• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Tribune Libre > Euthanasie ?

Euthanasie ?

Nous devons nous interroger sur les raisons sous-jacentes du tapage médiatique qui, avec une parfaite synchronisation, vient d’accompagner le procès du Dr. Bonnemaison, euthanasiste occasionnel, le cas du tétraplégique Vincent Lambert dont nul ne sait en conscience si au fond de son coma subsiste encore une présence, et la reconnaissance en citoyenneté d’enfants nés à l’étranger de mères porteuses, autrement dit conçus au sein de matrices mercenaires… ce qui aux dires du sinistre Pierre Bergé ne serait pas pire que de louer ses bras et sa force de travail… assertion qui mériterait peut-être d’être discutée si elle n’était d’entrée de jeu aussi répugnante !

Pour ce qui est de l’euthanasie et de ces agonies rendues plus cruelles qu’imaginables par les artifices de la techniques - laquelle est aujourd’hui en mesure de prolonger indûment, voir indéfiniment lorsqu’il s’agit de comas profonds, des existences qui n’en n’ont plus que le nom - la question a été tranchée une fois pour toutes par le magistère de l’Église ante conciliaire1. Il serait donc opportun, avant toute chose, de se reporter à la déclaration de Pie XII relative à une question intrinsèquement liée aux progrès des techniques médicales. Techniques qui ne valent in fine que par l’usage raisonnable que nous en faisons. Gardons en mémoire et à jamais, la sentence du prêtre et médecin que fut François Rabelais… « science sans conscience n’est que ruine de l’âme  » !

Il est clair que les campagnes médiatiques qui viennent d’être orchestrées autour de ces trois affaires, ne sont pas fortuites : l’euthanasie autorisée, banalisée par la loi est encore un bastion à prendre pour les progressistes totalitariens qui nous gouvernent. Car est-il utile ou nécessaire d’encadrer par la loi une pratique déjà courante, définie par des protocoles bien connus des personnels soignants, et imposée par l’évolution même de la médecine ?

Est-il souhaitable d’en faire comme le souhaite le bon docteur Kouchner une « routine » inscrite dans la loi, c’est-à-dire d’en faire un geste habituel, quasi mécanique, en grande partie exonéré de toute responsabilité individuelle ? Légalisation qui pourra servir à en couvrir les excès, ceux qui ne manqueront de suivre l’interprétation extensive ou laxiste des textes. L’intervention en fin de vie ne doit-elle pas être censément laissée à l’appréciation ultime du corps médical, des familles et des patients eux-mêmes… quand ils le peuvent encore ? Aucune loi ne doit à ce titre être promulguée qui permettrait de justifier a posteriori ou de cautionner a priori quelques abus que ce soit. Toute l’ambiguïté du débat est d’ailleurs là.

La médecine moderne, prométhéenne en son essence, a repoussé les limites de la vie jusqu’à ce que l’accouchement de la mort – notamment avec l’actuelle croissance explosive du nombre des tumeurs incurables - se fasse de plus en plus fréquemment dans des douleurs extrêmes. À ce titre les soins palliatifs, et en fin de parcours, les injections létales de substances sédatives - sont devenus l’aboutissement logique, la contrepartie quasi obligée, à la fois de progrès techniques devenus volens nolens transgressifs de la loi naturelle, et d’une certaine malignité des politiques de dépenses publiques en matière de santé ! Nous avons d’ailleurs ici l’une des faces cachées du dossier que personne n’ose habituellement évoquer, à savoir que la mort prolongée est devenue une industrie particulièrement lucrative stimulée par notre modèle sociétal. En vérité un marché colossal2 pour lequel les constantes références à l’éthique masque de moins en moins bien la cynique réalité d’intérêts économiques prédominants.

