Fabricants de terreur : 4) un fascisme rampant
Effrayantes découvertes, donc, énoncées dans nos épisodes précédents. D’aucuns jouent c’est évident aux docteurs Mabuse, en ce moment même aux Etats-Unis. Comment peut-on arriver à ce cheminement d’esprit, qui consiste clairement à avoir en tête comme objectif la suppression résolue d’une partie de la population pour espérer mieux vivre sur les ruines qu’il restera après demeure un mystère. Enfin pas vraiment si on observe de près une société américaine qui laisse libre cours depuis longtemps à de sérieuses dérives. On songe aux groupes néo-nazis, extrêmement répandus aux Etats-Unis, pays où circule une quantité invraisemblable d’armes personnelles. Qu’en est-il de ces groupes, et jusqu’à quel point influencent-ils la société US ou ses dirigeants, c’est ce que je vous propose d’étudier aujourd’hui, en commençant par ... des scouts, dont les valeurs viennent d’être détournées au profit d’une idéologie fort douteuse.
Les scouts, ou des entreprises patriotiques... privées, dont la gestion calamiteuse avait obtenu un coup de pouce inattendu de la part de W.Bush, qui avait tenté d’en réduire sensiblement la faillite récente. En taillant dans le vif il est vrai. Je veux parler de l’Americorps, une fort étrange entité. "AmeriCorps NCCC (National Civilian Community Corps) is specifically tasked with homeland security, according to The United States Conference of Mayors. “AmeriCorps NCCC, a residential, team-based program, offers approximately 1,300 young people between the ages of 18 to 24 the opportunity to serve their country for ten months on various projects. The primary focus of these are assisting in responding disaster relief and homeland security,” Un organisme privé relié à un organisme d’état, le Homeland Security ? Après avoir privatisé la guerre, avec Rumsfeld, W.Bush aurait aussi privatisé la sécurité intérieure ? Sans nul doute : Americorps, c’est bien le Blackwater du Homeland Security ! Enfin quand je dis Bush, c’est faux : le créateur d’Americorps n’est autre que... Bill Clinton, en 1993 !
Plusieurs rapports alarmants parlent de fiasco complet à propos d’Americorps. Une page complète rédigée en 2000 dresse un bilan implacable ici. Son titre seul annonce la couleur "Americorps : Six years of waste and fraud". On s’attendait à ce que l’organisme décrié soit néanmoins reconduit tel quel par Obama. Pire : il a été triplé ! "President Obama signed legislation Tuesday to triple the number of AmeriCorps members from 75,000 to 250,000". Parmi les récréminations de certains le détournement évident des activités sociales à des fins politiques : "AmeriCorps headquarters encourages local programs to organize "AmeriCorps-for-a-Day events with elected officials" to help get them on board as supporters. A politician can show up, hammer three nails at a house-building project, and be assured of laudatory coverage in the local media". En fait, la dernière augmentation du nombre de personnes recrutées dans Americorps remontait au 11 septembre 2001, ou plutôt deux mois après : "Two months after the 9/11 attacks, Bush announced that he was expanding AmeriCorps and that “all of us can become a September the 11th volunteer by making a commitment to service in our own communities.” Bush had long been a fan of AmeriCorps, flaunting his enthusiasm for it during the 2000 presidential campaign as proof of his compassionate conservatism".
Comme le définissait le commentateur acerbe, la carotte de la moralité et de la bonne conscience a toujours marché (à voir le succès du Téléthon ici on le conçoit) : "Politicians have long used moral doggerel to make citizens docile". On ne peut pas être plus clair. Americorps n’ a pas servi à grand’chose en fait : "Though AmeriCorps abounds in “feel good” projects, it has never provided credible evidence of benefit to the United States. The Office of Management and Budget concluded in 2003 that “AmeriCorps has not been able to demonstrate results. Its current focus is on the amount of time a person serves, as opposed to the impact on the community or participants.” OMB noted in 2004". Selon l’auteur, c’est simple, il fallait supprimer cet organisme inefficace qui ne servait qu’une politique compassionnelle poussée à son paroxysme par les attentats du 11 septembre : "AmeriCorps is the most visible symbol and proof of the hollowness of Bush’s compassionate agenda. It is moral dementia to believe that government can create virtue simply by seizing some people’s paychecks and paying other people to piously wander the land wearing gray T-shirts and hats. AmeriCorps should be abolished ASAP ("As soon as possible")". Le problème essentiel d’Americorps était d’avoir tué l’engagement purement patriotique, ou désintéressé, en proposant en échange un paiement pour le faire : "In the 1990s, congressional Republicans, who had no love for one of Clinton’s favorite initiatives, regularly targeted AmeriCorps for budget cuts. They said the program cost too much per volunteer and undermined the spirit of service by giving participants monetary rewards." En 2004, Bush avait également ordonné en prime à Americorps de se rapprocher des groupes religieux... De l’enrôlement financier, on passait à l’enrôlement idéologique... il n’y a qu’un pas.
