Etats-Unis : la cabale s’étend dans l’armée
A peine avait-on découvert la seconde femme derrière l'incroyable cas de David Petraeus, nommée Jill Kenney, secrétaire bénévole dans l'armée, à Tampa, celle qui avait été l'objet d'attaques mails virulentes de la part de la maîtresse prétendue du responsable de la CIA que la seconde mise en cause, telle un galet plat envoyé avec force sur une eau calme part en ricochet.. provoque hier un deuxième scandale de taille. Cette fois, ce seraient pas moins de 30 000 mails (*) que se seraient échangés "l'agent de liaison Jill Kenney" de la base de Mc Dill, en Floride, et... John Allen, le commandant en chef des troupes US en Afghanistan. Quel en était le contenu, voilà bien tout le problème. Après le retrait déguisé de Petraeus, voilà que son propre sucesseur est lui aussi en cause : qu'avaient donc en commun les deux personnages, voilà ce qu'il convient de rechercher. Et, sans surprise, on découvre que les deux protagonistes ne partagaient pas seulement des histoires de sexe. Un lourd secret les unit. Et c'est cela, le fond du problème de cet incroyable saga noyée dans un flot médiatique typiquement américain, avec rebondissements et péripéties obligatoires à la clé. Place donc au show médiatique voulu par la Maison Blanche, et place à la Saison 2 de l'affaire Petraeus !
Allen serait-il aussi l'objet de remontrances de la part de l'administration d'Obama pour être lui aussi aujourd'hui jeté en pâture aux médias ? Examinons pour cela ses dernières déclarations, pour voir s'il aurait commis lui aussi un crime de lèse-majesté vis à vis d'Obama. Très vite, on tombe sur une interview du général complètement dépité, en date du 30 octobre dernier, où il se déclarait "fou de rage"... à propos des attentats internes au sein de son armée, ceux commis par les policiers afhgans que ses soldats sont chargés de former. Lors de cet interview à 60 minutes, en effet, le général Allen n'avait pas ménagé son expression pour décrire le "merdier afghan(**)" dans lequel on lui avait ordonné de se dépêtrer. Selon lui, la tâche demandée était tout simplement... infaisable. « Je suis fou de rage à ce sujet, pour être honnête avec vous," a dit le général John Allen, en réponse à une question sur les incidents, les attaques des appelés militaires afghans appelées " "vert sur bleu" (selon la couleur différente des uniformes).
"Nous devons arrêter cela. Elle résonne partout, à travers les Etats-Unis. Vous savez, nous sommes prêts à sacrifier beaucoup pour cette campagne. Mais nous ne sommes pas prêts à être assassinés pour cela." Car ce que craint alors à juste titre Allen est bien l'extension du procédé, qui utlise toujours l'iaparable système du kamikaze, revu et corrigé par les talibans : désormais, il s'agît bien d'infiltration, dont le procédé se répand plus vite que la pose des "roadsides bombs" (ou IEDs) que des procédés électroniques sophistiqués semblent avoir jugulés. "Dans le même temps, Allen - qui a dit que la « grande majorité » des Afghans et des soldats afghans se tenait avec les Etats-Unis - a mis en garde que les Américains doivent être prêts à voir les attaques meurtrières se poursuivent. « L'ennemi reconnaît qu'il s'agit d'une vulnérabilité", a dit Allen. « Vous savez, en Irak, la signatute de système d'arme que nous n'avions pas vu venir auparavant était l'IED. Nous avons dû nous y adapter. Ici, je pense que la signature du type d'attaque répétée que nous commençons à voir apparaître est l'attaque d'appelés infiltrés . "
Or cet avis plutôt tranché ("ces attaques me rendent fou") était un sérieux revers pour Obama, car la formation des troupes afghanes est ne l'oublions pas la condition nécessaire au départ des troupes américaines souhaitées par Barrack Obama, avec anticipation sur ce qui avait été prévu au départ. En somme, à 15 jours à peine des élections, Allen remettait en cause directement les choix politiques de son supérieur, en affirmant haut et clair que sa mission était tout simplement impossible à réaliser dans les temps impartis et du travail de sape des talibans : "les commentaires d'Allen arrivent à un moment où le sort du programme de formation de troupes en Afghanistan est sérieusement mise en doute.
