Election Présidentielle 2027 : Déjà une affaire de succession ?
La prochaine échéance aura lieu dans un peu plus de quatre ans et conformément à l'article 6 de la Constitution, le président de la république ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs. A moins qu'une décision du Conseil d'Etat ouvre la possibilité de se représenter une troisième fois, car un flou subsiste en cas de démission. Mais déjà plusieurs prétendants préparent « le grand jour »
Emmanuel Macron pourrait-il concourir pour un troisième mandat, car une une décision du Conseil d’Etat concernant la présidence polynésienne sème le trouble ?
Pour rappel : l’article 6 de la Constitution indique : « Le président de la République est élu pour cinq ans au suffrage universel direct. Nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs » …Mais le 25 octobre 2022, le Conseil d'État a donné un avis favorable au Premier ministre polynésien qui se demandait si le président de cet atoll du Pacifique pouvait se représenter une troisième fois. Alors qu’une loi organique précise que le président de cette collectivité d'outre-mer « ne peut exercer plus de deux mandats de 5 ans consécutifs ». Mais lors de son premier mandat, l'actuel chef d'État polynésien n'a été au pouvoir que 4 ans, il avait alors succédé à Gaston Flosse qui venait de démissionner. Résultat : pour le Conseil d'État, il a le droit de se représenter une troisième fois. De quoi ouvrir, selon certains constitutionnalistes, la possibilité pour le locataire de l'Élysée de se représenter en 2027 ?
« Imaginons qu'il dissolve l'Assemblée nationale, perde les élections législatives et démissionne », comme il n'aurait pas effectué deux mandats successifs complets, il pourrait être candidat », C’est ce qu’affirme au journal L’Opinion Jean-Jacques Urvoas, ancien Ministre Socialiste de la Justice (2016–2017) et qui fut également Député (2007–2017) . À condition, selon l'ex-ministre, de ne pas terminer son mandat actuel. https://www.lopinion.fr/politique/un-troisieme-mandat-presidentiel-pour-macron-est-ce-totalement-interdit
Autrement dit, si on se réfère à Jean-jacques Urvoas, il suffirait qu’Emmanuel Macron démissionne un ou deux mois avant la date échéance et lors de la nouvelle élection Présidentielle, il pourrait se représenter. Sauf que sur le plan politique les Français risquent fort de ne guère apprécier...
Toutefois, faisant face à une grave crise énergétique liée à la guerre de la Russie en Ukraine et aux mécontentements économiques, du à l’explosion des prix alimentaires, Emmanuel Macron est également confronté aux hésitations de la majorité présidentielle à l'Assemblée nationale. Si bien qu'un de ses proches estime qu'il pourrait ne pas aller jusqu'à la fin de son mandat. Mais il faut tenir compte d’une formule constitutionnelle toutefois très floue, selon que l’on vise l'impératif de renouvellement régulier, ou non. La révision constitutionnelle de 2008 qui a instauré cette nouvelle disposition Constitutionnelle signifie ne pas exercer plus de deux fois de suite ou qu'il n’est pas possible d’exercer deux mandats complets de suite ?
La réforme visait clairement « l'impératif de renouvellement régulier » des candidats, peut-on lire dans le rapport du comité de modernisation des institutions présidée par Édouard Balladur en 2008. https://www.vie-publique.fr/rapport/29423-une-ve-republique-plus-democratique-comite-de-reflexion-et-de-proposit . Pour Paul Cassia, spécialiste de droit constitutionnel, interrogé par BFMTV.com : « Si Emmanuel Macron se représentait en 2027, ce serait clairement un détournement de l'esprit de loi. Mais la formule retenue ouvre clairement à discussion », reconnaît-il. Et de rajouter : » Il aurait été plus clair d'écrire que personne ne pouvait être élu plus de deux fois. Là, on ne sait pas vraiment ».
Si Emmanuel Macron effectue la totalité de son mandat, en 2027 il ne pourra pas se représenter et « en coulisse » sa succession est déjà envisagée, tant dans son camp qu’à l’extérieur...
Le scrutin n'a lieu que dans un peu plus de quatre ans et déjà, en coulisse ou clairement affiché, pour certain(e)s elles ou ils font comme s’il s’agissait d’un horizon immédiat de quelques mois. Pour les candidat(e)s « présidentialistes » la question Constitutionnelle sur une possible troisième candidature d’Emmanuel Macron ne se la pose pas. Qu’il s’agisse de son propre camp ou à l’extérieur de celui-ci.
Officiellement, dans le camp Macron, l'heure n'est pas à la prochaine présidentielle mais à la « réussite » du quinquennat. Réfléchir ouvertement à l'après-Macron serait jugé fort indélicat à l'égard du Président. Mais en coulisses, le tour de chauffe a commencé. Il est évident, c’est un secret « de Polichinelle », que trois hommes venus de la droite après avoir quitté LR au moment de l'élection de Macron en 2017 s’activent désormais à leurs propres ambitions Présidentielles. Qu’il s’agisse de l'ancien Premier ministre Edouard Philippe, le ministre de l'Économie et des Finances, Bruno Le Maire, ou celui de l'Intérieur et des Outre-mer, Gérard Darmanin. Il faut ne faut pas oublier un quatrième homme avec le président du MoDem, François Bayrou (trois fois déjà candidat à l'Elysée) et qui, à 77 ans en 2027, ne ferme encore aucune porte. D’autres concurrent(e)s ne sont pas à exclure...
