Eric Zemmour et la fausse polémique sur le handicap scolaire
A priori, Eric Zemmour ne sera pas élu président de la république en mai prochain, en supposant qu'il obtienne les cinq cents signatures pour se présenter. Votre narrateur ne partage pas ses opinions sur l'âge de la retraite, le social et même sur l'islamisme, questions complexes de mon point de vue.
Toutefois, par sa franchise, son naturel, ses absences d'arrières-pensées et sa sincérité, il donne un nouveau souffle bienvenu à la vie politique hexagonale. Surtout, il bouscule les idées reçues, dérange les policiers de la pensée, et il suscite le débat : un bon point pour la démocratie (ce qui en reste).
Donc le candidat Zemmour a fait bondir les humanistes de salon, les journalistes de Libération et les hypocrites pseudo-chercheurs en sciences de l'éducation, suite à des propos tenus devant des enseignants concernant le rôle de l'école et les difficultés liées aux intégrations diverses qui, selon lui, perturbent les apprentissages. A écouter l'exagération des réactions de certains commentateurs, Zemmour aurait appelé au génocide des enfants handicapés. Or, qu'a-t-dit de si inhumain pour provoquer un tel tollé ?
Citation :
« Pour le reste, oui, je pense que l’obsession de l’inclusion est une mauvaise manière faite aux autres enfants et à ces enfants-là qui sont, les pauvres, complètement dépassés par les autres enfants. Donc je pense qu’il faut des enseignants spécialisés qui s’en occupent »
Premier commentaire : En quoi ce point de vue est extrêmiste ? Quand votre narrateur a démarré dans l'enseignement, c'était le discours des syndicats et des inspecteurs de l'EN. Qu'y-a-t-il de péjoratif et d'offensant dans ses propos ?
Deuxième commentaire : Est-ce la contestation de l'inclusion qui fait débat ? Les enfants handicapés devraient s'appliquer la méthode Coué et faire abstraction de leurs différences ? Si un enfant possède les capacités cognitives pour être scolarisé et suivre des enseignements, alors sa place est à l'école. S'il est fortement perturbateur voire dangereux (cas de certains autistes), il relève malheureusement de la prise en charge médicalisée. A moins d'aménager une infirmerie psychiatrique dans chaque groupe scolaire, on voit mal comment on pourrait intégrer des schizophrènes dans les classes. A priori, c'est ce que voulait dire le candidat Zemmour...
Troisième commentaire : L'intégration des enfants handicapés existe depuis plus de vingt ans. Elle va de soi pour les handicaps légers. C'est très délicat pour les autres, car impliquant l'aide d'auxiliaires de vie, les AED (assistants d'éducation), recrutés en contrat précaire mal rémunéré. Zemmour ne faisait que répondre à des enseignants de terrain se plaignant des difficultés d'exercice renforcées par la multiplication des missions d'inclusion. On ne compte plus les contrats d'intégration destinés aux élèves (PPMS/PPRE/...).
Quatrème commentaire : Quelles sont les propositions concrètes des autres candidats dans le domaine de la scolarisation des enfants handicapés ? Dans un contexte de réduction des dépenses de santé, de fermetures des structures spécialisées, il est évident que se décharger sur les écoles est très économique. Argument facile pour éviter toute discussion ? A voir, car l'argent économisé n'est pas redistribué aux budgets des écoles qui accueillent ces enfants nécessitant une attention particulière, et souvent livrés à eux-mêmes.
Un exemple ? Au début des années 2000, votre narrateur accomplissait une mission des remplacement dans une école élémentaire du 93. Durant la récréation de 10h, j'aperçus un enfant (de CE1 ou CE2) qui rampait par terre dans un couloir pour se rendre aux toilettes. Je l'ai relevé. Mais un cri s'est fait entendre dans mon dos : "Laisse-le, il doit se débrouiller tout seul, ici on fait comme les autres" (!) La directrice venait de parler... Pas sûr que ce gamin handicapé moteur profitait pleinement de son intégration, mais au moins ses parents avaient la paix chez eux et/ou ils pouvaient aller travailler. Intégration par humanisme, par cynisme ou pour des raisons économiques ?
Pour en revenir à Eric Zemmour, il est manifestement victime du syndrôme Jean-Marie, une maladie apparue dans les années 1980 pour noicir et diaboliser tous ceux qui pensent à contre-courant de la gauche sociétale. D'abord le Front National, aujourd'hui Zemmour. La moindre parole est décortiquée, détournée, sortie de son contexte. Non, Eric Zemmour n'est pas contre le validisme, qui est hors-sujet dans le cadre de ses conceptions de l'école, assez désuètes puisqu'il prône le retour des hussards noirs de la république. Il parlait d'enseignement, de transmission des savoirs, d'effort et de mérite quand la gauche parle d'intégration, d'inclusion, de mixité et de discrimination.
Deux conceptions des choses, aussi discutables l'une que l'autre. Mais il a le mérite de la franchise, quand la gauche bobo défend l'école inclusive, mais scolarise ses propres enfants dans des établissements privés qui appliquent les vues zemmouriennes de l'enseignement. Tout cela me rappelle ces collègues syndiqués, très à gauche, qui refusaient les enfants non-francophones dans leur classe ("je ne peux pas tout mimer"', "je ne suis pas prof de langues") et qui, bien entendu, n'étaient jamais volontaires pour accueillir des enfants handicapés, pour lesquels se dévouaient les jeunes enseignants.
Merci donc à Eric Zemmour de lancer les vrais débats et de faire sortir de leurs gongs les hypocrites et les tartuffes. Que ses opposants nous livrent leurs propositions sur le handicap. A humanistes, humanistes et demi.
79 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON