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Accueil du site > Tribune Libre > Du Panthéon à la Villa Médicis : des Beaux-Arts aux bas arts (...)

Du Panthéon à la Villa Médicis : des Beaux-Arts aux bas arts !

À l’heure qu’il est, le pendule de Foucault a dû reprendre ses lentes oscillations à la croisée du transept du Panthéon de Paris, rendu au faste grandiose de son architecture à la fois baroque et néo-classique.

De septembre à décembre 2006, le 35e Festival d’automne avait, en effet, livré son intérieur aux fantaisies créatrices d’un plasticien brésilien, Ernesto Neto. Léviathan Thot était le nom de l’œuvre avec laquelle il avait « investi l’espace » du Panthéon. Inutile de chercher dans l’annuaire ! Ce patronyme n’est porté par personne. Léviathan est un monstre marin biblique qui menace les hommes, Thot le dieu égyptien créateur du monde par le verbe et l’écriture. L’association audacieuse de ces deux mythologies sentait déjà son oxymore, à faire tomber raide, occis, mort, le visiteur le mieux disposé dans un abîme de perplexité !
- L’œuvre offerte donnait-elle au moins la clé de l’énigme ? La trouvait-on sous ces voûtes et cette coupole, preuves du génie de Soufflot et de Rondelet, instruits d’une tradition multiséculaire, remontant au moins au Panthéon d’Hadrien à Rome, et qui rend les hommes capables de braver l’abîme dont la loi de la pesanteur menace leurs édifices toujours plus insensés d’audace ? Pas le moins du monde ! Libération, le 22 septembre 2006, y voyait cependant « la forme gigantesque d’un monstre en tulle polyamide lycra » de « 2000 m2 » « comme une peau translucide », « sorte de pieuvre dont les multiples tentacules (ondulaient) et (croissaient) selon les quatre axes du bâtiment » avec « grâce et sensualité ».
- Va pour le monstre, puisque monstrueux c’était ! Mais quant à son identification, on avait le choix. On pouvait, par exemple, regretter de voir voûtes et coupole disparaître dans des amas de toiles d’araignées géantes d’où pendaient des sacs gonflés de sable, étirés comme des bas de nylon lestés, voire comme des préservatifs bien remplis ou même des testicules de taureaux exténués. Appeler ça Léviathan Thot, pourquoi pas ? On aurait pu tout aussi bien imaginer « Halloween for ever », « Hollywood chewing-gum » ou, pour faire français, « Carnaval Panthéon », puisqu’on n’hésitait pas à affubler d’un nez rouge un joyau de l’architecture française.
- Mais l’appellation aurait sans doute manqué de profondeur de pensée quand le fatras qui pendouillait des voûtes comme du chewing-gum filant et collant aux doigts était incapable, à lui seul, d’élever l’esprit du visiteur qui gardait pourtant la tête en l’air. Par une malheureuse homophonie, d’ailleurs, le nom du plasticien se prêtait mal à cette assomption : à une lettre près, on reconnaissait une filiale à bas prix d’un supermarché. De là à penser que les Beaux Arts ont eux aussi aujourd’hui leurs officines de bas arts, il n’y avait qu’un pas.
- Franchement, a-t-on le droit de souffleter Soufflot de la sorte ? Qu’on choisisse un hangar, un gymnase ou un marché couvert, pour en « investir l’ espace », comme ils disent ! On n’y voit pas d’inconvénient ! Mais le Panthéon ! Pourquoi pas Notre-Dame de Paris ? N’est-ce pas à l’œuvre d’art d’embellir les lieux qui l’accueillent et non à un chef-d’œuvre hébergeur de lui donner le crédit qu’elle n’aurait pas par elle-même ?

