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Accueil du site > Tribune Libre > Fabrice Burgaud ou l’amour de la justice

Fabrice Burgaud ou l’amour de la justice

Il y a deux ans exactement, les médias bruissaient du nom de Fabrice Burgaud, ce jeune juge d’instruction qui avait piloté le dossier Outreau. S’il a depuis longtemps maintenant disparu de la une des journaux, son nom apparaît encore de temps à autre, ici ou là.

Comme dans l’affaire Adrien Lefebvre, jugée en ce moment même par la Cour d’assises de Saint-Omer. De quoi s’agit-il ? En novembre 2001, Olivier Caron, un jeune voyou, assassine un copain, Adrien Lefebvre, à Neufchâtel-Hardelot dans le Pas-de-Calais.

Interrogé par les enquêteurs, Olivier accuse quatre jeunes gens de Roubaix. Ils auraient réglé son compte à Adrien pour une histoire de trafic de drogue. Les coupables, ce sont eux, affirme-t-il.

Fabrice Burgaud aurait pu travailler sur cette affaire, mais on l’en a dessaisi pour qu’il puisse se concentrer sur son gros dossier, le réseau de pédophilie présumé à Outreau. C’est donc la juge Déborah Borée qui mène l’enquête sur le meurtre d’Adrien. En juin 2002, les quatre jeunes de Roubaix - innocents - sont interpellés. Cela se passe la veille du début des épreuves du baccalauréat que doit justement passer l’un d’entre eux, Saïd Rahili, 19 ans.

Ce jour-là, Mme Bohée étant empêchée, c’est son jeune collègue, Fabrice Burgaud, qui reçoit Saïd dans son bureau : « Je clamais mon innocence en boucle, se souvient Saïd. Lui me regardait, avec un sourire ironique et méprisant. Il se fichait de ce que je pouvais dire. » Saïd passe son bac le lendemain ? Ca attendra... Le magistrat le laisse parler cinq minutes puis le met en examen pour « assassinat » et demande au juge des libertés de le placer immédiatement en détention provisoire (lire ici).

En prison, le lycéen fait la rencontre d’un certain Daniel Legrand fils, qui a eu lui aussi le malheur de croiser la trajectoire de Fabrice Burgaud, puisqu’il fait partie des accusés d’Outreau. Les deux jeunes gens ont des choses à se dire. Daniel Legrand fils raconte avoir eu affaire à un homme méprisant et sûr de lui. Un portrait qui colle tout à fait avec l’expérience de Saïd.

Les quatre Roubaisiens passeront 16 mois en détention. On s’apercevra tardivement, grâce aux vérifications des appels passés depuis les portables, que Saïd se trouvait près de Roubaix au moment du crime dans le Pas-de-Calais. Après cinq ans de procédure, ils ont bénéficié d’un non-lieu en août 2007. Vendredi dernier, 18 janvier 2008, Olivier Caron a enfin avoué qu’il était l’assassin d’Adrien.

Le juge Burgaud prend soin de ses intérêts

Pendant ce temps-là, l’abbé Dominique Wiel assure la promotion de son livre, Que Dieu ait pitié de nous. Lorsqu’on lui demande s’il a pardonné au juge Burgaud, il a cette réponse pleine de sagesse :

« Je l’envisagerai lorsqu’il m’en fera la demande... ».

Ce n’est de toute évidence pas pour demain, car le juge Burgaud estime qu’il est injustement mis en cause. C’est une victime.

Pas l’impression d’avoir fauté. Pas de regrets. Aucun sentiment de culpabilité. Mais, par contre, une combativité à toute épreuve pour faire reconnaître ses droits. D’autres, dans sa position, auraient fait profil bas. Le juge Burgaud, lui, n’abandonne pas ses idéaux de justice. Il attaque.

En octobre 2004 déjà, au tout début de l’affaire, il attaque Paris-Match pour la publication de photos le montrant, lui et son épouse, faisant leurs courses. Se déclarant « très choqué », il réclame 36 000 euros pour lui-même et 15 000 pour sa femme, comme tarif de sa commotion.

