Du village primitif au monopole banco-centraliste, cinq formes du capital et trois stades du capitalisme
Dans l’économie primitive antique le « cheptel », somme de têtes de bétail, représente aussi le « capital », la richesse de son propriétaire.
Pourtant, dans une communauté villageoise primitive plus ou moins autarcique, où chaque agriculteur vit de sa propre production et n’échange les surplus que contre ce qu’il ne produit pas lui-même, et le plus souvent, avec les artisans du village, il y a peu de chance que cette économie génère une forme de capitalisme, considérée comme accumulation significative de capital.
Quel que soit le mode de paiement ou d’échange, l’équilibre a tendance à s’établir en fonction des besoins basiques de survie des participants.
Il y a une correspondance presque « naturelle » entre valeurs d’échange et valeurs d’usage. Chacun engage dans l’échange une partie de sa production correspondante aux besoins non satisfaits par celle-ci. Les « prix » éventuellement monétaires ou valeurs troquées correspondent, par la force des choses, aux capacités productives de chacun, c’est-à-dire aux capacités de travail des participants.
Les choses commencent à changer lorsque surgissent des besoins non satisfaits par les productions locales, et surtout, lorsque la fonction d’échange devient une activité séparée de la production, une activité commerciale en soi, et donc une activité dans laquelle les producteurs n’échangent plus directement entre eux.
Dans cette évolution il n’y a plus nécessairement une correspondance entre la valeur des surplus qui sortent de la communauté et celle des biens qui y rentrent. C’est tout l’art du marchand primitif de vanter sa marchandise au point de susciter de nouveaux besoins locaux démesurés par rapport au travail réellement investi dans les biens qu’il apporte à la communauté.
C’est dans cette démesure que se situe son bénéfice, et un début d’accumulation significative du capital.
Pour autant, la valeur d’usage des biens réside dans le travail des producteurs et non dans celui des marchands. Acheter à prix coûtant et revendre plus cher n’apporte rien aux fonctions utilitaires des marchandises, au-delà des frais de déplacement. Leur valeur réelle n’est que celle du travail qui les a produites.
Le travail du marchand n’apporte rien à la valeur des marchandises, au-delà de ses frais de transport et de stockage.
Son bénéfice, aussi légitime soit-il, ne constitue donc pas à proprement parler une plus-value pour ces marchandises.
Néanmoins, son travail, en démultipliant les échanges possibles, contribue à augmenter la variété et le volume global des marchandises produites, et donc la richesse globale de la société.
C’est ainsi que, même sans investir directement dans l’outil de production, le capital commercial prépare l’avènement du capitalisme industriel.
Avec le développement de la manufacture et les débuts de la révolution industrielle apparaît le prolétariat industriel proprement dit, en tant que classe ouvrière.
Le prolétaire salarié vend sa force de travail pour un temps contractuellement déterminé et pour un salaire déterminé, correspondant à ses besoins de survie et de reproduction de sa force de travail.
Le salaire ainsi déterminé est donc la valeur d’échange de sa force de travail.
La production totale de son travail durant le temps de travail contractuellement établi est donc, quant à elle, la valeur d’usage de sa force de travail, contractuellement la propriété de l’employeur.
C’est la valeur ajoutée par la force de travail de l’ouvrier à la marchandise produite durant ce temps de travail.
La différence entre cette valeur ajoutée et le salaire est donc la différence entre la valeur d’usage de la force de travail et sa valeur d’échange, qui est le salaire.
Cette différence constitue la plus-value, qui permet au capital investi par l’industriel de s’élargir.
En développant la production le capital industriel contribue directement à la création de richesse nouvelle dans la société. Et il le fait à une échelle bien supérieure à celle du capital commercial en réinvestissant continuellement dans des productions nouvelles le capital élargi d’une partie de la plus-value.
Mais à mesure que se développe la production industrielle moderne, et à mesure qu’elle se modernise techniquement de plus en plus, les besoins en investissement pour son développement sont également de plus en plus lourds.
Non seulement les capitaux industriels doivent se concentrer de façon monopolistique, mais ils doivent s’élargir par le crédit bancaire préalablement à l’investissement.
Avec le rôle de plus en plus prépondérant du capital bancaire se forme donc le capital financier moderne, qui prends le pas, comme fraction dominante de la bourgeoisie, sur le capitaliste industriel.
En spéculant dans tous le domaines et sur tous les continents, le capital financier étend le mode de production capitaliste à l’ensemble de la planète.
Mais à mesure que l’outil industriel continue de se moderniser, il nécessite une proportion de main d’œuvre ouvrière de plus en plus réduite par rapport à l’investissement dans la machinerie, de plus en plus automatisée et robotisée.
Or la plus-value, qui permet l’élargissement du capital, réside dans la différence entre la valeur ajoutée par le travail et le coût salarial du travail.
Le temps de travail humain productif se réduisant avec le modernisme, en proportion de l’investissement dans la machinerie, la plus-value se réduit également en proportion, même si la production augmente.
La valeur d’échange de la production représente toujours davantage la valeur d’usage de la machinerie et de moins en moins celle de la force de travail.
L’élargissement du capital se fait de plus en plus par l’élargissement du crédit et non par le réinvestissement de la plus-value. A tel point que l’encours global de la dette mondiale s’accroit plus vite que l’élargissement du capital par la plus-value. Ce n’est plus l’investissement en capital financier spéculatif qui décide de la production, mais la création monétaire par le crédit.
La fraction dominante de la bourgeoisie n’est plus celle des capitalistes financiers spéculateurs mais celle des Banquiers Centraux pourvoyeurs du crédit en dernier ressort.