L’exposition à la Villa Médicis à Rome en l’an 2000

C’ est devenu une triste mode. Des sites prestigieux sont réquisitionnés systématiquement pour des opérations promotionnelles. L’exposition qui a eu lieu en 2000 à la Villa Médicis, à Rome, en est un autre exemple malheureux. Sise entre les verts jardins du Pincio et l’inventive place d’Espagne à Rome, la Villa Médicis est, on le sait, une merveille de la Renaissance, siège de l’Académie de France où est reçue, depuis deux siècles, la fine fleur des artistes. Elle a accueilli entre juin et septembre 2000 une curieuse exposition, intitulée La Ville / le Jardin / la Mémoire avec, à l’affiche, une trentaine d’artistes, architectes, paysagistes, et même... « promenadologues » (sic) ! Les plus hautes institutions avaient apporté le lustre de leur autorité. De quoi lever l’hésitation du visiteur le plus réticent ! Sous le patronage des présidents des républiques française et italienne et des ministres compétents, cette manifestation était réalisée, dans le cadre de la Mission nationale pour la célébration de l’an 2000, avec la collaboration de la Mairie de Paris, de son Musée d’Art moderne, et de sa direction des parcs, jardins et espaces verts ; et parmi les parrainages, on relevait la Fondation Electricité de France et celle de la BNP-Paribas. On était donc assuré d’être mis en présence des réalisations artistiques les plus officiellement accréditées.

« Misère de l’art ».

Un critique d’art, Jean-Philippe Domecq, a parlé de Misère de l’art (Calmann-Lévy, 1999) au sujet de la production du dernier demi-siècle. Ce ne sont pas les expositions du Panthéon et de la Villa Médicis qui peuvent le démentir. Il faut être ignorant, fulminera-t-on bien sûr, pour se permettre un tel blasphème, et avoir une bonne dose de culot pour oser rejeter l’argument d’autorité qui garantit la qualité des oeuvres exposées. Eh bien ! Qu’on en juge, après le Panthéon, sans même parcourir « le chemin de croix » exhaustif de cette exposition de la Villa Médicis. Quelques stations devraient suffire.
- Passe encore la Cabane éclatée pour un obélisque du bien connu au Palais Royal à Paris Daniel Buren, qui a une tendresse particulière pour le zèbre au point d’affubler un peu trop souvent les objets de rayures noires. Cette fois, il avait planté au milieu de la cour d’honneur de la Villa Médicis, autour de l’obélisque, des panneaux couverts de miroirs carrés encadrés de... rayures noires. L’effet n’était pas déplaisant : obélisque, pins parasols et villa s’y miraient en images multiples mises en abyme. Mais, outre que le jeu de miroirs n’est pas nouveau, l’artiste ne pouvait mieux avouer qu’il n’avait rien à dire et qu’au mieux, il ne servait que d’écho par quelques trouvailles, qui, une fois la surprise passée, n’avait pas leur place dans ce jardin : il se contentait de refléter les oeuvres d’art qui le dépassaient, par exemple... des pins parasols, un obélisque ou les délicieuses lignes « Renaissance » de la Villa Médicis. C’était, il est vrai, un acte d’humilité dont il fallait le créditer.
- Auparavant, le visiteur était passé par la loggia ouverte sur le parc, cadre d’une oeuvre à couper le souffle : Un hommage à Napoléon le Grand  ! En fait, une accumulation, dans les quatre coins de la loggia, d’objets quotidiens hétéroclites, y compris des disques vinyle de la trilogie de Pagnol, Marius, César, etc. ! L’artiste, originaire du Bénin, était loin du Bernin : « L’installation, notait le programme, (mettait) en évidence des questions d’interprétation culturelle dans notre époque post-coloniale marquée par la globalisation ». Grands dieux ! Comme il est intéressant qu’un Africain célèbre ainsi le bourreau qui a rétabli l’esclavage de ses ancêtres aux Antilles en 1802, malgré la résistance opposée par Delgrès et ses compagnons à Matouba sur les flancs de la Soufrière de la Guadeloupe, et aujourd’hui honorée au Panthéon de Paris.