Les forces américaines ont repris des patrouilles conjointes avec leurs homologues afghans, arrêtées après un pic dans les attaques internes qui ont incité à effectuer une période de réévaluation temporaire, la semaine dernière. Mais dans les jours qui ont suivi, alors les patrouilles avaient repris, plusieurs meurtres d'appelés ont eu lieu en plus, y compris un échange de tirs sauvages au cours du week-end entre les unités américaines et afghanes qui ont laissé deux Américains et cinq soldats afghans morts. L'armée a qualifié l'incident de "résultat d'une mauvaise communication". "Friendly Fire", en jargon militaire : "tirs amis", qui en ont tué tant dans cette guerre à gros moyens de bombardements. Or les dégats sont là et désormais journaliers, ou presque, et on peut donc songer à délayer le départ des troupes US, à l'inverse même d'une des promesses phare de la campagne de Barrack Obama. En août dernier, le cas du jeune Marine Lance Cpl. Gregory Buckley, montré en boucle aux USA sur tous les écrans, avait eu un effet dévastateur sur la campagne d'Obama : le jeune homme avait été tué d'une rafale par un policier afghan le jour-même où ce dernier avait reçu son arme de service, lors de la cérémonie marquant la fin de sa formation !!!
Comme le disait Allen, visiblement excédé, à 60 minutes, c'est tout simplement ingérable, à moins de mettre des espions partout, chargés d'évaluer la dangerosité potentielle des nouvelles recrues : 'l'exploitation côte-à-côte avec les forces afghanes est la pierre angulaire de la stratégie américaine en Afghanistan, dit David Martin (le corrrespondant sur place de CBS), et leur donner le soutien dont ils ont besoin pour reprendre le combat si les troupes américaines veulent revenir à la maison. La confiance entre les forces américaines et les policiers afghans et de soldats, qui reçoivent la formation et l'appui a reçu un coup avec les attaques "vert sur bleu " si bien que le Pentagone a institué la présence d'un « ange gardien » au programme au début de cette année, où les membres des unités militaires américaines sont chargées de regarder le dos de leurs compagnons d'armes, quand ils mangent, dorment ou patrouillent avec leurs homologues afghans." Les français, rappelons-le, avaient eu aussi leur lot sinistre d'attaques de ce genre. Et avaient résolu de laisser les afghans là où ils en étaient, en rapatriant leurs troupes en France, y compris au plus vite les derniers formateurs sur place.
Confrontés tous à une situation Ingérable, car alimentée par les mêmes faucons que d'habitude, toujours prêts à montrer les effets désastreux de ces attaques avec forces vidéos ou forces interviews : ces sites de haine habituels, qui ne montrent presque plus les clowns à la Adam Gadhan, et qui continuent à alimenter la haine en diffusant jour après jour ce genre de nouvelles : c'est à nouveau SITE et MEMRI qui en effet avait répercuté les derniers incidents en les accolant à un hypothétique ordre donné par le Mollah Omar, toujours aussi invisible (comme ectoplasme, celui-la fait encore mieux que Ben Laden !). Son communiqué de propagande, révélé par SITE, encore une fois, dirions nous, prétendu authentique comme tous les précédents, saluait avec vigueur les infiltrations et les attaques internes. MEMRI faisant plus fort encore, en ressortant un texte de Gadhan datant de l'élection de 2008 comme étant neuf (et même un deuxième à la fin de l'intervention !) s'en prenant à Obama. Gadhan est un personnage à la Ben Laden, capable de se métamoprhoser : celui-là, plus il vieillit, plus il présente des signes de rajeunissement ! Voici les dernières images connues de Gadhan : les deux extraits ressortis par Memri sont donc bien antérieurs et représentent donc bien une manipulation.