En France, la Loi organique du 1er août 2001 relative aux dépenses publiques3 va conduire en 2006 à une réforme de la tarification hospitalière supprimant le forfait journalier, ceci pour lui substituer une tarification à l’acte. Avec pour effet pervers que désormais le patient en fin de vie « rapporte gros » aux services hospitaliers, lesquels sont condamnés à faire du volume coûte que coûte, et pour certains d’entre eux, sous peine de disparition. Il faut ainsi rentabiliser les services et pour cela l’on tend à gonfler artificiellement leurs activités à haute valeur ajoutée… parmi lesquels, les soins palliatifs, heureusement à présent délimités par la loi dite Leonetti du 22 avril 2005.

Un dernier mot. La loi, le juridisme à tout va, ne sont pas la panacée pour les situations douloureuses qu’engendre à foison le monde moderne. Car on ne peut décemment légiférer sur tout, si ce n’est au détriment la libre responsabilité de chacun. Pour remonter le courant, ne s’agirait-il pas à présent de revenir au serment d'Hippocrate dans toute sa primitive pureté ?


Moyenne des avis sur cet article :  2.5/5   (16 votes)




Réagissez à l'article

10 réactions à cet article    


  • baron 1er juillet 2014 18:02

    Je ne vous pense pas naif. L’objectif a terme est de mettre en place une forme politique d’eugénisme.

     Comparer Shumy et Lambert, et réflechissez à l’empressement de la famille qui a entrepris de lui faire quitter la France juste avant d’arriver à 6 mois de vie végétative.

    Au détour d’une loi à venir car ces lois évolueront, se posera tout naturellement la question de qui doit vivre ou non ! de qui peut continuer à vivre ou non ! 

    De toute évidence cette question sera un jour tranchée, il n’est pas certain que les futurs intellectuels, que les futurs rebels et bien d’autre repérés in-utéro y survivent !

    Parce que l’intelligence peut parfois être dangereuse pour les autres et occasionner de la souffrance à celui qui en est doté.

    • baron 1er juillet 2014 18:07

      Les meilleurs raisons du monde seront invoqués pour empécher des naissances ou pour éliminer ceux qui ne correspondront pas aux critères édictés.


      Surtout si ces personnes ne sont pas financièrement capable d’assumer leurs conditions.

      • Jean-Michel Vernochet 1er juillet 2014 19:03

        Les notes ayant « sauté » à la publication, on peut aller les consulter à cette page

        http://terrefuture.blog.free.fr/index.php?post/2014/07/01/Euthanasie%C2%A0


        • baron 1er juillet 2014 19:51

          Qui vous dis que ces personnes prétenduement condamnés ne rendront pas un jour un immense service au reste de l’humanité ?


          Abreger des vies que l’on a prolongé peut desservir les avancés de la science médicale.

          En cela, l’église en défendant la vie a tout prix et jusqu’aux limites peut s’avérer très moderniste. 


          Nous savons déjà qu’un cerveau se recontruit, que des techniques multiples et variées peuvent influer sur l’organisme et nous savons aussi qu’il n’est pas rare de se rendre compte qu’une molécule peut voir une influence positive hors de son indication première.


          La notion d’argent est un faux problème, les richesses produites actuellement sont immenses et surpassent de très loin tout ce que l’humanité a pu connaitre. 
          C’est socialement que la société change, la richesse continue de croitre de façon exponentielle, elle se concentre entre quelques mains avares voire psychotiques.

          On vient de se rendre que la recherche sur la trisomie 21 va permettre de traiter certaines leucémies, si nous avions éliminé les mongoliens cette découverte aurait elle eu lieu ? 
          Toute vie vie aussi diverse et imparfaite soit elle doit être préservée c’est l’intérêt de toute l’humanité.