Neuf kilomètres de cordelette

- La ravissante fontaine de la cour , elle, disparaissait dans un fagot de tuyaux d’arrosage colorés. Commentaire : « Au centre du piazzale, la fontaine semble prise dans un bouquet multicolore qui rappelle les compositions florales d’un jardin ikebana ». Il fallait y penser.
- C’était ainsi une trentaine de facéties qui étaient offertes. Une artiste irakienne avait même relié en multiples boucles avec une cordelette rouge les fûts élancés d’un groupe de pins parasols qui en frissonnent encore de dédain sous le vent : « Construit comme un labyrinthe oblique, disait le programme avec une précision mathématique, neuf kilomètres de corde se tendent, se plient et s’enroulent pour créer un réseau fluide qui s’étend au-delà de l’ordre Renaissance du carré. Par ces champs de lignes, l’architecte irakienne crée un événement théâtral qui nous libère des contraintes historiques des jardins de la Villa Médicis. » Evident , en effet !
- Enfin, le long d’une allée, de fins jets d’eau, indigente imitation des Jardins de l’Alhambra à Grenade ou des farces d’un Prince-archevêque de Salzbourg au château d’Hellbrunn, étaient présentés comme des « pergolas » ou une « série d’arcades, tangibles et pourtant impalpables (qui venaient) surcadrer la perspective des haies et parachever un parcours dessiné à la mesure du corps ».

Le coeur se soulève à cette logorrhée d’inepties dont l’œuvre exhibée paraît devoir impérativement être assaisonnée sous peine de ne pas exister. Il est, en effet, bien singulier de ressortir de la Villa Médicis ou du Panthéon non vibrant de plaisir mais mortifié de honte. Il est vrai que l’art contemporain officiel n’a peut-être rien à voir avec le bonheur des êtres. Paul Villach


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24 réactions à cet article    


  • David Orbach davideo 18 janvier 2007 12:52

    Pardonnez moi M. Villach mais je vous sens incroyablement dépité devant l’art contenporain. Pourquoi êtes-vous « mortifié de honte » ? Quel sentiment étrange en face d’une exposition qui ne vous a simplement pas plut. smiley Il doit y avoir autre chose à mon avis, je pense que vos stupéfiantes réactions viennent de ce que vous regardez l’art comme la télévision. smiley

    cordialement


    • David Orbach davideo 18 janvier 2007 14:09

      pardon : « conteMporain » et « plU » Je suis dépité moi aussi devant l’orthographe


    • clairette (---.---.157.21) 18 janvier 2007 13:51

      @ Paul Villach : comme je vous comprends, bien que je n’ai pas l’occasion d’aller visiter les lieux prestigieux dont vous parlez ! Mais tout à côté de chez moi, il y a un merveilleux château, lieu d’exil de Mme de Montespan, (79 Oiron)où une sorte de « deal » a été conclu entre la Région et les Monuments historiques : en échange de la restauration dudit château, ses salles, jardins et terrasses devaient « abriter » des expositions d’art contemporain ! Cela fait presque 20 ans que cela fonctionne ! A chaque visite avec des amis, je voyais leur consternation devant les dernières exhibitions contemporaines... Heureusement, en regardant les plafonds « à caissons » dans toute leur rutilance retrouvée, les fresques ravivées etc... ils en oubliaient les fâcheuses contreparties !

      Et puis malgré ces laideurs prétentieuses, dont tout le monde rigole à présent, le château a repris vie (il avait été transformé en caserne au 19è) et retrouve d’année en année sa spendeur... De plus, il sert de cadre au mois de juin à une magnifique et gigantesque fête rassemblant tous les musiciens, choristes, danseurs, venus de toute la région... avec entrée libre... à tous....

      Alors je me dis que si c’était le prix à payer, ça valait la peine de supporter des errements de pseudo-artistes, qui de toute façon se sont éliminés d’eux-mêmes ! Les meilleurs sont restés !

      (Bien sûr ce n’est qu’un humble exemple de proximité !)