Ceci, pour la face évidente du problème : en somme, les généraux qui se font alpaguer aujourd'hui pour conduite morale déficiente sont ceux qui avaient des problèmes relationnels certains avec la politique imposée par le président. Mais il y a aussi une face cachée, à ce terrible tsunami qui se soulève au fond de l'armée américaine. Car les deux personnages cités sont aussi liés par une autre affaire dans laquelle le président Obama s'est beaucoup investi, disons, en venant devant un pupitre affirmer que "justice avait été faite" avec l'élimination de Ben Laden, ou du moins telle qu'elle avait été racontée dans les médias. Ou plutôt telle que ses services avaient souhaité qu'elle soit racontée (après bien des ajustements, comme j'ai pu vous le dire ici à plusieurs reprises).
Dans l'hollywoodesque "capture" de Ben Laden, organisée médiatiquement de façon fort adroite par l'équipe d'Obama pour ne pas léser plus de vingt années de mensonges sur celui qui avait été présenté comme un héros, un de ces "combattants de la Paix", puisqu'opposé aux soviétiques, la CIA avait pris une part importante, en particulier en dépêchant une machine secrète conçue exprès pour elle. Petraeus était donc obligatoirement dans le coup, en tant que responsable militaire, même s'il ne figurait pas dans le staff du bunker de la Maison Blanche (étant logiquement aux manettes comme chef des troupes de l'OTAN et commandant de la Force internationale d'assistance et de sécurité (ISAF) en Afghanistan depuis le 23 juin 2010. Car ne l'oublions pas, il n'a été nommé à la tête de la CIA qu'après la mort de Ben Laden. On passe sur ce qui a pu être raconté, les fausses fuites grotesques de sites tels Politico (le coup des euros cousus dans les vêtements de Ben Laden, il fallait l'inventer !) pour en arriver aux faits. Dans le coup, car les fameux hélicos étaient bien revenus en Afghanistan arpès avoir été amenés discrètement au Pakistan même. Dans le coup, car les Seals utilisés étaient alors sous le commandement de Petraeus. Des Seals très répandus en Afghanistan, où le 6 août 2011, dans la province du Wardak, à un peu moins de 100 km de Kaboul, un terrible accident de Chinook avait provoqué la mort de 22 d'entre eux. Tout de suite, l'armée avait lourdement insisté sur le fait que les décédés n'avaient pu en rien participer trois mois auparavant au raid d'Abbottabad. L'absence criante d'images autres que celles de simples fusils mitrailleurs carbonisés venant ajouter au doute sur ce lien "inexistant", justement, entre ce groupe de Seals et l'accident désastreux du raid pakistanais qui n'aurait fait paraît-il "aucune victime".... bien sûr.
Selon l'armée, le Chinook avait été abattu... par un tir de RPG, ce qui là aussi semblait peu plausible : il est vrai que des hélicoptères US ont bien été abattus de la sorte, mais cela semblait plus du domaine de la chance pure pour le tireur qu'autre chose. Non, depuis le début de cette guerre, les américains ont toujours caché au public le fait que leurs hélicoptères ont pu être abattus par des missiles sol-air. A savoir par exemple des... Stinger, ceux-là même que les USA avaient offerts aux chefs de guerre au temps de la présence soviétique et qu'ils avaient eu un mal fou à récupérer (ils les avaient... rachetés !). Des missiles Strela russes ou en copie chinoise font depuis longtemps partie de l'arsenal taliban, tout le monde s'en doute, à voir le taux d'équipements des aéronefs US circulant munis des indispensables détecteurs de tirs de missiles (tel le nouveau HALTT - pour Helicopter Alert and Threat Termination). Bref, l'histoire du Chinook abattu, même embarrassante pour l'armée, avait eu ce jour-là un avantage certain : celui de servir de couverture pratique aux décès de Seals lors de l'opération d'Abbottabad, Obama ne pouvant se permettre avant l'élection de jouer les Jimmy Carter et ne pouvant se permettre de rejouer la scène du désastre d'Eagle Claw. Voilà quel était le fameux secret partagé, qu'il fallait présenter tout autrement au grand public.