Puis il attaque Libération pour un article intitulé « Burgaud, un cadre obéissant », dans lequel l’auteur y développait une comparaison avec Adolf Eichmann. Le 3 avril 2007, le tribunal de Nanterre condamne le quotidien à lui verser 20 000 euros de dommages et intérêts pour « injure publique ». Plus 3 000 euros de frais de procédure.

Puis il attaque Télérama, condamné par le même tribunal, le 25 septembre 2007, pour le même motif. Dans une chronique intitulée "Outreau 2, le retour", François Gorin avait écrit que M. Burgaud était "désormais considéré comme le Ben Laden de ce mini-11 septembre" judiciaire. Son avocat Me Patrick Maisonneuve avait réclamé 30 000 euros de dommages et intérêts. Le juge Burgaud n’en percevra que 8 000 ; plus 3 000 euros de frais de procédure.

Il attaque enfin ce journaliste indélicat de Paris-Match qui avait usurpé son identité pour accéder à son dossier, à l’IEP de Bordeaux. Ce dernier est condamné à deux mois de prison avec sursis. Quant au juge Burgaud, il ne touche dans cette affaire qu’un petit euro symbolique.

Par amour de son innocence

Pascal Clément, l’ancien garde des Sceaux, avait demandé au Conseil supérieur de la magistrature de statuer sur la régularité de son instruction à Outreau. Les deux rapporteurs, noyés par l’ampleur du dossier, ont fait appel à deux magistrats supplémentaires qui ont employé un logiciel sophistiqué pour recouper certaines informations.

Lorsqu’il instruisait le dossier Outreau, sa hiérarchie avait proposé à Burgaud l’aide d’un second juge d’instruction, mais le jeune juge avait refusé, par amour de la justice, car il voulait rester seul maître à bord. Au cœur de la tourmente - alors qu’on lui demandait des comptes - cela ne l’avait pas empêché de se justifier en invoquant - entre autres excuses - la charge de travail excessive et l’absence de mises en garde de sa hiérarchie.

Et voilà donc que ceux qui ont la responsabilité de le juger à son tour, cherchent à éviter son erreur. Ils ont l’humilité de faire appel à une aide technique pour traiter correctement l’ensemble des données. Il n’en fallait pas plus pour que Fabrice Burgaud, toujours très épris de justice, se jette sur l’opportunité et cherche à casser toute une partie de la procédure, en invoquant un vice de forme.

Lorsqu’en juillet 2007, le CSM l’a débouté une première fois, cela n’a pas suffi à décourager le très coriace Burgaud. Aussi pointilleux et procédurier dans sa défense qu’il était négligent et radical, naguère, dans son instruction, il a donc fait appel auprès du conseil d’Etat - qui doit rendre son verdict ce mercredi -, par amour de son innocence.


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21 réactions à cet article    


  • morice morice 21 janvier 2008 13:35

    Qui était à côté de lui lors de sa déposition à propos d’Outreaux ? Cherchez bien, on a déjà parlé ici...


    • Icks PEY Icks PEY 21 janvier 2008 14:14

      Le travail d’un juge d’instruction est un travail compliqué et difficile où les têtes bien faites et peut-être trop pleines comme celle du juge Burgaud font face à des situations humaines tout à fait extraordinaires.

      Ne pas accepter cette situation-là dans votre raisonnement conduit à vicier toute conclusion sur ces sujets-là.

      La démocratie que nous sommes cherche autant que possible à réduire les risques d’erreur : les suspects bénéficient d’avocats, les décisions des juges d’instruction peuvent faire l’objet de recours : arrêtons de faire croire que l’instruction pénale est le royaume de l’arbitraire !

      Cela étant dit, oui, des erreurs sont commises. Car, malgré toutes ces protections, le système n’est pas parfait car le système n’est jamais parfait. Et l’humanité non plus n’est pas parfaite, or le juge Burgaud est un homme, imperfection comprise.

      Le juge Burgaud est passible de sanctions devant ses confrères du CSM qui, eux, connaissent ce métier et sont en mesure de savoir si, oui ou non, son travail n’a pas été mené dans les règles de l’art. Laissons la justice faire son travail.