Hier, je vous évoquais ces fameux hélicoptères noirs aperçus sur un des sites enterrés parmi les plus récents, celui de Napa. Ces hélicoptères ne sont pas ceux de l’armée, ils sont conduits par des contractants privés, ceux de la firme Wakenhut. Or cette entreprise, elle seule, résume tout le problème des liens entre les faucons bushiens et l’extrême droite américaine. Wackenhut, du nom de son fondateur George, vient de Floride. Un "homme tranquille", comme le nomme sa biographie sortie en 1994. C’est au départ une simple firme de surveillance de sites de la NASA.. mais aussi des sites de tirs nucléaires dans le désert du Nevada. Logique : son patron est un ancien du FBI reconverti dans la sécurité. Ses amis haut placés s’appellent Clarence Kelley ou Franck Carlucci, pas moins. Ou plutôt un personnage qui a l’obsession du sécuritaire, tant il ne cache pas ses amitiés d’extrême droite. Parmi celles-ci, l’as américain des années 1917, Eddie Rickenbacker, de son vrai nom Richenbacher, devenu patron d’Easten Earlines, mort à Zurich en 1973. Etrange personnage, qui proposait en 1947 de bombarder l’antarctique à coup de bombes atomiques pour en extraire plus rapidement le minerai ! Ou encore Ralph Davis, le leader de la fameuse John Birch Society, célèbre pour son anticommunisme notoire à la base du mouvement maccarthyste, et sa vive opposition à l’ONU : en 1959 encore, la JBS avait comme slogan "Get US out of UN ! ", Parmi les gens haïs par la JBS, le général Eisenhower lui-même, acccusé d’être un "gauchiste" : "a conscious, dedicated agent of the Communist Conspiracy." On le voit, les injures concernant Barack Obama ne datent pas d’hier, et ceux qui les formulent encore aujourd’hui de la même manière sont bien des gens d’extrême-droite ! Des amitiés droitières qui lui ont permis en 1984 de devenir le premier sur le marché de la gestion privée des prisons américaines, un marché juteux et colossal qui a fait sa fortune. Mais un marché qui va aussi révéler le fond de la pensée de son fondateur.
Le scandale éclate en 2001, avec la description des centres de détention d’immigrés australiens, contrat dont avait été chargé Wackenhut depuis plusieurs années. Un mot revient alors : "camps de concentration". On y revient, donc : des camps, et des hommes, avec des numéros et non des noms : "One ACM worker has described the company’s Woomera Immigration Detention Centre as “like a concentration camp”. Complete with razor wire, barbed wire, steel fences and patrolling officers, it is hard to deny the comparison. The detainees themselves are treated as criminals and are dehumanised. They are assigned numbers corresponding to the prefix of the boat they arrived on, such as “Don 27” or “Rap 180”. These were the same people who in August last year staged a desperate protest at Woomera, waving signs saying “save us from ACM”. A partir de là, la presse remonte les hauts-faits de l’entreprise et retrouve d’autres chapitres compromettants : "In Fort Lauderdale, Florida, five guards at a Wackenhut work-release facility were fired or punished for having sex with inmates. In April 1999 the state of Louisiana took over the running of Wackenhut’s 15-month-old juvenile prison after the US Justice Department accused Wackenhut of subjecting its young inmates to “excessive abuse and neglect". L’idéologie de Wackenhut a déteint fortement sur sa gestion de prisonniers, semble-t-il. Comme au Nouveau-Mexique : : “New Mexico’s privately operated prisons are filled with America’s impoverished, violent outcasts — and those are the guards”. He catalogued lax background checks before hiring guards, which led to several alleged cases of guards physically and sexually abusing inmates." Aux dernières nouvelles, les gardes de Wackenhut surveillent toujours la frontière mexicaine ou les centrales nucléaires comme celle historique d’Oak Ridge, muni de nouveaux joujous complètement délirants comme cette mitrailleuse à barillet montée sur un 4x4. Les USA dans toute leur splendeur ! Sur le site de Wackenhust, un slogan donne le ton : “in an age when threats of random vandalism, premeditated sabotage and terrorism are ever-present”. Le terrorisme, ça enrichit son homme, en définitive ! Et les scandales ne sont pas finis : évidemment, tout le monde en aura profité : "Wackenhut provides cheap labour for corporations : in Austin, Texas, a company which produced circuit boards initially closed down only to re-open within one of Wackenhut’s prisons. Prisoners now work in this factory producing goods for companies including IBM and Microsoft".