Dans l'opinion américaine, toute imprégnée de westerns dont le résumé est toujours le même (ce sont les armes qui font la loi, pas les hommes), il fallait en effet emballer davantage ce désastre en proposant par exemple une obligatoire riposte. C'est la loi du western ; ceux qui tuent doivent être tués (ne comptez pas sur les cowboys à la Eastwood pour parler procès et jugement, Guantanamo existe toujours, en dehors de toute loi !). C'est ce que va s'empresser de faire, justement, notre héros du jour... comme j'ai pu vous le dire ici déjà : "le lendemain même de l'annonce du crash, le général du Marine Corps John Allen, "top commander" des forces US et de l'Otan, annonçait encore plus bizarrement que "les responsables du tir avaient été tués par des F-16" (comment avait-on fait pour les reconnaître et les identifier, ça reste un autre mystère !) avais-je relevé. Si cela n'était pas accourir au chevet d'une thèse tordue, je veux bien manger mon chapeau. Les talibans qui avaient abattus un hélicoptère auraient été repérés et tués le jour même de leur forfait ? C'est impossible à croire. Ou alors plusieurs endroits avaient été noyés sous un tapis de bombes, en représailles !
Car la zone où se trouvaient les Marines était carrément une zone talibane. "Le crash du Chinook s'était produit à 1 km du post de Tangi, entre Bamyan et Charikar, non loin de Gardez, récemment abandonné par les forces américaines, cédé aux soldats Afghans... et aussitôt ré-occupé par les Talibans. Le 13 juin 2011, on avait présenté à la presse la "reconquête" de Tangi... par les "Afghan National Security Forces" ! A peine si on notait cette indication : "les résidents de la région de la vallée Tangi, dans l'est de la province de Wardak, à environ 60 miles au sud-ouest de Kaboul, ont émis des plaintes similaires au sujet des raids nocturnes dans leur voisinage, selon eux des raids qui ont tué des civils, perturbé leur vie et alimenté un soutien populaire aux talibans". Les raids à l'aveugle de l'aviation US, le meilleur moyen de recruter des talibans parmi ceux qui ont vu leur famille disparaître sous les bombes ! Rien n'avait changé depuis le remplacement de McCrystal, défenseur lui des opérations d'assasinats ciblés : comme sous Petraeus, son disciple Allen en était revenu à ressortir la grosse artillerie ou les F-16 et les Hornet.
Une reconquête sur les talibans qu'auraient permis les efforts d'Allen ? "Il y a des raids nocturnes tous les jours ou tous les deux jours", a déclaré un second médecin qui a parlé sous conditions d'anonymat parce qu'il craignait pour sa sécurité. Il a dit qu'il habite à environ 100 mètres du lit du fleuve desséché où l'hélicoptère Chinook américain s'est crashé samedi. Les Américains commettent des actes barbares dans la région et c'est la raison pour laquelle les talibans ont une influence », a-t-il dit. Le deuxième médecin et un autre résident de la région, Abdul Rehman Barakzai, a déclaré que pas moins de trois civils ont été tués dans un raid américain dans le voisinage dans la nuit de vendredi. Parlant lors d'autres entrevue téléphoniques, bien distinctes, chacune a dit qu'un tailleur, notamment était parmi les morts. "Les talibans sont si actifs dans la région qu'ils ont forcé les Américains à abandonner une base ici il y a environ deux ou trois mois parce qu'elle était sous les attaques de jour comme de nuit", a déclaré Barakzaï, un villageois qui travaille pour une association de conseils tribaux locaux . Il habite à environ 5 miles de Joye Zarin, le hameau où l'hélicoptère a été abattu". Des talibans qui auraient fait fermer des bases devenues intenables ? On est très loin du départ serein de troupes pouvant laisser un Karzaï plus de deux jours au pouvoir...avec son armée infestée de talibans ! Quel aveu d'échec total !!! Et fort mauvais signal envoyé à la Maison Blanche à la veille de plier bagage en Afghanistan !
