Et si en France seuls les salauds et les lâches se portaient bien ?
Quatrième semaine de ratonnade dans le cadre de l’opération de maintien de l'ordre coloniale israélien à Gaza.
Secouée par d'intenses bombardements, la nuit dernière (28 juillet) fut l'une des plus violentes depuis le début de l'opération : on parle d'une soixantaine de morts du côté des Palestiniens : plus de mille morts depuis le début de l'intervention ; morts civils dans une écrasante majorité.
Il y a des cartes géographiques qui dévoilent tout : bas les masques !
Anéantir un des derniers foyers de la résistance palestinienne à la colonisation israélienne, Gaza - le blocus n'y suffisant pas -, ainsi que la composante religieuse de cette résistance, le Hamas, et maintenir la tête du Peuple palestinien sous l'eau jusqu'à l'asphyxie sur le modèle de la Cisjordanie, occupée et humiliée... tel est le but affiché par Israël.
Le CRIF, toujours à la pointe du combat pour la mort de toute idée d'un Etat viable pour les Palestiniens, tout en s'assurant qu'ici en France, l'Elysée, Matignon, l'Assemblée nationale, le Sénat et les médias exaucent chacun de ses voeux, organisera une manifestation de soutien à Israël et à son armée jeudi prochain, sans doute en hommage à son dur labeur de ces trois dernières semaines : plus d'un millier d’hommes, de femmes et d’enfants de tous les âges passés par pertes et profits.
______________________
On ne compte plus les éditoriaux qui, dans le meilleur des cas et lorsqu'ils ne prennent pas ouvertement fait et cause pour Israël (1), renvoient dos à dos un "Israël extrémiste de Netanyahou" et le Hamas... comme si dans l'instrumentalisation du Judaïsme et du génocide juif à des fins coloniales depuis 1967, il y aurait de la place à la fois pour des modérés et des extrémistes.
La palme reviendra à Jean Daniel du Nouvelobs qui écrit tout en s’écriant : "Si le droit de riposte (Israël) se révèle trop supérieur aux provocations de l'agresseur (Hamas), alors celui qui l'exerce et celui qui le subit ne valent pas mieux l'un que l'autre."
Magie de l'internet ! Un internaute (Emilio Alba) vigilant et plein de bon sens, lui fera remarquer ceci :
"Cher Monsieur Daniel, si je vous comprends bien, au sujet d'Oradour-sur-Glane ( et ce n'est qu'un exemple parmi d'autres sans doute - ndlr) la Résistance française (disons le Hamas... dans le contexte de l'occupation coloniale et du blocus israélien - ndlr) serait donc tout aussi responsable du massacre de la population de ce village que la division SS incriminée ?"
Et votre serviteur de proposer cette reformulation : les maquisards ainsi que les habitants de ce village ne vaudraient pas mieux que cette division SS qui se serait finalement contentée de répondre aux "provocations" décidément intolérables de notre belle et noble résistance en punissant, faute de mieux, les habitants du village qui pouvaient ou non aider et abriter des résistants ?
Et toujours dans le cadre de votre article, les SS, la Résistance française et les habitants d'Oradour-sur-Glane, c'est du pareil au même ?
Cette question, c’est à tous les éditorialistes qu’il nous faut la poser.
Comme un malheur n’arrive jamais seul et que le ridicule et l’indécence n’en ont jamais assez - plus, toujours plus ! -, un président usurpera le prestige de sa fonction pour couvrir une tuerie, livrant le Peuple palestinien aux bombes israéliennes, en déclarant : « Israël a le droit de se défendre » ;
Fermez le ban ! Y a rien à voir !
Certes, les prochaines élections – comme pour les municipales et les européennes -, sauront rappeler à cet homme en dessous de tout de quel bois l’électorat de gauche est capable de se chauffer.
N’empêche qu’en attendant…
Autre malheur, autre loi des séries… l'intelligentsia dite de gauche - acteurs, chanteurs, rappeurs, écrivains, artistes... -, garde le silence et regarde ailleurs (2) pendant que ça saigne, que ça hurle et que ça crève à Gaza ! Il est vrai qu'il s'agirait là d'un tout autre engagement que celui des restos du cœur si par chance ils devaient tous se mobiliser. On peut y laisser des plumes. C’est vrai. Et quelles plumes ! Celle d'une carrière.
Alors non, ils n’auront pas un mot !
Au moins savent-ils tous ce qu'il faut craindre ! Car leur malaise à tous, leur gêne, confirment une fois de plus nos soupçons : quiconque s'avise de dénoncer le laxisme scandaleux de l'Etat français vis à vis d'Israël, sa complicité, devra renoncer, ici en France, à un avenir professionnel qu'il soit politique, économique, médiatique ou universitaire, au plus haut niveau. Et force est de faire le constat suivant : il y a des chapes de plomb et des Epées de Damoclès qui, en un tour de main, forcent un esprit qui a pourtant mille fois prouvé sa combativité, à battre en retraite avant de se réfugier dans le silence de l’indifférence ; autre manifestation de la banalité du mal, trou noir de l'âme.
Yeshayahou Leibowitz, (ICI) considéré comme l'un des intellectuels les plus marquants de la société israélienne avait compris que dans chaque culture, dans chaque Peuple, dans chaque civilisation, sommeille une indifférence non pas violente et chaude, mais paisible et froide à l’injustice, au droit, à la morale et pour finir… au crime... crime de masse, comme s’il ne pouvait en être autrement : Es muss ein : « Cela doit-il être ? Cela est ! » ; ou bien encore : « Le faut-il ? Il le faut ! »
Que l'on ne s'y trompe pas : la ratonnade de Gaza et l'indifférence qui l'accompagnent sont de cette étoffe sur laquelle naissent les pires cauchemars. Alors, sérieusement, à l’occasion de la commémoration de la rafle du Vél d’Hiv, 72 ans après, y a-t-il encore du monde pour s’interroger : comment cela a-t-il été possible ?
Valls si prompt à discourir sur les grandes catastrophes humaines du XXe siècle d’une voix qui se voudrait de stentor – il lui manque néanmoins « les graves », ceux de la profondeur -, un Valls qui sait mais qui n’a rien compris - à coup sûr, la marque des médiocres et des imbéciles -, Valls à la fois complice et soumis, ne répondra pas à cette question.
Qu’à cela ne tienne ! La réponse, aujourd’hui, nous l’avons, là, sous nos yeux, dans le silence de ceux que l’on a coutume d’appeler « les leaders d’opinion » qui tout au long de l’année se répandent dans les médias… aujourd’hui absents… leaders d’opinions et puis… comme si de rien n’était, les autres, les saltimbanques de l’audiovisuel et des radios ou de la scène - spectacles vivants morts de trouille -, millionnaires aux frais des contribuables en ce qui concerne le service public… ou bien sur le dos d’une publicité jour après jour toujours plus dégradante pour l’être humain, sur les chaînes privées…tous se taisent... pas une déclaration, pas un mot. Rien.
Seuls ont pris la rue, pour le temps qu'il lui aura été donné de hurler sa colère face à la démission des médias et de toute la classe politique - de l'UMP au PS ; un PS digne de la SFIO de Guy Mollet -, le petit Peuple de France, les sans-grades, les anonymes, et le Peuple des associations engagées contre le cynisme d'une nouvelle barbarie ; une barbarie hautement éduquée : technologie et terrorisme intellectuelle.
Plus qu’une infirmité cette indifférence ! Du grain à moudre pour les sciences humaines – comportement, psychologie, sociologie et science politique -, et à la tonne en plus. Nul doute.
A quelles périodes de l'histoire de France faut-il remonter pour retrouver un tel désarroi de la part des gens honnêtes et courageux face aux salauds et aux lâches ? Allez, pourquoi le cacher ! On y pense tous : il faut remonter à l'Occupation et à la guerre d'Algérie, bien évidemment.
***
A la rentrée de Septembre, une fois les vacances épuisées, et quand le bilan de l’opération coloniale israélienne s’élèvera à plusieurs milliers de morts civils palestiniens, et même si Hollande, Valls et Fabius baisseront alors d’un ton, pour s’exprimer mezzo voce, Tartuffes comme il n’est pas permis, suffira-t-il seulement de s’en laver les mains pour effacer les taches de sang d'une telle démission et d'un tel parti pris affiché avec une arrogance inédite comme si République rimait avec impunité ?
C'est à voir.
Mais alors, serons-nous autorisés à, et aurons-nous seulement l’opportunité de… leur adresser à tous, en face et bien dans la face, l’ultime manifestation de notre dégoût ?
Rien n'est moins sûr, hélas !
1 – A l’exception de Médiapart qui avait pourtant, dans les premiers jours, lui aussi, emboité le pas d’un « Netanyahou-Hamas tous pourris ! » avant de se raviser face à la levée de boucliers de ses abonnés. On pourra toujours se reporter ICI à cette « lettre ouverte à François Hollande » d’Edwy Plenel qui sauve in extremis la presse française.
Et à son sujet, si la dénonciation dans la presse dominante de la soumission du gouvernement Hollande et Valls à Israël est suffisamment rare pour que l'article du patron de Médiapart soit ici salué, Edwy Plenel courageux mais pas téméraire, dans son réquisitoire, oubliera néanmoins l'usage d'un mot et l'association de trois autres : sionisme + "France, classe politique et médias" quand on sait que l'on retrouve le même parti pris et le même ralliement à la raison du plus fort de l'UMP au PS, du Figaro au Nouvelobs...
Ce rapprochement aurait permis à Plenel d'expliquer pourquoi Hollande est acculé à faire autant d'erreurs qui n'en sont pas pour tout le monde, bien évidemment.
Les causes ! Attaquez les causes ! Car le courage est là : dans l'exposition des causes ! Le courage et les ennuis, certes, c'est vrai ! mais... dénoncer les effets, c'est à la portée de tout le monde ! Et puis, à sermonner sans péril, on triomphe sans gloire !
Aussi, à titre d'encouragement, on lancera à Plenel : "Allez ! Encore un effort, vous y êtes presque !"
2 - A l’exception de Dieudonné ; ce qui n’étonnera personne : cet artiste, véritable Molière et Voltaire des temps modernes, connaît trop bien le lynchage et la ratonnade "médiatiques" pour les subir aujourd'hui comme personne d’autre avant lui.
_________________
Pour prolonger, cliquez : Gaza, mon amour !
72 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON