El Kabbach in love with Mélenchon !
Cher Jean-Luc,
Nous n’avons pu parler en tête à tête à la fin de mon émission. Je le souhaitais pourtant. Un aveu à te faire. Tu ne vas pas me croire. Pourtant tu es trop intelligent pour ne pas l’avoir remarqué. Tu me fascines. Je ressens pour toi des sentiments. Oui. C’est la première fois de ma vie, de cette putain de vie de politique de merde, que j’ai en face de moi quelqu’un de ta classe, Jean-Luc. Tu as peut-être remarqué que j’avais le teint jaune. C’est parce que j’avais demandé aux maquilleuses de forcer sur la dose pour qu’on ne lise pas sur mon visage les couleurs de mes émotions. Je me permets de te rappeler le fameux vers de Phèdre. (Ce n’est pas avec l’autre zombie que je pourrais faire ça.)
« Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue… »
Voilà pourquoi j’étais tout jaune !
Cet incroyable aveu, je te l’ai fait devant la France entière. Je t’ai dit, en frissonnant :
Moi : Vous êtes la révélation et la surprise. Presque personne ne connaissait votre talent et votre culture. Presque personne ne vous avait vu avancer et progresser…lentement…(Mmmm) Votre style, vos arguments intéressent…Vous le passionné de la république…
Bon. Reconnais que je ne pouvais pas faire plus mais ce plus, tu pouvais le lire dans mon regard : « Moi je t’ai vu et tu me chauffes depuis toujours. Jean-Luuuuuuuuc !!!! »
Tu étais dans ce studio d’Europe 1 comme ces grands lions souverains dont les rugissements font se terrer les faibles. Comme on donne aux lions, pour les amuser, quelque animal à dévorer, je t’ai filé Darmon. Darmon…Je savais que tu n’en ferais qu’une bouchée, qu’il ne te poserait, comme à son habitude, que des questions à la con ce qui n’a pas manqué. Et je me disais : « Comment va-t-il le reprendre, le faire sauter en l’air du haut de sa griffe, lui bouffer le nez d’un tranchant de dent. »
Et ça n’a pas manqué. Ce qui est extraordinaire chez toi, c’est ton inventivité. On ne sait jamais comment tu vas squeezer l’adversaire. Il pose une question nulle et ta réponse tombe, foudroyante, ne laissant que des yeux ronds et des cheveux cramés. Ce que tu m’as fait jouir quand il t’a demandé :
D : La campagne se dirige vers un duel Hollande-Sarkozy…
Toi : A qui doit-on s’en prendre sinon à ceux qui organisent le débat ? La faute à qui ?
D : Oui, mais n’est-ce pas normal étant donné que ce sont les deux partis qui dominent tous les autres ?
Toi : Je ne comprends pas votre question. Pourquoi y-a-t-il deux tours alors ? Il ne devrait y en avoir qu’un. J’ai compris qu’il y en avait deux. Je ne me méprends pas ?
Oh ! Ton langage raffiné ! « Je ne me méprends pas ! » Non, mais moi tu me prends grave !
Tu me fais penser à Borg face à Mac Enroë. Ces passings qui clouaient l’autre à quatre pattes au filet pendant que d’un coup de reins imperceptible il filait un de ses revers qui finissaient sur la ligne, à l’angle opposé du court !
Certes Darmon, n’est pas Mac Enroë, ni même Darmon d’ailleurs !!! Hihihihi !!!
Je suis vache quand même. Chaque fois que je dis : « M. Darmon va vous poser une question », je sais qu’il ne va pas en rester grand-chose ! Quel jeu cruel !
D : Il y a beaucoup de monde à vos meetings mais ne va-t-on pas voir la figure de la mythologie révolutionnaire avant de revenir vers un vote réaliste ?
Toi : Je ne crois pas. Le réalisme n’est pas du côté du gouvernement. (On sent à ce moment-là que tu vas t’envoler, grand aigle, dans un frissonnement d’air polaire qui fait se dresser les poils sur le dos !) Ils ont été réalistes en Grèce !!! Et l’on voit le résultat, la Grèce se meurt !!
Moi : (M’offrant à ta colère) Le pays s’est tué tout seul !
Toi : C’est l’opinion de M. El Kabbach !! (Ah ! Fouette-moi de mon nom ! Comme tu le prononces !) Ce pays a été tué par une classe prédatrice !!!!
Moi : Les politiques aussi…
Toi : Non ! Pas mes amis…Non ! Quant au public de mes meetings pour répondre à M. Darmon (qui sur sa chaise ose à peine respirer), il y a un bon sens populaire qui se tourne vers moi ! On ne va pas me voir pour aller voir un spectacle ! Il y en a de plus intéressants ! (A mon avis, non.)
Je vais alors, comme je le ferai à trois reprises dans cette émission, évoquer l’éventualité d’une révolution. Certains diront que c’est pour faire peur à mon public de vieux schtroumpfs qui sont en train de faire leurs valises l’oreille collée au poste. ) Mais non, c’est que tu me fais frissonner comme ces orateurs révolutionnaires, ces Mirabeau qui ont porté sur leur souffle la flotte des désespérés !