Car le bilan est là, et il n'est pas flatteur, loin de là, ni pour Petraeus ni pour son successeur notait le 18 août 2011 Courrier International : "il est tout simplement stupéfiant (ou peut-être pas) de voir à quel point Washington minimise les terribles coups que lui ont portés les talibans au cours du dernier mois. Ils ont assassiné le 12 juillet Ahmed Wali, demi-frère du président Karzai, baron de la drogue et informateur de la CIA. Ils ont également abattu les assistants de la cérémonie consacrée à sa mémoire. Le 18 juillet, ils ont tué Jan Mohammed Khan, membre du Parlement et responsable des relations intertribales du gouvernement Karzai. Ils ont enfin assassiné le maire de Kandahar, Ghulam Haidar Hamidi, le 27 juillet (...) Il n’y a pas si longtemps, à l’automne 2010, l’armée américaine et l’Otan parlaient de grande contre-offensive pour reprendre la ville de Kandahar et gagner définitivement la guerre. Aujourd’hui, la situation sur le terrain a de facto mis fin à cette ambition. Et l’artisan de cette contre-offensive, le général Petraeus [ex-commandant des forces internationales en Afghanistan], doit s’avouer vaincu, mais comme il a finalement été promu chef de la CIA, d’autres devront porter le chapeau à sa place". Sous les communiqués de victoire, c'étaii bien l'annonce d'une défaite qui se profilait l'été dernier déjà, même une fois le problème Ben Laden résolu. Car comme le fait remarquer le site de l'AFP "le moment est d'autant plus sensible que le général Allen doit soumettre dans les jours à venir ses recommandations sur le nombre de troupes qu'il estime nécessaires en Afghanistan d'ici la fin de la transition fin 2014". Qu'allait donc déballer ce jour-là Allen ? Le fait que la situation le "rendait fou" ?
En fait, on découvre aujourd'hui plein de choses, avec ces nouvelles péripéties. Par exemple, le fait qu' Allen avait été en fait remplacé.... il y a un mois, déjà, par le général Joseph F. Dunford, lui-même étant rapatrié en Europe pour diriger les troupes de l'Otan en Europe. Tous deux avaient reçu l'aide et la chaude recommandation de Martin E. Dempsey, "chairman of the Joint Chiefs of Staff", pour leur nomination. Or l'annonce, avait été faite dès le 10 octobre, et Allen avait effectué son speech ravageur sur CBS vingt jours plus tard. Avait-il crû être libéré de parole sur l'Afghanistan ? Songeait-il à mettre en garde son propre successeur, ou avait-il, comme Petraeus, eu envie de nuire à la campagne électorale en cours en pointant les critiques vers Barrack Obama ? Heureux hasard présidentiel, la découverte du jour évitait en tout cas au général de se faire interviewer par les politiques, comme il est de règle aux USA : "Obama avait nommé Dunford le mois dernier pour remplacer Allen. Par coïncidence, le Senate Armed Services Committee avait déjà prévu son audition de confirmation pour jeudi prochain. Panetta a déclaré qu'il a demandé au Sénat d'accélérer l'examen de la candidature Dunford". Voilà deux généraux (Petraeus est en fait redevenu civil depuis sa nomination à la tête de la CIA), qui auraient dû témoigner sur la conduite des armées, et sans doute aussi sur l'affaire de Benghazi, dont les têtes tombent au bon moment, dira-t-on, pour Obama. Benghazi, ou l'aveu de l'échec de la formation des afghans, le résultat était le même, en tout cas, pour Allen, prié de faire ses bagages pour l'Europe.
