a fait l’objet, et contre cette « justice-spectacle ». Pour autant, je ne crois pas à son innocence au sujet du viol de la femme de chambre. Mais j’admets humblement qu’il est impossible d’être objectif et serein dès lors qu’une affaire s’assortit d’un tel emballement médiatique et suscite (légitimement) de telles passions.

                                      Cependant, une petite question me taraude l’esprit à la lecture de votre article : avez-vous conscience que, toujours dans l’affaire du Sofitel, Nafissatou Diallo a elle aussi fait l’objet d’un lynchage médiatique ?
                                      Quand une personne est traînée dans la boue (traitée de p***, de menteuse, de femme vénale, etc.), qu’on examine son passé à la loupe, qu’on fait resurgir les conditions dans lesquelles elle a immigrée aux USA afin d’invalider son témoignage, et le tout publiquement dans la presse, ne peut-on pas parler de lynchage médiatique ? Voire de police de la vertu : il faut voir les registres sur lesquels elle s’est faite attaquer... Car si un homme suspecté d’avoir un comportement sexuel déviant est traité en pestiféré par notre société, que dire d’une femme accusant un homme de viol ? Là encore, il y a comme un canevas scénaristique étrangement prévisible : ça commence par un portrait idyllique de l’accusatrice, la présentant comme une victime idéale, et ça finit toujours par le portrait au vitriol de la salope dans toute sa splendeur. L’affaire du Sofitel est un cas d’école.

                                      Sachant cela, c’est bien beau de se révolter contre le lynchage médiatique dont a été victime DSK (et dont il est toujours victime, je vous l’accorde), mais êtes vous également sensible à celui dont a fait l’objet N. Diallo ? Sachant que, contrairement à DSK, elle n’était pas armée contre le regard cruel des media ?
                                      Cette question que je vous pose est primordiale pour la compréhension du message que vous essayez de faire passer. Dans un cas, cela implique que vous pointez du doigt la « justice-spectacle » en tant que problème de société, de manière globale et impartiale. Dans l’autre, cela laisse penser que vous manifestez juste une solidarité de caste, ce qui n’est pas forcément à votre honneur.

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON






Les thématiques de l'article

DSK


Palmarès