Wakenhut le milliardaire suit toute la famille Bush à la trace. On la trouve aussi dans le ramassage de débris... Ainsi, ceux de l’’attentat d’Oklahoma, dont les vestiges avaient été abattus par "Controlled Demolition", la firme de Mark Loizeaux : "Controlled Demolition have been awarded Federal Contracts worth billions of dollars. One such contract was for the demolition and removal of the remains of the Alfred P. Murrah Building in Oklahoma that had been previously hit by a terrorist bomb. The rubble of this building was carried away to a landfill site operated by BFI Waste. This landfill site is guarded twenty four hours by armed security guards employed by Wakenhut Corporation. George Wakenhut is a long term friend of George Herbert Walker Bush". Personne n’avait pu inspecter les vestiges, gardés jour et nuit par Wakenhut. Loizeaux a clairement décrit le WTC comme une démolition, en homme de l’art connaisseur de son sujet.
En réalité, Wakenhut en a fait bien d’autres, protégé par son immunité acquise par relations politiques droitières extrémistes. Un article oublié de Spy Magazine de 1992 nous en donne les clès : elles sont ahurissantes ! Wackenhut était celui qui avait inauguré au temps de Kennedy déjà le fichage systématique des opposants : "By 1965, Wackenhut was boasting to potential investors that the company maintained files on 2.5 million suspected dissidents—one in 46 American adults then living. In 1966, after acquiring the private files of Karl Barslaag, a former staff member of the House Committee on Un-American Activities, Wackenhut could confidently maintain that with more than 4 million names, it had the largest privately held file on suspected dissidents in America". En 1999, les accusations avaient ressorti, émanent de la NASA : "Wackenhut’s surveillance service has made it the target of civil liberty groups. In March 1999 a federal district court in Alabama fined Wackenhut Corporation and its client, an aerospace company, US$8 million dollars over allegations of illegal wire tapping, theft of business documents and corporate sabotage". Blackwater avait bien eu un prédécesseur ! Bien évidemment, l’implication de Wackenhut avec la CIA avait eu des conséquences dans d’autres pays.
Tout d’abord en Amérique du Sud : "We have uncovered considerable evidence that Wackenhut carried the CIA’s water in fighting Communist encroachment in Central America in the 1980s (...) Eden Pastora, the contras’ famous Commander Zero, who had been spotted at a test of some night-vision goggles at a firing range near the Cabazon reservation in the company of Nichols and a Wackenhut executive, offhandedly identified that executive, A. Robert Frye, as "the man from the CIA." Des armes, ou de l’espionnage :" In addition to attempted weapons supply, Wackenhut seems to have been involved in Central America in other ways. Ernesto Bermudez, who was Wackenhut’s director of international operations from 1987 to ’89, admitted to SPY that during 1985 and ’86 he ran Wackenhut’s operations in El Salvador, where he was in charge of 1,500 men. When asked what 1,500 men were doing for Wackenhut in El Salvador, Bermudez replied coyly, "Things." Pressed, he elaborated : "Things you wouldn’t want your mother to know about." Même pas sa mère ? L’amérique du Sud, terre privilégiée des exploits de la CIA mais aussi de façon encore plus surprenante, l’Irak, où L’entreprise avait obtenu un mirobolant contrat : "Between 1987 end ’89, three companies in the United States received investments from an Iraqi architect named Ihsan Barbouti. The colorful Barbouti owned an engineering company in Frankfurt that had a $$552 million contract to build airfields in Iraq. He also admitted having designed Mu’ammar Qaddafi’s infamous German-built chemical-weapons plant in Rabta, Libya." Au final, donc, on comprend mieux pourquoi les F-16 américains entraient comme chez eux dans les bunkers irakiens, ou pourquoi pendant les deux conflts on en a détruit si peu : c’étaient les leurs ! Mais ce n’est pas tout. Wackenhut a aussi agi en Europe. Et là, ça devient vraiment croquignolet.