      Ne lapidons pas Burgaud sans connaître les contraintes de ce métier. Faites au moins en sorte d’essayer d’être le juge pondéré et éclairé que vous auriez aimé qu’il soit ! Sinon, vous ne valez pas beaucoup plus que ce que vous dénoncez : un juge froid et lapidaire.

      Bien cordialement,

      Icks PEY


      • Crapulox 21 janvier 2008 15:10

        Comme c’est bien dit !

        Bilger n’aurait pas dit mieux.

        Et le résultat de la Commission ? Et la décision du CSM ? Et le recours en Conseil d’Etat ?

        Et tous ces gens remis en liberté et indemnisés après des années de prison ? etc etc..........

        Vous ne seriez pas un peu juge d’instruction vous pour dire des choses aussi énormes ?


      • calach calach 21 janvier 2008 15:28

        "arrêtons de faire croire que l’instruction pénale est le royaume de l’arbitraire"

        Arrêtez surtout de nous faire rire .....

        Demain, vous passerez peut-être en garde à vue sur simple dénonciation d’abus sexuels. Vous comprendrez alors ce qu’est l’arbitraire dans l’instruction pénale.... Je vous le souhaite pour vous faire réflèchir.

        "Ne lapidons pas Burgaud sans connaître les contraintes de ce métier".

        Vous devez faire partie de la confrèrie.... Burgaud a t-il eu la moindre hésiatation pour "lapider" 13 innopcents !

        Dans quelle profession peut-on faire autant de fautes professionnelles avec une telle gravité pour les victimes sans être l’objet de poursuite et s’enrichir par des dommages et intérêts ?


      • Norbert Balcon 21 janvier 2008 15:50

         

        Je n’ai vraiment pas l’impression d’avoir « lapidé » le juge Burgaud.

        Vous me reprochez de ne pas laisser le CSM faire son travail sereinement. Je crois que la seule personne qui cherche à mettre des bâtons dans les roues du Conseil, c’est le juge Burgaud lui-même, avec cette guérilla procédurière agaçante.

        Il en a juridiquement le droit, c’est vrai, mais cela manque de classe et je voulais critiquer son attitude.

        Une commission parlementaire a rédigé un rapport sur ce désastre judiciaire. C’est pour permettre à un maximum de gens de comprendre ce qui s’était passé. Je ne pense pas qu’il faille avoir exercé le métier de juge d’instruction pour se faire une opinion valable sur le travail de Fabrice Burgaud.

        Lorsqu’un homme politique est mis en cause, il n’est pas jugé par des hommes politiques au prétexte que son métier serait particulièrement complexe et inaccessible au profane (sans quoi, aucun homme politique ne serait jamais condamné).

        Les juges d’instructions ne sont pas seuls à faire face quotidiennement à des situations humaines très complexes.

        Il existe des centaines de juges d’instruction en France, travaillant dans des conditions comparables à celles du juge Burgaud, sans pour autant causer de catastrophes.

        J’ai donc lu le rapport de la commission, attentivement,  et je pense que le juge Burgaud a commis des fautes graves. J’espère qu’elles seront sanctionnées, c’est tout, et je n’ai pas du tout l’impression de me comporter comme une foule hystérique et avide de vengeance en écrivant cela.

        Je voudrais ajouter que le juge Burgaud n’est pas –à mon avis- une tête « bien faite ». Je regrette que la commission parlementaire n’ait pas fait appel à des psychologues pour les aider à comprendre cet évènement judiciaire, car je crois que leur analyse aurait jeté un éclairage pertinent sur cette affaire.

        Cordialement.


      • haddock 21 janvier 2008 16:18

        Faut mettre hors d’ état de nuire les personnes n’ ayant pas les capacités requises pour exercer ce genre de métier .

         

        On ne laisserait pas travailler un chirurgien ayant la maladie de Parkinson .

         

        Un juge ayant la maladie de Burgaud encore moins .


      • Icks PEY Icks PEY 22 janvier 2008 10:13

        @ Robert Balcon

        Vous dites : « Je n’ai vraiment pas l’impression d’avoir « lapidé » le juge Burgaud. ».

        Vous plaisantez ?

