DSK et la mentalité française
Dans l'affaire DSK, le terme mentalité qui renvoie à des comportements ou une manière de penser typiquement française est sciemment employé dans le titre de l'article.
Le terme culture est trop noble pour nommer des comportements inadaptés et inacceptables adoptés par les médias, la justice peu indépendante dans certains cas et certaines de nos élites, selon que l'on est un « puissant » ou simple lambda.
« Dominique Strauss-Kahn a été formellement inculpé jeudi par une chambre d'accusation new-yorkaise de tous les chefs d'accusation, au nombre de sept, en relation avec les accusations de crime sexuel dont il fait l'objet, a indiqué le procureur Cyrus Vance.
Les sept chefs d'accusation retenus contre DSK recouvrent notamment des faits présumés de viol et d'agression sexuelle contre une femme de ménage de l'hôtel Sofitel de Times Square.
Ils pourraient s'accumuler et valoir à DSK, qui nie les faits, plus de 74 ans de prison.
Les enquêteurs ont été informés par la victime présumée, « que l'accusé a
1. fermé la porte et empêché cette personne de quitter la pièce
2. touché les seins de la plaignante sans son consentement ;
3. tenté de retirer de force les bas de cette personne et lui a touché la zone du vagin de force ;
4. forcé la bouche de la plaignante à toucher son pénis à deux reprises ;
5. n'a pu commettre ces actes qu'en utilisant sa force », peut-on lire dans le procès verbal des auditions, publié en début de semaine par ABC News.
Les sept chefs d'accusation :
1. « Acte sexuel criminel au premier degré ». Cette qualification, qui n'existe pas dans le code pénal français, désigne un viol par fellation ou sodomie en ayant recours à la force ou menaçant d'y recourir. En l'espèce, « le pénis est entré en contact avec la bouche de la victime à deux reprises », selon le procureur Cyrus Vance.
Cette charge est donc comptée deux fois. Ce chef est passible d'un maximum de 25 ans de réclusion, soit une peine de 50 ans dans cette affaire en raison de la répétition du fait.
2 « Tentative de viol au premier degré ». La définition du viol aux Etats-Unis ne recouvre que le rapport sexuel vaginal non consenti. En France, elle recouvre « tout acte de pénétration » non consenti. La circonstance de premier degré signifie que l'agresseur a employé la force physique ou a menacé d'y recourir. Comme en France, le viol, qu'il soit accompli ou fasse l'objet d'une tentative, est punissable de 15 ans de réclusion.
3. « Agression sexuelle au premier degré ». Cette qualification recouvre tout « contact sexuel » non consenti avec usage de la violence ou menace d'y recourir. En France, cela correspond à une agression sexuelle, un délit passible de cinq ans de prison. A New York, DSK encourt 7 ans de prison pour ce motif.
4. « Emprisonnement illégal au second degré ». Il s'agit du fait de retenir quelqu'un contre son gré, un délit passible d'un an de prison. Dans cette affaire, Dominique Strauss-Kahn est soupçonné d'avoir fermé la porte de la suite du Sofitel, empêchant ainsi la femme de chambre de sortir. Cette qualification n'a pas vraiment d'équivalent dans le code pénal français où la séquestration est un crime passible de 20 ans de réclusion, sauf si le ravisseur libère sa victime avant le septième jour et encourt alors 5 ans de prison.
5. « Attouchements non consentis ». Il s'agit de « toucher les parties intimes d'une personne dans un but dégradant et afin d'abuser d'elle ». En l'espèce, la victime présumée accuse le patron du FMI de lui avoir « attrapé la poitrine », selon le procureur. L'attouchement sexuel n'est pas un terme juridique en France où le code pénal n'envisage que l'agression sexuelle. Ce délit est passible d'un an de prison dans l'Etat de New York.
6. « Agression sexuelle au troisième degré ». Cette qualification recouvre un « contact sexuel » sans emploi de la force. Le délit est passible de 3 mois d'emprisonnement. »
Source leparisien.fr
Ce que beaucoup semblent oublier, c'est qu'en France, un individu lambda ne serait jamais sorti de prison de peur de la récidive, la mise en liberté sous caution n'existant pas.
Les faits reprochés à DSK sont suffisamment graves pour le dernier juge exige toutes les garanties que l'ancien directeur du FMI ne s'enfuit pas ou essaie de se soustraire à la justice américaine de quelque manière que ce soit.
Le PS serait soulagé par la libération sous caution de DSK, grand bien lui fasse...
Si le « manque d'humanité » de la justice américaine a pu choquer une partie de la caste socialiste, d'aucuns ne semblent pas aller dans le sens des caciques faisant preuve de corporatisme et n'éprouver aucun compassion à l'égard de ce « grand homme », sauveur de l'humanité capitaliste.
Ce « manque d'humanité » envers un politique de haut rang ne se verrait sûrement pas en France, empêtrée dans sa mentalité douteuse et obsolette qui « oublie » de juger ces politiques ; le dernier en date : Jacques Chirac qui « échappe » à une justice décidément très complaisante aussi.
En France, nous avons « droit » à une justice à deux vitesses, favorisant les hommes de pouvoir, s'en tirant la plupart du temps avec de maigres condamnations et trop tardives. La mauvaise habitude de la reconnaissance aux services rendus à la nation, au monde mais le plus souvent entre eux sous les yeux d'arbitres journalistes bienveillants est à proscrire de toute urgence.
En France, cette mauvaise coutume qui est de ne protéger que les puissants ou quelques « passe-droit » aurait probablement poursuivi la femme de chambre pour diffamation...
Voilà pourquoi nous n'avons pas de procès de type mettant en cause des hommes de pouvoir dans le « pays des droits de l'homme » , les femmes ont peur d'être « inquiétées » et elles savent qu'elles ne seraient pas protégées.
« La mère de Tristane Banon déclare que des personnalités "au plus haut niveau" du Parti Socialiste "étaient au courant" de la présumée agression sexuelle en 2002 de Dominique Strauss-Kahn à l’encontre de sa fille. » (Sur le sujet : DSK trop pressant envers les femmes ?)
Qu'attend Tristane Banon pour porter plainte ? A-t-elle peur d'être elle-même mise au ban des accusées ?
Sûrement car, à coup sûr, c'est elle qui serait coupable, selon cette habitude de protection des puissants.
En tous cas, si elle décidait de porter plainte, elle doit savoir que cette fois, elle sera soutenue.
C'est l'occasion de faire changer les mentalités et comportements une bonne fois pour toutes en redonnant un peu de morale à une vie privée d'hommes de pouvoir qui donne, bien souvent, des nausées.
En outre si les faits qui sont reprochés à DSK aux Etats-Unis étaient un « attentat politique », certains ont exploité une faille qui aurait dû être « corrigée » avant...
L'autocensure des médias trouve, dans ce cas précis, ses limites et ses revers...
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