Et si la Sécurité faisait fausse route … (partie 2)
Dans la première partie de cet article (publiée le 09/01), j'ai présenté mon constat sur la prise en charge actuelle, par les Pouvoirs Publics, du problème posé par la Sécurité routière. J'en viens à présent à mes propositions ou suggestions sur la question.
Quelques idées ?
Personne ne peut se targuer d'avoir des solutions absolues en ce domaine.
On peut néanmoins avoir des idées sur la question. Voici, modestement, les miennes :
<> généraliser, sur l'ensemble du réseau routier, les lignes axiales continues, en particulier sur les routes sinueuses ou les virages, en apposant des bandes sonores (comme sur les bords d'autoroute) ou rugueuses, de façon à ce que les automobilistes qui chevauchent la ligne axiale s'en rendent bien compte,
<> généraliser les lignes axiales continues, avec bande sonore ou rugueuse, sur les autoroutes et voies rapides urbaines au niveau de chaque entrée et sortie (et sur une distance suffisante avant la sortie ou après l'entrée) de façon à interdire les manœuvres périlleuses consistant à se rabattre directement de la voie de gauche à la bretelle de sortie ou à sauter directement de la bretelle d'entrée à la voie de gauche,
<> modifier le marquage au sol au niveau de ces entrées sur autoroutes urbaines ou voies rapides (comme cela existe déjà en haut de nombreuses côtes sur autoroutes), la voie des véhicules entrants devenant sans interruption la voie de droite, la voie de droite devenant celle de gauche et la voie de gauche disparaissant progressivement (obligeant les automobilistes qui l'utilisaient à se rabattre à droite sans priorité et donc avec précaution) ceci avec une signalisation préalable adaptée et, là aussi, des lignes axiale et latérales continues sur une distance suffisante, de façon à inciter les automobilistes à rouler préférentiellement sur la voie de droite, sans risque de se faire coincer (comme dans un entonnoir) à chaque bretelle d'entrée. La vitesse générale moyenne en serait, certes, diminuée, mais n'est-ce pas déjà ce qui est recherché avec d'autres moyens beaucoup plus coûteux ?
<> inverser la priorité au dépassement :
Actuellement, lorsque deux véhicules en rattrapent un troisième, c'est le véhicule qui est derrière (le dernier des trois) qui a la priorité au dépassement, obligeant celui qui est devant lui à ralentir, à l'approche du premier, plus lent. Cette disposition, c'est une prime à la vitesse.
La priorité au dépassement devrait être donnée au véhicule de devant (celui qui rattrape en premier le véhicule moins rapide). Il est en effet plus facile d'anticiper en regardant devant (pour celui qui est derrière) que dans son rétroviseur (pour celui qui est devant). Regarder dans son rétroviseur, c'est bien, c'est même recommandé. Regarder devant, c'est mieux et plus sécurisant (d'ailleurs, en cas de choc avant contre arrière, n'est-ce pas le véhicule qui est derrière qui est responsable ?). Cela ne dispenserait toutefois pas celui qui s'apprête à déboîter pour doubler de vérifier dans ledit rétroviseur que n'arrive pas à sa hauteur un autre véhicule.
A noter que sur les pistes de ski, la priorité est au skieur aval. Qu'on ne me dise pas que cela n'a rien à voir ! C'est aussi pour la même raison évidente de sécurité.
Et si cela génère, sur les routes, une diminution de la vitesse générale, ne serait-ce pas, là encore, bénéfique pour la sécurité ?
Enfin, cela serait tellement plus courtois ! (la courtoisie au volant ne serait-elle pas, au fond, l'un des meilleurs remèdes contre l'insécurité routière ?).
<> supprimer ou remplacer les balises (triangle inversé "cédez le passage") qui ne sont pratiquement jamais respectées.
== Dans les carrefours classiques, et si vraiment nécessaire, les remplacer par des STOP (mais avec parcimonie, uniquement quand cela s'impose et jamais en pleine ligne droite, comme cela tend à se faire couramment, et qui est un parfait exemple de provocation à l'infraction). Sinon, réhabiliter la Priorité à Droite, (bien mise à mal par les giratoires et qui était pourtant une bien saine, simple et logique disposition).