        Votre article est un réquisitoire : vous poussez même la mauvaise foi à lui reprocher de défendre ses droits devant les tribunaux.

        Même si le juge Burgaud a commis des fautes, personne n’a le droit de le harceler ou, pire, de le comparaer à Eichman, Ben laden ou je ne sais qui encore.

        C’est à travers ce genre de comparaisons scandaleuses qu’on dénature le sens de l’Histoire.

        Et si la procédure pénale existe, c’est pour assurer un procès juste et équitable. Le juge Burgaud a parfaitement le droit de s’en prévaloir : c’est le mérite des démocraties occidentales et c’est justement pour éviter l’arbitraire et les erreurs judiciaires que la procédure existe et doit être respectée.

        Vous ne pouvez pas critiquer l’affaire d’Outreau et, en même temps, critiquer l’exercice par un individu de ses droits les plus élémentaires.

        Même le pire des salauds a droit à un procès équitable et si un vice de procédure le rend libre, c’est peut-être cornélien, mais c’est le prix d’une justice réellement juste.

        Icks PEY


      • jakback jakback 21 janvier 2008 17:45

        Le juge B devrait consulter les experts de la psychiatrie, qu’il dépêche auprès de ses mises en examen.

        Parions, que le verdict lui interdirai toutes professions faisant appela la lucidité. Cet homme est invalide, sans psychopathe, dénué de tout humanité.


        • videofred 22 janvier 2008 09:06

          L’Image de la Justice en France n’est plus que l’Ombre d’elle même !

           


          • videofred 22 janvier 2008 09:21

            L’Image de la Justice en France n’est plus que l’Ombre d’elle même !


          • Nikaia 22 janvier 2008 10:51

            Ce lynchage est tout bonnement ahurissant. Pour bien connaitre le milieu judiciaire, je n’y vois que beaucoup de démagogie et une bonne dose de mauvaise foi.

            Le juge Burgaud (rappellez moi son age au fait quand cette enquête lui a été confié, 2 ans apres sa sortie de l’ENM il me semble) s’il a commis certaines erreurs, a été particulierement mal épaulé par les services sociaux et la police , d’autre part, le procureur et la chambre d’accusation qui supervisaient son enquête n’ont jamais désavoué Burgaud, précisément parce qu ’il y avait des éléments à charge que le grand public n’a pas à connaitre.

            Par contre les conditions de travail des magistrats, le grand public devrait les connaitre, cette administration a des outils moyennageux, un manque cruel de personnel (greffier...). Alors que le nombre de dossiers croit de manière exponentielle, le nombre de magistrats est le meme en 2008 qu’au XIX eme siècle, l’informatisation n’en est qu’aux balbutiements.

            Pour en revenir aux faits eux-mêmes (pédophilie, viol d’enfants), ils sont avérés et particulièrement sordides ; ils dépassent l’entendement d’une personne "normalement constituée" ; enquêter sur des faits pareils à 27 ans, en sortant de l’école, et bien, beaucoup n’aurait peut être pas fait mieux. Parce que à lire votre pseudo article, on en oublierait le principal : deux couples (au moins) qui se livraient a des pratique sordides sur des enfants pendant des années.


            • Traroth Traroth 22 janvier 2008 12:44

              On ne comprend pas trop ce que son âge vient faire là-dedans. Soit il est juge d’instruction, et il peut instruire des dossiers, soit il ne l’est pas. De plus, l’auteur rappelle qu’il a refusé qu’on l’aide. On ne peut pas vouloir tout et son contraire.


            • Nikaia 22 janvier 2008 13:58

              L’âge a tout a voir, le systeme permet a un jeune étudiant brillant de 23 ans de se retrouver en poste a 24 ans et d’instruire des dossiers sur lesquels des gens experimentés se casseraient les dents, apres un an d’ecole et un an de stage "pratique".

              J’aimerai qu on m’explique par quel miracle on pourrait etre mature sans vécu, sans experience, avec une connaissance théorique du droit et de la vie. on fait le proces d’une personne, alors que le systeme est bancal et porte en lui même des germes de dérapages.

