Ecosystèmes humains
En réaction à de nombreux commentaires qui furent faits sur l’article « Comprendre la crise financière mondiale » qui venait commenter l’actualité de l’économie de notre société, voici une courte tribune explicative.
L’article, en bref, avait pour but de mettre en évidence deux points : premièrement, l’interdépendance des individus dans notre société, et deuxièmement, comment un comportement individualiste - qui est normal et naturel - nous amène à une situation de crise.
Dans cette tribune, je vais tenter d’expliquer certains des points qui n’ont pas été clairs et furent la cause de nombreux commentaires.
Tout d’abord le but de l’article était de comprendre la crise actuelle dans ses fondements et non pas de fournir une interprétation financière, car cela n’aurait pas été une explication, mais une simple constatation des faits. Par conséquent, il faut s’élever au niveau des causes du fonctionnement du système, et comprendre les principes selon lesquels le système agit afin d’identifier où est le problème et ensuite il devient possible de chercher une solution.
L’interdépendance
La société humaine actuelle est
organisée de telle façon que nous sommes tous liés au reste du monde consciemment
ou non. La nourriture que j’achète au supermarché est le résultat d’une chaîne
internationale de production - depuis la conception des produits qui peut être
fait dans un laboratoire aux Etats-Unis, les pesticides qui proviennent
d’Allemagne, l’engrais conçu selon une formule canadienne produit quelque part
en Pologne et importer en France par une compagnie belge, etc. Tout ça,
influencé par le cours du dollar qui détermine les prix des produits et
influence les choix de chacun des acteurs de cette même chaîne du fournisseur.
Ces liens entre nous, au degré le plus basique, sont ce qui rend notre monde
très petit. Autrement dit, un système clos, un écosystème fermé, avec lequel
nous devons arriver à nous arranger si nous voulons continuer à exister.
Comment d’une situation où tout va bien arrive-t-on à une situation de crise ?
Tout est une question d’équilibre vous diront les économistes. En économie, on parle d’équilibre du marché, mais qu’est-ce qu’un marché au final ?
Le marché c’est une place d’échanges, c’est le système de relation le plus élémentaire, un lien entre les hommes, basé sur leurs besoins. Le marché est là où se rencontrent besoins et satisfaction du besoin, à savoir, consommateur et fournisseur. Marché ou écosystème, c’est ici très proche. La question est donc d’arriver à un équilibre dans notre écosystème humain. De là, nous évoluons vers un problème plus global.
Harmonie naturelle
Les chercheurs, qui analysent et étudient le monde qui nous entoure, tels les biologistes, les physiciens, les chimistes et autres, ont découvert il y a bien longtemps que la nature et tous ses éléments existent en équilibre constant. Ces éléments sont tellement dépendants les uns des autres que le moindre dommage causé peut déséquilibrer l’ensemble du système, comme on le voit par exemple, dans les écosystèmes des forêts équatoriales.
Le secret de l’équilibre de la nature est une inquiétude réciproque entre ses différents éléments. Cette inquiétude réciproque est la plus évidente dans le royaume animal : en dehors des insectes et des mammifères qui expriment clairement un comportement altruiste (singes [ref], chauves-souris [ref], etc.), on découvre également un comportement altruiste chez les amibes [ref], ainsi que chez de nombreux végétaux. Et même pour ce qui nous semble être un comportement cruel, que l’on appelle en général la loi de la jungle, la loi du plus fort, etc., nous sommes en train de découvrir qu’en réalité il s’agit d’un comportement prenant en compte l’ensemble du système et non pas d’une attitude égoïste et cruelle. A ce propos voir les travaux de Edwards Wilson [ref] notamment. Quand aux sociétés animales évoluées, on peut consulter les travaux de Goodall sur les chimpanzés pour plus d’information.
L’homme - un animal conscient
Que nous le voulions ou non, nous vivons sur terre, dans un système naturel donné, avec des attributs donnés qui influencent notre comportement et qui déterminent également la réaction du système dans lequel nous évoluons, à savoir le monde qui nous entoure, de ce même écosystème général, qui agit selon un équilibre global.
Or, contrairement aux autres créatures, les humains vont en permanence à l’encontre de cet équilibre général. Ils exploitent leur environnement, prennent du plaisir de la souffrance des autres, et se construisent sur leurs ruines.
Car chez nous cet attribut altruiste n’est pas génétique comme dans le reste de la nature, mais il est le résultat d’un effort conscient et personnel.
Ainsi, d’une part, l’harmonie d’un écosystème naturel est maintenue par l’altruisme de ces individus et, d’autre part, les systèmes que nous développons sont basés sur l’égoïsme, par conséquent ils s’effondrent. Ainsi la solution apparemment est simple, si nous n’étions pas égoïstes, les problèmes disparaîtraient.
Evidemment, les choses sont plus complexes, car le passage de l’égoïsme à l’altruisme, est déjà une autre paire de manches.
Ashlag [ref], philosophe de la première moitié du XXe a une méthode intéressante, dont il n’est pas lieu ici d’entrer dans les détails, mais néanmoins, l’idée de base est de construire les valeurs d’une société sur l’altruisme. Cela n’a rien à voir avec faire vœux de pauvreté, ni avec un système communiste, le changement n’est pas vraiment dans la structure de la société, mais dans ses valeurs, d’où l’importance de l’éducation qui peut créer un véritable changement. Evidemment, il n’est pas possible de détailler ici en 5 lignes le contenu de ce qu’explique Ashlag, mais l’idée générale est à peu près compréhensible.
Ce qu’il est important de retenir c’est que selon Ashlag, ou bien plus récemment certains chercheurs comme le Pr Erwin Laszlo [ref] proposent des solutions similaires : le changement n’est pas un changement institutionnel, ni un changement politique, mais il s’agit d’un changement au niveau de notre conscience. L’homme est un animal conscient et, par conséquent, il doit juste prendre conscience du monde qui l’entoure en sortant de son égoïsme étroit.
Cette prise de conscience est un acte libre, il s’agit d’un choix individuel pour réaliser notre humanité - en développant en nous ce sentiment de responsabilité envers le monde qui nous entoure. Il ne s’agit pas de s’abaisser au degré d’une amibe, mais de s’élever au degré d’homme.
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