== A l'entrée des giratoires (puisqu'il est difficilement concevable, à présent, de les supprimer, pitié pour nos Finances Publiques !), sachant que la plupart d'entre eux sont marqués par un "flux dominant" qui ne s'essouffle que lorsque se tarit l'affluence (fin de journée…), instaurer un nouveau mode d'accès, en remplaçant les balises par un nouveau panneau (à inventer) qui incite les automobilistes à pénétrer à vitesse réduite et à raison d'un sur deux (accès alterné), ce panneau définissant un nouveau type de priorité : ni priorité à gauche, ni priorité à droite, mais "priorité à la courtoisie".
On m'objectera sans doute qu'il sera alors impossible de déterminer quel est le véhicule responsable, en cas de collision. Ma réponse : responsabilité partagée systématiquement (50/50).Cela aurait l'avantage de modérer les ardeurs des conducteurs qui s'imposent par l'intérieur(et en profitent pour dépasser) sûrs de leur bon droit et de leur impunité en cas d'accrochage.
Concernant ces giratoires, cesser d'en créer de nouveaux. A qui voudra-t-on faire croire qu'il y en a encore besoin, sinon dans l'intérêt des services maîtres d'œuvre.
<> Peut-être, aussi, pourrait-on instaurer, s'il est vraiment exclu de revenir en arrière concernant la vitesse (et aussi, peut-être, pour amortir les radars !), des limites de vitesse différenciées (il y a bien, déjà, une vitesse maximum différente pour les jeunes conducteurs) en fonction des types de véhicule. Un des critères pourrait être, par exemple, les performances du véhicule en matière de freinage (mesurées à sa sortie par un organisme indépendant). Cette limite pourrait figurer sur les plaques d'immatriculation, de façon à permettre aux radars de l'enregistrer.
Là encore on va sans doute me rétorquer que c'est anti-social, parce que ça favorise les possesseurs de voitures coûteuses. Peu m'importe, le sujet est ici la Sécurité sur la route, et rien d'autre.
<> Ces limites de vitesse différenciées pourraient également être utilisées comme sanction à vie envers des conducteurs dont la responsabilité personnelle, dans un accident grave, est avérée (mais en aucun cas pour une infraction), exemple : 80 au lieu de 90 pour le premier accident, 70 pour le second, etc.
<> enfin, mettre fin à cette tolérance bienveillante, tant de la part de la maréchaussée que des automobilistes, envers les motocyclistes qui doublent impunément (et en faisant fi des lignes continues) même quand il y a d'autres véhicules en face, ou remontent souvent assez rapidement entre deux files de voitures.
Ce n'est pas leur rendre service. Les droits et les devoirs sont les mêmes, sur route, pour les automobilistes et pour les motocyclistes. N'est-ce pas la sécurité de tous, motocyclistes compris, qui est en jeu ?
J'ai une fille, habitant dans une lointaine banlieue, qui utilise le plus souvent sa moto pour se rendre à son travail à Paris.
Je tremble en pensant à elle chaque fois que je vois un motocycliste se faufiler entre les voitures.
Toutes ces propositions seraient relativement faciles à mettre en œuvre matériellement et coûteraient infiniment moins cher que les radars ou les giratoires. Beaucoup d'entre elles auraient pour effet de réduire naturellement la vitesse, mais le but principal recherché est de forcer chaque conducteur à être, en toutes circonstances, PLUS ATTENTIF.
Reste, bien sûr, à dissuader les conducteurs de prendre le volant s'ils sont sous l'emprise d'une substance (alcool ou autre) qui altère leurs facultés.
Pour ma part, je n'ai pas de recette miracle. Ce n'est évidemment pas facile, d'autant que sanctionner les conducteurs en s'appuyant sur le seul taux d'alcoolémie représente une véritable discrimination et donc une totale injustice.
L'ivresse commence-t-elle, uniformément, dès 0.5g d'alcool dans le sang ?
Peut-être une solution est-elle à rechercher dans l'incitation à une autoévaluation personnelle avant de prendre le volant :
- qu'ai-je bu, qu'ai-je absorbé, n'ai-je pas trop mangé, suis-je bien reposé … ?
- ma santé, mon âge, ma vue… me permettent-ils de conduire sans multiplier les risques que je prends, même avec une conduite déjà précautionneuse ?
N'y a-t-il vraiment personne qui soit capable de s'interroger ainsi, et d'en tirer les conséquences, et même avec 0.5g d'alcool dans le sang ? A partir de ce seuil, tout le monde, sans exception, perd-il absolument tout discernement ?
N'y a-t-il pas d'autre moyen, pour responsabiliser les conducteurs, que de s'acharner sur eux ?