              C’est si pratique un bouc emissaire


            • Norbert Balcon 22 janvier 2008 20:09

               

              @ Nikaia

              Vous avez raison de ramener le débat « aux faits eux-mêmes », parce que, comme vous le faites remarquez si justement, dans cette histoire, on perd complètement de vue qu’à l’origine, Outreau, c’est simplement deux couples qui abusaient de leurs enfants. Point barre.   

              C’est d’ailleurs la question que tout le monde se pose : comment, alors qu’il ne disposait pas d’éléments matériels, ce jeune juge a-t-il réalisé ce miracle de la multiplication des pédophiles ? Comment est-il passé de deux couples à tout un réseau ?

              Je ne crois pas du tout que l’âge soit un facteur capital dans cette histoire. Fabrice Burgaud avait 29 ans, je crois, à l’époque où il a pris le dossier en main. C’est plutôt jeune, effectivement. Il manquait certainement de bouteille. Mais il y a beaucoup de situations basiques qu’il n’est pas parvenu à décrypter, non pas à cause de sa jeunesse et de sa naïveté, mais parce qu’il manquait de bon sens et d’empathie, tout simplement.

              Alain Marécaux a raconté une scène glaçante. Sa mère venait tout juste de mourir ; il était effondré. Le juge Burgaud n’a pas daigné reporter son entrevue. Il lui a demandé ce que faisait sa mère dans la vie, et lorsque l’huissier lui a répondu qu’elle venait de décéder, il l’a relancé sur un ton de reproche (selon M. Marécaux, c’était presque du sadisme) : « Oui, je sais, mais qu’est-ce qu’elle faisait avant ? »

              Ce qui a manqué au juge Burgaud ce jour là, ce ne sont pas dix, vingt ou trente ans d’expérience. Il lui a manqué de l’humanité, de l’empathie, de la compassion. Et malheureusement, ces qualités morales ne s’acquièrent pas en vieillissant. La plupart des enfants possèdent beaucoup d’empathie dès la maternelle. Ils réagissent très bien à la détresse de leurs camarades.

              Aussi, je ne crois pas du tout au portrait qu’il a voulu donner de lui devant la commission, celle d’un jeune homme submergé par l’émotion à la lecture de procès verbaux atroces. S’il n’a pas été capable de s’émouvoir de la détresse de cet homme qui venait de perdre sa mère la veille, et qui se trouvait sous ses yeux, je ne vois pas comment il pourrait être bouleversé par la lecture de procès verbaux. Il aurait dû se rendre compte que M. Marécaux n’était tout simplement pas en état de soutenir une discussion avec de forts enjeux, mais non. Ca ne lui a pas effleuré l’esprit. Je n’appelle pas ça, « manquer d’expérience ».  

              Lorsqu’on s’engage dans cette profession, on se doute qu’on va devoir traiter des dossiers parfois sordides : pédophilie, meurtres, etc. C’est la même chose quand on se destine à la chirurgie. Si on tourne de l’œil à la première goutte de sang, systématiquement, il faut se réorienter. Si le juge avait réellement perdu les pédales à cause de sa trop grande émotivité, la question qui se pose est la suivante : pourquoi n’a-t-on pas détecté ces mauvaises dispositions dès l’ENM ?

              Mais je le répète. A mon avis, le juge Burgaud a fauté non pas à cause d’une émotivité excessive, mais au contraire à cause de son manque d’empathie et de son incapacité à prendre la mesure de la souffrance des personnes qu’il avait en face de lui.

               

              D’autres choses ne collent pas. Il est parvenu à donner à ses supérieurs une image extrêmement favorable : celle d’un jeune juge brillant, efficace, promis à un grand avenir. Il les a vraiment impressionnés par son apparente maitrise. Son instruction a duré de longs mois, mais à aucun moment il ne leur a paru perdu ou submergé par l’émotion.

               

              Je vous crois volontiers, lorsque vous dites que les moyens dont dispose la justice sont insuffisants. Mais la question n’est pas là. Nous cherchons à comprendre pourquoi cela a dérapé autant à Outreau, et pas ailleurs, alors que des jeunes juges surchargés, avec des dossiers complexes, il y en a probablement beaucoup. Qu’est-ce qui fait la spécificité de ce cas ? Ce ne sont certainement pas les moyens matériels, car ils sont –j’imagine- plus ou moins comparables d’un tribunal à un autre.