      • Paul Villach Paul Villach 18 janvier 2007 14:16

        Votre démonstration est on ne plus convaincante, cher Démian... Paul Villach


      • Marsupilami Marsupilami 18 janvier 2007 14:21

        Excellent article et excellente réponse au commentaire de l’« artiste contemporain » (mdr) d’Agoravox. Quelle misère esthétique...


      • Paul Villach Paul Villach 18 janvier 2007 14:32

        De grâce, ne nous mélangeons pas les pinceaux ni les baguettes (magiques ou de chef d’orchestre). Restons sur le cas que je relate. J’ai demandé à AGORAVOX de publier une photo que j’ai prise de l’oeuvre dont je parle. Et je suis tout prêt, cher Démian, à entendre vos observations initiatrices. Paul Villach


      • Marsupilami Marsupilami 18 janvier 2007 14:34

        Sur la musique contemporaine, lire l’excellent et savoureux Requiem pour une avant-garde de Benoît Duteurtre.


      • quent1 (---.---.34.59) 18 janvier 2007 14:44

        Bravo pour vos divinations prétentionistes de bravitude Vous savez tout, vous êtes imbus de l’art nouveau, donnez SVP vos ref de néos arts tristes et arthrites ou artistes, j’en cherche et parfois en trouve mais je cherche mal, et c’est sûr, sans doute des oeuvres majeures m’échappent de plomb


      • quent1 (---.---.34.59) 18 janvier 2007 15:18

        Excuser la dérange, j’ai omis de dire à qui mon no comment était destiné : le mess répondait à celui qui connait tout en art musical, pictural, scultural, scriptural —) c’est un message de non connivence pour le beau jeune homme à la chemise bleue, aux cheveux longs et idées courtes, et excuser le bas de gamme ramené à une vieille chanson d’Antoine qui maintenant fait la pub pour lunettes d’art, j’aime un peu de tout dans l’art sauf ce qui est moche de platitude longitude dégoulinante, la photo qu’a jointe M.Villach est parlante et par politesse je tairai ce à quoi elle m’a fait penser.


      • Paul Villach Paul Villach 18 janvier 2007 15:36

        Au moins, cher Démian, me donnez-vous une interprétation qui m’intéresse et mérite examen.

        Trouvez, de votre côté, que je puisse, avec les lumières que vous m’accordez parcimonieusement, que je ne sois pas transporté par cette oeuvre que j’ai pris la peine pourtant d’aller voir. Ce qui me transporte, c’est la beauté des voûtes et de la coupole de l’édifice. C’est pourquoi j’ai ainsi réagi.

        Dans un autre lieu, un hangar, un gymnase, comme je l’ai écrit, j’aurais peut-être été sensible à l’interprétation que vous en faites.

        En somme, il y a pour moi incompatibilité de créations, comme on parle d’incompatibilité d’humeurs : le Panthéon, selon moi, ne se prêtait pas à cette manifestation, pas plus que les facéties que j’ai pu voir à la Villa Médicis en 2000. Paul VILLACH


      • quent1 (---.---.34.59) 18 janvier 2007 14:37

        « Il est vrai que l’art contemporain officiel n’a peut-être rien à voir avec le bonheur des êtres. »

        Votre conclusion est pour mon avis d’amateuriste la bonne solution. Le bonheur d’être se situe pour mon petit bonheur en dehors de l’art officiel, et d’autres l’ont peint ou dit bien mieux que ma pomme. Peut-être Paul Rebeyrolle d’Eymoutiers, Vladi le fils de Victor Serge, dommage tous deux ont récemment migré vers d’autres lieux ou cieux, restent des artistes plus jeunes qui peuvent encore le démontrer ? Mais comment les connaître s’ils ne sont pas exposés ou médiatisés ?

        Dommage que je ne sache envoyer des Choses vues sur la place de l’Agora. Mais aussi tant mieux pour les amateurs d’art. De passage de Voyage en Italie, celà à Venise en avril 2006, j’ai vu de mes yeux vus un horrible ballon rouge sans forme ronde et en plastoc qui survolait et fendillait un grand palais, il inaugurait « l’art nouveau » LVMH ? non là c’était Pinault, Printemps, La Redoute, redoutons cet art là et préférons Le chapeau de paille d’Italie ou je ne sais qui ou quoi.