          • Christian Labrune Christian Labrune 2 juillet 2014 00:53

            Quand la médecine ne peut plus rien pour un malade, l’acharnement thérapeutique est évidemment une absurdité : il faut laisser faire la nature et réduire les souffrances lorsqu’elles sont insupportables. La loi Léonetti est assez bien pensée, s’accorde avec l’éthique, et il n’y a pas à revenir là-dessus.
            Décider en revanche qu’à telle heure, en tel lieu, on fera passer un malade de vie à trépas, c’est un assassinat pur et simple, et avec préméditation. Que des individus puissent concevoir sans horreur de devenir les agents de ces sortes de pratiques, ça pose un sacré problème, et on pense inévitablement au concept de « banalité du mal » forgé par Hannah Arendt. Chacun sait qu’à la mort d’un « exécuteur des Hautes Oeuvres » de la République (autrement dit : le bourreau) et qui était mort sans héritier, le Garde des Sceaux avait reçu un très grand nombre de lettres de postulants qui se prévalaient de leurs heureuses dispositions à égorger, par exemple, les animaux domestiques.
            Jouir du pouvoir de tuer son prochain, surtout sans rien risquer, c’est un fantasme qui, apparemment, excite plus d’un détraqué.
            Quelle pourrait être la motivation d’un membre du personnel médical qui envisagerait froidement de refroidir son client ? On a parlé quelquefois de meurtre par compassion. Le philosophe Louis Althusser, par exemple, avait étranglé son épouse qu’il ne supportait plus de voir souffrir, mais il avait été jugé irresponsable, étant au moment de l’acte dans un état de démence reconnu au procès par les psychiatres. Il n’y a que la folie qui puisse non pas excuser mais expliquer de tels actes.
            Pour les imbéciles qui s’amusent publiquement à des variations sur le thème de la mort « dans la dignité », il ne devrait y avoir qu’une solution possible : l’internement d’office.


            • foufouille foufouille 2 juillet 2014 10:19

              @gnostic
              tu es pire que les curetons
              tu devrais raconter tes conneries aux gamins de 20 ans qui doivent crever selon toi
              un nazi eugéniste à assez d’honneur pour porter sa croix gammé


            • foufouille foufouille 2 juillet 2014 20:35

              nan
              cocoriico


            • Christian Labrune Christian Labrune 3 juillet 2014 01:38

              "VIVRE, VIVRE A TOUT PRIX même dans l’inconfort (paralysies etc.) et/ou la souffrance ?« 

               Gnostic
              Et les SDF, qui vivent dans la crasse, à côté de leur litron, quelquefois de leurs déjections, je suppose que ça ne vous paraîtra pas très »digne« non plus. Alors, qu’est-ce qu’on en fait ?
              Et ceux qui ont perdu la raison, ne savent même plus trop qui ils sont. Est-ce qu’ils vivent une vie qui mérite vraiment d’être vécue ?
              Et les amputés, les culs-de-jatte ? Je suis assez vieux pour en avoir vu dans mon enfance quelques uns, dans leurs fauteuils à roulettes, qui avaient survécu à l’enfer des tranchées de la grande guerre.
              Et ceux qui ont été brûlés au troisième degré, et sont défigurés pour le restant de leurs jours ?
              Et les cons qui ne comprennent rien à rien et ne l’ouvrent que pour proférer des énormités ?
              Peut-être qu’il faudrait penser à l’euthanazie (sic.) pour tous ces malheureux qui, pourtant, paraissent tout de même préférer la vie. A force d’insister, de faire preuve de »pédagogie", on arriverait peut-être à les convaincre qu’ils ont tort.
              Les paléontologues ont trouvé dans des sépultures antérieures au néolithique des squelettes d’individus victimes de fractures qui leur interdisaient toute mobilité et les réduisaient à une condition de grabataires. Mais ces fractures s’étaient consolidées, preuve que leurs congénères, loin de les avoir éliminés pour avoir plus à bouffer les avaient nourris, et cela pendant des années. Pour combler le trou de la sécu, et n’avoir plus à s’occuper des vieux, nos contemporains seraient prêts désormais à éliminer tous ceux qui ne peuvent plus être productifs. Un grand progrès, vraiment, dans le sens d’une plus grande humanité !