               


            • La Taverne des Poètes 22 janvier 2008 11:34

              Bien dit ! Cet article est écrit pour informer mais sans excès risquant de déclencher un procès. L’humour de la formule "pour l’amour de la justice " ne dupera personne.

              Car avec ce juge, il faut faire très attention. Il a la loi de son côté et ne se gêne pas pour l’utiliser. Il cherche toutes les failles. Fort heureusment, l’article évite tout excès comme cette expression gravissime "le Ben Laden de ce mini-11 septembre" ou la comparaison avec Adolf Eichmann. Quant à l’usrupation d’identité, c’est pas très déontologique non plus.

               

               

               

               


              • admimot 22 janvier 2008 11:50

                 

                Le problème des Magistrats, pour avoir approché le milieu judiciaire durant de nombreuses années, c’est leur absence totale d’humilité en sortie d’ ENM. Je dirai bien au contraire, car l’on voit arriver aux postes de juges ou subsituts, des jeunes totalement immatures, suffisants, distants voires suspicieux surtout à l’égard des services de police ou gendarmerie. Bien souvent ils ne perçoivent pas les contours des dossiers difficiles et refusent ts conseils des anciens OPJ, dont ils se méfient et tiennent à distance. Ils pratiquent de la même manière à l’égard des avocats. Je n’ai pas été surpris par le comportement de Burgaud, au contraire, il m’a rappelé plein de ces petits jeunes inexpérimentés qui n’écoutent personne, et se montrent totalement hermétiques aux conseils , surtout dan s la conduite des affaires difficiles. Cette mentalité n’avait pas cours il y a une dizaine d’années encore, les relations avec les Magistrats étaient encore basées sur la confiance et le respect, et... l’humilité. Autre problème dans cette corporation, c’est cette notion de ’clan ’, je veux dire que dans les autres professions en cas de fautes graves, les sanctions s’appliquent sans délai, dans leur cas, on fait ’bloc’ entre anciens et jeunes et on attend que ça se passe. Pour l’avoir connu, la notion de solidarité chez les Magistrats est particulièrement exacerbée. L’affaire d’Outreau, comme d’autres, en est l’illustration parfaite... 

                 


                • Christoff_M Christoff_M 22 janvier 2008 12:53

                  "Demain, vous passerez peut-être en garde à vue sur simple dénonciation d’abus sexuels. Vous comprendrez alors ce qu’est l’arbitraire dans l’instruction pénale.... Je vous le souhaite pour vous faire réflèchir"...

                  Cela m’est arrivé et j’ai vu la bétise des procédures je cherchais à défendre une amie et je me suis retrouvé accusé de complicité et "de vol en bande organisée" alors qu’il s’agissait d’une plaisanterie de potache et que nous avions un peu bu, nous avons été interpellé par la Bac, mis en garde à vue et j’ai eu l’occasion de passer une nuit dans des locaux insalubres entourés d’individus qui n’avaient rien à voir avec mon cas !! ceci je tiens à le dénoncer, c’est que l’administration ne fait pas la différence entre un cas léger et des délinquants sérieux et on se trouve traité à la meme enseigne !! le rouleau compresseur est parti....

                   heureusement je suis calme pas nerveux, j’ai insisté pour voir la chef de poste qui était une femme et après une heure de négociation apre nous avons été relaché et cette personne s’est excusée pour le traitement que nous avions subi !!

                  De meme sur la route quelqu’un chomeur ou ayant un problème d’argent peut se retrouver avec un gros problème et une peine face à des juges...... alors qu’un délinquant dangereux ayant renversé quelqu’un avec des moyens, lui , conservera son permis et continuera à avoir le meme comportement dangereux !!

                  on peut mettre dans la meme série les ANPE ou à part un travail de base, les gens qui vous reçoivent sont tellement limités !! n’ayant jamais eu meme cherché un emploi, étant rentrés par concours, sont censés vous donner des conseils alors qu’ils en connaissent moins que vous sur le marché du travail....

                  il y a une suradministration en France de gens assis derrière des bureaux et tous les jours on peut en faire les frais comme en Justice, mais là les conséquences des erreurs sont plus graves.... quoique dans le domaine du travail quand vous avez un jeune quadrillon qui débarque et qui commence à refaire le monde et à virer tous les gens qui étaient la avant lui pour incompétence, ce n’est pas mal non plus....