Toi : Oui, on va vers la révolution ! Mais je préfère que ce soit à travers les urnes.
Quand tu parles tout le monde est muet et fasciné. Tu me fais penser à ce qui se passe sur un grand paquebot sur le point de couler. Le capitaine ne donne que des ordres contradictoires. Son but, on le sait, est de se carapater en prenant les bijoux des passagers. Son second pratique les mêmes magouilles. Et soudain un homme inconnu bondit sous la pâleur de la lune ! Sa voix est rauque et douce, chaude et brusque, puissante et inquiète. Et ce qu’il dit, lui seul le dit ! « Ne comptez que sur vous les amis ! C’est à vous de prendre le pouvoir ! Vous êtes condamnés si vous attendez qu’on vous sauve ! Regardez autour de vous ! Vous êtes encore vivants ! Vous êtes l’humain tout puissant ! Faites ce que je vous dis ! (Et là personne ne moufte !) Tous les passagers qui ont un numéro pair dirigez-vous vers les canots à tribord ! Venez avec moi nous allons les mettre à l’eau ! Les autres faites-en de même à babord ! Le ciel est avec nous ! La mer est calme ! Si chacun pense aux autres vous serez tous sauvés. » Ah ! Le silence et les visages qui t’écoutent !
Oui, quand tu parles, tout le monde sait que le seul choix c’est la vie ou la mort.
La nuit du Titanic !
Tiens, mords encore le Darmon ! Joue ! Je te le lance !
D : Vous parlez de cette France des ouvriers, de cette France invisible dont parle Marine le Pen…
Toi : Vous le lui demanderez.
Parfois, c’est moi que tu veux mordre, grand brigand. Tu m’as dit :
-Vous êtes prisonnier de votre vision.
Et je t’ai répondu :
-Je suis un homme libre !
Libre ! As-tu compris. L’as-tu entendu ? Oui, libre de te suivre ! Libre de te dire devant la France entière que tu me bottes ! Que je n’ai rien à voir avec les autres nazes !
Moi : Nous n’entrerons pas dans le jeu qui vous va si bien du pan-pan cul-cul aux journalistes, on va être au-delà. (Un peu sexe et fessée, je reconnais, mais tu m’excites…)
Toi : Essayez d’abord de vous élever à cette hauteur.
Moi : (Vaincu) Oui, à la hauteur de M. Mélenchon !
Mais je sens que Darmon ne t’amuse plus. Trop facile. Qu’il faut te lancer un autre jouet, qui couine plus ! Allons-y avec Hollande ! Mais commençons, subrepticement par te dire à quel point je crois à ton avenir.
Moi : Est-ce que vous serez candidat aux élections législatives ?
Toi : Je ne m’en occupe pas actuellement.
Moi : Vous ne vous interrogez pas pour après ?
Toi : Tout vient de m’être donné.
Moi : (Caressant.) Personne ne peut croire que vous vous arrêterez là. Vous êtes sur le chemin de quelque chose…
Toi (Révélateur) : Oui, une force est en train de naître sous vos yeux.
Moi : Ahhhhh…
Toi : Montaigne ! Les lumières ! La commune !
Moi : (Ah ! C’est le moment de lancer le pédalo socialiste. Soyons faux-cul) Mais cette force révolutionnaire n’était pas dans le parti socialiste ? Hihihihihi !!
Toi : J’ai eu des moments très heureux avec le PS lors du programme commun. (Comme on parle d’une maîtresse qui a bien vieilli et qui a du poil au menton !) Mais j’ai vite vu que ce parti étouffe tout ce qui bouge dans ce pays. Ce parti s’est nomenklaturé. C’est une machine à carrière.
Scud. Un pédalo à la mer. Touché. Coulé.
Moi : (Vicieux, raide dingue de toi. A toi de démêler.) Mais vous allez soutenir Hollande. Même vos admirateurs qui apprécient le stratège que vous êtes pour en arriver là, n’imaginent pas votre présence au second tour.
Toi : Il va falloir imaginer.
Moi : (Craquant et avouant tout) Je voudrais bien, je voudrais bien. Vous êtes une force, vous avez un talent que tout le monde vous reconnaît et que je connais depuis plus longtemps que tout le monde.
Ah ! Jean-Luc ! Qu’est-ce que tu ne m’auras pas fait dire ce jour-là !
Je pose alors une question qui m’inquiète personnellement. Si tu étais au pouvoir, changerais-tu le personnel de l’Etat ? Les medias étant liés… On reste encore sur le dos de Flamby.
Moi : Hollande a dit qu’il changerait les fonctionnaires. Et vous ?
Toi : Non. C’est absurde. (Scud. Un pédalo dans le triangle des Bermudes.) Les hauts fonctionnaires servent et obéissent. Quand j’ai été nommé, c’était moi qui commandais. Quand on a une commande politique claire les fonctionnaires servent et obéissent. (Quel chef tu es, mec et ouf, pour moi, je garderai mon poste ! Pour te servir et t’obéir, ne crains rien !)