        Les néos mécènes savent recycler le veau d’or et se placer, l’un d’eux a abandonné son projet d’installation d’un musée d’art moderne dans les locaux de l’ex RNUR Ile Seguin de Boulogne(imposition foncière trop forte ?) et s’est donc installé à Venise. Sans doute son imposition sur les grandes fortunes s’en trouvera ainsi amincie ?

        Les enfants écoliers ou touristes levaient la tête vers les toits, ils étaient passants, pensifs et admiratifs devant ce ballon chenille rouge impossible à attraper car bien trop haut élevé dans le ciel de Venise cet objet d’art. Pourquoi faire voler une chenille ? je croyais qu’elle rampait, mais la mutation en papillon ne s’est pas produite, cela sans doute à cause de l’érection ? Fort heureusement pour ces enfants des marchands à la sauvette ou forains ou commerciaux avertis avaient pressenti ou deviné un marché potentiel et devancé l’exposition : ils vendaient sur les belles piazza ces mêmes ballons tordus en format miniaturisé. Ce n’était pas cher et les parents cédaient au goût de la chenille volante, là était l’art d’être parent, grand-parent ou enfant,le rêve de l’art et de l’envol d’Icare. Mais étaient-ils signés ces ballons là ? Fallait-il respecter un droit d’auteur, là j’avoue ne pas avoir cherché à le savoir. Restent sur les façades de certains grands palais et sur des habitats plus modestes un goût de la beauté utopique et éternel, c’est un drapeau où figure un mot : PACE !

        Dans le domaine de l’art tout est donc possible, en voici la preuve ailleurs et ne riez ni ne pleurez, il est interdit d’interdire ! Voilà qu’en Chine est arrivée sans prévention l’année du cochon. Pour faire plus esthétique ce cochon là a été recolorisé comme on dit maintenant : des scientifiques chinois annoncent la création de cochons (et non cocons) partiellement fluorescents, c’est tout récent ! Les pourceaux sont issus d’une cochonne truie à qui l’on a injecté du matériel génétique de méduse dans l’utérus. Le cri de la méduse ? je ne sais mais leurs groins, pieds et langues sont verts en présence d’ultraviolets (agence Xinhua) et ils sont restés cochons, c’est médusant et amusant.

        Ce qui n’impressionne pas l’Université nationale de Taïwan, qui elle, assure avoir produit 3 cochons entièrement fluos, cela même en Lumière naturelle, concours de beauté de l’art ouvert à suivre en exposition universelle ou aux jeux de l’Olympe en quelle année ? Si vous ne me croyez pas à propos de la possibilité de la beauté de cochons fluo verts non bios ni écolos sachez qu’ils sont en photo sur terre sacrée ainsi que d’autres splendeurs telles que l’homme chèvre et autres vues surréalistes pour que continuent à s’exercer l’essence et les sens du bon goût de l’art génétiquement modifié. Preuve de mauvais goût..

        Amoureux de l’art et pressentiments : http://rsurbone.freeyellow.com/page4.html Une femme : Renata Surbone, ses oeuvres sensitives sont très belles, je n’en connais pas le prix. Un homme : Jean-Paul Faccon, ses oeuvres de naufrages annoncés sont très belles, je n’en connais pas le prix. Il faut arrêter là, la colère est mauvaise conseillère, je retourne à votre conclusion et elle est la plus belle, tout le reste n’a d’importance aucune : «  »Il est vrai que l’art contemporain officiel n’a peut-être rien à voir avec le bonheur des êtres."