                  • calach calach 22 janvier 2008 13:29

                    Vous continuez à nous faire rire avec votre petite aventure au poste qui s’est terminée par des excuses de la chef de poste parce que vous êtes calme, pas nerveux et sûrement bien blanc....

                    Demandez aux innocents d’Outreau et à tous ceux qui ont traversé le même calvaire s’ils ont eu droit à des excuses du "chef de poste" ou du juge d’instruction incompétent ou des magistrats qui les ont embastillés pour plusieurs mois ou années !!

                    Ne mélangez surtout pas problèmes administratifs de l’ANPE ou de toute autre administration avec la procédure pénale. C’est deux mondes différents ! D’un côté les difficultés quotidiennes que chacun est amené à rencontrer mais de l’autre, c’est l’enfer du pouvoir absolu, de la certitude aveugle et souvent imbécile, de la torture psychologique, de l’irresponsabilité des auteurs de fautes professionnelles aux conséquences dramatiques.

                    Apprenez la réalité... Vous commenterez ensuite !


                  • calach calach 22 janvier 2008 13:39

                    Excusez moi Christoff. pour mon commentaire abrupt et déplacé en ce qui vous concerne. Je croyais répondre à Icks Pey qui revendique le respect des droits du juge Burgaud en oubliant le peu de respect dont celui-ci a fait preuve vis à vis des personnes qu’il avait mise en examen à Outreau. Du coup le sang monte trop vite dans les veines !


                  • Christoff_M Christoff_M 22 janvier 2008 14:45

                     moi j’ai bien voulu dire que ma petite aventure s’est bien terminée avec de la chance en étant surtout bien poli et bien aimable avec la dame gradée du poste, c’est elle qui est intervenue auprès de la juge !!

                    mais je parlais de rouleau compresseur, à l’époque j’avais de gros problèmes de boulot, et je serais resté en garde à vue c’était bon je me faisais virer, je suis parti bosser le lendemain matin....

                    mais les intervenants étaient la BAC, et ma copine étant typée le motif invoqué était "vol en bande organisée", je peux vous dire que j’ai eu des sueurs froides et que je ne suis pas passé loin de la comparution immédiate, c’est pour cela que je suis bien conscient de l’escalade maintenant et de la tournure que peut prendre une mauvaise blague au départ, je précise que c’était dans le quinzième près des hotels, ceci explique cela nous avons été dénoncés par des vigiles de boites de nuit et je n’étais pas spécialement bien habillé.... donc peur pour les touristes !! je peux vous dire que la chef de poste n’était pas une marrante et il a fallu une demi heure pour qu’elle commence à me parler normalement... c’était pour me tester parce qu’elle croyait que je mentais et que je cherchais à l’embobiner.... à l’époque j’étais mal rasé et je me rappelle avoir été mis à poil par un type qui ressemblait à une nazi pedophile manaiaque, avec des gants en cuir et qui se régalait à regarder mon cul ! première fois que ça m’arrivait depuis l’armée !! et les cellules étaient dégueulasses mais la moitié des présents trouvaient ça normal !!

                    j’en ai retiré un profond sentiment de malaise et j’ai pensé justement aux gens vraiment paumés, perdus ou à ceux qui s’expriment mal, j’ai eu aussi des cas de mecs en manque qui hurlaient enfermés à part dans des cellules individuelles... après cela on ne peut pas ne pas se poser de questions !!


                  • petitcurieux 26 mars 2008 16:18

                    Qui n’entend qu’une cloche n’entend qu’un son ...

                    http://filsdejuge.tripod.com


                    Etonnant, non ?

                    Et j’y suis allé : étonnant, le mot est faible ...
                     

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