Toi : Non, ce n’est pas ça le problème. Le problème c’est la Cinquième république. Un régime d’abus de pouvoir permanent qui pourrit et corrompt. Voilà pourquoi il faut une sixième république qui sera une révolution par l’Assemblée Nationale et le Sénat.
Moi : (Tiens, encore Hollande ! Vas-y ! Grrrrrrrrr) Mais Hollande a dit qu’il fallait mieux faire et construire plutôt que détruire.
Toi : Ce n’est pas ma manière de voir. (Scud. Un mikado de pédalo flotte.) Nous avons besoin de refonder la patrie républicaine. Elle a été malmenée, brutalisée…
Moi : Il paraît qu’on vous a demandé de moins critiquer Hollande ou du moins avec moins de verve (Encore un compliment.)
Toi : Personne ne me demande ça. Vu mon caractère. Ensuite, M. El kabbach il se trouve que j’ai une tête avec dedans une masse grise qui s’appelle un cerveau.(Ah ! je jouis !) Il ne faut pas se tromper de saison. Actuellement ce que nous souhaitons c’est que la droite et l’extrême-droite prennent une claque magistrale à ces élections. Je souhaite, au second tour, que les électeurs nous mettent ensuite en position de gouverner, nous. Si ce n’est pas le cas, du moins la droite sera vaincue dans notre pays.
Moi : Et ce MES que François Hollande veut renégocier ? (Tu ne l’as pas mordu à la fesse droite. Vas-y !)
Toi : J’adjure mes camarades socialistes de s’opposer à ce traité, pour l’honneur, quand il va revenir devant l’assemblée.
Bon. Finissons avec les Le Pen. Le papounet qui veut défendre sa fifille qu’un gros méchant a traité de semi-maboule. Il veut te parler. Tu refuseras. Tu as raison. Mais que penses-tu de cette histoire de viande halal ? De la laïcité ? De la république bafouée ? Que vas-tu répondre ? Ah ! Je ne vais pas être déçu ! Oh ! La fournaise ! Oh ! Le volcan !
Toi : Je m’excuse, la république, ce n’est pas la viande halal ou casher. C’est un modèle d’organisation de la société. La laïcité, c’est la séparation des églises et de l’État. Les abattoirs ne sont ni dans l’Église ni dans l’État. Ce n’est pas pour une question de religion que les animaux sont tués selon le rite halal ou casher, c’est pour une question de cupidité. Parce que ça coûte moins cher de traiter tous les animaux de la même façon. La question de la viande halal est un abus de langage, un non débat, une invention pure et simple destinée à opposer les gens. On ne doit pas mêler la belle et grande idée de la République à ces sornettes qui ne poussent qu’à s’affronter les uns contre les autres. Ça suffit d’opposer les Français les uns aux autres à cause de leur religion ! Ça suffit ! Foutez-nous la paix ! Nous en avons par dessus la tête de vos histoires, nous avons envie de vivre tranquillement !
Ah ! Les saintes colères de Jean-Luc ! Tu me fais penser au Christ chassant les marchands hors du temple. Ah ! Ce n’était pas un doux le Christ ! Il devait avoir une belle voix aussi ! Ou Hercule ! Tu me fais penser à Hercule détournant les flots de l’Alphée pour nettoyer les écuries d’Augias ! Toi au milieu de la vague et sans culotte puisque tu nous dis que c’est ainsi que tu vas ! Moïse, va ! La bâton brandi au-dessus de ta tête !
Mais je sais pourquoi nous sommes si proches. (En attendant de l’être encore plus.) Oui, tu as été humilié toute ta vie car tu n’as pas été jugé à ta juste valeur, mais c’est aussi mon cas ! Tant de fois blackboulé, jeté et laissé à l’écart des grands titres ! Voilà pourquoi je te reconnais ! Je suis né à Oran, tu es né à Tanger ! Mon frère !
Ah ! Tu me rends poète !
A la fin de notre entretien, je te dis, comme tu parles de la Commune, et de l’anniversaire du 18 mars :
Moi : Et que se passera-t-il pour vous le 18 mars ? Te permettant ainsi de faire l’annonce de ta manifestation. Tu sens ma bienveillance tout contre toi puisque tu me dis :
Toi : Je sens une complicité.
Et je te réponds :
Moi : Enfin il le reconnaît !
Enfin !
Bien à toi Jean-Luc !
Ton Jean-Pierre !
Résistance ! Prenons le pouvoir ! Europe 1 s’engage pour Mélenchon ! (En attendant que le président Mélenchon n’oublie pas Europe1 !)
PS : (Pas parti socialiste, non !!Hihihi !!) Que fais-tu après les élections ?? J’aime beaucoup cette photo de toi, jeune. Je te trouve beau. On dirait le Ché. Ou Bonaparte à Arcole. Je vais t’en envoyer une de moi. Maintenant c’est dit. On ne se quitte plus ! Voyou !
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