        • Jojo2 (---.---.158.64) 18 janvier 2007 15:28

          A mon humble opinion, il y a eu un shift dans la notion d’art (qui fut l’esthétique et le désir de plaire). Le but maintenant est de surprendre et d’être reconnaissable. Le reste passe au second plan tant qu’il y aura des acheteurs pour ça (souvent institutionnels, ne nous y trompons pas : ce sont des fonctionnaires de l’installation).


          • Jojo2 (---.---.158.64) 18 janvier 2007 16:38

            Il n’y a rien à comprendre, c’est du ressenti. On a besoin de comprendre quand c’est technique. Doit-on s’extasier sur le fantastique calcul qui a fait que ces délicats tissus (je suppose que s’en sont) ne pêtent pas sous le poids de ces couilles ? Apprend Picasso, mon pôvre. Il a révolutionné la céramique mais n’a jamais tourné une pièce. Et a appris les bases qui lui étaient indispensables en 2 ou trois après midis. Par ailleurs, un truc qui m’a fait beaucoup marrer c’est cette histoire des « faux » Rembrandt. Je veux dire ceux peints par l’école et non la main du maitre, mais signés. Un particulièrement chouette faisait la fierté de son possesseur, jusqu’au jour ou il a appris du labo ad hoc que ce n’était qu’un « Rembrandt », certes signé, mais de l’école. Outre la désagréable plongée coté cotation, celà a du lui bouffer l’estomac, son OEIL a changé. Le tableau n’était plus le même. Tout est là, mon pote. Il faut aussi relire Vialatte. Il disait en gros que la connaissance tue l’appréciation.


          • Jojo2 (---.---.158.64) 18 janvier 2007 17:02

            "Ou parler de ce qu’on ne connaît pas, en supposant qu’on serait à même de le juger, juste par le biais de nos sens. Comme on note un chanteur à la Star’Ac ou dans le bac du disquaire.

            Tout faux quoi !

            Si vous aimez l’art qu’on comprend tout de suite, allez à Venise et achetez vous une gondole lumineuse "

            Y revenant, je perçois comme une incohérence avec votre réponse plus haut :

            « Une enfant, qui entre dans un monument, s’y fait son histoire imaginale et vous voudriez que cette faculté de s’intriguer soi-même pour échapper à la dure réalité des pierres et des Grands Hommes écrasants, que cette faculté soit jugée comme une misère esthétique ou du bas-art. »


          • vraitravailleur (---.---.229.222) 18 janvier 2007 15:55

            En matière d’art, chacun est libre de ses goûts, mais qu’il le fasse à ses frais. La ménagère qui aime les cimes neigeuses et les biches dans les bois, est libre de s’acheter un chromo dans un grand magasin.

            Celui qui apprécie ce que l’on qualifie d’« Art contemporain », c’est-à-dire des assemblages d’objets hétéroclites, est libre d’acheter ce genre d’oeuvres sur ses fonds propres.

            En revanche, il est tout à fait inadmissible que des fonctionnaires ou des élus, autoproclamés experts, dilapident les fonds publics pour faire acheter les « oeuvres » de leurs électeurs influents ou de membres de leur famille ou encore de leurs copains, oeuvres que personne ne voudrait acquérir en payant lui-même.

            C’est ainsi que le président Chirac laisse installer de l’« art contemporain » à la villa Médicis mais n’achète pas ces « oeuvres » pour les installer dans le parc du château de Bity. Il pourrait au moins en garnir la cour d’honneur de l’Elysée, avec les gardes républicains parmi elles, quand il reçoit un chef d’Etat étranger.

            vraitravailleur


            • vraitravailleur (---.---.229.222) 18 janvier 2007 23:31

              Demian West fait partie véritablement des tenants de la subvention et de la fonctionnarisation à tout prix, sans responsablilité financière personnelle.

              Sans aller chercher les résultats de la recherche aux Etats-Unis, j’aurai la charité de ne pas comparer les « résultats » des salariés du CNRS à ceux des chercheurs, en Europe, qui sont sponsorisés et contrôlés par des entreprises privées.

