En confirmant une attaque chimique : L’OMS fait-elle du zèle en Syrie ?
Pourquoi l’OMS se fait un devoir de garder le silence sur le nucléaire, mais s’oblige de crier sur les toits quand il s’agit du gaz ? Est-ce parce que le chimique est l’arme du pauvre ? Ou bien parce que Trump n’a plus des atomes crochus avec le Poutine ?
Source : L'enquête de TTC sur le financement de l'OMS, publié le 29 mai 2017 TTC - Toutes Taxes Comprises, une enquête de la Radiotélévision Suisse.
Il semble que les champs d’intervention de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) sont illimités du moins extensibles. On croyait, en effet, que le rôle de cette organisation onusienne était d'amener l’ensemble des peuples du monde au niveau de santé le plus élevé possible en appuyant les gouvernements à promouvoir la santé, l’alimentation saine et l’exercice physique. En somme, la mission de l’OMS est la politique sanitaire et non pas la politique tout court. Or en Syrie l’OMS semble faire de la politique. Et pas n’importe laquelle en sus. Celle des États-Unis, le premier contributeur financier de l’organisation qui menace de lui couper les vivres du moins réduire le montant de son aide. En décembre 2016, à peine élu président des États-Unis, Donald Trump annonce la couleur : « L’ONU n’est qu’un club où les gens se réunissent et passent du bon temps ». Tout le monde l’aura compris « Mister Tweet » vise l’ONU dans son ensemble, c’est-à-dire « le Machin », pour reprendre de Gaulle, et toutes ses émanations, particulièrement l’OMS et l’UNESCO (que les États-Unis ont d’ailleurs quittée) sauf peut-être le conseil de sécurité, le seul qui sert à quelque chose pour un maître de la Maison-Blanche va-t-en-guerre. Pour ce dernier et son staff, l’OMS est une agence de voyages. En effet, « L'Organisation mondiale de la santé dépense régulièrement environ 200 millions de dollars par année en frais de voyages - beaucoup plus que ce l'organisation consacre à la lutte contre certains des plus grands problèmes de santé publique, y compris le sida, la tuberculose ou le paludisme. Alors que l'agence de santé américaine demande de plus en plus d'argent pour financer ses actions face aux crises sanitaires dans le monde entier, elle lutte également pour maîtriser ses propres frais de voyage. » L’OMS ne récuse pas l’accusation ; puisque son actuel directeur général, depuis mai 2017, avait admis explicitement que l’OMS abusait des déplacements même si ces nombreux voyages ont été mis sur le compte l’épidémie d’Ebola. Encore simple candidat à la direction générale, l’Ethiopien Tedros Adhanom Ghebreyesus avait ainsi promis à Genève de réduire les coûts liés aux voyages « autant que possible ». Mais malgré cette promesse, le projet de budget américain dévoilé mardi [le 23 mai 2017] prévoyait notamment « des coupes de 17% » du financement au Fonds mondial contre plusieurs maladies non transmissibles, et d'autres réductions dans le domaine de la santé. »
Ainsi, l’OMS dont le premier contributeur , en 2016, ont été les États-Unis avec 458 198 431.50 dollars (439 millions francs suisses) sans compter les 293 millions de dollars de la Fondation Bill & Melinda Gates, a toutes les raisons du monde pour faire la danse du ventre pour que le pays de l’Oncle Sam soit content d’elle. Notamment en lui offrant sur plateau d’argent l’occasion pour frapper le régime syrien. Et pour cause. « Au moins 500 personnes auraient été exposées à des agents toxiques à Douma [le 7 avril 2018 : NDLR], en Syrie. Ce qui confirme qu’une attaque chimique y aurait bien eu lieu. » déclare l’OMS dans un communiqué en exigeant « un accès immédiat et sans restriction à la zone ». Voilà on y est en plein dedans ! Les blouses blanches de l’OMS jouent aux éclaireurs pour l’US Navy. Il ne leur manquerait plus que d’identifier les cachettes des éventuels stocks de gaz chlore ou sarin ! Je ne défends pas le régime d’Assad ni ses protecteurs encore moins ses ennemis, mais il me semble que l’OMS fait du zèle. Peut-être que je me trompe sur l’étendue réelle du champ d’action de l’organisation, mais pourquoi ce qui est vrai pour les armes nucléaires ne l’est-il pas pour les armes chimiques ? Un accord liant l'OMS et l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), entré en vigueur, via la résolution WHA12.40, signée le 28 mai 1959, a ceci de particulier qu’il impose la confidentialité sur des « renseignements spéciaux » et certains sujets (à la discrétion de l’AIEA pour ce qui concerne le nucléaire), ceci afin de « sauvegarder le caractère confidentiel de renseignements qui leur auront été fournis. L'AIEA et l'OMS conviennent donc que rien dans le présent accord ne peut être interprété comme obligeant l’une ou l’autre partie à fournir des renseignements dont la divulgation, de l’avis de la partie qui les détient, trahirait la confiance de l’un de ses membres ou de quiconque lui aurait fourni lesdits renseignements, ou compromettrait d’une manière quelconque la bonne marche de ses travaux ». Pourquoi donc cette ségrégation ? Pourquoi l’OMS se fait un devoir de garder le silence sur le nucléaire, mais s’oblige de crier sur les toits quand il s’agit du gaz ? Est-ce parce que le chimique est l’arme du pauvre ? Ou bien parce que Trump n’a plus des atomes crochus avec le Poutine ?
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