A l’extérieur du camp Macron il y aura un ou plusieurs candidat(e)s à gauche et également à droite, sans oublier Marine Le Pen du RN qui rêve probablement d’un « grand soir à l’Italienne », ce qui est toujours possible...
Le parti « Macronniste » LREM, renommé « Renaissance » peut-il survivre à l’après Macron ?
Contrairement à la coupe du monde de football au Qatar où il s’est distingué par plusieurs présences, osant même déclarer que ce pays : « faisait des efforts en matière des droits de l’homme et du droit du travail » Un comble ! La diplomatie a des limites et n’autorise pas pas de nier certaines réalités de type « esclavagiste » qui ont caractérisé la construction des installations pour cette coupe du monde de football.
Le contexte politique, économique et diplomatique est pour le moins plus que compliqué pour Emmanuel Macron. Qui plus est, il est confronté à des hésitations au sein-même de sa majorité présidentielle à l'Assemblée nationale, où le débat est souvent houleux. Les tensions ont même été vives quand le MoDem a déposé un amendement, voté, pour taxer les superdividendes des grandes entreprises, et in fine leurs actionnaires.
L’histoire politique Française récente a démontré qu’un mouvement ou parti créé pour promouvoir une personnalité en vu d’une élection Présidentielle ne survit pas après le retrait, fut-il partiel ou total de la vie politique de celle-ci et s’il survit, il reste très marginal. Derniers exemples avec Jean-Pierre Chevènement (MDC), Jean Saint-Josse (CNPT) ou Philippe De Villiers (MPF).
Il est fort probable que « Renaissance » (ex LREM) suive à quelques nuances près la même trajectoire après le départ d’Emmanuel Macron. Surtout, si l’on considère l’héritage des réformes de l’assurance chômage et des retraites que certain(e)s à gauche ne manqueront pas de mettre en évidence. Certes, même si la suppression de la taxe d’habitation pour les résidences principales et la redevance de la télévision peuvent être appréciée, elle risque de ne pas pas gommer pour autant les effets négatifs de ces deux réformes.
Ce n’est pas parce que ces deux réformes se font au début du mandat Présidentiel, qu’à plus long terme cela tombera dans le puits des oublis... « Le champ de braise » comme le définissait le député Charles Sitzenstuhl de « Renaissance » concernant le projet par Emmanuel Macron de la réforme des retraites laissera de nombreuses brûlures dans le corps social.
Une réforme des retraites est-elle si urgente pour que le gouvernement ne prenne pas davantage de temps pour la mener à son terme et veuille passer en force si rapidement ?
Pour légitimer la réforme des retraites, le gouvernement met en avant les dernières « prévisions » du Conseil d’Orientation des Retraites (COR), selon lequel nos régimes vont basculer dans le rouge. Les 3 milliards d’euros d’excédent attendus pour 2022 se changeraient en un lourd déficit de 7,5 à 10 milliards en fin du quinquennat. Ce rapport précise entre autre que « le retour au plein emploi ne suffira pas à rétablir les comptes ; les effets de la baisse du chômage ayant été surestimés » Pour les syndicats les déficits resteront très modérés si on les rapporte à la masse des pensions versées qui se sont élevées en 2021 à 345 milliards d’euros.
Une réforme des retraite est cependant inévitable
Il est évident que la croissance démographique, dont la question reste totalement absente de toute réflexion politique et économique à laquelle il convient d’intégrer les impacts sociétaux, culturels et économiques de la révolution numérique. Sur le plan économique, l’interconnexion des robots entre eux et internet, cela facilitera incontestablement le travail à distance, mais à terme, avec l’informatique quantique par une masse gigantesque de données, cela se traduira par des entreprises fonctionnant sans intervention humaine avec une forte augmentation exponentielle du nombre de chômeurs, notamment dans les emplois peut ou pas qualifier.
Nul doute que des activités nouvelles que l’on ne peut imaginer aujourd’hui verront le jour, comme nous ne pouvions imaginer les plateformes numériques il y a 20 ans. Mais suffiront-elles à compenser les pertes d’emplois, on peut en douter. Et suivant ces deux problématiques : « croissance démographique », qui aura lieu dans tous les cas, faute de maîtrise, et « nouvelle révolution numérique » qui se dessine, une réforme du rapport au travail précédée par une réforme des retraites est aujourd’hui inévitable. Mais encore faut-il donner « du temps au temps » pour que cette réforme des retraites fut la plus juste et équitable possible, comme, par ailleurs la maîtrise de la question démographique qui est également une urgence écologique fondamentale...
Il est illusoire et dangereux d’un point de vue sociétal de vouloir justifier et parvenir à une urgence de réforme rapide des retraites sur deux, trois ou quatre mois, quand d’autres pays n’y sont parvenus qu’à l’issue de plusieurs années. La suède, par exemple, a mis de façon continue plus de 6 ans.
Pour conclure
Au regard de la situation actuelle et à venir, la démission d’Emmanuel Macron reste difficilement envisageable, y compris en cas de dissolution de l’assemblée nationale, du reste fort improbable, car on imagine mal la majorité des Députés LR voter une motion de censure avec la gauche sur le dossier de la réformes des retraites. Bien que la question des retraites soit un « brasier » pour le gouvernement en regard de l'opinion publique, la question de l’interprétation de l’article 6 de la Constitution ne sera certainement pas une problématique à résoudre pour le mandat présidentiel d’Emmanuel Macron.
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