Le 10 octobre dernier, l'hommage de Dempsey, lors de la nomination de Dunford en place d'Allen, réflètait parfaitement, en lisant entre les lignes, un fossé séparant le général des aspirations des hommes politiques. L'homme n'avait semble-t-il pas totalement satisfait l'administration Obama : « Le général John Allen a pris le commandement de l'été 2011, au moment ou nous étions en tain d'enrayer et d'inverser l'élan des insurgés dans des domaines clés dans tout le pays. Il a immédiatement renforcé les domaines de cette réussite, en les prenant sur de nouveaux niveaux, tout en identifiant les éléments de la campagne qui nécessitaient une mise au point. Plus important encore, le général Allen a ajouté son leadership et son courage moral dans un combat qui est autant une question de volonté car il s'exerce sur les opérations et les tactiques. Au-delà de la révision du plan de campagne et d'avoir parfaitement exécuté une reprise des efforts en deux parties, le commandement de John Allen a produit plusieurs étapes clés, y compris la croissance remarquable et le développement de l'ANSF, la transition dans les zones comprenant aujourd'hui près de 80 pour cent de la population afghane, et la signature de l'accord cadre stratégique américano-afghan. Pendant tout ce temps, le but du général Allen vision a été de maintenir la cohésion de la coalition et de l'OTAN a renforcer l'engagement à long terme de l'Afghanistan et de la région". Le "développement de l'ANSF" salué par son supérieur ne se mesurant pas en nombre seulement, mais en qualité, ce que semblait avoir oublié Allen. Le gargarisme consistant à dire que les insurgés reculaient étant, on l'a bien compris purement électoral : les faits montrent le contraire, les talibans regagnant du terrain au fur et à mesure du retrait US !
Car Allen aurait peut-être aussi menti... lors des représailles menées contre les auteurs du crash du Chinook : "mercredi 10 août, le commandant des forces internationales en Afghanistan, le général John Allen, a affirmé que le tireur qui avait abattu l’hélicoptère Chinook le 6 août ainsi qu’un responsable taliban, le mollah Mohibullah avaient été “tués par les forces de la coalition” lors d’une frappe aérienne. Le porte-parole taliban Zabihullah Mujahid a pourtant démenti l’information et affirmé que le mollah Mohibullah était toujours vivant" précise Courrier International : à ce jour, seul Allen a pu affirmer avoir vengé les Seals tués. Chez les russes, on jubile : c'est du flan, selon l'agence !
Le général Allen, venu au secours d'une thèse passablement alambiquée, en a-t-il eu assez d'avoir à mentir ? Que craint-on aujourd'hui de voir ou de révéler dans ses 30 000 courriels échangés avec celle qui aurait été donc la seconde maîtresse de Petraeus ? On touche-là à bien d'autres choses que de simples histoires de fesses semble-t-il. Et également d'un simple problème de manque de cohésion dans les formations des policiers et militaires Afghans. Les communiqués sont bien trop flous ou évasifs sur le contenu exact des mails échangés pour qu'on en reste à ses deux seules possibilités. C'est bien plus grave encore, question "sécurité", à voir l'omerta sur les contenus. Ce qui se cache derrière se remue-ménage touche à autre chose de plus sensible. Reste à trouver quoi. Pour cela, rappelons-nous tout d'abord il y a quelques mois.... Barrack Obama, qui, pour se sortir du guêpier Ben Laden, avait dû échafauder un scénario, qui, je l'avoue moi-même, avait été remarquable (malgré les failles de son écriture, faite par Nicolas Schmidle). Il évitait d'avoir à montrer un cadavre déjà mort depuis plusieurs années, réglait le cas d'un vendeur d'opium devenu trop encombrant pour la CIA, et faisait de lui, président des Etats-Unis, le sauveur du monde ayant débarrassé la planète d'une créature infernale imaginée par ses prédécesseurs. A part que pour cela il lui fallait l'assentiment de responsables des armées, qui ne semblent pas avoir obtenu depuis en échange ce qu'ils avaient souhaité en retour. Obama serait-il aujourd'hui victime d'un chantage du lobby militaire, peut-être bien, en tout cas, il est depuis plusieurs mois l'objet d'une cabale contre ses décisions, qui l'oblige à tailler dans le tas : il avait déjà coupé quelques têtes, ces dernières semaines (pour calmer les ardeurs de certains, tentés par un coup de force, peut-être bien) il semble qu'il n'ait pas encore suffisamment manié le sabre, à en voir de nouvelles tomber. Aujourd'hui, c'est un ami de Petraeus qui en fait les frais. Une cabale s'étend au sein de l'armée US, et Obama a résolu, avant sa réelection de l'endiguer, même si les effets de ces décisions ne se font sentir qu'aujourd'hui.