La production des pseudos-« vaccins anti-covid » est une excellente illustration de cette situation.
On sait maintenant que cette campagne de vaccination forcée n’a eu aucun effet déterminant sur l’issue de l’épidémie, sauf possiblement un effet négatif. Les trusts pharmaceutiques qui ont conçu cette campagne n’étaient pas idiots au point de se croire réellement des sauveurs de l’humanité.
Sans l’appui des autorités et des médias contrôlé par les autorités leur produit eut été typiquement invendable. Le « marché potentiel » eut été dérisoire en comparaison des investissements nécessaires à la production.
La « clientèle » forcée a donc été rendue « solvable » par le fait que les Etats se sont endettés lourdement pour acheter ces « vaccins » aux laboratoires pharmaceutiques. Endettement qui n’a été possible que par la politique de création monétaire des Banques Centrales.
La production des pseudos-« vaccins anti-covid » est un cas typique de production banco-centraliste.
Accessoirement, cette production a donc fait flamber en bourse le cours des actions de ces labos.
La domination du banco-centralisme sur le capitalisme financier est clairement apparue avec la crise de 2008 et l’introduction généralisée des politiques monétaires banco-centraliste de type quantitative easing, consistant à racheter indirectement la dette des Etats en créant de la monnaie disponible en surabondance pour soutenir le cours des titres en bourse.
Des titres qui se sont donc trouvés à un niveau artificiellement suffisamment élevé, également, pour permettre et garantir l’endettement des trusts industriels et financiers autrement potentiellement ruinés par la crise.
Bien entendu, de la communauté villageoise rurale de producteurs indépendants aux trusts monopolistes banco-centralisés, il s’agit là d’une présentation schématique des principales formes du capital et stades du capitalisme, et non pas d’un résumé de l’ensemble de l’histoire économique de la société humaine.
Il n’y a évidemment pas, dans l’histoire humaine, un développement en quelque sorte « séquencé » d’une forme à l’autre. Différentes formes économiques et stades de développement ont coexisté à routes les époques, mais cette schématisation peut être nécessaire pour permettre une approche de ce qui en est l’essentiel : le lien d’évolution dialectique entre les formes du mode de production et les formes du capital et du capitalisme.
Si l’on définit le capitalisme comme l’élargissement du capital par le processus de production, on a donc défini ainsi cinq formes du capital et trois stades du capitalisme.
La forme villageoise rurale primitive du capital ne peut pas, on l’a bien vu, être considérée comme une forme de capitalisme à proprement parler.
Le capital commercial marchand, lui, constituant pour l’essentiel le stade d’accumulation primitive du capital nécessaire à la suite, peut être considéré comme un premier stade du capitalisme. C’est encore celui qui a donc eu la plus grande durée de vie historique, jusqu’à présent, depuis l’antiquité jusqu’aux débuts de l’ère manufacturière et industrielle.
Le stade du capitalisme industriel proprement dit, celui où la classe des industriels est la fraction dominante de la bourgeoisie, n’aura guère duré, en réalité, que des débuts de la révolution industrielle jusqu’à la fin du XIXe siècle !
En effet, c’est au tournant du XXe siècle que le capitalisme monopoliste financier commence à prendre le pas sur le simple capitalisme productif industriel et s’imposer au monde entier sous sa forme impérialiste si bien définie et décrite par Lénine en 1916.
C’est, selon son expression, le « stade suprême » du capitalisme.
C’est clairement celui qui se trouve en déclin, depuis la fin du XXe siècle, et singulièrement, donc, depuis 2008.
Quant au banco-centralisme, s’il continue, et plus que jamais, de concentrer de façon monopolistique le capital fixe, c’est-à-dire l’outil de production industriel et son infrastructure, il ne le fait donc plus essentiellement sur la base de l’élargissement du capital par la plus-value, mais sur la base de l’élargissement de la dette mondiale banco-centralisée, et à ce titre, il ne peut plus être qualifié de stade de production capitaliste.
Le banco-centralisme est un mode de production en soi, actuellement déjà en train de supplanter le capitalisme. Ce n’en et pas moins un système de domination de classe, et encore bien plus radical et absolu, dans le genre, que le capitalisme.
Avec la généralisation de la Monnaie Numérique de Banque Centrale (MNBC), il représentera le monopole absolu de toute valeur d’usage et la dépendance directe et absolue de la vie de chaque être humain, et dans ses moindres détails, au pouvoir de la Banque Centrale.
Luniterre
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SOURCE :
Du village primitif au monopole banco-centraliste, cinq formes du capital et trois stades du capitalisme
http://mai68.org/spip2/spip.php?article11589
POUR ALLER PLUS LOIN SUR LE BANCO-CENTRALISME :
“Le Crime du Garagiste” – Le Casse Banco-centraliste !
http://mai68.org/spip2/spip.php?article8195
« Great Reset » : le banco-centralisme est-il un « complot pervers » ou simplement la conséquence incontournable d’une évolution systémique ?
« Aux âmes damnées (…du banco-centralisme), la valeur n’attend point le nombre des années (…pour disparaître !)…
http://mai68.org/spip2/spip.php?article9503
« Merveilleux » Monde d’Après : face à l’émergence du banco-centralisme, quelle forme de Résistance ?
http://mai68.org/spip2/spip.php?article6329
Paradoxe et suspense économique : le Capital atteindra-t-il, ou non, le Nirvana par la Dette Mondiale ?
http://interfrsituation.eklablog.com/paradoxe-et-suspense-economique-en-2021-le-capital-atteindra-t-il-ou-n-a209197288
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