              Prenons un exemple en paléontologie : on a fait toute une histoire des découvertes en paléontologie humaine de chercheurs du CNRS en Afrique et dans le Caucase, remontant à un million huit cent mille ans maximum(avec un budget considérable), alors que depuis vingt ans, un laboratoire privé, sans aucune subvention, a trouvé en France même des outils datés, qui remontent à quatre millions d’années. (voir comptes-rendus de l’Académie des Sciences).

              vraitravailleur


            • Manuel Atreide Manuel Atreide 18 janvier 2007 16:18

              Bien Cher Paul Villach,

              Je me suis précipité sur votre papier à la seule vue de la photo d’illustration. Comme vous, j’ai visité le pantheon alors que l’oeuvre d’E.N. y était déployée. Malheureusement s’arretent là les analogies.

              Voyez vous, j’aime l’architecture. Notamment, la période dite « classique » en France. Le panthéon est un magnifique bâtiment, dont l’histoire est au surplus passionnante.

              Pour autant, je ne suis pas un fanatique. Qu’on utilise un tel bâtiment pour y faire l’exposition temporaire d’une oeuvre d’art contemporaine ne me choque pas le moins du monde. Si je vous suivais sur ce chemin, je récuserai toutes les toiles ou statues qui décorent l’espace de cette nef laïque, au motif qu’elles sont largement ultérieures à la construction du bâtiment.

              D’une manière plus générale, je dois dire que le ton de votre article me met mal à l’aise. J’y trouve rassemblé un exemple de propos qui fleurent bon le « cétémieuhavan » si cher à notre époque frileuse et méprisante.

              Vous semblez ne pas aimer les oeuvres d’art contemporain dont vous parlez. C’est votre droit le plus strict, votre opinion n’est pas moins respectable qu’une autre. En revanche, vous ne la placez à aucun moment dans le cadre d’une réflexion qui vous est personnelle, mais plutot comme l’énoncé d’une vérité supérieure. Difficile de vous suivre sur ce plan, car, voyez vous, nul n’est obligé de partager vos goûts.

              Enfin, j’aimerais vous renvoyer à la lecture de différents ouvrages où vous trouverez le récit des réunions de l’Académie des Beaux Arts au 19ème siècle. Vous pourrez y découvrir, infortuné homme, que le langage ampoulé et maniéré n’est pas, loin s’en faut, une invention des critiques modernes d’art. On peut le déplorer, s’en réjouir ou s’en moquer, mais les outrances du langage vont de pair avec l’art depuis un paquet de temps.

              Bien à vous

              Manuel Atréide


              • Paul Villach Paul Villach 19 janvier 2007 15:28

                Vous faites erreur en croyant pouvoir tirer comme conclusion de mon analyse que, dans ce cas, peintures et sculptures n’auraient pas leur place non plus. Associées à l’architecture depuis quasiment toujours, peintures et sculptures en sont même devenues des arts auxiliaires pour la magnifier, mais non pour la masquer. En revanche, l’oeuvre de Neto oblitère avec fatuité un cadre architectural qui, du coup, disparaît : ces deux oeuvres, le Panthéon et « Léviathan Thot », sont donc rigoureusement incompatibles. Paul Villach


              • castling (---.---.29.218) 18 janvier 2007 18:25

                Article qui a le merite de donner aux internautes passionnes la possibilite de s’exprimer.

                Moi personnellement depuis la « merda artista » de Piero Manzoni je me classe dans la categorie « jeconprenpa » de l’art comtenporain. Quand meme 30500 euros environ au cours actuel la boite de merde ! (source wikipedia, je vous invite a lire les anecdotes c’est bidonnant).

                Ceci dit je ne condamne en rien l’art comtenporain dans son ensemble. D’ailleurs je trouve la demarche de Tracey Emin (prix turner 1999) eblouissante d’efficacite artistique, gagner 200 000f pour un lit sale c’est fort ( quoique qu’elle fut legitimement battue pour le premier prix par.....une piece au murs blancs flanquee au plafond d’un neon s’eteignant et se rallumant toute les 5 secondes. Le gagnant est incontestable).