Une cabale dont l'origine est bien une hostilité à la politique d'Obama. Parmis les plus incroyables nouvelles survenues depuis le début de cette affaire, il y a depuis deux jours la révélation du rôle d'un agent du FBI, qui après avoir découvert les mails de Jill Kelley, s'est mis lui-même à lui en envoyer, l'un d'entre eux contenant même une photo de lui torse nu ! Selon le Guardian, les "motifs de l'agent ne sont pas tout à fait clair, mais il a été décrit par les fonctionnaires comme ayant une « vision du monde » particulière qui semble avoir été hostile à Obama. Apparemment, il y a vu une occasion d'embarrasser le président peu de temps avant l'élection en s'approchant d'un membre républicain du Congrès, David Reichert, qui a transmis l'information à la chef de la majorité républicaine, Eric Cantor. Cantor a parlé à l'agent, puis a contacté le directeur du FBI, Robert Mueller. "J'ai été contacté par un employé du FBI qui s'inquiètait du fait que des informations sensibles et classifiées peuvent avoir été compromises et que le directeur Mueller était au courant de certaines de ces allégations graves et le risque potentiel pour la sécurité nationale", a déclaré Cantor." Cantor, habile républicain (ici en photo reconduit par Obama), plutôt agressif, qui en juillet 2011 s'était violemment accroché avec Obama serait-il venu lui sauver la mise en dénonçant les coups de poignards politique qu'on lui préparait ? Pourtant, le 22 octobre encore, Cantor penchait ouvertement pour Romney en lui déclarant sa flamme dans la presse. Aurait-il lui plutôt cherché à embarrasser et non à aider Obama ? En confiant le dossier à Robert Mueller, l'âme damnée de tout un système (celui qui avait mis Ben Laden comme l'homme le plus recherché du FBI, mais PAS pour les attentats du WTC !), car il n'a jamais quitté son poste depuis.... le depuis le 4 septembre 2001. Mueller aurait donc mis au frigo ces graves allégations ? Dans quel but ? Il doit en savoir des secrets, celui-là : personnellement je n'ai toujours pas compris pourquoi Obama ne l'avait pas renvoyé à son arrivée au pouvoir. Le FBI a suffisamment commis de fautes dans la surveillance du pays avant le 11 septembre 2001, pourtant ! L'homme, adepte du secret, a tout d'un Hoover bis !
En résumé la méthode utilisée aujourd'hui pour évincer des généraux, faisant jeter l'opprobe de l'opinion face à un comportement personnel est loin d'être élégante : elle donne en tout cas une petite idée du niveau de ce qui se fomentait dans le dos d'Obama, confronté à une fronde de ses généraux et à l'hostilité d'une partie du FBI, des généraux qui ne veulent pas porter seuls le chapeau de la défaite annoncée et inéluctable en Afghanistan.
PS : aux toutes dernières nouvelles, (et celles du sulfureux New York Post) cela ne s'arrange guère pour Petraeus et Allen, habitués semble-t-il de la large propriété ("mansion") de Jill Kelley à Tampa. Mais un autre élément est intervenu depuis le début de la rédaction de ce feuilleton a rebondissements : celui de la sœur jumelle de Jill Kelley, Natalie Khawam, qui exerce la profession d'avocate de soins de santé, et qui a produit devant un tribunal de Floride un faux témpoignage sur son mari, accusé de l'avoir frappé, alors que les deux généraux semblent avoir déposé en sa faveur lors du même procès perdu... la Cour l'ayant trouvée "présentant de sévère déficits psychologiques" et qu'elle "présentait une réalité déformée" (en résumé que la dame était plutôt dérangée, selon le tribunal). Rappelons que celui qui risque aujourd'hui davantage c'est Allen, car un militaire ayant des relations extra-conjugales, aux USA, est passible de la cour martiale (Petraeus est redevenu civil pour diriger la CIA !).
(*) soit 40 par jour en réalité.
(**) lire à ce propos :
http://www.agoravox.fr/co-libre/article/le-merdier-afghan-maj3-61180
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/le-merdier-afghan-maj3-61180
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/le-rapport-ignore-pendant-cinq-ans-100016
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