Mais l’idéologie d’extrême-droite du fondateur l’a poussé à aller encore plus loin : "Wackenhut’s right-wing politics have not been confined to supporting U.S. administrations. In 1977, Wackenhut obtained special permission to operate in Belgium ; according to Edward Herman and Gerry O’Sullivan’s The Terrorism Industry, Wackenhut ’quickly got involved with right-wing terrorists who were themselves linked to state security agents." Wackenhut’s local director in Brussels, Jean-Francis Calmette, was a rightist who had hired and given combat instruction to members of Westland New Post, a Belgian fascist group. Wackenhut left Belgium in the early 1980s, following accusations that its guards were luring immigrant children into basements and beating them"... Francis Calmette, oui, le dirigeant, avec Paul Latinus, (suicidé en 1985, autre beau cas d’espèce), du groupe fasciste Westland New Post, ancien Delta Nord. Calmette était instructeur en même temps de la milice du PFN, le Front de la Jeunesse et de l’escadron spécial d’intervention de la gendarmerie belge, alors bien gangrenée par l’extrême droite. Pour beaucoup, Latinus était un agent de la CIA et l’avait même avoué un jour : J’ai été recruté en 1967, à l’âge de 17 ans, par une organisation étrangère dont le but est de lutter par tous les moyens contre le communisme soviétique. J’ai été initié en 1973 au contre-espionnage et aux techniques de renseignement par un officier OTAN, à Tongres, pendant mon service militaire. En 1977 (...), j’ai reçu ordre, par l’organisation à laquelle j’appartiens (...), de m’introduire dans la sphère du Front de la jeunesse (...). Ma nouvelle mission, en 1980, fut alors de créer en Belgique un groupe revanchard nazi calqué sur la Waffen-SS (ndlr : c’est-à-dire le WNP) ». Selon lui toujours, le recrutement provenait de la "Défense intelligence agency (DIA), l’équivalent militaire de la CIA" . On retrouve tout ce joyeux monde en 1973, avec une accusation de préparation de coup militaire en Belgique, puis lors de l’affaire des tueries du Brabant et enfin.. dans le dossier Dutroux en compagnie du baron Benoit de Bonvoisin, de l’ex-gendarme d’extrême droite Madani Bouhouche. et de Marcel Barbier....employé lui aussi de ...Wackenhut (incroyable !) ! Le 16 août 1983, justement, Marcel Barbier (le n°3 du groupe action du WNP) avait été arrête, à Saint-Gilles lors d’une bagarre. Manque de chance pour lui, des documents confidentiels de l’OTAN volés par cette organisation sont retrouvés dans son appartement lors de la perquisition qui suit.(le 25 mai 1987, Barbier sera condamné plus tard aux travaux forcés à perpétuité).
On ’a jamais trop bien compris pourquoi autant de morts pour rien dans l’équipée des tueurs fous du Brabant : sur Agoravox, notre collègue Sandro en avait conclu diverses possibilités, dont celle-ci : "d’autres estiment qu’il s’agit d’un complot fomenté par les USA et certains alliés, via des mercenaires ou anciens légionnaires, pour terroriser la population, et obliger l’état belge , trop libéral et bon enfant, a entrer dans une spirale plus répressive". D’autres encore appuient en effet plus fortement cette thèse. "Le 16 août 1983, la police de la commune de Forêt intervient dans une querelle entre un certain Marcel Barbier et son frère. Barbier menace des citoyens avec un fusil - un fait peu commun dans la capitale belge. Pendant l’investigation, les agents de police, après avoir arrêté Barbier, entrent et font une découverte étonnante dans son domicile rue de Parme : les agents tombent sur un sac contenant des dizaines de messages-télex ’OTAN’ et ’confidentiel’, venant du centre de commande de l’OTAN à Evère. Ce qui aurait du être une visite routine mènera à la découverte d’un des indicateurs les plus remarquables que les Tueurs de Brabant recevaient leurs ordres des cercles des services de renseignements américains. Le lendemain, sous pression policière, Barbier admettait être membre du Front de la Jeunesse, une milice notoire avec des convictions profondément néo-nazies et des activités paramilitaires". Il y aura eu 28 morts, pour ça, en Belgique. Pour que le pays verse totalitaire, façon Pinochet.
Bush, et ses amis de Wackenhut, un fasciste, donc ?? Ouh la vous y allez fort, ai-je déjà entendu. Et pourtant ... un site remarquable moquant le projet insensé des sbires de l’équipe Bush, le "POAC" pour "project for the old american century", a recensé 14 points de dérive de ce type dans la gouvernance de Bush : nous verrons bien si à la fin du mandat d’Obama il en reste autant. Les voici. Attention, toute similitude avec des faits se produisant chez nous n’est peut-être pas le fruit du hasard... (et il y en a pas mal, finalement !) :
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