                Ca vaut son pesant d’or

                Salutations

                Cast


                • castling (---.---.29.218) 18 janvier 2007 18:55

                  @DW

                  Loin de moi l’idee de denigrer mes propres dejections. on peut evidemment tout justifier par la nature meme de l’oeuvre ( le monde n’est que poussieres d’etoiles etc...).Non je suis tout simplement eblouis par la valeur pecuniere de ces chef-d’oeuvres.

                  Chapeau l’artiste.

                  Salutations

                  Cast.


                  • Marsupilami Marsupilami 18 janvier 2007 18:59

                    Bon, revenons à l’art authentique. Un petit lien sur Zende, un peintre contemporain iranien qui fait des trucs magnifiques, lui.


                  • gem gem 18 janvier 2007 20:36

                    « N’est-ce pas à l’œuvre d’art d’embellir les lieux qui l’accueillent et non à un chef-d’œuvre hébergeur de lui donner le crédit qu’elle n’aurait pas par elle-même ? » Voilà un bon et imparable critère de qualité, comme c’est bien dit.

                    Toqueville l’annonçait déjà, l’art officiel des pays démocratique ne peut être que nul, pire que nul.

                    Depuis les romantiques il est admis que le « vrai » artiste est maudit, forcément maudit, sans public. Donc, être un « bon » artiste officiel implique d’être incompris du puplic non initié, et même, si possible, conspué voire aggressé, et pour ça, quoi de plus efficace que de produire des nullités aléatoires ? Restera à avoir un peu de bol, comme à la Star Ac (le public en moins !) ou tout autre procédé efficace pour sortir du lot (bagout, appui famillial, beauté et coucherie...)

                    Petit reproche : votre allusion à l’esclavage à l’égard du béninois. C’est doublement mal venu (renvoyer l’esclavage dans la gueule d’un noir est assez gonflé, et le mettre dans un grand sac fourre-tout avec ceux des antilles, lui dont les ancètres sont rester au Bénin, n’est pas très courtois)


                    • Emin Bernar Pasa 19 janvier 2007 14:04

                      comme vous désolé par la post-modernité galopante ! sur la villa médicis, j’ai été consterné à mon dernier passage d’avoir vu la vasque qui se trouve devant la villa sans une goutte d’eau ! résoudre ce petit problème coûterait moins cher que ces grandes expos modernistes ! quant au panthéon je n’ai pas digéré de devoir payer pour entrer, comme dans le parc de versailles !! où sont les droits des citoyens français, chèrement conquis en 1789 ??? plutôt que de se gargariser avec leurs grands mots vides genre « démarche citoyenne »..., les hommes politiques et les media feraient mieux de s’occuper des vrais symboles !!!


                      • quent1 (---.---.128.133) 20 janvier 2007 17:18

                        omission involontaire ou acte manqué révélateur ? j’ai omis de dire qu’au musée d’Orsay il y a quelques temps il y avait un « artiste » qui rendait hommage à un peintre que j’aime tant que ce soit dans ses oeuvres au noir ou en couleur ou dans ses lettres à Théo. Hommage à Vincent : l’artiste post moderne exposait des oranges en plastoc et des tournesols de même, rien à voir là, circuler au plus vite pour éviter ces dégats là. Le musée d’Orsay abrite de si belles oeuvres dont Degas, Renoir, Vincent, Modigliani, Courbet, Camille et Auguste, Monet, Boudin, etc... Arts immortels, le reste de l’hommage n’était que marchandising et Orsay est bien un musée national subventionné ? Je préfère les petits musées de province dont celui d’Evreux qui mériterzait d’être mieux connu. Je passe les « perfomances » des pauvres élèves à qui l’on apprend plus dans les collèges qu’à découper les catalogues de pub. Pour le lycée à l’épreuve du bac j’ai eu connaissance par un ami d’autres performances : je vous épargne la scène, je préfère admirer la Seine ou La Cène.

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