            • Deneb Deneb 3 juillet 2014 05:46

              Christian :« Et les cons qui ne comprennent rien à rien et ne l’ouvrent que pour proférer des énormités ?  »

              Une euthanasie pour Agoravox ? Pour réduire les souffrances, ce serait un geste humanitaire. Entre les bigots créationnistes, les admirateurs des totalitarismes , les polémiqueurs islamistes,les mercenaires propagandistes et les insulteurs compulsifs , la direction du site souffre logiquement le martyre. Soyons humains, abrégeons leur calvaire, désertons cette hécatombe du bon sens.

            • Loatse Loatse 2 juillet 2014 13:55

              En ce qui concerne la fin de vie, nous avons à faire face à un gros problème, qui s’il n’est pas réglé risquerait de déboucher sur un recours automatique, une généralisation de l’euthanasie...

              Celui de la réduction des dépenses liées à la santé à l’heure ou nous sommes obligés d’emprunter pour pouvoir payer les chomeurs...

              Le risque est gros tandis que déjà le séjour en maternité après accouchement - qui s’est réduit comme peau de chagrin au fil des décennies -, sera d’une journée ! (puis pourquoi pas comme dans certains hopitaux du tiers monde réduits à l’accouchement ?)

              Déjà le nombre d’infirmières dans la plupart des services en secteur public n’est plus suffisant pour assumer une qualité de soin qu’un assuré est en droit d’attendre malgré leur bonne volonté.

              Curieusement, donc c’est dans ce contexte (le gouffre de la sécu, un budget qu’on n’arrive plus à boucler, une politique d’austérité) que l’on se soucie enfin du patient en fin de vie...

              Comme c’est bizarre... 

              mais en légiférant pour l’envoyer ad patres et non pas pour exiger que le secteur de la santé bénéficie du personnel en nombre suffisant afin que le dit patient puisse continuer à avoir une autre alternative que de demander à ce que l’on abrège celle ci (soulagement de la souffrance physique et morale, présence, écoute...)

              Ma grand tante (93 ans) globe trotter - toujours à galoper par monts et par vaux éprouve déjà une peur panique de l’hospitalisation et de la mort aussi bien entendu... il y a quelque mois suite à une chûte celle ci était en piètre état... qui sait si un medecin compatissant au vu de son grand age et des douleurs qui furent les siennes alors n’aurait pas été tenté d’user de « compassion » à l’insu de son plein gré.. ?

              A l’heure actuelle cette heureuse femme doit se trouver en allemagne entre deux trains à la grande frayeur de son entourage qui craint qu’on vienne lui annoncer un malheur... et alors ? n’est ce pas une belle fin de vie que celle de mouriru ailleurs que dans un lit d’hopital, le regard émerveillé par les paysages qui défilent ?

              Hormis quelques cas particuliers de patients incurables au dernier stade d’une maladie et que l’on ne peut soulager et moralement et physiquement... hormis quand est établi que le maintien en vie dans ces conditions relève de l’acharnement thérapeuthique ; et sous réserve de demande du patient si possible, une fois tout autre alternative envisagée... attention aux dérives !
               
              on tend de plus en plus à réduire la mort qui fait partie du cycle de la vie à une pathologie... Déjà que la vieillesse est mal vue au point d’encourager le déni en nous poussant à en camoufler tous les signes...(les gens sont assez déconcertés par mes cheveux blancs de quinqua qui refuse l’illusion d’une jeunesse qui n’est plus.)

              J’ai l’impression que notre futur pourrait s’apparenter à celui décrit dans le film « soleil vert ».... (musique, biches dans la forêt sur grand écran, piquouse et hop !)

              Manquera plus que la transformation de papy et mamie en ration protéinée.... 

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON






Les thématiques de l'article


Palmarès