Je sais qu'avec de telles réflexions, je ne peux qu'être catalogué d"illuminé" par tous les prétendus "experts" qui ont fait de la Sécurité Routière leur Fonds de commerce.
Et pourtant…..
Quelques habitudes à prendre au volant, que n'enseignent pas (ou mal) les auto-écoles :
<> regarder ou concentrer son attention, en toutes circonstances, et y compris en virages serrés, sur le bord droit de la route ou sur sa ligne (lorsqu'elle est matérialisée), et non sur la ligne centrale ou sur le véhicule qui arrive en face (il ne s'agit pas d'ignorer ce véhicule ; on a une vision "périphérique" - qui permet de voir ce véhicule - mais on centre forcément notre champ de vision sur un point, et ce point doit être le bord droit).
On est, naturellement, attiré par ce qu'on fixe. Si c'est le véhicule qui vient en face, on se déportera involontairement sur lui, si c'est le bord droit, on roulera bien mieux à droite. Chacun peut faire le test en regardant alternativement la ligne médiane puis la ligne de droite.
Un joueur de tennis qui ne regarde pas la balle la rate forcément ! Celui qui ne regarde pas le bord droit de la route ne roulera jamais bien à droite.
<> apprendre soi-même à ne pas se rabattre trop rapidement et brutalement (les fameuses "queues de poisson" que beaucoup font involontairement, sans s'en rendre compte.) devant un autre véhicule.
Il y a un truc très simple pour cela : attendre, pour se rabattre, de voir dans son rétroviseur central (intérieur) la calandre du véhicule que l'on vient de doubler (ne pas se retourner, dangereux surtout en cas de circulation dense, les obstacles sont toujours devant, jamais derrière) ; il y a, alors, suffisamment de distance pour le faire sans risque.
<> ne pas attendre, lorsqu'on rattrape un autre véhicule et qu'on s'apprête à le doubler, d'être trop prés pour déboîter. Plus on est prés, plus ce véhicule nous masque la vue et donc, nous empêche d'anticiper au cas où un obstacle se présente. Cela est d'autant plus vrai lorsqu'il s'agit d'un camion (et surtout sur autoroute) qui forme un véritable écran grand format juste dans l'axe de la route.
Et tant pis pour les excités de la file de gauche qui ne supportent aucune gène devant eux !
Une anecdote pour finir :
Voici deux ou trois ans, nous remontions l'autoroute A40 puis l' A39, en direction de Besançon.
Quelque part en Bresse, alors que je roulais moi-même à 130 km/h (régulateur oblige !) et que la circulation était extrêmement fluide voire très clairsemée, nous fumes dépassés par une Citroën C4 gris métallisé qui devait rouler approximativement à 150 km/h.
Je me suis dit, alors, qu'elle était en net dépassement de la vitesse autorisée, mais, en même temps, que cela ne me paraissait pas réellement dangereux, compte tenu des conditions de circulation.
Quelques minutes plus tard, voila que nous double un bolide bleu foncé (Renault Mégane), sans gyrophare je précise, dont j'ai estimé la vitesse à un bon 180 km/h.
Quelques minutes plus tard encore, les deux véhicules étaient immobilisés au bord de l'autoroute. C'était, bien entendu, la Renault de la Gendarmerie qui avait contraint la Citroën à stopper pour en verbaliser le conducteur.
Quelle conclusions tirer de cette anecdote parfaitement authentique ?
1/ Que tout conducteur lambda qui roule à 150 km/h, quelles que soient les conditions, est forcément dangereux.
2/ Que, parce qu'il représente la puissance publique et qu'il est "formé", un "képi" qui roule à 180 km/h n'est, forcément, jamais dangereux (? ??).
Et une réflexion :
Dans son roman "La vingt-cinquième heure", l'écrivain roumain Virgil Gheorghiu relate qu'à la fin de la guerre 39-45, les américains ont emprisonné dans de véritables "camps de concentration" "par arrestations préventives et par catégories" (chapitre 141) tous les ressortissants de pays "alliés" (pays plus ou moins consentants) de l'Allemagne nazie, quel qu'ait été leur rôle pendant la guerre et sans avoir de preuve quant à une éventuelle culpabilité, mais simplement comme potentiellement coupables et "pour les avoir sous la main au cas où".
N'est-ce pas du même type de démarche ou de logique que relève le fait de sanctionner préventivement, au nom de la Sécurité Routière, tout conducteur qui paraît potentiellement dangereux, sans même qu'il soit responsable du moindre accident ?
19 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON