Et si F. Hollande, J-M Le Pen & N. Dupont-Aignan avaient vu juste ?
La Sarkozie, comme d’aucuns la nomment, est en train de vaciller.
Après le sulfureux Ziad Takieddine, deux proches, pour ne pas dire deux amis (voire deux « frères ») du président de la République viennent, coup sur coup, d’être mis en examen : Thierry Gaubert et Nicolas Bazire. La justice s’interrogeant sur le financement de la campagne présidentielle d’Edouard Balladur, la fameuse de 1995, qui, l’on s’en souvient, avait copieusement déchiré la droite dite traditionnelle.
Vu comme c’est barré, on ne devrait pas tarder à (r)avoir des nouvelles du trésorier de campagne d’Edouard Balladur, un certain René Galy-Dejean. Peut-être même que seront entendus d’autres personnages-clés comme : Jean-Paul Davin, Valérie Bernis, Jean-Pierre Labro, etc.
Et bien sûr, quid de la bande des quatre, le fameux comité de campagne d’Edouard Balladur, comité constitué de : François Léotard, François Bayrou, Charles Pasqua (toujours dans les bons coups) et… Nicolas Sarkozy.
Sans oublier Edouard Balladur, lui-même.
Personne ne peut dire comment va évoluer cette « fable grotesque » dans les mois prochains. Quelle(s) incidence(s) elle aura sur la campagne présidentielle qui s’annonce. Le temps de la justice, on l’a assez rappelé lors de l’affaire DSK, n’étant pas le même que le temps du politique.
Et puis, il y a le passé, avec son lot conséquent d’affaires qui font pschitt. L’immunité que l’on brandit, qui protège. Tant et si bien que certains, au bout du compte, s’en tirent avec une relaxe.
Nonobstant, et sans préjuger de quoi que ce soit, l’ancien conseiller et porte-parole de campagne d’Edouard Balladur qu’était Nicolas Sarkozy, itou aussi son ministre (de la Communication), est dans de sales draps. En bien mauvaise posture. A ce point, qu’un énorme coup de théâtre est tout à fait possible, comme : renoncer à briguer un second mandat.
Cette éventualité, celle de la non-candidature de Nicolas Sarkozy en 2012, trois hommes politiques l’ont verbalisée. Et ce, bien avant que de Karachi l’on remontât, par rétrocommissions (confirmées en novembre 2010 par Charles Million au Juge Van Ruymbeke), au financement de la campagne d’Edouard Balladur.
Fanfaron, Jean-Marie Le Pen affirme qu’il l’a toujours dit. Mieux : qu’il est le seul à l’avoir dit. Ce qui est faux.
Le premier à avoir publiquement formulé cette hypothèse, c’est François Hollande. C'était le 18 avril 2010 dans le quotidien Le Monde daté du 19 avril 2010.
Ce qui est intéressant dans les explications fournies par Hollande, à cette époque, c’est qu’il évoque l’entourage de Nicolas Sarkozy (« ... des entourages qui ont fini par se détruire de l'intérieur. »).
Il y ajoute un parallèle entre les parcours de Giscard et Sarkozy (« Je suis frappé par l'analogie entre la fin du 'giscardisme' et celle du 'sarkozysme'. Tous les deux avaient brandi la rupture, brisé des codes, pratiqué l'ouverture »), un parallèle qui fait flores actuellement. Plus d’un an après.
Mais c’est le terme employé par François Hollande qui retient l’attention :
« Je n'exclus plus que Nicolas Sarkozy soit contraint de renoncer ».
La contrainte.
Or, ce n’est pas la crise économique qui pourrait en être une, ni un bilan, mais bien un scandale, une affaire d’Etat retentissante. Nous y sommes presque.
Hormis François Hollande, il y eut donc : Jean-Marie Le Pen.
C’est après avoir rencontré Nicolas Sarkozy à l’Elysée que le président d’honneur du Front national a fini par être convaincu que celui qui avait siphonné son électorat en 2007, ne remettrait pas le couvert en 2012. Il en fit part, lors d’une conférence au CFJ, en octobre 2010. En s’appuyant sur des confidences qui, en réalité, n’en étaient pas vraiment ; il s’agit juste d’un discours récurrent de Nicolas Sarkozy [*]. Beaucoup, en effet, ont entendu ce refrain qui se chante, grosso-modo, ainsi :
« Je suis président de la République, mais je pourrais tout aussi bien faire autre chose ».
Le Pen en aura déduit que, ma foi, il n’y tenait pas tant que ça. Depuis, il affirme qu’il a toujours dit que Nicolas Sarkozy ne se représenterait pas.
Enfin, il y a Nicolas Dupont-Aignan.
C’était sur LCI, en mars dernier :
« Je suis convaincu que Nicolas Sarkozy ne pourra pas être candidat… ne sera pas le bon candidat pour l’UMP ».
On note, là encore, la force des termes « ne pourra pas être candidat ».
Nous sommes, une nouvelle fois, dans l’hypothèse d’une contrainte.
D’autres, sous couvert d’anonymat, parfois ministres ou secrétaires d’Etat, plus souvent députés, et plus précisément de la majorité, ont évoqué, itou, une telle éventualité. Mais il s’agissait, dans la plupart des cas, d’un souhait. Alimenté par une côte de popularité et des sondages inquiétants. Ceux-là pensaient juste que Sarkozy n’était pas le meilleur candidat pour réprésenter leur camp en 2012. Ceux-là rêvaient de Fillon, de Juppé, voire de Copé. Et pensaient, surtout, à sauver leurs sièges et les privilèges qui vont avec...
Et puis, à signaler aussi, certains éditorialistes.
N’en reste pas moins que désormais, ainsi que le pronostiquèrent publiquement François Hollande, Jean-Marie Le Pen et Nicolas Dupont-Aignan, un renoncement de Nicolas Sarkozy pour 2012 est tout à fait possible.
Si cela devait arriver, voilà qui nous promet, et une guerre sans merci à l’UMP, et une campagne présidentielle particulièrement pourrie. Pourrie, parce qu’après l’affaire DSK, ce scandale-là (Karachi, conjugué au financement de la campagne d’Edouard Balladur) risque fort de rebattre totalement les cartes, et bien malin qui pourrait dire celui (ou celle) qui en serait le premier bénéficiaire.
[*] Déjà, en juin 2006, Sarkozy avait confié à une vingtaine de « privilégiés » qu’il ne ferait qu’un mandat. Ensuite de quoi, il travaillerait pour le privé.
Peu après sa victoire du 6 mai 2007, il reçut Ségolène Royal à l’Elysée, et lui tint, peu ou prou, le même discours qu’à Jean-Marie Le Pen :
« Vous savez, je suis là, mais je pourrais tout aussi bien faire autre chose ».
Ségolène Royal avait même relaté qu’elle en avait été choquée.
Mais c’est oublier que maintes fois, Nicolas Sarkozy a également fait part de sa volonté de faire deux mandats.
La première fois, c’était le 6 décembre 2006, lors d’un déjeuner avec l’équipe de i>télé.
Des propos « off » que le journaliste Laurent Bazin avait dévoilés sur son blog avant de devoir les enlever sur ordre de sa direction.
Je les avais conservés. Extraits :
Il est 14.35, retour à la politique. Nicolas Sarkozy confie qu’il ne se voit pas faire ça toute sa vie.
Surprise générale.
"Deux mandats et c’est tout ?", glisse une journaliste.
"Et encore, répond le candidat, si ça ne tenait qu’à moi je n’en ferais qu’un. Mais je ne peux pas. Tant d’espoirs reposent sur moi. Des millions de gens comptent sur moi. Je ne peux pas faire ça."
Et après ?
"Après j’irai dans le privé, gagner de l’argent. Je suis avocat, je peux réussir là. Mais j’ai aussi des amis qui me confieraient bien la tête d’une grande entreprise privée. L’argent, ça compte. Je n’ai pas de fortune personnelle. Ce qui compte dans la vie, c’est l’amour. De l’argent, c’est pour les siens, pour acheter une maison, un bel appartement. Offrir un appartement à ses enfants… Je ne veux pas être comme Giscard et Raffarin, un ancien le reste de ma vie à me trainer là, à me lamenter sur ce que je ne suis plus".
On note qu’effectivement « si ça ne tenait » qu’à lui, il ne ferait qu’un mandat. Mais qu’il « ne peut pas faire ça ».
On note itou (et comme c’est croustillant !) qu’il ne veut pas « être comme Giscard ».
On serait tenté, aujourd’hui, de rectifier en : « Je ne veux pas finir comme Giscard ».
Depuis, il a affirmé cette envie, forte, de faire deux mandats.
Habilement, avec cet inoubliable : « Je ne suis même pas à la moitié de mon premier mandat ».
Ou plus récemment, avec cette petite phrase d’avril dernier : « La situation, je la sens bien pour 2012 », clin d’œil à sa fanfaronnade de février 2007 : « Cette élection, je commence à pas trop mal la sentir ».
Sans oublier toutes les multiples confidences faites à ses proches collaborateurs indiquant clairement que, oui, bien sûr, il sera candidat en 2012.
Désormais, rien n’est moins sûr…
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